Hubert Larcher
Existe-t-il une approche scientifique de la parapsychologie ?

Existe-t-il une approche scientifique de la parapsychologie ? Pour répondre à cette question, il convient de définir cette discipline dans ses rapports historiques avec la métapsychique et la psychotronique, puis d’examiner si son objet est réductible aux exigences de la science, enfin de se demander si ce n’est pas à la science elle-même qu’il appartient de modifier ses limites si elle veut appréhender la nature des faits paranormaux.

Préface au Tome 1 de l’encyclopédie « L’Univers de la Parapsychologie et de l’Ésotérisme » dirigé par Jean-Louis Victor, éditions Martinsart, 1976

Existe-t-il une approche scientifique de la parapsychologie ? Pour répondre à cette question, il convient de définir cette discipline dans ses rapports historiques avec la métapsychique et la psychotronique, puis d’examiner si son objet est réductible aux exigences de la science, enfin de se demander si ce n’est pas à la science elle-même qu’il appartient de modifier ses limites si elle veut appréhender la nature des faits paranormaux.

Parapsychologie

En 1889, Max Dessoir proposa le terme de parapsychologie pour « caractériser toute une région frontière encore inconnue qui sépare les états psychologiques habituels des états pathologiques ». Actuellement, cette discipline étudie non seulement les états psychologiques inhabituels non pathologiques, mais encore tous les phénomènes paranormaux subjectifs et objectifs susceptibles d’en résulter

Métapsychique

En 1922, Charles Richet définit la métapsychique comme « une science qui a pour objet des phénomènes mécaniques ou psychologiques, dus à des forces qui semblent intelligentes ou à des puissances inconnues latentes dans l’intelligence humaine ». Il distingue la métapsychique objective de la métapsychique subjective et suggère d’appliquer à cette dernière une méthodologie statistique pour lui donner un caractère scientifique. C’est grâce à cette méthode quantitative que le Pr J.B. Rhine réussit à démontrer statistiquement l’existence des phénomènes parapsychologiques.

Psychotronique

En 1967, le Dr Zdenek Redjàk officialise, à Prague, la psychotronique, qui a pour objet l’étude des « phénomènes dans lesquels l’énergie est dégagée par le processus de la pensée ou par la pulsion de la volonté humaine ». Cette énergie serait aussi bien capable de recevoir de l’information que de la communiquer et d’engendrer de l’action physique.

Ces trois concepts : parapsychologique, métapsychique et psychotronique, le premier d’origine psychologique, le second plus physiologique, le troisième plus énergétique, ont pour objet commun l’étude de trois grandes catégories de phénomènes : information, communication, action, lorsque ces phénomènes se réalisent en l’absence de tous leurs supports, moyens ou mécanismes actuellement connus.

Clairvoyance

L’information paranormale est appelée clairvoyance, bien qu’elle puisse aussi se mani­fester sous forme d’impressions sensorielles autres que visuelles comme dans la clairaudience, sous forme d’impulsions motrices comme dans la radiesthésie, ou sous forme de connaissances intuitives.

Télépathie

La communication paranormale est appelée télépathie. Elle établit un rapport entre un sujet émetteur appelé « agent » et un sujet récepteur appelé « percipient ». Si l’agent est actif et le percipient passif, le phénomène est appelé suggestion à distance. Si le percipient est actif et l’agent passif, il est appelé lecture de pensée. Tous les degrés d’activité et de passivité donnent lieu à des phénomènes intermédiaires.

Psychokinèse

L’action paranormale est appelée psychokinèse. Celle-ci comprend tous les modes d’actions psychiques sur les systèmes physiques sans médiations instrumentales ou énergétiques connues : déplacements paradynamiques d’objets, de sujets, de substances et d’énergies : apparitions, disparitions ou apports objectifs matérialisations, dématérialisations modifications paranormales de structures matérielles ou énergétiques.

L’information du sujet, la communication entre sujets, l’assujettissement de l’objet au sujet impliquent tous trois une participation subjective qui, dans son essence, ne paraît pas aisément réductible aux exigences d’une science objective.

Science fermée

Ou bien « la pierre angulaire de la méthode scientifique est le postulat d’objectivité de la nature », si « consubstantiel à la science » qu’ »il est impossible de s’en défaire, fût-ce provisoirement ou dans un domaine limité, sans sortir de celui de la science elle-même » [1] et, dans ce cas, seul ce qui est objectif ou objectivable en parapsychologie sera objet de science. Le reste, tout ce qui tient au sujet en tant que tel, tout ce qui ne peut être atteint que par l’introspection, tout ce qui relève du sens des valeurs, et qui fait nécessairement partie de la parapsychologie, ne sera pas objet de science. Dès lors, la parapsychologie, qui doit être aussi scientifique que possible, ne pourra cependant jamais être seulement scientifique. Toute la science qui lui est nécessaire demeurera cependant insuffisante pour en saisir les aspects subjectifs et intersubjectifs. Une parapsychologie réduite à de telles limites scientifiques ne serait qu’une demi parapsychologie.

Science ouverte

Ou bien nous devons élargir la notion de science en l’étendant au domaine subjectif et intersubjectif, en nous gardant bien de perdre de vue que le sujet est aussi un objet c’est-à-dire que, poussant aussi loin que possible la science objective, nous la complétons par une science de la subjectivité. C’est ainsi, par exemple, que, non contents d’étudier des comportements, nous étudierons aussi leurs motivations. Une science ainsi comprise, ouverte sur la connaissance, peut s’étendre à l’ensemble des sciences de l’homme et donc convenir entièrement la parapsychologie.

La machine à faire des dieux

Dégageant l’improbable du hasard dompté, celle-ci, lentement nous révèlera que, tandis que l’univers de Carnot s’achemine inéluctablement vers la mort entropique, la syntropie perdue informe le vivant qui la reconvertit en puissance d’action vers la phénoménologie spirituelle.

DOCTEUR HUBERT LARCHER

30 mai 1975


[1] Jacques Monod Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Le Seuil, Paris, 1970. pp 32-33.