Michel Camus : Visages immobiles de Raymond Abellio, Un grand livre dantesque

Dans Visages immobiles, la fosse de Babel n’a plus de fond, elle est devenue insondable. Cet abîme, qui est celui du dehors, appelle l’abîme du dedans : voici les yeux d’Ezéchiel désormais sans visage. Imaginez l’étincelle d’un regard sans yeux et sans visage, ce n’est pas une fiction, c’est autre chose. Car il y a deux romans dans le dernier roman d’Abellio : le roman secret du huitième jour, celui de l’homme intérieur, celui qu’il faut méditer entre les lignes et qui juge celui qui le médite, et l’autre, celui-ci dramatique, l’immense roman du terrorisme poli­tique à l’échelle planétaire…

Michel Camus : Le coup de bâton du maitre zen

Tout se tient dans l’œuvre d’Abellio. Sans la connaissance de la Structure absolue, il est presque impossible de voir dans les personnages clefs de Drameille-Lucifer et de Pirenne-Satan, que leur destin conduit à s’accomplir tout au long des mille cinq cents pages du cycle romanesque, les « deux pôles d’écartèlement » de Dupastre alias Abellio, qui ne les incarne que pour les fondre en lui au cœur de l’intensité dont le feu fixe, le feu froid, l’illumine.

Michel Camus : Journal de minuit

Ceux qui disent que l’après-mort est identique à l’avant-naissance n’en savent rien comme n’en savent rien ceux qui disent que l’après-mort est autre que l’avant-naissance. Parce que tu rêves tu crois à la réalité. Réveillé tu ne verrais dans la réalité qu’un rêve. L’intensité sans identité au sein du vide est l’état érotique par excellence comme l’amour dans la conscience de l’amour. Sublime paradoxe le retour sans nous au centre de nous-mêmes…