Que cela vous plaise ou non, rencontre avec Arnaud Desjardins

Certes, il est le contraire d’un être blindé, endurci et sans cœur et éprouve donc des sentiments : amour, compassion, participation aux souffrances des autres… Mais vous imaginez vous constatant : « J’ai rencontré Ma Ananda Mayî, elle était très inquiète », « J’ai rencontré Bouddha, il ne se sentait plus de joie » ? La réponse est non, bien sûr. Vous ne pouvez concevoir un sage soumis à ces mécanismes.

Marie-Madeleine Davy : Henri le Saux, Itinéraire entre deux rives

Cet homme épris de silence et de solitude semble mener une existence paradoxale. Il consacre de longues périodes à des séjours dans des grottes, puis il fait des pèlerinages, prêche en particulier dans des Carmels, assiste à des séminaires, traverse l’Inde du nord au sud en de nombreux et épuisants voyages. Il lit et écrit énormément. Par manque d’interlocuteurs susceptibles de le comprendre, il se confie à son Journal. Le moine aime à la fois se taire et s’exprimer. Il apparaît semblable à la citerne dont parlait Bernard de Clairvaux qui déverse son trop plein pour recevoir encore.

René Dubos : L’homme et son environnement

La surconsommation d’énergie favorise dans nos sociétés, la tendance à remplacer l’expérience directe des choses par l’expérience indirecte. On préfère voir jouer au tennis sur l’écran plutôt que de jouer au tennis soi-même. Le plus grand danger de la télévision, de mon point de vue, n’est sûrement pas de rendre les enfants criminels, parce qu’ils ont trop vu de films violents, mais certainement de les empêcher d’acquérir l’expérience des choses de la vie. Ils voient le monde d’une façon passive, au lieu d’en faire l’expérience d’une façon active.

Taisen Deshimaru : Au sujet de la conscience transcendantale

Chacun pense qu’il est difficile d’atteindre la conscience transcendantale. Les philosophes, les scientifiques, les intellectuels ont bâti des théories, des concepts au moyen de leur aptitude (agilité), logique particulière et tout est devenu très compliqué. Le Zen veut renverser le cours ordinaire du savoir et faire appel à sa propre méthode spécifique d’entraînement de nos esprits à l’éveil de la sagesse transcendantale. Couramment on pense qu’il est très difficile d’obtenir le Satori à travers le zen parce qu’on croit que le Satori est une illumination particulière. Mais si vous ouvrez un dictionnaire japonais-français ou japonais-anglais au mot Satori les premières traductions que vous trouverez sont : compréhension et éveil.

Taisen Deshimaru : Le grand cercle

L’un des textes sacrés préférés de Maître Deshimaru était le Shodoka ou Chant de l’Immédiat Satori. Composé de 78 poèmes, il a été écrit par Maître Yoka en Chine au VIIe siècle de notre ère. Pur joyau poétique et spirituel, considéré comme l’un des textes fondamentaux suscités par l’expérience de la pure liberté originelle vécue par l’esprit et la pratique du Zen, le Chant de l’Immédiat Satori a été traduit et commenté par Maître Deshimaru. En voici le dernier poème et les réflexions le concernant.

Taisen Deshimaru : Commentaires

On pense, on pense surtout avec la partie gauche du cerveau. Si l’on enseigne à partir du corps et qu’on se concentre sur le comportement, on oublie de penser. Si on se concentre sur le corps, on oublie l’esprit. Tel est le sens du deuxième vers. Est-ce le corps ou l’esprit qui devient Bouddha ? Il faut réaliser à travers le corps et l’esprit, car ils ne sont pas séparés. Chaque cellule a sa propre vitalité mais toutes sont interdépendantes. Où existe le véritable esprit ? L’esprit et le corps existent en interdépendance. Dans certaines religions, on prétend qu’après la mort, le corps disparaît mais que l’esprit reste. Je ne peux y croire. Tout problème relatif au monde invisible ne peut ni être nié, ni être affirmé. Certes, à la mort, l’activité disparaît, mais le corps tout en se transformant retourne au cosmos, si on incinère ou jette dans la mer. Et même, cent ans ou six cents ans plus tard, les éléments constitutifs du corps demeurent.

Eva De Vitray Meyerovitch : Le chemin des contes

Tout maître spirituel cherche à éveiller les âmes endormies à la Réalité ultime qu’elles possèdent, sans le savoir, au plus profond d’elles-mêmes. Les grands Soufis, notamment, ont mis en œuvre tous les moyens dont ils disposaient pour faire accéder leurs disciples à cette prise de conscience. Leur rôle est dès lors comparable à celui du guide qui vous prend par la main pour vous conduire le long du Chemin.

Jean During : L'ascension du Prophète

Le mi’râj, voyage céleste de Mohammad, est un des événements les plus marquants de sa mission prophétique, ou de ses miracles. De cette (ou ces) expérience intérieure il ne parla guère, car rares étaient ceux qui pouvaient en saisir la nature réelle. Ainsi, on débattit vai­nement pour savoir si ce voyage eut lieu phy­siquement ou seulement en esprit. Ceux qui voulaient croire à un voyage physique ne comprenaient pas que le mi’râj était une vision, non un rêve, donc une expérience beaucoup plus forte que toute expérience sen­sible, comme le suggère la parole : « Les hommes sommeillent, quand ils meurent, ils s’éveillent. » Il aurait dit aussi qu’il stationnait entre le sommeil et l’état de veille lorsque l’ange vint le trouver. ‘Aysha, sa femme, affirmait que son corps était resté sur place, mais en admet­tant l’existence d’un ou plusieurs corps subtils d’autres interprétations seraient possibles.

Maitre Taisen Deshimaru : Le temps selon maître Dogen

Ne pensez pas au temps comme s’envolant simplement au loin, il y aurait séparation entre le temps et vous-mêmes. Si vous pensez que le temps est juste un phéno­mène qui passe, vous ne comprendrez jamais l’Être-­temps. La signification centrale de l’Être-temps est que chaque être dans le monde entier est relié aux autres et ne peut jamais se séparer du temps. L’être est le temps et par conséquent mon propre temps véritable. Cepen­dant, il y a un mouvement du temps dans le sens de se mouvoir d’aujourd’hui à demain, d’aujourd’hui à hier, d’hier à aujourd’hui, d’aujourd’hui à aujourd’hui, de demain à demain. Ce mouvement est caractéristique du temps. Passé et présent ne peuvent se recouper, ils sont indépendants et ne chevauchent pas. La tâche difficile des professeurs est de nouveau l’Être-temps. La plupart des gens pensent que le temps passe et ne réalisent pas, qu’il y a un aspect qui ne passe pas. Réaliser cela est compren­dre l’Être. Ne pas le réaliser est aussi l’Être… Car la réalisation et l’ignorance sont l’une et l’autre contenues dans l’Être-temps. Rappelez-vous cependant que l’Être-­temps est indépendant des idées. Il est l’actualisation de l’Être.