Michel Random : L'art Visionnaire

La tour de Babel, c’est le symbole de la confusion des langues ; s’il y a confusion des langues, c’est qu’il y avait une langue originelle non confuse, et que par conséquent, cette langue originelle, c’était une langue vraiment transmise. Et qu’était-ce que cette langue ? La langue où tout était fusion, où l’homme avait la possibilité de comprendre les différents plans de l’être : les plans minéral, végétal, animal et humain. Il y avait par conséquent là un langage que l’on peut appeler le langage des anges ou le langage de Dieu ; le langage cosmique lui était accessible.

Jacques Oudot : Les secrets du visible ou « le peindre et l'apparent »

Quand je peins, j’avance à la rencontre de l’inconnu ; je balaye le déjà vu et fais disparaître impitoyablement toutes les références ; ce bleu-là et ce jaune-là, mis ensemble devant mes yeux, le sont ainsi pour la première fois dans l’histoire du monde ; ces images sont agencées par moi selon des règles à tout jamais cachées, à partir des images restantes, comme surgies et reconnues dans ma mémoire…

Francis Aujames : Les héritiers de Dédale - Un architecte prisonnier dans son propre labyrinthe

pour sentir un lieu, un sous-sol, une construction, des matériaux — par eux-mêmes — et les imprégnations que ceux-ci ont reçues au cours du temps. En effet, comme une éponge qui s’imbibe d’eau, la pierre, la brique, le plâtre…, s’imprègnent des disputes, des cris, des mauvaises « vibrations » émises par les habitants du lieu. Ou, bien au contraire, un meuble ancien sculpté avec amour rayonnera chaleureusement en annihilant les mauvaises influences de la pièce où il se trouve. L’architecte qui sait « sentir » pourra donc rétablir une harmonie dans un lieu déséquilibré.

Bob Quinn : L’art et la spirale

Beaucoup de races s’interdisaient d’imiter l’œuvre de Dieu et jusqu’à l’ère chrétienne les Pictes n’avaient pas le droit de représenter même la végétation, comme motif ornemental, d’où leur intérêt pour la géométrie, les mathématiques et toute abstraction qui ne soit pas une copie de la vie créée. Des motifs entrelacés entourant des corps d’hommes, d’animaux, d’oiseaux et de reptiles, chacun pris dans une volute sont apparus au pays pictes de l’Est et en Irlande, pour émigrer plus tardivement en Scandinavie où cette forme d’art devait dégénérer.

Michel Random : Jérôme Bosch peintre de l’imaginal

En fait, vous nous proposez un voyage. En admettant même que vous ne trouviez pas toutes les clefs, celles que vous révélez, le simple avant-goût que vous en donnez, permet de croire que Bosch était plus qu’un maître-savant. C’était, et cela semble hors de doute, un homme de Connaissance.

Hermine Sabetay : L'ésotérisme de l'art dramatique

Un artiste vraiment doué, qui est entièrement absorbé par le rôle auquel il prête vie, qui se sent complètement identifié avec l’être illusoire qui se meut et parle sur les planches, qui éprouve ses joies et chagrins, ses problèmes et conflits comme les siens propres, peut être comparé à un Ego totalement immergé dans sa personnalité éphémère. Telle est la condition psychologique de la majorité des hommes ; elle est poétisée dans la mythologie grecque par le joli mythe de Narcisse.

« Je ne puis croire qu'en un Dieu qui saurait danser » (Nietzsche) Jacques Michiels et Paolo Bortoluzzi

Pour un danseur, le corps est ce qu’il a de plus précieux pour s’exprimer, comme pour exprimer ce Dieu qui l’habite. Avec une patience inlassable, le danseur se forge un corps capable de communiquer la flamme intérieure. La recherche de la perfection se fait à travers un corps, celui qui nous a été donné, qu’il convient de rendre en quelque sorte pareil à un miroir.

Jeannine Auboyer : L’aspect du Sacré dans l’art de l’Asie Orientale

Deux traditions aux origines peut-être protohistoriques ont existé en Asie orientale : l’une, en Inde et l’autre en Chine. Chacune s’est répandue dans la zone géographique qui lui correspondait : l’indienne dans l’Asie du Sud-Est, la chinoise en Asie centrale et extrême-orientale. De nombreux points de rencontre se sont formés au cours des siècles, notamment grâce à l’expansion du bouddhisme. L’art en fut à la fois le reflet, le support mystique, l’illustration allusive ou symbolique. Ce qui constitue pour l’amateur occidental une certaine gêne à le bien comprendre, sauf s’il se met au courant de sa signification spirituelle…

Catherine Dalloz : Les apports de la danse indienne à l'occident

Par son origine divine, la danse est aussi un chemin spirituel. Ainsi, le Natya Shastra est une voie pour guider vers la libération par un entraînement yogique de longue haleine. En effet, le cinquième Veda du traité hindou nous expose le cinquième moyen d’accéder à la sagesse par la représentation mythique des dieux qui sont exprimés dans un corps entièrement maîtrisé. Dans l’Inde ancienne, la danse faisait partie de l’éducation des jeunes filles et du culte quotidien. La dégénérescence de la danse sacrée s’opéra quand celle-ci se modifia en un simple divertissement de cour…