Bill Wapepah : Une relecture de la création

Ce dont je parle va bien au-delà des mots écologie ou environnement de la nature-mère : cette terre est une femme, toutes les plantes qui poussent sur elle sont ses cheveux. L’eau est son sang et nous sommes ses petits-enfants. Nous avons, nous aussi, des plantes sur la tête, de l’eau et des fleuves à l’intérieur de notre corps.

Zéno Bianu et Vincent Bardet : L'ivre livre

Ce n’est plus aujourd’hui un secret pour personne que le recours à des substances modifiant le champ de la conscience et provoquant l’émergence d’états de « réalité non ordinaire » est l’une des pratiques fondatrices de la culture humaine. Du chant chamanique universel aux univers déréalisants de Phi­lip K. Dick, du soma védique au moksha d’Huxley, de la dive bouteille à la grande beuverie, de la connaissance par les gouffres à l’algèbre du besoin, l’ivresse postule un voyage hors de l’horizontalité, une ouverture en deçà ou au-delà, vers ce que Ernst Jünger désigne comme le « Grand Passage », soit la destruction du temps par la complétude.

Christian Charrière : J'ai peur de mon ombre

J’avais peur de mon ombre, j’avais peur de tout ce qui en moi n’était pas présentable : faiblesse, instinctivité, émotion et, tendues vers l’autre, jusqu’aux deux mains qui s’ouvrent sur le petit lapin blanc d’un amour. Je voulais avancer dans la vie d’une démarche impitoyable et sans rien qui me fît chanceler. C’est pourquoi, tel le héros de Chamisso, je m’étais séparé de mon ombre au premier carrefour. Mais on ne peut vraiment la répudier. À pas de loup elle revient vous assassiner au coin des bois. Mieux vaut l’accueillir en notre demeure et lui offrir ce qu’elle demande…

Léon Denis : Socialisme et spiritualité

Ainsi la philosophie de Jaurès aboutit à cette idée de l’unité univer­selle qui, transportée dans l’ordre social, deviendra la solidarité uni­verselle. Jaurès ne négligeait pas de faire ressortir les conséquences funestes du matérialisme. Dans sa critique de cette théorie, il considérait comme un sophisme le fait de vouloir constater certaines conditions organiques à tout phénomène de conscience, et de vouloir ramener à ces conditions la conscience elle-même. »

le R.P. Bruckberger : Les entrailles de Marie lieu du miracle des miracles

La généalogie du Christ, telle que nous la rapporte l’Évangéliste Matthieu, qui est construite de manière très artificielle et où bien des chaînons manquent, il y a cependant une surprise de taille en ce qui concerne les femmes. Seuls les hommes sont nommés, ce qui est de tradition dans toute généalogie sémite. Mais pourtant quatre femmes sont introduites dans la généalogie : quelles sont ces femmes ? Toutes des marginales. Tha­mar, dont le fils, ancêtre direct de Jésus-Christ, est né de l’inceste et de la prostitu­tion. Rahab était une chananéenne, prostituée dans la ville de Jéricho. Ruth, grand-mère de David, était une Moabite, une païenne. La mère de Salomon, Bethsabée, fut adultère et ne devint l’épouse de David que par le meurtre abominable de son premier époux. On peut dire que pour le Christ le péché fut vraiment une affaire de famille, autant dans sa lignée paternelle parce que le péché est substantiellement une offense faite à Dieu, que dans la lignée maternelle : il n’avait qu’à se retourner vers ses ancêtres maternels pour savoir ce qu’est le péché. La généalogie de Marie aboutit paradoxalement à la Vierge Marie, qui resta vierge, et dont le mariage avec Joseph ne fut jamais consommé.

Christian Jacq : Rôle et signification de la symbolique féminine dans la civilisation de l’Égypte ancienne

Entendons-nous bien sur les termes : ini­tiation, pour l’Égyptien, signifie transforma­tion consciente, volontaire, quasiment scien­tifique, de l’individu vers l’Universel. L’être qui s’initie par la connaissance des rites et des symboles accomplit ses kheperou, c’est-à-dire ses transformations vers la Lumière. Le Livre des morts, si mal nommé par les égyptologues, s’appelle en réalité le « livre de sortir dans la lumière », d’accomplir l’ultime initiation qui consiste à nous unir de nouveau à Ce qui crée.

Martine Belle-Croix : À propos de la musicothérapie

La musicothérapie, tout le monde en parle, tout le monde en fait. Cependant, de quoi parle-t-on ? Que fait-on ? Poser ces deux questions, c’est déjà faire émerger un vaste flou, des imprécisions, de nombreu­ses confusions. Ces quelques lignes n’ont pas pour objet d’expliciter de façon très précise la musicothérapie, mais d’essayer de délimiter le champ professionnel dans lequel évoluent tous les praticiens de l’en­fance inadaptée qui utilisent la musique avec des personnes en difficultés. Leurs objectifs sont pédagogiques, thérapeuti­ques ? Qu’importe, de toutes les façons, la musique est bien là.

Michel Maffesoli : Rituels de l'ombre

la violence est toujours présente. Plutôt que de la condamner d’une manière par trop rapide, ou encore de dénier son existence, il vaut mieux voir de quelle manière on peut négocier avec elle. Quelle forme de ruse on peut employer à son égard. C’est à partir d’un tel principe de réalité qu’il est possible d’apprécier la qualité de l’équilibre plus ou moins grand qui caractérise toute société.

Michel Cassé : Sauvagerie cosmique

Le big-bang peut être conçu comme une transition de la phase prégéo­métrique purement indicible à la phase géométrique intelligible avec une libération titanesque d’énergie, chaleur latente, décharge, bascule­ment, explosion du destin…