Villy Scaff : A propos des origines du yoga

Leuba et d’autres auteurs ont considéré les états du yoga comme comparables à l’ivresse extatique provoquée par le peyotl ou le hachisch, tout en reconnaissant que le yoga classique n’enseigne pas l’emploi des stupéfiants. On peut leur objecter que dans l’ivresse des drogues, le sujet s’abandonne à des états de béatitude animale qui n’ont rien de commun avec la maîtrise absolue du corps et de l’esprit à laquelle s’entraine le yogin. L’exercice du yogin peut être couronné, il est vrai, par une félicité sans pareille, mais tous les états de félicité sont loin d’être assimilables les uns aux autres. D’ailleurs, le yoga vise bien moins à créer des jouissances qu’à gouverner le subconscient et à retrouver derrière son enveloppe l’Être absolu. Les fins de l’ivresse extatique et du yoga sont donc tout à fait distinctes.

Villy Scaff : En écoutant le Swami Siddheswarananda

On est frappé de l’immobilité rigoureuse (acquise sans doute par la pratique du yoga), dans laquelle il sait parfois se figer, mais que vivifie l’insistance d’un regard brûlant. Appuyant son discours de gestes rares et mesurés, il parle d’un ton paisible et persuasif, énergique, mais sans éclat, Bien que très douce, sa voix parait un peu gutturale et la pratique du sanskrit, où certains sons se scandent avec force, accentue encore cette impression.