Éric Marié : Paracelse

(Revue Le chant de la licorne. No 14. 1986) En France, non seulement la vie, mais également l’œuvre de ce précurseur génial que fut Paracelse, ne préoccupe guère actuellement que les curieux, les amateurs d’insolite, voire, comme nous l’avons tristement constaté à certaines occasions, les opportunistes qui, sans s’être donné la peine de le lire, […]

Éric Marié : Épigenèse et destinée mure

(Revue Le chant de la licorne. No 10. Été 1985) Éric Marié est docteur en M.T.C. (Nanchang, Chine) et docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, il a été nommé, dès 1992, professeur puis, quelques années plus tard, directeur d’une unité de recherche à la Faculté de Médecine Traditionnelle Chinoise du Jiangxi. Ses […]

Aimé Michel : Plus personne pour comprendre les mystiques?

(Revue Question De. No 2. 1e trimestre 1974) Alors que, dans maintes disciplines, les progrès scientifiques sont incontestables, le domaine de la mystique appartient encore à l’ineffable, à l’inconnu, voire le plus souvent au méconnu. Toute physiologie des mystiques, qui s’appuierait sur la réalité expérimentale, reste à faire. Et pourtant, Aimé Michel, qui a suivi […]

Jean Markale : Le conte populaire

Car tout conte populaire intègre des données d’observa­tion concernant la lutte de l’individu contre le Destin. En fait, il s’agit presque toujours d’une transgression d’interdits. Le héros du conte populaire défie le temps, défie la société, défie la mort. Il lui arrive même de défier Dieu. Cet aspect blasphématoire n’est d’ailleurs ressenti comme tel que dans le cadre qui est le nôtre, c’est-à-dire celui d’une religiosité teintée d’un christianisme passif, entièrement voué à l’obéissance d’un Dieu tout puissant. Il en a été différemment dans d’autres sociétés, même des sociétés qui affirmaient leur christianisme, comme l’Irlande de l’âge des Saints…

Jean Markale : Le temps étalé ou le destin-volonté

Dieu a souvent été proposé comme un Créateur perpétuel. Si l’on s’en tient à cette proposition, il faut admettre qu’un seul geste de Dieu — ou une seule parole suffit pour créer tout l’enchaînement des faits qui consti­tue le Monde, un peu comme le coup d’épingle dans le papier plié dont parlait Cocteau. Mais cette création per­pétuelle se fait à travers la créature, laquelle doit néces­sairement contribuer à la création sous peine d’être néan­tisée. Le système de pensée des Druides, pour ce que nous en savons, semble avoir eu cette prodigieuse intuition : c’est par la créature que Dieu — quel que soit son aspect —, créateur en perpétuel devenir, se crée lui-même : autrement, il n’existerait pas, ou il équivaudrait, selon le raisonnement hégélien, au pur néant. De là la confiance totale de la pensée druidique en la volonté hu­maine, la confiance totale des Celtes chrétiens dans le Libre-Arbitre absolu.

Jean Markale : Des liturgies ambiguës

À des titres divers, le théâtre participe de ce Sacré. On a voulu écarter toute notion de sacré au nom d’un vague rationalisme. On a profané le théâtre en en faisant un divertissement. Cependant, il ne suffit pas de vouloir écarter le sacré pour l’anéantir. Plus il est refoulé, plus il a tendance à franchir des niveaux de conscience qui devraient demeurer obscurs. Plus on le combat ouverte­ment, plus il affirme sa plénitude, ne serait-ce que par les biais les plus subtils, les plus innocents en apparence. Huis Clos de Sartre est une tragédie religieuse. Les ten­tatives du Living Theater sont les balbutiements d’une nouvelle formulation dramatique où le sacré envahit l’univers psycho-social dans lequel on prétendait enfer­mer l’action humaine. Alors, allons-nous assister, à l’aube du troisième millénaire, à une résurgence de la drama­turgie sacrée ?

J. Rebotier et J.M. Agasse : Alchimie, contes et légendes

Le corps, l’âme et l’esprit vital sont comme la lampe, l’huile et la mèche. De même que la mèche ne saurait servir dans une lampe sans huile, de même l’esprit vital ne saurait être utilisable dans un corps sans âme. L’es­prit vital du corps, c’est le sang, l’âme en est le souffle, qui se répartit dans le sang et le cœur, jusqu’aux extré­mités du corps : ce dernier, vous le savez, consiste en chair, en os et en nerfs. Sachez que si vous logiez l’esprit vital seul dans le corps sans y introduire l’âme, le corps n’aurait point de clartés ; il serait comme enveloppé de ténèbres. Quand vous y faites pénétrer l’âme, le corps s’affine, se purifie et prend un bel aspect. Saisissez bien ce que je vais vous décrire, car c’est une chose importante et personne ne pourrait être guidé vers la science cachée dont je parle, s’il ne connaissait ce chapitre. Ne voyez-vous pas que le feu possède une clarté, des rayons et de l’éclat ; si vous l’arrosez avec de l’eau, la clarté et l’éclat disparaissent et il devient ténèbres après avoir été clarté.

Jean Markale : L'alchimie dans l'épopée occidentale

Car l’essentiel se trouve là : avant d’être opérative, l’Alchimie est un mode de pensée, une véritable structure mentale, une remise en cause de la logique aristotélicienne, une sorte de science paralogique ou plutôt hétérologique. Or il apparaît bien que le système de pensée des Celtes ait été lui aussi hétérologique. L’Alchimie met en relief la « mystérieuse et profonde unité » de la nature, de l’homme et du divin. La pensée celtique n’envisage pas l’être humain autrement que participant pleinement à la nature et à la divinité. L’Alchimie prétend agir en même temps sur le corps et sur l’esprit, sur l’inanimé et sur l’animé, en niant la différence que la pensée classique établit entre ces deux notions. Les Celtes ont toujours refusé le fossé entre nature et culture, entre corps et âme, insistant sur le fait que l’esprit ne s’incarne pas, mais se matérialise, ce qui n’est pas la même chose…

Aimé Michel : Le Kheder assassiné

Je crois, mais ce serait repartir vers une autre idée, que la folie de notre temps est d’avoir voulu construire des sociétés et accessoirement des écoles adaptées à l’homme et à l’enfant moyens. Or il n’y a ni homme, ni femme, ni enfant « moyens ». Nous sommes tous des exceptions. Toute créature humaine est une exception, ou bien n’est pas humaine. Lieu commun, assommant à la fin, la crise de l’adolescent « en quête de son identité ». Ce n’est pas son identité qu’il cherche, c’est sa différence. Son identité l’accable, et il rue.

Jean Markale : Les impasses de la pensée occidentale

[…] ce n’est pas sans raison que la spiritualité occidentale contemporaine, du moins celle qui déborde du cadre dogmatique des églises, cherche ainsi tant de repères dans la tradition orientale : l’homme occidental est en effet en plein cœur d’un labyrinthe dont il ne connaît plus le secret, et il ne sait plus lire les signes susceptibles de lui indiquer le chemin qui mène vers le soleil…