la sexualité : Le tantrisme ou l'éveil

Au point de départ, les tantriques se rapprochent des adeptes du yoga classique. Comme ces derniers ils professent que l’individu doit trouver en lui-même toutes les ressources qui lui permettront de dépasser les misères de la condition humaine. Ce ne sera donc ni par l’étude des textes sacrés, ni par la pratique de la dévotion, ni par le jeu dialectique que l’homme fera son salut mais par une « prise en compte » de sa personne tout entière, corps, âme, esprit. Bien entendu, l’étude, la prière, la réflexion intellec­tuelle peuvent aider à cette prise en compte, mais comme adjuvants seulement, l’essentiel restant cette descente à l’intérieur de soi, visant à la découverte de l’être intime.

XXX : Le moi est le propre de l'homme

À l’inverse, il s’en trouve, surtout parmi les dévots incon­ditionnels que l’on voit toujours en troupe autour d’un gourou connu, pour affirmer avec un air plus ou moins extasié et un ton toujours péremptoire que le Maître est totalement dépourvu d’ego. D’abord au nom de quoi, peuvent-ils affirmer pareille stupidité, sinon à partir de leur propre ego ce qui enlève toute valeur à leur jugement ; les seuls êtres humains dépourvus du sens du moi ne se rencontrant que dans les maternités, les pouponnières, les hôpitaux psychiatriques et les services de long séjour où l’on relègue les vieillards réduits à l’état végé­tatif. Si tous ceux qui jugent du moi ou du non-moi des autres étaient moins préoccupés par le leur en premier lieu, ce qui les pousse à se comparer et à critiquer pour se trouver mieux que l’autre, peut-être auraient-ils quelque chance de s’en sortir, au lieu de s’engluer dans les futilités de leur moi.

XXX : Pour s'asseoir à la table de la maison des dieux

Reconnaître en soi tout ce qu’on avait refusé d’admettre jusque-là, ce qu’on avait plus ou moins repoussé dans l’ombre est le premier pas à franchir pour percevoir, sans pour autant s’en culpabiliser, ni s’y complaire, mais parce qu’on est ainsi fait selon la nature humaine, que si l’on n’est pas meilleur qu’un autre, le salaud ne se trouve pas forcément chez l’autre, comme Sartre aurait bien voulu que cela se passe.

Docteur Jacques Vigne : Violence et sacré

Certes chez l’homme, il y a des pulsions comme chez l’animal. Mais ce qui fait que l’homme est homme, disait Aristote « c’est qu’il est plus apte à l’imitation. » (Poétique) Cette faculté d’imitation, Girard en fait un axe de sa pensée. Il l’appelle mimésis. Le singe en possède le germe, lui qui a la faculté précisément de « singer ». Mais c’est chez le petit de l’homme que le mimésis prend tout son développement. Quel appren­tissage culturel serait possible sans cette faculté ? Le bébé n’apprend-il pas déjà sa propre langue maternelle par imitation essentiellement ?

XXX : L'appel du dedans

quel besoin y a-t-il de faire part à autrui de ce que l’on a pu ressentir, éprouver comme phénomènes qui, de toute façon, ne peuvent se situer qu’au niveau individuel. Quel besoin de confier à tout venant ce qui appartient au plus intime de soi-même, étant ce qui existe de plus simple et de plus naturel ? Ce déshabillage intérieur traduit d’abord un manque de retenue, et ensuite l’ignorance que les phéno­mènes ne sont que la manifestation sur le plan individuel physique ou affectif d’une Réalité qui jamais ne sera éprouvée de la même manière chez tout autre. En sorte qu’en incitant autrui à essayer de faire les mêmes expériences et de ressentir les mêmes choses que soi, en un mot à passer par le chas de la même aiguille, on le distrait et l’on risque de l’égarer et qu’il se tourne vers ses petites affaires personnelles, au lieu de l’inciter à regarder inlassablement vers le dedans de lui-même jusqu’à ce qu’il entende l’appel intérieur qui le mènera par la voie qui lui est propre, unique, sans référence à quoi que ce soit, vers son accomplissement…

docteur Jacques Vigne : Peut-on guérir un fanatique ?

Le mécanisme le plus évident du fanatisme est la projection paranoïaque qui fait dire : « Moi, j’ai raison, tous les autres ont tort, moi je suis bon, tous les autres sont mauvais ». Le mental fonctionne en grande partie sur le non : il se pose en s’oppo­sant. Le fanatisme est l’exacerbation de ce non, non aux sentiments, non à la réalité qui peut faire passer du refoulement névrotique du monde intérieur au déni psychologique du monde extérieur. La dissociation manichéenne entre les bons et les mauvais est le meilleur signe de ce non.

le docteur Pierre Wiltzer : Couple et violence

La violence au sein du couple peut prendre, comme par ailleurs, des formes variées ; il peut s’agir de violence physique certes, mais bien plus souvent de violence morale ou psychologique ; si elles sont accep­tées elles s’inscrivent alors toutes deux dans une relation sado­masochiste. À l’opposé la violence peut ne pas exister au sein d’un couple au départ et peu à peu se constituer lorsque l’un des deux partenaires perd ses possibilités de réalisation, lorsque les idées de chacun évoluent dans des sens opposés, ou encore lorsqu’il y a une évolution dans la problématique de l’un des partenaires à la suite d’une thérapie de réflexion qui peut, éventuellement, remettre en cause le contrat de départ, avec un besoin plus important de liberté au détriment de la sécurité…

docteur Jacques Vigne : Psychologie de la violence dans notre société

La meilleure prévention contre une éventuelle manipulation de notre esprit reste de retourner à soi-même : savoir se désidentifier des circuits émotionnels tout faits qui viennent s’interposer entre nous et les autres, entre nous et la réalité. Savoir remettre en question ses croyances automatiques, ses préjugés, avant que d’autres viennent les remettre en question…

le docteur Pierre Wiltzer : Survivre à ses parents

La violence n’est pas seulement intrafamiliale ; il existe une violence qui s’exerce vis-à-vis du sujet lui-même et la pathologie mentale nous en offre des exemples caricaturaux, tant dans la mélancolie où, comme le souligne J. Nadal « la perte de l’objet conduit le Moi en s’identifiant à l’objet perdu à se dévorer lui-même par la pression du Surmoi destructeur », que dans les conduites automutilatrices chez l’enfant et la toxi­comanie chez l’adolescent. Dans l’anorexie de la jeune fille on retrouve une auto-affirmation narcissique de toute-puissance à l’image de cette même « toute puissance » dont parle B. Grunberger, à laquelle participe le chasseur qui abat sa victime.

Wei Wu Wei : Le mental indivis

Dans la pratique, cela veut dire que n’importe quelle conception que A a de B, C de B, B de B (son « soi ») est tout ce que B est ou pourrait être à ce moment du temps. A aucun moment du temps il ne peut y avoir d’entité pouvant être autre que conceptuelle, parce qu’il n’y a que connaissant, et ni connaissant ni connaissance ne peuvent avoir une existence autonome.