René Fouéré : Personnalité fixe et devenir personnel

Un moi aussi vulnérable à l’action de la moindre drogue, un moi qui ne subsiste que grâce à la complicité des hasards matériels, n’est-il pas une dérision ? Quelle et la valeur d’une personnalité dont les résolutions conscientes et prétendues raisonnables, dont les agissements coutumiers et caractéristiques peuvent être battus en brèche par quelques milligrammes ou quelques grammes d’un réactif approprié ?

René Fouéré : De l'acte Complet

Dans ce qui va suivre nous entendrons par « acte » non pas simplement un geste, un mouvement physique ou mental isolé, mais aussi bien tout ensemble d’opérations matérielles ou psychologiques réalisant un changement caractérisable et signigificatif, un changement exprimable en termes d’intention ou de fin particulière.

René Fouéré : Présent et Futur

Pour un esprit capable d’une exacte appréciation du présent, il n’y a pas de futur. En d’autres termes, une connaissance pénétrante, une connaissance qui réalise une complète transparence du présent, enveloppe implicitement une considération du futur. On peut dire encore que, psychologiquement, le futur n’est que le présent profond; qu’il se laisse saisir non comme une chose à venir mais comme une chose actuelle, ou plus exactement intemporelle, dans les profondeurs du présent. Cela ne signifie pas que la connaissance exhaustive et objective d’un état de conscience présent puisse nous livrer le détail des évènements à venir, mais il nous révèle le sens intérieur, le résultat spirituel, le résultat en valeur de ces évènements, résultat qui est indépendant des formes qu’ils peuvent prendre dans l’espace et dans le temps.

René Fouéré : Esquisses de notes

Si ma conscience n’est pas individuelle, ma mort, au sens usuel du terme, devient impossible. C’est seulement si l’on est totalement détaché du reste de l’univers qu’on peut être individuellement détruit, tout au moins sur le plan de la conscience. Il faut être totalement individuel pour pouvoir totalement disparaître, tant que l’univers subsiste.

René Fouéré : Lettre à Krishnamurti

Maintes fois, rencontrant le mot « conscience » dans vos causeries, je me suis demandé s’il voulait dire conscience en général ou soi-conscience. Il me semble que ce sont là deux choses distinctes. La perception banale d’un objet quelconque, les informations qui nous sont données par nos sens sur le monde dit extérieur ne me paraissent pas pouvoir être confondues avec la soi-conscience. Je pense que ces témoignages des sens subsistent chez l’homme libéré, qu’il est conscient de la fleur qui s’ouvre, du nuage qui passe ou même d’une image intérieure, d’un souvenir en d’autres termes, l’abolition de la soi-conscience ne doit pas entraîner celle de la conscience en général.