Eric Marié
Allopathie, homéopathie, spagyrie une approche ésotérique de la pharmacopée

(Revue Le chant de la Licorne. No 19. 1987) On a souvent tendance à opposer l’Allopathie et l’Homéopathie. La Spagyrie ? Bien peu de thérapeute en connaissent les principes et les applications. On peut concilier cependant et appréhender de manière synthétique ces différentes thérapeutiques, grâce à une compréhension plus subtile de la santé, de la […]

(Revue Le chant de la Licorne. No 19. 1987)

On a souvent tendance à opposer l’Allopathie et l’Homéopathie. La Spagyrie ? Bien peu de thérapeute en connaissent les principes et les applications. On peut concilier cependant et appréhender de manière synthétique ces différentes thérapeutiques, grâce à une compréhension plus subtile de la santé, de la maladie, du remède et de ses effets.

Comment peut-on définir l’Allopathie, l’Homéopa­thie, la Spagyrie ?

Les termes d’Allopathie et d’Homéopathie sont extrêmement restreints à notre époque : on n’appelle plus Homéopathie que ce qui est dilué et Allopathie que ce qui est chimique ou de synthèse. En fait, la Phytothérapie, l’usage des oligo-éléments sont de l’Allopathie. Il nous faut donc revenir à des notions plus fondamentales, aux racines de ces systèmes : Lorsqu’Hippocrate a mis en place son édifice médical, il l’a fait reposer sur deux grands principes :

  • « Similia similibus curantur  » : les semblables guérissent les semblables, première .formulation du principe homéopathique.

  • « Contraria contrarii curantur  » : les contraires guérissent les contraires, ce qui constitue les fondements de l’Allopathie.

Il n’y avait pas encore de notion de dilution, de produit de synthèse ou d’industrie chimique. On pouvait soigner en utilisant dans un remède ce qui était poison ou ce qui était médicament.

L’Allopathie, l’Homéopathie et même la Spagyrie se retrouvent dans toutes les médecines du monde. L’étude de ces trois disciplines revient, en fait, à compren­dre comment un remède qui est étranger à l’homme peut lui être intégré pour le guérir, et de quelle manière il est nécessaire de le transformer, de l’adapter, pour qu’il soit efficace. En effet, pour qu’une substance extérieure, que ce soit une plante, un minéral, un animal ou même un élément humain, soit intégrable à l’homme, il faut respecter cer­taines conditions dont l’étude représente toute la pharmacopée traditionnelle. Certaines de ces règles de base sont communes aux 3 disciplines, Allopathie, Homéo­pathie, Spagyrie, et d’autres sont spécifiques à chacune d’elles.

Comment situer l’Homéopathie, l’Allopathie et la Spagyrie au sein de l’ar­senal thérapeutique ?

Ce point est extrêmement important. En effet, si on ne sait pas exactement la place que doivent occuper chacune de ces thérapeutiques, on ne peut abso­lument pas comprendre comment les utiliser ni comment préparer les remèdes. Actuellement, très peu de personnes savent comment effectuer cette préparation et surtout quelle en est la racine profonde. On connaît le mode opératoire, le but qu’on veut obtenir, mais les principes énergé­tiques et spirituels fondamentaux restent trop souvent ignorés. Pourquoi, dans certains cas, va-t-on préparer une substance en la diluant et dans d’autres cas, va-t-on la donner plus concentrée ? Pourquoi une substance minérale ? végétale ? Au delà des raisons chimiques ou physiques, il est aussi des impératifs plus subtils, plus profonds. Avant même de parler d’Homéopathie ou de Spagyrie, il faut parler de toutes les thérapeu­tiques de substance qui appartien­nent à une certaine pharmacopée. Avant de parler de cela, il faut d’abord savoir quel rôle joue une thérapeutique de substance par rapport à toutes les thérapeutiques. Il faut savoir quel est le, rôle respectif de chacune d’elles : si on ne comprend pas cela, on ne peut pas savoir quelles sont les limites et quel est le parfait terrain d’action de chacun de ces traitements.

Chaque fois que l’on aborde un sujet, quelque soit la discipline qu’on étudie, il est nécessaire de l’appréhender du général vers le particulier. Ainsi, si l’on étudie la philosophie, il faut partir d’un point commun sur lequel tout le monde est d’accord, puis aller vers des points spécifiques, négo­ciables et discutables. De la même manière, si l’on doit étudier la thérapeutique, il faut pouvoir la situer exactement et partir d’une racine de base.

Quel est ce tronc commun ?

La thérapeutique, c’est mettre en place ou favoriser, d’une manière générale, les mouvements énergétiques dans un organisme vivant, et entre cet organisme et son environnement, afin de réta­blir l’harmonie dans une situation perturbée.

Cette définition peut s’appli­quer à toutes les formes de théra­pies connues, même à une simple prise de conscience. On peut repré­senter cela sur un tableau.

Dans les trois corps qui cons­tituent la Personnalité, on peut faire une division substance/structure. Les différentes thérapeuti­ques auront une action plus ou moins spécifique sur la structure et la substance aux trois niveaux : physique, éthérique et émotionnel.

Plus on va vers les corps subtils, plus la séparation entre substance et structure est faible, moins il est possible de les dissocier.

Cette liste n’est pas exhaustive. J’aurais également pu mentionner l’auriculothérapie, la sympathicothérapie… De plus, cette classi­fication est rudimentaire car chaque traitement a des actions multiples où tous les niveaux s’interpénètrent.

STRUCTURE

SUBSTANCE

Niveau spirituel

La Grâce

Au niveau de la réalisation ultime, l’obtention du parfait éveil ne peut être obtenue que par un travail actif de la personne, et ne peut être communiquée par le thérapeute.

Niveau du monde des archétypes

Prière

    Magie

(manière d’utiliser les forces   Médecine alchimique dans archétypales de l’Univers)      son ensemble

Niveau émotionnel

Chromothérapie

dirigée sur des endroits précis.   bains de lumière

Musicothérapie

Sophrologie

Psychologie

Niveau éthérique

Réflexologie

Ostéopathie (structurelle, fonctionnelle, énergétique)

Acupuncture

Chirurgie éthérique

Phytothérapie

Allopathie

Diététique

Sel de Schüssler

Homéopathie

Spagyrie (ler niveau : Iatro-chimie).

Métallothérapie (effet magique)

Niveau physique

Chirurgie
Massages

Vertébrothérapie

Diététique (physique)
Chimiothérapie
Allopathie
Oligo-éléments

Ce qu’il est important de savoir, c’est que, plus la thérapeutique est subtile, plus la puissance individuelle du thérapeute inter­vient.

Mais alors, de quoi est composé un remède et quel rôle joue t-il ?

Pour être complet, le remède doit posséder les parties les plus denses comme les parties les plus subtiles. Le degré de maîtrise de celui qui le prépare doit lui per­mettre d’agir à tous les niveaux, depuis une composition chimique jusqu’à la transmission d’une certaine grâce. C’est très impor­tant, car plus le thérapeute évolue, plus il agit à partir des plans spiri­tuels, en produisant une transfor­mation complète de la personne. Il faut savoir que ce sont les énergies subtiles qui créent les énergies les plus denses et non l’inverse. Plus on est capable de se placer à un niveau élevé et plus on peut agir d’une manière globale et profonde. Trois régles se dégagent donc :

  • Plus le thérapeute est puissant dans sa conscience et dans son pouvoir d’action et plus il agira à des niveaux élevés.

  • Plus il agira à des niveaux élevés et plus cela retentira sur l’ensemble de l’organisme et des organismes, corps physique et corps subtils.

  • Plus le thérapeute agira à un niveau subtil et plus, pour qu’il soit efficace, il sera nécessaire que le patient soit réceptif. C’est pour cela que, chez la majorité des pa­tients, la chimiothérapie agira de manière très percutante, alors que la musicothérapie sera moins effi­cace. Plus une personne va se spiri­tualiser et donc se sensibiliser, moins les médicaments chimiques auront d’action et plus les remèdes subtils agiront. Ainsi, aussi éton­nant que cela puisse paraître pour l’homme ordinaire, certains êtres réalisés peuvent absorber des poisons sans mourir ni en souffrir, car leurs « alchimistes internes » sont très puissants et très purs.

Pour un médecin traditionnel, le remède, comme le Maître, devra posséder à la perfection le corps, la parole et l’esprit.

Par corps juste, on entend hygiène, minutie, pesée exacte et propreté. Parallèlement, on utilise le son lors de la récitation de mantras ou de prières. Enfin, un certain travail de concentration et de méditation devra également être réalisé.

Le remède agira donc à ces trois niveaux ?

Oui. Avec chaque remède on peut agir à ces trois niveaux, et ce d’autant plus qu’une personne évolue dans le travail et la guéri­son. Dès lors, rien n’est plus donné qui n’agisse qu’au niveau physique. Même en donnant à quelqu’un un simple verre d’eau, on peut y mettre le corps, mais aussi la parole et l’esprit. Dans un premier temps, le corps intervient davantage, mais finalement, c’est l’esprit qui agit le plus.

En effet, le verre d’eau n’a pas vraiment d’existence propre. Il n’est pas perçu par tout le monde de la même manière : pour une personne qui n’aime que le vin, ce sera une boisson fade, insipide, sans intérêt voire désagréable. Pour un assoiffé dans le désert, c’est un élixir de vie. Ceci est valable pour n’importe quoi. Lorsque le Christ dit à l’aveugle : « Prends de la boue, mets la sur tes yeux, va te laver à la fontaine et sois guéri ! », on imagine qu’elle n’aurait eu guère d’effets si les pharmaciens de l’époque l’avaient vendue en flacons. Beaucoup de choses dépendent de la conscience du thérapeute et de celle du patient.

Le corps du remède est donc secondaire ?

Le corps physique du remède n’est en fait qu’un support, que le thérapeute peut globalement modifier par différentes pratiques. Cependant, en tant que forme, réceptacle de l’énergie, il est indis­pensable.

Quand un remède devient-il toxique ?

Il faut bien comprendre la nature illusoire des phénomènes : Paracelse a dit : « Rien n’est poison, tout est poison ». Plusieurs personnes réagiront différemment par rapport à une substance. La personne qui ne fonctionne qu’au niveau du corps fuit le poison, en a très peur. Celle qui a un niveau de développement supérieur s’en approche, l’observe, analyse dans quelles proportions la substance est poison, prend ce qui est le moins toxique et laisse le reste. Celle qui est encore plus évoluée prend ce qui est le plus toxique, l’absorbe, le transforme en elle et en fait un remède. D’un point de vue plus extérieur, c’est également ce que fait l’alchimiste dans son labora­toire.

La toxicité du remède dépend donc du degré d’évolution de celui qui l’absorbe ?

Oui, car si le poison était toxique par nature, il le serait pour toutes les espèces, y compris pour l’être qui le génère (plantes, par exemple). Il y a en fait dans toute substance une partie non toxique qui équilibre la partie toxique. En Homéopathie, par exemple, on utilise des poisons à des fins théra­peutiques.

Peut-on opposer Allopa­thie et Homéopathie ?

Ces deux systèmes sont tout à fait complémentaires. Chacun d’eux a sa fonction, à un moment donné, dans une situation donnée. Mais pour réaliser quelque chose de parfait dans l’absolu, il est nécessaire de réunir ces deux pôles, d’assembler dans une même substance ce qui guérit par les contraires, et, ce qui guérit par les semblables. Que cette substance soit minérale, végétale ou autre, peu importe : ceci est la voie alchimique.

Allopathie et Homéopathie sont deux tendances ayant des directions opposées. L’Alchimie, fondée sur un système triple, sépare et purifie les principes opposés avant de les rassembler, de les réunifier.

Faut-il nécessairement agir en douceur pour avoir une action correcte ?

En thérapeutique, c’est l’in­tention qui est fondamentale, que le geste paraisse agréable ou désa­gréable au patient.

Le remède permet d’améliorer les conditions d’un individu par rapport à son état intérieur et à ses relations avec le milieu extérieur (social, cosmique…). On peut considérer que la parole, le contact, sont aussi des remèdes. Il sera parfois nécessaire, pour per­cuter un patient et induire une prise de conscience salutaire, d’avoir des paroles qu’il ressentira comme désagréables sur le moment. Il faut cependant veiller à ce qu’aucun conflit ne se développe. Imaginons qu’un patient m’agace par ses plaintes incessantes, que je me mette en colère et que je le reconduise : la racine de mon acte est la colère. Cela percutera peut-être la personne, mais on ne peut pas vraiment parler de guérison spiri­tuelle. Par contre, si j’ai une attitude comparable extérieure­ment, mais qu’intérieurement, je suis exclusivement consacré à l’amélioration du malade, alors c’est la compassion que j’exprime sous forme d’une stratégie et mes paroles dures, nécessaires à ce moment précis, pourront guérir le patient à un niveau psychologique mais également spirituel. Dur ou doux, le geste doit toujours être l’expression de la compassion du thérapeute. Cependant, la plus grande prudence s’impose car il ne faut pas se tromper sur ses motiva­tions ni sur ses méthodes.

Paracelse a écrit : « La compassion est le guide du médecin, elle est son maître, elle lui montre le remède qu’il faut prendre et la manière de s’en servir « .

Quand est-on apte à soigner ?

Dans l’absolu, jamais, à moins d’être entièrement réalisé. Indi­viduellement, il est difficile de transmettre un enseignement ou une guérison spirituels suffisam­ment purs. C’est pour cette raison que dans toutes les traditions, les méditations d’identification sont très importantes. Lorsqu’on médite, par exemple, sur un aspect du Christ, cet aspect se confond, à un moment donné, avec nous-même. Il n’y a plus réellement de distinction entre lui et nous. Si on peut, à travers la thérapeutique, transmettre cette énergie, ce qui passera en fait à travers nous ne sera plus seulement l’expression de la personnalité de M. X ou Y, mais l’expression de la puissance de guérison du support de médita­tion, en l’occurrence le Christ. Ceci sera encore accentué si le patient voit le thérapeute, non pas comme un individu ordinaire, mais comme un être de lumière ayant le pouvoir de le guérir. Bien sûr, il n’est pas le Christ, ni un Bouddha, mais il est investi d’une grande force spirituelle, comme le prêtre lorsqu’il officie.

Le remède deviendra alors l’expression de la compassion du thérapeute et le support par lequel est communiquée, non pas sa grâce personnelle, mais la grâce d’un individu qui s’est mis en commu­nication avec un pouvoir de guérison universel.

« Je le pansai, Dieu le guérit » Ambroise Paré

Ce texte est la retranscription d’un enseignement oral donné par Eric Marié à Neuchatel (Suisse). Serge Piaget l’a recueilli et l’a transmis.