Archaka : Le mur de la lumière

Une barrière nous semble infranchissable : celle de la Réalité en soi. De quelque manière que nous nous y prenions, nous ne pouvons détacher un objet de son contexte spatio-temporel. S’il s’agit d’un objet matériel, nous pouvons le changer de cadre, le transférer d’un endroit à un autre, imaginer de le propulser à l’autre bout […]

Archaka : L'Omniscient sans mémoire

Croire en Dieu est folie. Être Dieu est sagesse. Ainsi se résume finalement toute démarche spirituelle. Rien ne peut être plus fou que de se laisser prendre aux apparences du monde temporel, que d’imaginer un début et une fin des choses, une causalité qui les relie entre elles, une Mort qui en rompe l’ordonnance et […]

Archaka : Fin du monde et mort de Dieu

Un jour viendra où ce qui nous entoure aujourd’hui, ce que nous construisons, ce à quoi tendent nos efforts, ce qui nous emplit de révérence ou de terreur, tout cela aura cessé d’avoir pour nous le moindre prix. Nos villes et nos gloires et aussi nos fléaux seront ici-bas devenus lettre morte. Ce qui, en […]

Archaka : De l'autre côté du Soleil

Le matérialisme même que maints peuples d’Asie lui reprochent s’éclaire d’un sens nouveau, car il ne s’agit pas, comme dans les disciplines orientales, de s’évanouir au-delà pour accomplir ce que l’on a de plus essentiel. Il ne s’agit pas de se dissoudre en l’Esprit suprême comme les hindous, ni de se volatiliser dans le Néant comme les bouddhistes. Il ne s’agit pas de rejeter ce monde, ni même de le juger inférieur. Il s’agit au contraire de le connaître sous son aspect à venir et de se préparer y vivre.

Archaka : Évolution et révolution

Certes, cacher le diable derrière le Big Bang peut faire sourire. Mais l’idée se tient métaphysiquement. Qu’est le Mal, en effet, sinon ce qui obscurcit, ce qui limite et, pour cela, enferme dans la forme ? Et qu’est la forme, sinon la création — du moins après que la température initiale de la « purée cosmique » fut tombée au-dessous du milliard de degrés? Mais bornée dans l’Espace, elle l’est aussi dans le Temps : il ne peut être de création sans Mort. Ce qui crée est donc aussi ce qui tue. Dieu est donc aussi la Mort. Ou plutôt l’aspect créateur de la Divinité est en réalité la Mort qui engendre et absorbe toutes les formes, de la plus petite particule au cosmos le plus gigantesque.

Archaka : La croisée des plans parallèles

Plus tragique que la mentalité orientale, l’esprit sémi­tique, étayé par l’âme grecque, au moment de forger le symbole, fait de Jésus l’homme de douleurs là où, peut-être, un Asiatique rapporterait son sacrifice en termes de joie. Pour nous, l’idée de sacrifice s’accompagne de l’idée de passion et de martyre, et nous voyons en la croix le signe d’un supplice au lieu d’y reconnaître la signature divine d’une extase où sont fondus en l’homme l’intem­porel et le temporel, l’immatériel et le matériel, l’immortel et le mortel.

Archaka : Le mur de la Lumière

S’il n’y a que l’Un, sous tous les visages du monde, à travers le Temps et l’Espace, il ne peut en effet y avoir de Mort. La Mort ne peut être que le processus d’autre chose, que, faute de le connaître, nous ne pouvons nom­mer. Et c’est précisément cela qu’il nous appartient de découvrir : de quoi la Mort est le mécanisme, quelle énigme elle dissimule, beaucoup plus formidable qu’aucun des mystères que nos religions, depuis tant de millénaires, ont inventoriés.

Archaka : Les lendemains du Silence

Tout est Dieu, et Dieu n’est rien. Depuis toujours, pour lui, il en sera ainsi. À jamais, il en sera ainsi. Le plus énorme nombre ne suffirait pas à définir sa durée, que la plus infime fraction contient aussi bien tout entière : n’importe quel instant, pour « cela », contient non seule­ment l’histoire de notre univers depuis sa naissance, il y a quinze milliards d’années, jusqu’à sa dissolution éven­tuelle, mais aussi la manifestation de tous les autres uni­vers qui, pour une conscience temporelle, ont précédé le nôtre ou doivent lui succéder. Tout existe d’avance et à jamais. En Cela et pour Cela, toute vie, immesurablement grande ou incommensurablement petite, est une, est infi­nie, est éternelle, est à la fois radicalement illusoire et réelle. Rien n’existe vraiment. Et tout a toujours existé.

Archaka : La mort de la Mort

Ni religieux, ni scientifique, ni théiste, ni athée, un nou­veau mode de pensée se prépare où vont se fondre les deux tendances actuelles de notre esprit. Jusqu’à présent, elles se sont tenues à distance, se méprisant et s’estimant tour à tour, mais refusant de s’allier : d’un côté, le monde et, de l’autre, Dieu. Même pour ceux qui devinaient que le monde est Dieu sous un visage étranger, le monde n’en était pas moins inférieur, négligeable, ou vaguement mau­dit. Quant à ceux pour qui le monde était le seul souci, Dieu, s’il existait, leur semblait ne rien avoir à faire avec ce qu’enseignaient les religions : comment parler en termes de Bien et de Mal, de compassion, de rachat, quand il s’agit d’établir que la Terre tourne ou que l’effon­drement gravitationnel d’une étoile peut aboutir à un autre univers, ou quand on veut enregistrer la mort d’un proton pour savoir si le monde se désintégrera ?

Archaka : À l'intérieur de Dieu

L’expérience de Dieu est possible partout dans l’uni­vers. Ou elle ne l’est nulle part. Partout dans l’univers, une forme de conscience peut basculer dans le sentiment de l’Infini et de l’Éternité. De quelque façon que le cosmos soit perçu, selon les champs et les forces de l’Espace, il est partout possible de pénétrer en le même Infini, de s’identi­fier à la même Éternité. Derrière chaque point, sans exception, de la manifestation cosmique, un seul Être se dissimule, un Être unique existe, que nous pouvons décou­vrir et qu’à notre instar tout peut dévoiler en un déluge de Lumière.