Alain Cornely
Gérer le conflit

Une telle participation inclut l’acceptation d’être gérant du conflit en soi-même entre le monde de l’intériorité et celui du dehors pour continuer une « singulière voie du milieu ».

(Revue Itinérance. No 2. Novembre 1986)

Après :

Le mur de la prison…

Le rejet raciste…

Le lait en poudre de nos surplus pour les enfants du tiers monde au lieu de nourrir leurs mères pour qu’elles les allaitent…

Les tortures et la guerre, etc. qui sont toutes pour moi des expressions de la violence…

La foule défilant à Prague au moment de la mort de Jan Palash…

Martin Luther King dans son action, Gandhi dans la sienne…

Le Christ qui rejetait les tièdes…

et

Ta douceur, ta verticalité dans ta sérénité… sont pour moi des engagements très violents…

Dans un cas il s’agit d’une violence créatrice, dans l’autre destructrice.

Cela pose donc des conditions d’utilisation de notre énergie sous forme de violence créatrice. On peut dire qu’elles sont la résultante d’une orientation énergétique liée à un engagement individuel dans nos singularités, qui va au-delà des registres tolérance / intolérance, passivité / activité…

Une de ces conditions me paraît être la création d’un étalon de mesure juste dans notre propre discernement, qui nous permette de reconnaître l’autre dans sa différence comme nous nous reconnaissons dans la nôtre. Ainsi nous devenons participants aux conditions de leur liberté et de la nôtre et nous nous manifestons solidaires.

Une telle participation inclut l’acceptation d’être gérant du conflit en soi-même entre le monde de l’intériorité et celui du dehors pour continuer une « singulière voie du milieu ».

Nous avons à vivre, ensemble, dans nos différences dans ce qui nous relie à l’inconnu de la vie. Cette expression peut être reprise par l’un ou l’autre sous bien des mots différents : Dieu.

Lorsqu’en gérants (et non propriétaires) nous nous reconnaissons dans une relation vivante, nous découvrons en nous à côté de la source d’ombre, la source de lumière qui nous enfante. Cela nous ne le savons qu’après l’avoir vécu et non avant. Lorsque nous l’avons éprouvé, l’acte de foi n’est plus nécessaire, une expérience a pris sa place.

Alain Cornely