Aimé Michel : Physique de l'an 2000, métaphysique d'il y a 2000 ans - une véritable nouvelle philosophie

L’infiniment petit qui enfante notre être n’agit pas par enchaînement de causes et d’effets. C’est un univers d’où est totalement exclue la « nécessité ». Le pire qui pourrait arriver, avait dit Planck, serait que l’on nous imagine une philosophie fondée sur une physique qui n’existe plus . Monod prophétisé… Mais il nous faut renoncer à cette philosophie et scruter celle que nous impose la nouvelle physique. Ce monde acausal qui supporte le nôtre, ce monde fermé au seul système d’explication connu de la science, du moins jusqu’ici, qu’est-il donc ?

Aimé Michel : La mascarade des siècles

C’est ce paradigme ancré depuis Descartes et par lui dans la conscience occidentale, qui bannit dans l’occulte des concepts tels que les causes finales, et plus forte raison la prémonition, la parapsychologie et tout ce qui s’y rattache. C’est lui aussi qui rejette en bloc toute forme de pensée présumée extrahumaine. Cette sorte de phénomènes est impossible dans le paradigme cartésien, où le temps doit obligatoirement s’écouler de façon univoque du passé vers le futur puisque, si quelque chose pouvait, du futur, agir sur le présent, cela reviendrait admettre la rupture de la causalité, donc la possibilité du miracle…

Aimé Michel : Le mystérieux chef-d’œuvre de Giulio Camillo

Dès l’Antiquité, les Grecs et les Romains avaient inventé un art de la mémoire. Brièvement résumé, ce système mnémotechnique consistait à imprimer dans la mémoire une série de « lieux » qui évoquaient immanquablement les images ou les mots dont il fallait se souvenir. C’est Quintilien qui explique que, pour former ces lieux dans la mémoire, il faut se rappeler un bâtiment spacieux avec toutes ses pièces et ses ornements. Les images qui doivent rappeler le discours (car cet art était surtout utilisé par les orateurs) sont alors placées en imagination dans les lieux qui ont été mémorisés dans le bâtiment.

Aimé Michel : Le sein ou l'œuf

Depuis trente-cinq ans nous avons entrepris d’extérioriser toutes les fonctions encombrantes de la pensée : la logique, le calcul et la mémoire. Nous sommes en train de rejeter dans le monde extérieur cette toison cérébrale qui nous assura la domination du monde, mais qui, le monde dominé, ne nous sert plus qu’à dissimuler à notre regard intérieur l’essence de notre être, qui est esprit.

Aimé Michel : Telles sont les questions fondamentales...

La suite sans fin des êtres, qui de l’inanimé montent vers la pensée, vers l’homme et au-delà, n’aboutit-elle pas à ce : « Qui suis-je ? ». Cette interrogation n’est-elle donc pas posée dès le commencement des choses, à leur source, là où en d’autres temps on posait l’acte créateur ? Ne l’est-elle pas, oui, dès le commencement, dès que les premières particules, conformément au mystérieux principe de Pauli, entreprennent de se rassembler pour former des structures et ainsi s’engagent dans l’infatigable remaniement créateur d’étoiles, puis de planètes, puis de vie, puis de pensée, cette pensée qui s’interroge sur elle-même ?

Aimé Michel : Zut au zizi ou la sexualité dépassée

La sexualité animale (qui fut celle de l’ancêtre de l’homme) est bien différente de la nôtre. L’homme, a-t-on dit, est le seul animal capable de boire sans soif et de faire l’amour hors de saison. Presque toutes les calamités dont il souffre viennent de là. Et c’est là l’objection que soulève la théorie des deux cerveaux de Mac Lean et de Koestler. Les tragédies archétypiques de notre espèce, telles, par exemple, qu’on les trouve dans Racine, ne doivent rien à notre cerveau reptilien. Le cerveau reptilien d’Hermione, d’Oreste, de Pyrrhus et d’Andromaque se soucie peu du problème insoluble des amours triangulaires. Il ne se soucie que du soulagement de la glande, auquel tous ces héros malheureux atteindraient sur-le-champ, s’ils avaient la sagesse du reptile. Quant au cerveau supérieur voué aux opérations intellectuelles, en quoi le soulagement de la glande devrait-il l’intéresser ?

Aimé Michel : La prophétie fossile, méditation

Ce fait, appelé « évolution », peut être exprimé ainsi : tous les êtres vivants sont apparus suivant un ordre, celui de la complexité croissante. Ou encore : à mesure que la terre a vieilli, des êtres de plus en plus complexes sont apparus à sa surface. Il existe des « théories de l’évolution » : lamarckisme, darwinisme, néo-darwinisme. Ce sont des théories. Elles essaient d’expliquer l’évolution. Mais l’évolution elle-même n’est pas une théorie. C’est l’ordre dans lequel on découvre les fossiles quand on creuse le sol. Aucune théorie nouvelle, aucune découverte ne peut rien changer à cet ordre-là, qui est celui dans lequel sont empilés les uns sur les autres les fossiles que vous trouveriez en creusant sous le fauteuil où vous lisez ces lignes.

Aimé Michel : De quelques mystères de l'espace intérieur: l'énigme des rêves lucides

La science ne saurait nous dire ni pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, ni pourquoi il existe un « je » qui pense. Mais sur ce « je » qui pense, elle rend notre interrogation encore plus obsédante et brûlante : en effet, tout son système d’explication, dont on sait la formidable puissance, s’arrête au seuil de la conscience. Comme le remarquait Lord Adrian, « nous expliquons tout sans la conscience, nous n’avons pas besoin d’elle ». Même le neurophysiologiste qui étudie la douleur traduit tout ce qu’il voit en observations et mesures objectives : de son tableau final, où tout sera peut-être « expliqué », la douleur en tant que fait vécu sera elle-même évacuée.

Aimé Michel : Un savant indocile: Rémy Chauvin

Je vais vous confier un secret, le secret de la découverte scientifique. Il n’y en a qu’un, très simple: c’est de prendre une bonne loi bien établie et d’imaginer une bonne expérience bien irréfutable montrant que la loi était fausse, qu’on s’était mis le doigt dans l’œil jusque-là et qu’il faut tout recommencer. Faites cela trois ou quatre fois dans votre vie, vous serez Pasteur, Einstein, Mendel. Peut-être même qu’une fois suffira…

Aimé Michel : Une grande mutation - oui - mais vers quel insondable avenir ?

Je voudrais d’abord détromper le lecteur prêt à admettre que le Futur, certes, est imprévisible en politique à cause de la folie des hommes, mais qu’au moins en science, en technologie, en économie il peut se laisser entrevoir. Non ! Seul se laisse entrevoir ce que j’appellerai le moindre des possibles, celui qui se produirait si toute source de nouveauté se trouvait soudain tarie. C’est de ce moindre des possibles que je vais parler, sachant que ce qui sera ne peut franchir ma barre.