Paul Chauchard : Temps et nature humaine

Nous voyons ainsi combien le temps importe à la nature de l’homme. Celui-ci, bien plus que l’animal, va en prendre conscience. Mais il ne se rend pas assez compte combien le temps est une réalité de sa chair, combien le temps l’a marqué et le marque, contribuant à le faire ce qu’il est, assez autre peut-être de ce qu’il aurait pu être. Le temps, c’est le dynamisme même de notre être en évolution constante, c’est la présence de tout notre passé dans notre présent, à notre insu même. Prendre conscience du temps, ce n’est donc pas connaître le cadre extérieur de notre vie, mais jeter un regard sur la réalité même de notre être.

Jean Chevalier : La pensée rationnelle n'a pas réussi à tuer la pensée symbolique

L’allégorie, comme le disait Henry Corbin, n’est « qu’un travestisse­ment du connu et du connaissable », tandis que le symbole vous transporte à un autre niveau de perception ou de connaissance, à la découverte d’un autre niveau d’être, que celui qui est immédiatement signifié. C’est ce qu’on appelle le pouvoir d’anaphore du symbole : sa capacité de vous transporter, de vous faire traverser le sens premier du signe. L’allégorie est un procédé simple : l’image signifiant directement une idée ; par exemple, une figure de Vénus, ou de Cupidon avec son arc et ses flèches, désignant l’amour ; des balances, la justice. Le rapport reste ici superficiel, banalisé formel, conventionnel ; il conduit à l’académisme. L’allégorie ne dépasse guère le plan des procédés de rhétorique. C’est en somme une traduction imagée et univoque d’une idée ou d’un sentiment. Le symbole agit au contraire comme une suggestion, une provocation, une sollicitation immanentes et il ne craint pas l’équivoque. Son sens profond peut être à l’opposé de son sens apparent…

Paul Chauchard : Zen et psychosomatique

La grande découverte de la psychophysiologie moderne, c’est que l’équilibre harmonieux du corps et de l’esprit dépend des centres révélateurs de la base du cerveau, centres de la vigilance et de la paix intérieure, de l’érotisme de vie dont nous avons fait les centres de la folie du corps, de la distraction énervée, de l’angoisse et de la mort. L’énervement est le contraire de la vigilance qui passe au contraire par les techniques de relaxation et de calme pour nous mettre dans l’optimum d’un état de conscience normal.

Jean E. Charon : L'électron spirituel

Le nouveau modèle de l’électron démontre de manière convaincante l’unité des interactions faibles et électromagnétiques (déjà pressentie en physique) ; mais, surtout, ce modèle diminue de manière saisissante le nombre des constantes fondamentales, en permettant le calcul direct, à partir des équations du modèle, de six de ces constantes physiques fondamentales. Ce résultat remarquable conduit à considérer le modèle de l’électron univers-trou, plus brièvement nommé éon, comme la meilleure approximation que possède aujourd’hui la physique dans sa représentation de la réalité.

Pour une stratégie de l'innovation, entretien Rémy Chauvin et Christine Hardy

j’ai toujours été attiré par des trucs assez bizarres qui n’attiraient pas tout le monde. C’est peut-être pour cela que je me suis intéressé à la parapsychologie d’ailleurs, mais je me suis occupé aussi d’insectes et j’ai étudié des choses assez mystérieuses, enfin dans ce temps-là, dans ma jeunesse qui est fort lointaine, à cette époque, c’était mystérieux : c’était les comportements sociaux des animaux…

L'Esprit dans la Matière, entretien Jean Charon et Christine Hardy

En fait, Newton n’était pas aussi rationaliste qu’on voudrait le faire croire : il a écrit autant sur l’alchimie et sur le divin que sur l’optique et la gravitation. Ainsi, il distinguait deux sortes de lumières : la lumière phé­noménale qui faisait l’objet de son optique et la lumière nou­ménale qui devait jouer un rôle dans la pensée et dans les phé­nomènes du vivant, un rôle fondamental, donc. Or il est très curieux de voir ce que l’on formule maintenant dans le cadre d’un rapprochement entre l’esprit et la physique : que précisé­ment dans les particules qui sont porteuses d’esprit, c’est-à-dire les électrons, cet esprit lui-même est porté par la lumière. Les électrons que l’on étudie en physique ont des caractéristiques spirituelles, et cela parce qu’ils sont de véritables micro-univers, tout semblables à notre immense univers, mais enfermant un espace et un temps particuliers où les phénomènes évoluent en allant vers l’ordre, au lieu d’aller vers le désordre, comme c’est le cas dans notre univers observable.

Le tissu relationnel humain, entretien Christine Hardy et Fritjof Capra

L’esprit n’est pas une substance ou une force, mais un ensem­ble de processus caractéristique des êtres vivants. Dans cette optique, l’esprit existe bien avant le système nerveux et le cer­veau. Même une cellule montre un certain phénomène de menta­tion, une certaine activité mentale que l’on peut définir assez rigoureusement dans le cadre de la théorie des systèmes. En fait, cette activité mentale est l’essence même de la vie. Chaque fois que l’on rencontre des structures vivantes, elles manifesteront cette activité mentale. Bien sûr, ce n’est pas une activité mentale complexe comme lorsque nous parlons, c’est très primitif au début, mais cela croit en complexité et on abou­tit à l’esprit humain.

Pierre Crépon : La guerre sacrée chez les Aztèques

Le 13 août 1521, deux ans après avoir débarqué sur la côte mexicaine, Cortès et ses compagnons s’em­parent de la capitale de l’empire Aztèque, Mexico-­Tenochtilan. Ils pénètrent dans la ville après un siège de plusieurs mois : déjà plusieurs dizaines de milliers de Mexicains y sont morts de famine, et bien d’autres ne survivront pas à la frénésie meur­trière des assiégeants. Le reste sera marqué au fer rouge de l’esclavage, et la ville se verra détruite de fond en comble afin que ne subsistent aucun des mul­tiples temples qui s’élevaient à la gloire des dieux du Nouveau Monde. C’en était fini de Mexico, la cité royale, dont les Conquistadors eux-mêmes disaient qu’elle était « une ville plus belle que Grenade ou Venise ».

Pensées personnelles et impersonnelles de Chiragh

Quand nous aimons quelqu’un, notre amour en forme une image que nous mettons sur un piédestal ; ensuite de quoi nous attendons que ce quelqu’un se confonde avec l’œuvre d’art que nous avons faite de lui. C’est la source de toute déception. Peut-être la plus grande des vertus est-elle d’apprendre à aimer ceux que nous aimons tels qu’ils sont et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient. Et à y bien penser, c’est même la seule manière de connaître d’eux autre chose qu’une illusion.

Pierre Crépon : La magnétothérapie

En fait l’usage des aimants à des fins thérapeutiques remonte à l’Antiquité et une légende de la Grèce ancienne raconte que les propriétés curatives de l’aimant furent découvertes par un berger grec du nom de Magnès. Il semble d’ailleurs que la plupart des tradi­tions anciennes, notamment chinoise, indienne, égyp­tienne, arabe, hébraïque, aient connu l’usage de l’aimant naturel qui pouvait, par exemple, être utilisé sous forme d’amulettes. Au cours des siècles de nombreux auteurs ont ainsi vanté les propriétés curatives de l’aimant et il nous suffit de citer ici les noms célèbres d’Aristote, de Pline, de Gallien, d’Avicenne, d’Albert le Grand ou de Paracelse. Au XVIIIe siècle, deux savants de la Société Royale de Médecine, Audry et Thouret, firent un rapport pour « vérifier l’efficacité de l’aimant dans le traitement des maladies », rapport dont la conclusion s’avère aujourd’hui prophétique : « L’aimant paraît devoir deve­nir un jour en médecine d’une utilité sinon aussi grande, du moins aussi réelle qu’il l’est maintenant en physique. » Pour la petite histoire, il est amusant de noter que c’est la même Société Royale de Médecine qui condamnait, quelques années plus tard, la théorie du magnétisme ani­mal de Mesmer.