Yves-Albert Dauge : Les clefs des symboles : Le Miroir

De nombreuses significations, disparates et même contradictoires, sont traditionnellement rattachées au thème du miroir. Pour y mettre un peu d’ordre, un seul moyen, qui n’a guère été utilisé jusqu’ici : établir la métaphysique du miroir. Il s’agit essentiellement de cette clef ontologique que constitue le passage du UN au DEUX, principe du déploiement des nombres, et arcane de la Vie divine comme de la Création. La Vie divine, en effet, selon ce que nous apprennent la spéculation et l’expérience théologiques, est polarité, échange, amour. Son expression chrétienne est la notion de Couple éternel Dieu-Père et Dieu-Fils : le Fils étant l’image, l’icône, le miroir, l’Alter Ego du Père, sur tous les plans. « Qui m’a vu (tel que Je suis) a vu le Père », dit le Christ…

Pierre D'Angkor : La destinée humaine, suivant les traditions parallèles de la Sagesse ésotérique

le Principe métaphysique de la matière universelle, laquelle, grossière ou subtile, forme tous les corps : c’est le Principe plastique, féminin, de la matière et de la Forme, la Mère universelle. Personnifiée comme sagesse divine en Minerve, chez les Grecs, ou comme force divine (Shakti) par les déesses de l’Inde, elle était représentée dans le Christia­nisme primitif par le St-Esprit. Celui-ci ayant été masculinisé, le culte de la Vierge fut instauré. Jésus enseignait qu’une étincelle du Verbe est en chaque homme : c’est l’incarnation divine en l’âme humaine. Épanouie en lui et transfigurant sa personnalité mortelle, son « moi » humain, Jésus représentait, dans sa plénitude et sa perfection, cette incarnation du Verbe en sa personne, et son enseignement visait à préciser la voie royale à suivre par chacun pour réaliser pareillement cet état divin, en se haussant à la conscience universelle, la Conscience du Père. En effet la conscience, la perception et la réalisation de tous les pouvoirs de la Vie-une constituent cet état divin. Les degrés atteints au cours de cette ascension représentent effectivement la hiérarchie des êtres sur une échelle infinie et dont les hauts échelons échappent à notre vision limitée. La réalisation de l’état divin est donc pour l’homme « le grand œuvre ».

Yves-Albert Dauge : Les clefs des symboles : Le Feu

Élément particulièrement fascinant, le Feu n’a cessé d’inspirer les poètes, les psychologues, les théologiens, les mystiques, les gnostiques, les philosophes, comme symbole de l’Énergie une et multiple, de la vie et de l’action divines, de l’essence de l’homme, et des processus de transmutation. Ne pouvant tout dire sur un sujet aussi vaste, nous avons organisé notre réflexion sur les rapports entre Feu cosmique, Feu divin et Feu humain, pour une prise de conscience de l’unité du dynamisme universel.

Pierre D'Angkor : Le Jésus historique et son enseignement ésotérique

Je dois faire remarquer ici combien la thèse talmudique peut paraître confirmée par la découverte des manuscrits de la mer morte. On sait depuis longtemps les rapports étroits existant entre l’essénisme et le Christianisme primitif, rap­ports si étroits que le problème de Jésus essénien, ou réfor­mateur de l’essénisme, s’est souvent posé, et qu’on s’est demandé aussi si la brusque disparition de l’essénisme ne résulte pas tout simplement du fait qu’il s’est fondu finalement dans la religion nouvelle.

Mohammad Iqbal : Prière

Nous Te cherchons et Tu es loin de nos yeux ; mais non, nous sommes aveugles, et Tu es présent. Ou bien écarte ce voile du mystère, ou bien enlève-nous cette âme privée de vision. L’arbre de mon esprit désespère de porter des feuilles et des fruits : envoie donc une hache, ou alors la brise du matin. Tu m’as donné la raison, donne-moi aussi la folie, montre-moi la voie de l’extase intérieure. La science demeure dans la pensée ; l’amour fait son nid dans le cœur vigilant. Si la science ne bénéficie pas de l’amour, elle n’est qu’un théâtre d’idées : ce spectacle n’est qu’une magie…

Alexandra David Neel : L'Inde hier aujourd'hui demain

Comme tout est simple et machinal dans nos gestes. Même aux moments les plus douloureux de notre existence, rien, en général, ne décèle nos déchirements intimes. J’ai pris congé en souriant, des amis qui m’ont accompagnée, j’ai gravi l’escalier de la cabine, me suis assise dans un fauteuil puis est venue la course habituelle le long des voies d’atterrissage, la légère secousse que donne l’envol du monstre quittant le sol, l’ascension… C’est fini, j’ai quitté l’Inde.

Pierre D'Angkor : Le Christianisme originel et l'hérésie romaine

Au Dieu qui se manifeste dans la Nature et dans la conscience de l’homme fut donc opposé le Dieu qui se manifestait dans l’Église. Et celui qui prétendait y résister fut taxé d’orgueilleux et de révolté contre Dieu. On confondit délibérément l’humilité du cœur qui est une vertu avec la servilité de la pensée qui est indigne de l’homme. Au nom de l’une, on exigea l’autre. Une fausse conception de l’humi­lité engendra une fausse vertu. La conscience publique en fut oblitérée, souvent annihilée. Tout ce qu’ordonnait l’Église fut le bien. N’était-elle pas inspirée sans cesse du St-Esprit, selon la promesse de Jésus-Christ ? L’asservissement des cons­ciences étant ainsi assuré, les pires crimes contre l’humanité purent être perpétrés, sans amener de réaction dans l’âme des fidèles. Une réaction n’eût pu être que l’œuvre du démon !

La mort une autre naissance ?

C’est un problème qui préoccupe beaucoup de gens. Pour en parler exhaustivement, je devrais faire une conférence de deux heures. Après la mort que se passe-t-il ? C’est un problème religieux auquel il n’est pas nécessaire de trop penser. Ceux qui ne veulent pas mourir sont toujours préoccupés par cela. Dans le bouddhisme, on ne fait pas de commentaire sur l’après-mort. L’essentiel est « ici et maintenant ». Les problèmes métaphysiques ne peuvent pas être résolus. On ne peut ni les affirmer, ni les nier ; on ne peut rien décider.
Après la mort, que devient l’esprit ? Personne n’est revenu pour en parler. Il ne faut donc pas trop s’attacher à la mort. C’est le sens de la célèbre phrase de Dogen : « Le bois ne peut pas regarder les cendres. » Le bois représente la vie et les cendres la mort. « Les cendres ne peuvent pas voir le bois. »
On peut aussi comparer la vie aux images qui se forment sur l’écran de la télévision et la mort à l’interruption des images après avoir tourné le bouton. Si on regarde, notre vision est subjective. Si on tourne le bouton, l’image disparaît.

Mu Ku Do Ku Ka Ku Nen Musho

C’est différent de Ku, c’est la totale vacuité où il n’y a plus rien du tout, au-delà de la sainteté et de la folie. Dans Ka ku nen musho, il n’y a ni sol ni plafond, ni plancher ni toit. Pas de dessous, pas de dessus, ni vent, ni porte du sud, de l’est, de l’ouest, du nord. Pas de tapis, pas d’étage, pas de colonne. Il n’y a ni bien ni mal, ni haine ni amour. Cela fait complètement partie du ciel pur, sans nuage, bleu, immense, infini. Il n’existe aucun point de rencontre, tout est infini. Ainsi est Ka ku nen musho. Cela est l’essence du Zen, au-delà de la sainteté et de la folie.

Le Zen et le miracle Japonais, entretien avec Taisen Deshimaru

Le zen n’est pas une réponse spirituelle à un monde matérialiste. C’est une façon de contrôler les rapports de l’un et de l’autre. C’est une réponse à la fois matérielle et spirituelle. Le rôle du maître zen consistant uniquement à éduquer, en donnant une réponse antithétique à une question thèse, C’est donc une sorte de dialectique orientale, et même si tous les jeunes Japonais ne sont pas soumis à un enseignement zen, ils en sont imprégnés de par la tradition mentale de la société dans laquelle ils évoluent.