Hazrat Inayat Khan
Comment l'on peut vivre dans le monde

Quelle que soit la source d’où vient ce qui comble nos besoins, l’on peut voir une seule Source, Dieu, la Source Unique ; et en admirant, en honorant, en aimant chacun on peut considérer qu’on le fait envers Dieu. Dans le chagrin l’on peut se tourner vers Dieu et dans la joie on peut Le remercier. On ne se lamente pas sur le passé, ni ne s’inquiète du futur ; on essaye seu­lement de tirer le meilleur d’aujourd’hui. On ne devrait connaître aucun échec, car même dans une chute il y a une marche pour monter plus haut. Mais pour le Soufi, l’élévation ou la chute n’importent que peu.

(Revue La pensée Soufie. No 1. 1980)

On peut essayer de voir du point de vue d’un autre aussi bien que de son propre point de vue ; et ainsi, de donner la liberté de penser ce qu’il veut à tout un chacun parce qu’on la prend soi-même.

On peut essayer d’apprécier ce qui est bon chez un autre et de négliger ce que l’on considère comme mauvais. Si qui que se soit se conduit égoïstement envers nous, nous pouvons le prendre avec naturel ; parce ce que c’est dans la nature humaine d’être égoïste et ainsi cela ne nous décevra pas. Mais si soi-même l’on paraît égoïste, on doit se mettre au travail et essayer de s’améliorer. Il n’y a rien que l’on ne doive être prêt à tolérer et il n’y a personne à qui l’on ne doive pas pardonner. N’ayez aucune doute envers ceux à qui vous faites confiance, ne détestez jamais ceux que vous aimez, ne jetez pas à terre ceux que vous avez élevés dans votre estime. Souhaitez faire un ami de chacun de ceux que vous
rencontrez, faites un effort pour gagner l’amitié de tous ceux qui vous semblent avoir un caractère difficile ; ne devenez indifférents envers eux que si vous ne pouvez réussir dans vos efforts. Ne désirez jamais briser l’amitié une fois faite. Si quelqu’un vous fait du mal, vous devriez penser que c’est parce que celui qui fait le mal ne connaît pas mieux.

Souvenez-vous que chaque âme qui lève sa tête dans la vie suscite beaucoup d’opposition de la part du monde. Il en a été ainsi de tous les prophètes, tous les saints et tous les sages,de sorte qu’on ne peut s’attendre à en être exempt. En cela est la loi de la nature, et aussi le plan de Dieu travaillant et préparant quelque chose de désirable. Personne n’est plus élevé ni plus bas que soi-même.

Quelle que soit la source d’où vient ce qui comble nos besoins, l’on peut voir une seule Source, Dieu, la Source Unique ; et en admirant, en honorant, en aimant chacun on peut considérer qu’on le fait envers Dieu. Dans le chagrin l’on peut se tourner vers Dieu et dans la joie on peut Le remercier.

On ne se lamente pas sur le passé, ni ne s’inquiète du futur ; on essaye seu­lement de tirer le meilleur d’aujourd’hui.

On ne devrait connaître aucun échec, car même dans une chute il y a une marche pour monter plus haut. Mais pour le Soufi, l’élévation ou la chute n’importent que peu.

On ne se repent pas de ce que l’on a fait, car on pense, parle et agit avec une claire conscience. Et l’on ne craint pas les conséquences lorsque l’on a accompli ce que l’on souhaitait dans la vie, car ce qui sera, sera.

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Gamakas du nirtan de Hazrat Inayat

Le Nirtan, recueil de pensées, courts poèmes et aphorismes, forme avec le GAYAN et le VADAN, une trilogie à part dans l’œuvre Inayatienne. Il signifie : « La Danse de l’Âme ». « Gamaka » est un terme musical Indien dont l’Auteur donne l’interprétation suivante: « Ce qui vient du cœur du poète et qui résiste à la tentative de le garder inexprimé ; accordé à des tons variés. »

Quand l’irréalité de la vie presse contre mon cœur, sa porte s’ouvre à la réalité.

Le passé fut mon rêve, le présent est mon jeu et le futur sera mon plan.

Je tire toute ma force de mon humilité.

Les gens me posent parfois des questions auxquelles je ne peux pas très bien répondre en paroles ; et cela m’attriste de penser qu’ils ne sont pas capables d’entendre la voix de mon silence.

Le chemin de l’ascétisme par Hazrat Inayat Khan
(Revue La pensée Soufie. No 1. 1980)

L’ascétisme est indifférence ; les Hindous l’appellent VAIRAGYA, les Soufis ZUHD. On ne peut forcer cette indifférence et ceux qui la forcent tombent généralement des plus grandes hauteurs. Cela vient naturellement.

Il y a neuf émotions [1] et la plus élevée d’entre elles est l’indifférence. C’est comme le goût de l’amertume qui est le goût le plus élevé. Il se développe tard : tout être jeune désire les choses sucrées.

Toutes les émotions existent en chacun en rapport avec l’étendue du déve­loppement de l’esprit. Lorsque l’esprit n’est pas développé, les larmes sont la tendance qui prévaut et puis la crainte : un bébé pleurera si l’on danse quelque petite ronde ou si on agite une crécelle devant lui ; il sera effrayé s’il voit un étranger ou quelque chose de noir.

Des neuf émotions, l’une prédomine sur les autres. L’âge, la façon selon laquelle notre vie s’est déroulée, les circonstances et nos efforts ont beaucoup d’influence sur ce qui fait prédominer une émotion plutôt qu’une autre.

L’indifférence vient à certains moments pour tous. Quand un individu est épuisé après une colère, ou à la suite de chagrins et de déceptions il pense : « Je n’ai souci de rien, je ne désire rien. Je ne désire pas une maison, je ne dé­sire pas de vêtements. » L’indifférence est dans tous les êtres humains ; lorsqu’elle devient prédominante, la personnalité devient très belle.

Les ascètes que personnellement j’aime le mieux, sont ceux parmi les Soufis qu’on appelle RIND. Ils ne sont peut-être pas très ascétiques d’apparence. Ils s’assoient en n’importe quelle compagnie, dans n’importe quels vêtements ; leur seul ennemi est l’hypocrisie. La nourriture des RINDS est toute mélangée dans leur bol : le da1 et le halva, le sel, l’amer et le sucre. Ils disent : »C’est nous qui faisons ces distinctions ; si tout est un, pourquoi ferions-nous des distinctions? » S’ils n’aiment pas se trouver dans une certaine société, ils y vont. ils disent que tout est NAFSANIYAT [= L’essence, et les manifestations de l’âme charnelle].

Il y a des RINDS d’une nature extrême ; il est difficile pour nos yeux de les reconnaître. Il y eut un RIND qui se tint debout durant douze ans [2], Il y eut dans la chaîne de nos Murshids BABA FARID SHAKAR GANJ [3] dont le pouvoir était si grand qu’il commandait aux éléments.

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L’entraînement spirituel par Hazrat Inayat Khan
(Revue La pensée Soufie. No 1. 1980)

Toute âme est faite pour l’éducation spirituelle, mais toute âme n’y est pas prête. C’est pour cette raison que les mystiques ont réservé ce sujet comme étant « le mysticisme », parce que tout le monde n’est pas prêt pour lui.

Une mère ne donne jamais des pierres précieuses à un enfant, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’amour pour l’enfant. On donne à l’enfant une poupée, parce que si on lui donnait des joyaux il les jetterait où et quand cela lui plairait.

Les idéaux élevés, les pensées les plus hautes et les plus hautes aspirations ne doivent pas être vulgarisés. Ils doivent être gardés à part et placés haut. Les mystiques les donnent seulement à ceux dont l’esprit est éveillé et qui sont portés de ce côté, à ceux qui peuvent en être élevés. Pour les autres, les mys­tiques essayent de les y entraîner et de les y préparer. Les mystiques désirent partager tout ce qui est bon avec les autres, mais ils ne donnent pas un gâteau à celui dont la bile est trouble, car les douceurs seraient un poison pour lui.

Si vous êtes le directeur d’une grande usine et que toutes les machines y fonctionnent par votre volonté, lorsque vous rentrez chez vous, êtes-vous heureux, tranquille et paisible ? Vous pouvez être le maître de toute une armée ou d’une nation tout entière, ou de plusieurs nations, lorsque vous êtes chez vous êtes-vous heureux ? Non. Cela montre la nécessité d’une autre maîtrise. Un homme peut être le maître de toute une armée, s’il reçoit une blessure grave ou qu’il soit paralysé toute sa maîtrise s’en va et il ne peut rien faire. Cela fait voir que cette maîtrise est passagère et que ce dont il est besoin, c’est la maîtrise de soi. Elle n’est pas plus difficile que l’autre, mais un homme s’y donnera rarement quoiqu’il puisse donner de nombreuses années à devenir le directeur d’une usine. Une usine donnera demain beaucoup d’argent ; le résultat de l’autre manière est beaucoup plus subtil, beaucoup moins perceptible.

On enseigne cette maîtrise à ceux qui sont nés pour être maîtres, à ceux qui sont portés vers cette voie du repos et du contrôle de l’activité qui tient toute chose en mouvement dans cet univers. Cette maîtrise est très difficile à acquérir. À chaque pas cela devient plus difficile quand on vit dans le monde. Pourtant, si vous vous enfuyiez et viviez dans les cavernes des montagnes, les attractions du monde pourraient de nouveau vous tirer en arrière. Vous essayeriez de vous sentir satisfaits dans les montagnes, mais vos yeux languiraient de voir encore le monde. Le goût qui est capable d’apprécier les nourritures délicates ne se satisferait pas ds feuilles et des fruits.

Il est facile d’acquérir la maîtrise dans les solitudes, loin de toutes les tentations, mais la maîtrise que vous obtenez dans le monde a beaucoup plus de valeur. Parce qu’un choc léger vous fait retrouver au bas de la première, tandis que la seconde, acquise dans la multitude, durera pour toujours.

Certes, c’est très difficile : quand vous pensez à Dieu quelqu’un vient et vous dit : « Vous n’êtes pas venu hier à ma réception d’anniversaire, c’est très mal. Mais justement demain c’est le mariage de mon frère et on vous y attend sans faute. » À ce moment vous désireriez penser à Dieu, mais cette pensée vous vient : que dois-je faire à présent ? Le monde vous tirera toujours, parce que, quoique fasse quelqu’un, le monde désire avoir son ami avec lui, c’est naturel. Ainsi le monde, avec son égoïsme, ses occupations sans importance, vous tirera sûrement vers lui. Cela ne peut être surmonté que par la volonté. On doit avoir confiance dans sa propre volonté.

Cette idée est représentée par le poète Hindou comme un nageur nageant contre le courant. Le monde étant BHAWA SAGARA, l’océan de la vie et le nageur est la le mystique qui atteint la perfection en nageant contre le courant, arrivant à la fin sur le rivage de la perfection.

Dans toutes vos affaires et vos occupations, vous tiendrez votre pensée fixée sur Dieu. En Italie vous verrez à chaque coin de rue une statue ou une image de Marie avec le Christ, qui est placée là pour rappeler aux gens de garder leur pensée fixée sur Dieu. Dans l’Inde j’ai vu un marchand, assis dans sa boutique avec ses marchandises et son argent autour de lui et, à un endroit, il y avait une petite statue d’un Dieu ou d’une Déesse. Dans les pays musulmans où il n’y a pas d’images, les gens accomplissent N1MAZ (Les prières rituelles) cinq fois par jour, s’inclinant vers la terre et répétant le nom de Dieu.

La vie dans le monde qui met un être en contact avec toute sorte de gens et d’affaires indésirables, rend la spiritualité plus difficile, mais en même temps elle offre une épreuve à la volonté. Vous pouvez être plus spirituel dans une caverne ou dans les montagnes, dans le silence et dans la solitude, mais vous n’y serez jamais capables d’éprouver si votre spiritualité est assez forte pour supporter le contact des vibrations contraires.

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Le Contrôle de Soi

Le contrôle de soi est ce qu’il y a de plus nécessaire à apprendre. Lorsqu’il manque de contrôle de soi, quelles que grandes que soient la spiritualité, l’illumination, la piété d’un être, il ne peut trouver le chemin du bonheur et de la paix.

Ceux qui se contrôlent eux-mêmes sont les seuls possesseurs de la Sagesse Divine. Ceux qui, dans la vie, n’ont pas cette maîtrise, sont imparfaits; même s’ils ont toutes les richesses, tout le confort et le pouvoir, pourtant tout est comme un déchet quand le moi n’est pas contrôlé. « Celui qui gouverne son esprit est plus grand que celui qui soumet une ville », est écrit dans la Bible. On peut s’en rendre compte en remarquant combien, à cette époque, il y a de gens vertueux entraînés au péché, et quelquefois, combien le sage agit follement.

Le contrôle de soi est un attribut qui distingue l’homme de l’animal. Tous deux ont leurs appétits et leurs passions, mais c’est l’homme seul qui peut les contrôler. Il n’est donc pas surprenant de voir parfois un Soufi se soumettant lui-même aux pratiques les plus difficiles et les plus ascétiques. À première vue, cela peut sembler étrange, pourtant, en observant de près, il devient évident que les Soufis se prescrivent ces pratiques à eux-mêmes afin d’acquérir le contrôle de soi qui seul donne la certitude d’un bonheur constant auquel on puisse se fier.

Tout mouvement, toute action et même tout organe et chacun des muscles du corps doivent fonctionner sous le contrôle de la volonté. Tous les pouvoirs du corps, que ce soit absorption ou réjection, seront maîtrisés par ce contrôle. Car le contrôle du souffle est aussi bien nécessaire pour l’absorption que pour la réjection et toutes choses sont contrôlées par ce même pouvoir.

Le contrôle de l’esprit consiste dans le contrôle de l’imagination, des pensées, des émotions et des sentiments. Les émotions sont le produit des senti­ments et leurs vibrations résonnent toujours dans la sphère du plan astral. Comme les nuages répandus dans le ciel se rejoignent et se séparent à chaque instant, forment des images distinctes et variées, la volonté est en quelque sorte l’aimant de ces vibrations, les rassemble de différentes directions dans la sphère as­trale, leur donnant accidentellement ou intentionnellement forme d’image, qui est parfois une imagination, parfois une pensée, une émotion ou un sentiment. De même que les nuages ne peuvent rester sans s’éparpiller dans le ciel, ainsi les images formées dans le monde astral sont sujettes à être rapidement dispersées.

Les mêmes vibrations apparaissent sous différents noms, différentes formes, choses et êtres dans le plan du rêve ; elles y semblent beaucoup plus réelles, quand les sens sont en repos ; mais dans l’état de veille, elles deviennent davantage des imaginations.

Ce qui est considéré comme imagination dans l’état de veille devient un monde de réalité dans l’état de rêve. Toutes les choses et tous les êtres qu’on voit dans le rêve sont en eux-mêmes un monde reflété sans le pouvoir de notre volonté.

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Par le contrôle de soi l’homme gouverne son destin ; autrement son destin le gouverne. Le manque de volonté cause des excès involontaires de joie et de tristesse.

La différence entre la méditation et la concentration est celle-ci : que la concentration se fait sur une forme ou un objet, et la méditation est sans forme et sans objet.

On enseigne le repos et le contrôle du corps par des postures et des positions.

Lorsqu’un individu a été tranquille durant un moment, il désire bouger. Il n’a pas besoin de bouger, mais il bouge. Il bouge un pied ou un bras ou il tapote une table du bout des doigts, où il mâche ses lèvres, ou cligne des yeux. Lorsque son activité devient incontrôlée, il saute dans son sommeil. Ainsi, pour contrôler l’activité du corps, la première leçon est de s’asseoir tranquillement dans des postures et des positions définies.

Mais il n’y a pas que la seule tranquillité. Si quelqu’un a laissé sa main sans l’exercer pendant un long moment et qu’il désire jouer du piano, il ne sera pas capable de bien jouer. Autant il y a de tranquillité, autant il doit y avoir d’activité.

Si vous dormez toutes les nuits, quelquefois ne dormez pas. Si vous mangez chaque jour, ne mangez pas un jour sur sept. Cela donne une maîtrise que vous ne pouvez obtenir par la seule renonciation. Cela ne signifie pas que vous deviez mourir de faim. On doit donner une bonne nourriture au corps et tous ses besoins doivent être satisfaits. Il vaut mieux cela que désirer toujours ce qu’on a devant soi. Vous devez donner au corps ce dont il a besoin, sous contrôle, et ne pas être dirigé par lui.

Ensuite vient le contrôle des pensées. C’est le second pas. Des milliers de gens ont constaté qu’ils pouvaient s’asseoir dans certaines postures pendant des heures, mais ils ne peuvent tenir leur esprit tranquille. On doit apprendre cela par degrés. On ne peut contrôler son esprit par la simple volonté de ne penser à rien. Cela ne sera jamais possible. Il faut d’abord laisser l’esprit garder quelque chose qui l’intéresse et freiner sa tendance à sauter d’une chose à l’autre, le ramener doucement en arrière et garder l’image première.

Vous devez dire : »Je suis plus grand que mon esprit, ma volonté est plus grande que mon esprit et je veux qu’il obéisse à ma volonté. »

Vient alors la maîtrise des sentiments du cœur. Il ne doit y avoir là, dans le cœur, aucun sentiment de vengeance, de méchanceté, d’amertume contre qui que ce soi. Lorsqu’un tel sentiment vient, on doit dire : »C’est la rouille qui est venue dans mon cœur. » Quand le cœur est nettoyé de tels sentiments, il devient comme un miroir ; un miroir sans impuretés reflète tout ce qui est devant lui. Tout le divin est alors reflété dans le cœur ; alors viennent toutes les inspirations, les intuitions, les impressions et ce que nous appelons clair­voyance. Point n’est besoin d’aller les chercher, elles viennent d’elles-mêmes.

Après cela il n’y a plus qu’une chose à faire. C’est de protéger l’âme de toutes les pensées qui viennent des autres et de toutes les pensées et tous les sentiments qui s’élèvent en soi-même, de rejeter même tous les sentiments d’amour et de bonne volonté tant que vous êtes dans cette méditation. Alors viendront peut-être une extase, un transport, une paix.

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Beaucoup de gens demandent : »Comment pouvons-nous contrôler nos pensées? Que pouvons-nous faire si nos pensées ne nous obéissent pas, si notre esprit, notre corps refusent de nous obéir ? Comment pouvons-nous aimer toutes choses, si nous ne les aimons pas ? Cela nous paraît impossible. »

La clef de l’acquisition du contrôle de soi est d’abord de faire le con­traire de ce que votre inclination vous conduit à faire. Si vous vous sentez porté à manger, quelquefois ne pas manger. Si vous avez le désir de boire, ne pas boire. C’est le HATHA YOGA que les Soufis appellent NAFSI KUSHI.

Lorsqu’on a appris cela, la seconde leçon consiste à gouverner l’inclination dans l’action. Ne pas manger au moment où vous mangez ; ne pas boire à l’instant où vous buvez. Lorsqu’un être a appris cela, il est maître de la solitude dans la foule. Il n’a pas besoin de solitude pour être spirituel.

Les fakirs prennent la voie opposée au chemin habituel. Ils veulent ce qu’ils n’aiment pas. Par là, la conception, l’ego, le nafs est crucifiée.

On développe la volonté par la lenteur du mouvement, parce que l’activité tend à nous faire mouvoir de plus en plus vite ; par la lenteur de la parole on contrôle la pensée. Aucune pensée, aucun sentiment ne devant s’élever sans notre volonté. Lorsque nous avons gagné la maîtrise du soi, nous avons le contrôle de toutes choses.

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DIEU par Hazrat Inayat Khan
(Revue La pensée Soufie. No 1. 1980)

Dieu est l’idéal qui représente la perfection de chaque chose et de chaque être et de toutes conditions.

Dieu est au dessus de tout, au delà de tout, couvrant tout au dehors et entourant tout ce qui est dans les cieux et sur la terre.

Dieu est la somme totale de tout ce qui existe et de ce qui est connaissable et l’existence qui est au delà de la connaissance de l’homme.

Dieu est la source de tout, le commencement de tout, la fin de tout, Tout-pénétrant, Omniprésent, Omnipotent, Sempiternel, Éternel et le seul Être.

Dieu est aussi pur, aussi beau, aussi parfait, aussi sage, aussi bon et aussi puissant que l’imagination de l’homme peut l’embrasser, et encore plus ; encore davantage que le mot ‘extrême’ peut l’exprimer.

Le Créateur, le Soutien et le Destructeur, Le Maître, le Juge et Celui qui pardonne, Le Premier et le Dernier.

Dieu est le tréfonds de chaque personnalité et Il est la personnalité collective et pourtant Il est au delà de toute personnalité, car tout Lui appartient et Il est tout et tout est Dieu.

[1] Les neuf émotions sont :

1. la gaieté, l'humour, 2. la joie,        3. le chagrin,
4. la crainte,         5. la pitié,        6. le courage,
7. l'indifférence,     8. le désir sexuel, 9. la colère.

[2] Il est parlé d’un cas semblable dans la toute récente « Biography of Pir-o-­Murshid Inayat Khan ». Le père de Hazrat Inayat Khan, Rahmat Khan, dans sa jeunesse étant indécis sur l’endroit où aller, rencontra un tel homme. « Comme il passait par un endroit où un saint homme se tenait debout et ceci depuis bien des années, sans répit, sans protection contre le soleil et la pluie, sauf grâce à un toit que l’État avait récemment fait bâtir au dessus de lui, il vint à l’esprit de Rahmat Khan de demander au saint homme dans quelle direction il devait aller. Ainsi fit-il et il vit le Saint agiter la main dans une certaine direction. Rahmat Khan alla dans la direction que le mouvement semblait indiquer et ainsi arriva-t-il à Baroda. » Rahmat. Khan fit en effet toute sa carrière à Baroda et c’est là que naquit Inayat Khan.

[3] Les Soufis considèrent que leur pouvoir spirituel se transmet d’un Murshid à l’autre à travers une chaîne (SILSILA) dont ils sont chacun comme un maillon. Et ils font remonter cette chaîne à Dieu par l’intermédiaire de I’ Ange Gabriel qui, le premier, transmit ce pouvoir spirituel au Prophète Mahomet.

BABA FARID GANJ SHAKAR fut le second successeur de Hazrat MOINUDDIN CHISHTI qui fut un Saint et un mystique de première grandeur et qui établit la réputation de la confrérie à laquelle se rattache Hazrat INAYAT KHAN. Baba FARID vécut au 12e – 13e siècle. Indépendamment de sa sagesse et de sa sainteté il a laissé le souvenir d’un Soufi doué de pouvoirs exceptionnels. Il termina sa vie à Ajodhan – Pak Patan où, il mourut en 1262.