le professeur Robert Tocquet
Guérison miraculeuse ou guérison paranormale?

En somme, quels sont les deux caractères primordiaux et spécifiques qui caractérisent les guérisons miraculeuses du genre de celles que nous venons d’examiner ? Ce sont, d’une part, un processus de réfection tissulaire ou de régénération d’organes, et, d’autre part, la grande rapidité de ce processus. Or, la régénération est un phénomène bien connu en biologie. Elle consiste en une réédification d’une partie d’un organisme lorsque celle-ci a été détruite.

(Revue Psi International. No 2.  Novembre-Décembre 1977)

Le « miracle », selon la définition du dictionnaire, est un « fait extraordinaire où se reconnaît l’intervention bienveillante de Dieu ». Laissons aux théologiens chrétiens le soin de déterminer, dans la lignée de Saint-Augustin ou de Saint-Thomas d’Aquin, si le miracle est un événement qui déborde des lois connues de la nature, ou s’il est à tout jamais impossible à expliquer par des connaissances humaines.

L’article ci-dessous du Professeur Tocquet étudie une guérison survenue lors d’un pèlerinage à Lourdes. Il reconnaît l’authenticité de cette guérison et cherche à en fournir des éléments d’explication scientifique.

Mais que ceux-ci soient ou non satisfaisants, l’essentiel, pour le miraculé n’est-il pas que la guérison soit survenue lors d’un pèlerinage au grand sanctuaire marial ?

Depuis la guérison de Mlle Tamburini survenue à Lourdes le 15 juillet 1959 et proclamée miraculeuse le 11 mai 1965 par Mgr Lallier, archevêque de Marseille, il a fallu attendre le 26 mai 1976 pour que l’Eglise reconnaisse un nouveau miracle à l’actif de notre sanctuaire national ce qui signifie qu’elle n’en avait entre-temps avalisé aucun.

Histoire d’une guérison

Il s’agit, en l’occurrence, de la guérison de Micheli Vittorio, atteint d’un sarcome du tissu conjonctif qui avait détruit la majeure partie de l’os iliaque et de la cavité cotyloïde avec déboîtement de la hanche. Ce type de tumeur maligne, dûment constaté (biopsies, radios, etc.), a généralement une évolution mortelle dans les dix-huit mois, quel que soit le traitement.

Le 16 avril 1962, Micheli Vittorio, qui effectuait son service militaire parmi les troupes alpines et qui était alors âgé de 22 ans, entre à l’hôpital militaire de Vérone « pour une masse fessière importante limitant le jeu normal de sa hanche gauche avec douleurs crurales et ischiatiques ».

« Un mois après, écrit le Dr Mangiapan, président depuis 1973 du Bureau Médical de Lourdes, les examens radiologiques montrent une altération structurale de l’os iliaque gauche, avec ostéolyse de la moitié inférieure de l’os iliaque et ostéoporose très importante de la tête fémorale, évoquant d’emblée une lésion à type de néoplasie maligne.

« Une biopsie est pratiquée à la fin du mois de mai et les divers prélèvements permettent de juger qu’il s’agit d’un sarcome à cellules fusiformes (Prof. Natucci de Vérone).

« Le malade est alors immobilisé dans un appareil pelvipédieux et envoyé au cours du mois de juin dans un centre de traitement par radiation.

« Quatre jours après il en ressort — sans avoir subi le moindre essai thérapeutique — pour rejoindre l’hôpital militaire de Trente ».

Là, pendant une dizaine de mois, on ne prescrit aucune thérapeutique, ni chirurgicale, ni médicale spécifique particulière malgré :

— La persistance du processus de destruction osseuse constatée par la radiologie ;

— La perte progressive de toute mobilité du membre inférieur gauche ;

— Un dépérissement progressif.

Le 24 mai 1963, Micheli Vittorio, bien que souffrant beaucoup, part pour Lourdes. Dès son arrivée, il est, à plusieurs reprises, plongé dans les piscines avec son plâtre qui l’enveloppe de la hanche au pied. Bientôt, les douleurs disparaissent. Il a faim (1er juin) ; un meilleur état général imprévisible s’installe. Il dort sans somnifère.

Au retour, l’hôpital, qui le maintient sous surveillance, constate la reconstruction osseuse, avec remodelage de l’articulation de la hanche. Il y a raccourcissement apparent du membre inférieur gauche, mais ascension de la tête du fémur dans la nouvelle cavité cotyloïde. Bref, cette apparente subluxation résiduelle constitue un très précieux stigmate de la maladie, d’autant plus qu’elle ne crée ni gène, ni impotence.

Le 24 avril 1964, Micheli Vittorio est renvoyé de l’hôpital et reprend bientôt dans une usine textile un dur métier qui l’oblige à être constamment debout.

Corrélativement, étant un fervent de l’alpinisme, il effectue de longues marches dans les montagnes du nord de l’Italie.

La guérison fut reconnue par le Bureau Médical de Lourdes (première instance), dès 1967, puis, le 3 mai 1971, et, d’après le rapport du Professeur M. M. Salmon, par le Bureau Médical International formé de sommités médicales.

Ses conclusions portaient sur :

— la maladie qualifiée de « réelle, certaine, incurable » ;

— l’évolution de ce sarcome « brusquement modifié à l’occasion d’un pèlerinage à Lourdes » ;

— la guérison « effective et durable » ;

— le fait qu’a aucune explication médicale n’est susceptible d’être donnée à cette guérison ».

Enfin, depuis 1973, une Commission diocésaine, nommée par l’Archevêque de Trente et composée de médecins et d’experts en matière de droit canon, a enquêté à son tour à propos de cet événement extraordinaire.

Et, le 26 mai 1976, après avoir obtenu un avis favorable, Monseigneur Alexandro Maria Gottardi, archevêque de Trente a solennellement tenu à reconnaître cette guérison comme miraculeuse.

L’est-elle vraiment, c’est-à-dire, est-elle « miraculeuse » au sens théologique du mot ? C’est ce que nous allons examiner.

Remarquons d’abord qu’il est une règle théologique et disons même scientifique, ou plus simplement encore de bon sens, qu’il faut mettre ici en pratique : Non est recurrendum ad causam primam ubi sufficiant causae secundae, c’est-à-dire : il ne convient pas de recourir à Dieu pour expliquer un fait quand les causes secondes suffisent.

Le problème est donc de savoir si cette guérison et, en général, les guérisons qualifiées de « miraculeuses » sont susceptibles d’être expliquées par des causes secondes.

Personnellement nous le pensons car nous croyons qu’il est possible de les interpréter grâce à des arguments pris dans le domaine des sciences biologiques classiques et dans celui de la métapsychique (ou de la parapsychologie) laquelle, à notre avis, est une science naturelle n’ayant pas sans doute recueilli présentement le consensus omnium mais, qui, nous en avons la conviction, finira par s’imposer.

La régénération biologique

En somme, quels sont les deux caractères primordiaux et spécifiques qui caractérisent les guérisons miraculeuses du genre de celles que nous venons d’examiner ? Ce sont, d’une part, un processus de réfection tissulaire ou de régénération d’organes, et, d’autre part, la grande rapidité de ce processus.

Or, la régénération est un phénomène bien connu en biologie. Elle consiste en une réédification d’une partie d’un organisme lorsque celle-ci a été détruite.

Cette faculté varie considérablement à travers les groupes animaux. D’une manière générale, elle s’épuise graduellement à mesure que l’on monte dans la série animale, de sorte qu’elle devient à peu près nulle au sommet de l’échelle zoologique, c’est-à-dire chez les oiseaux et les mammifères.

La régénération chez les protozoaires et notamment, chez les infusoires et les amibes est particulièrement active.

Si l’on coupe un infusoire en tronçons, chaque partie est capable de régénérer un individu complet à condition qu’elle renferme un noyau. Les fragments de cytoplasme anucléés sont en effet voués à la dégénérescence. Chez les invertébrés le pouvoir de régénération est généralement très marqué. Des fragments d’éponge sont capables de reproduire une éponge entière. Une portion tubulaire d’hydre se complète rapidement en une hydre avec pied, bouche et tentacules ; les actinies régénèrent facilement leurs tentacules et leurs organes internes. La plupart des vers peuvent donner un ver complet à partir d’un segment de leur corps. Coupons en deux un ver annélide. Chaque fragment reforme un ver entier. Une tête naît à la partie antérieure du segment caudal et une queue apparaît à la partie postérieure du fragment céphalique. Lineus socialis, ver de dix centimètres de long, peut être divisé en une centaine de morceaux. Chacun d’eux régénère en quelques semaines un individu normal avec tête et queue. Celui-ci peut être à son tour sectionné en cent fragments qui se complètent en vers normaux. Chez les mollusques, la tête et le pied sont capables de se régénérer. Dans le groupe des arthropodes, les crustacés, les myriapodes, les insectes et les arachnides ont le pouvoir de régénérer antennes, pattes, yeux, etc. Parmi les échinodermes, les étoiles de mer et les ophimes reconstituent leurs bras amputés cependant que les holothuries présentent de remarquables phénomènes de rédintégration. Beaucoup d’entre elles, quand elles sont inquiétées, se contractent au point de rejeter la plupart de leurs viscères internes, tube digestif, foie, rate, organes reproducteurs, etc. et possèdent la propriété de régénérer plus ou moins rapidement ces organes essentiels. Dans l’embranchement des vertébrés, les poissons sont capables de réédifier certains organes amputés : nageoires, opercule branchial, appendices copulateurs, mâchoire inférieure. Chez les amphibiens, protées et salamandres sont susceptibles de reformer leur queue, leurs pattes et même leurs yeux. Dans la classe des reptiles, il est bien connu que la queue des lézards autotomisée ou coupée repousse facilement. En revanche, chez les oiseaux et chez les mammifères, le pouvoir régénérateur est, comme nous l’avons dit, à peu près aboli. Tout au plus observe-t-on des phénomènes de cicatrisation et d’hypertrophie compensatrice, mais la cicatrisation est un processus de comblement qui ne redonne pas à l’organisme ce qui lui manque et l’hypertrophie compensatrice, qui se produit quand on enlève une partie d’un organe ou l’un des organes pairs, un rein par exemple, ne saurait être considérée comme un fait réel de régénération.

Dans tous ces phénomènes, deux catégories de cellules peuvent entrer en jeu : des cellules déjà différenciées et des cellules restées au stade embryonnaire. Les premières évoluent en donnant des éléments de leur espèce ; ainsi, dans la réfection d’une queue d’amphibien, la moelle épinière fournit du tissu nerveux et les cellules épidermiques produisent l’épiderme. Les cellules embryonnaires, par contre étant indifférenciées, sont multipotentielles et capables de donner des cellules appartenant à diverses catégories ; elles peuvent, par conséquent, à elles seules, produire des organes complets. Elles existent dans les tissus des divers groupes animaux. Ce sont les archaeocytes chez les éponges, les cellules intersticielles chez les coelentérés, les cellules souches chez les planaires, les néoblastes chez les annélides, des cellules mésenchymateuses chez les bryozoaires et les ascidiens, etc. Dans le groupe des vertébrés lui-même, chez les salamandres par exemple, la régénération d’un membre s’accomplit à partir de petites cellules non différenciées constituant ce que l’on appelle un blastème régénérateur. Au surplus, chez les vertébrés supérieurs, oiseaux, mammifères et homme, on trouve encore des cellules jeunes, notamment des histiocytes.

Par conséquent nous pouvons dire que le pouvoir régénérateur n’a pas complètement disparu chez l’homme. Il existe encore à l’état potentiel, à l’état latent.

Sans doute, ce pouvoir ne s’exprime pas dans les conditions habituelles et un organe détruit n’est jamais, dans l’espèce humaine, remplacé par un organe de même nature, mais on peut penser, étant donné les considérations précédentes, que cette régénération n’est pas impossible.

D’ailleurs, s’il est vrai, comme l’affirment les évolutionnistes, ce qui, au reste, est infiniment probable, que l’homme est l’aboutissement de tout un processus évolutif, on peut admettre qu’il a hérité, au moins à l’état de possibilités, des capacités physiologiques de ses ancêtres, en particulier, du pouvoir de régénérer ses organes.

Schéma d’un bassin normal, avec annotations des différentes parties du squelette.

LEXIQUE

Biopsie. — Une biopsie (du gr. bios, vie, et opsis, vue) est un prélèvement, sur un être vivant, d’un minime fragment de tissu en vue de son examen histologique. Celui-ci permet, par exemple, de déceler les cellules cancéreuses.

Conjonctif (tissu). — Le tissu conjonctif est un tissu organique jouant le rôle de soutien ou de protection. Il remplit les intervalles entre les organes ou entre les différents éléments d’un même organe, auxquels il sert ainsi de trait d’union.

Cotyloïde (cavité). — La cavité cotyloïde est la cavité de l’os iliaque dans laquelle s’engage la tête du fémur qui est l’os de la cuisse.

Crurale (douleur). — Une douleur crurale (du lat. crus, cruris, jambe) est une douleur qui affecte la jambe.

Iliaque (os). — La ceinture pelvienne, c’est-à-dire le bassin dans lequel reposent les viscères abdominaux, est formée du sacrum, et, de chaque côté de celui-ci, de deux os appelés os iliaques, chacun d’eux étant lui-même constitué de trois pièces osseuses intimement soudées entre elles : l’ilion, le pubis, et l’ischion.

Ischiatique (douleur). — Une douleur ischiatique est une douleur qui affecte l’ischion.

Néoplasie. — Une néoplasie (du gr. neos, nouveau, et plasma, application) est une tumeur pathologique.

Ostéolyse. — L’ostéolyse (du gr. osteon, os, et lusis, dissolution) est la destruction du tissu osseux.

Ostéoporose. — L’ostéoporose (du gr. osteon, os, et de pore) est la raréfaction (sans décalcification) du tissu osseux par l’agrandissement des cavités et des espaces médullaires. Il s’ensuit une diminution de la résistance de l’os.

Rédintégration. — Ce terme, employé en zoologie, est synonyme de régénération.

Sarcome.— Un sarcome (du gr. sarx, sarkos, chair) est une tumeur conjonctive maligne.

Radiographies (sous plâtre) au 1er août 1962, du bassin de Michel Vittorio avant la guérison : la plus grande partie de l’os iliaque gauche est détruite, la cavité cotyloïde et les 2/3 inférieurs de l’aile iliaque ont disparu. La tumeur est énorme.

Radiographie (hors plâtre), au 10 février 1965, après la guérison : l’os iliaque est reconstitué, l’articulation coxofémorale reconstruite, la calcification d’ensemble bonne.

Micheli Vittorio après sa guérison. Il se tient en équilibre parfait sur le membre gauche, où existait le sarcome du bassin.

Régénération et métapsychisme

C’est justement ce pouvoir qui, à notre avis, entre en jeu dans l’extraordinaire guérison que nous venons d’envisager et dans toutes les guérisons de ce genre qui impliquent des réfections ou des restaurations d’organes détruits ou fortement lésés.

De plus, nous croyons qu’il s’extériorise et agit grâce au métapsychisme des individus qui, ici, prend une forme particulière que nous appellerons « idéoplastique ».

Deux cas peuvent se présenter. Dans l’occurrence la plus fréquente, les facultés idéoplastiques du malade s’éveillent sous l’effet d’un choc psychologique (émotion, ferveur religieuse exaltée) accompagné d’un heurt physiologique (froid produit par l’immersion dans la piscine de Lourdes) et la guérison est totalement assurée par le malade lui-même. Parfois, elle est le fait d’un tiers qui, agissant à la façon d’un catalyseur grâce à sa puissante médiumnité, déclenche chez le malade les facultés idéoplastiques en sommeil. Tel fut probablement le rôle de certains saints et de quelques rares thaumaturges comme le « Maître » Philippe, Béziat, Charles Parlange et Alalouf.

Ce pouvoir idéoplastique doit de plus accélérer les phénomènes de division et de nutrition cellulaires. Un simple calcul va nous permettre de fixer l’ordre de grandeur de cette accélération.

Considérons, par exemple, cent cellules sphériques mesurant chacune dix microns de diamètre (le micron est le millième de millimètre) et se multipliant selon un certain rythme de façon à former une sphère ayant soit cinq centimètres, soit dix centimètres de diamètre et demandons-nous quel doit être le rythme de division afin que les masses soient obtenues au bout d’une heure dans un premier processus et au bout de vingt-quatre heures dans un autre mode de multiplication.

Bien entendu, dès qu’une cellule a achevé sa division en deux parties que l’on supposera, par suite de la nutrition, de même volume que la cellule primitive, chaque cellule se divisera en deux et ainsi de suite.

Soit N le nombre de cellules après p divisions ; on a: N=100 x 2P

Si d est le diamètre initial de la masse sphérique formée par les 100 cellules et D le diamètre final, nous pouvons écrire : N/100 = 2p = (D/d) 3 (1)

Prenant le micron pour unité, il vient : (d/10) 3 =100/1 d’où d3 = 105 microns

1er cas : On veut obtenir une masse de 5 centimètres de diamètre :

D = 5 x 104 microns

D3 = 125 x 1012

La relation (1) donne : 2P = 125 x 107

d’où : p = (log 125 x 107) / log 2 = 9,09691/ 0,30103 = 30,2…

Pour que la masse soit obtenue au bout d’une heure, le rythme de la division doit donc être : 1 mn x 60/30,2 #2mn

Si elle est formée au bout de vingt-quatre heures, la durée de la division est vingt-quatre fois plus grande c’est-à-dire : 2 mn x 24 # 48 mn

2e cas : On veut obtenir une masse finale de 10 centimètres de diamètre :

D = 105 microns

D3 = 1015

La relation (1) donne ici : 2P = 1010

p = 10 / log 2 = 10 /  0,30103 = 33,2…

Pour que la masse soit obtenue au bout d’une heure, la durée de la division doit donc être : 1 mn x 60 / 33,2 # 1 mn 48 s

Et, au bout de vingt-quatre heures : 1mn 48 s x 24 = 43 mn 12 s

En résumé, cent cellules mesurant chacune dix microns de diamètre peuvent former, au bout d’une heure, une sphère de cinq centimètres de diamètre ou de dix centimètres de diamètre si le rythme des divisions est de deux minutes d’une part ou de une minute quarante-huit secondes d’autre part. Au bout de vingt-quatre heures, les deux masses sphériques seront également obtenues si les rythmes sont respectivement quarante-huit minutes et quarante-trois minutes douze secondes.

Or, les durées réelles des divisions cellulaires, déterminées grâce à l’observation microscopique, vont de trente minutes pour la multiplication de certains protistes jusqu’à cinq heures pour des cellules végétales. Jolly a noté un délai d’environ deux heures pour la division de jeunes hématies d’amphibiens et G. Levi a vu les cellules conjonctives en culture se développer beaucoup plus rapidement, parfois en moins d’une demi-heure.

Il résulte par conséquent de ces faits et du petit calcul que nous venons de donner, qu’une division cellulaire quinze à trente fois plus rapide que la division normale peut conduire à une réfection tissulaire notable quasi instantanée puisque sa durée n’est que d’une heure. Si cette réfection a lieu en vingt-quatre heures, le rythme des divisions cellulaires est de l’ordre de grandeur des rythmes naturels ou n’est que légèrement plus élevé.

Dans ces conditions, les restaurations tissulaires, dites instantanées, ou plus exactement très rapides, que l’on observe dans certaines guérisons miraculeuses comme celle que nous venons de donner en exemple, ne paraissent pas incompatibles, du point de vue rationnel, avec les processus normaux de multiplication cellulaire. Le facteur psychique ou métapsychique, dont nous postulons l’existence, doit accélérer ceux-ci selon un coefficient qui ne présente aucun caractère irrationnel. En outre, en ce qui concerne particulièrement le cas de Micheli Vittorio, on peut également admettre qu’il s’est aussi produit une accélération des processus métaboliques dépendant de la calcitonine thyroïdienne.

Enfin, ce facteur ou ce pouvoir doit non seulement déclencher et accélérer les multiplications cellulaires, mais il doit aussi organiser, grouper, selon un plan anatomique rigoureux, les éléments formés de façon qu’ils édifient l’organe à remplacer. C’est en ce sens qu’il est essentiellement idéoplastique.

L’Église, ayant décidé au début du XXesiècle d’accorder aux miracles de Lourdes une valeur apologétique, comprit aussitôt la nécessité d’un contrôle rigoureux de ces faits extraordinaires. Ces contrôles ont été rendus encore plus sévères au cours des ans. Depuis 1858, 63 guérisons seulement ont été reconnues miraculeuses sur 6000 guérisons constatées, parmi les 1800000 malades venus en pèlerinages organisés. Une guérison miraculeuse doit suivre les critères rigoureux suivants : la guérison doit être soudaine, imprévisible, totale et durable (un délai de trois à quatre ans sans rechute est nécessaire pour qu’elle soit admise). Il faut que la maladie antérieure ait été très grave, organique, c’est-à-dire marquée par une lésion, et que les moyens de traitement se soient montrés totalement inefficaces.C’est en 1882 qu’a été institué le Bureau des Constatations Médicales, ouvert à tout médecin quelles que soient sa foi et son idéologie. Ce Bureau établit le dossier médical du malade guéri. Après la dernière guerre, on a créé un Comité Médical International qui réexamine le cas, le fait de nouveau expertiser et décide ensuite de la conformité (ou non) de cette guérison. Les dossiers sont alors présentés à l’Évêque du diocèse d’origine de l’ex-malade. C’est lui qui déclare la guérison miraculeuse.

Il existe dans le monde d’autres lieux de miracles. La spécificité de Lourdes est d’avoir vu ses guérisons strictement contrôlées par une structure médicale depuis près de cent ans.

La création des formes

Remarquons d’abord qu’en physiologie normale, le système nerveux semble quelquefois jouer ce rôle. S’il est vrai que chez la plupart des invertébrés la présence d’une masse ganglionnaire n’est pas indispensable dans les phénomènes de régénération, en revanche, l’intervention de cellules nerveuses est nécessaire chez certains vers oligochètes et chez quelques mollusques. Ainsi, l’escargot ne régénère son extrémité céphalique que si les ganglions cérébroïdes sont respectés. Chez les vertébrés on a vu qu’en insérant sous la peau d’un triton l’extrémité du nerf sciatique, préalablement disséqué puis sectionné à son extrémité libre, on provoque en ce point la poussée d’un membre surnuméraire à condition, toutefois, que l’insertion soit faite dans l’étendue du territoire de régénération, lequel avoisine la racine de la patte normale.

Mais il y a plus. De même que le système nerveux dans les exemples précités, l’organisme a la faculté, dans certaines circonstances, de créer des formes appelées ectoplasmiques.

Ces phénomènes, dont nous avons fait la critique dans un certain nombre de nos ouvrages, consistent en une extériorisation du corps d’un médium d’une substance d’abord amorphe ou polymorphe qui, ensuite, se constitue en représentations diverses : mains, visages, êtres complets humains ou humanoïdes.

Ainsi, Franek Kluski, que nous avons connu et que nous avons désigné comme étant « le géant des médiums contemporains à effets matériels », produisait des formes humaines se déplaçant, parlant, ayant tous les caractères de la vie. Il fut étudié, dans d’excellentes conditions de contrôle, à l’Institut Métapsychique International, par le docteur Geley et ses collaborateurs. C’est avec ce médium que le docteur Geley obtint des moules de membres matérialisés : sept de mains et un de pied, ainsi qu’un moule de bas de visage. Ils reproduisent toutes les caractéristiques d’organes d’adultes : rides, plis, sillons, etc., mais, fait remarquable, sauf le moulage de bas de visage qui est de grandeur naturelle, les moulages de mains et du pied sont des réductions de membres d’adultes.

Il y a, dans ces phénomènes, modelage de la matière par la pensée. On peut imaginer que le médium vit une sorte de rêve mais que ses phantasmes, au lieu de demeurer subjectifs, s’objectivent, se matérialisent, les éléments substantiels étant empruntés à lui-même ou à l’ambiance. Le processus pourrait être le suivant : une certaine quantité de matière serait d’abord dissociée en ses éléments ultimes, électrons, protons, neutrons, et autres particules élémentaires puis organisée en apparences phénoménales simulant des membres ou des êtres vivants. Cette hypothèse, sans doute, se heurte à bien des difficultés et nous ne la proposons qu’avec la plus extrême réserve. Si nous l’admettons, il faut supposer, en particulier, que l’énergie médiumnique de désintégration est du même ordre de grandeur que l’énergie mise en jeu dans les plus puissants cyclotrons ou dans le rayonnement cosmique. Où le médium emprunte-t-il cette énergie ? Il est bien difficile de répondre à cette question à moins de supposer, ce qui au reste s’accorderait avec l’observation, que le phénomène ectoplasmique s’accomplit en cycle fermé auquel cas l’énergie totale dépensée pourrait être théoriquement nulle ou pratiquement très faible.

Quel que soit d’ailleurs le mécanisme envisagé, le pouvoir idéoplastique paranormal de l’esprit s’exerce ici dans toute son ampleur. Dans le fait des guérisons dites miraculeuses comme celle de Micheli Vittorio, nous estimons qu’il se trouve en face de difficultés infiniment moins grandes étant donné qu’il lui suffit, d’une part, de provoquer la multiplication et la différenciation de cellules présentes dans l’organisme, et, d’autre part, de fournir le moule mental qui oriente les cellules différenciées selon des édifications tissulaires convenables. Entre ces faits, considérés en eux-mêmes, c’est-à-dire indépendamment de la cause incitatrice qui les déclenche, et les phénomènes normaux de régénération, il existe, semble-t-il, une simple différence de degré et non pas une différence de nature.

Ce qui signifie que c’est dans les profondeurs de son être que Micheli Vittorio a trouvé les énergies salvatrices et que s’est élaborée sa santé reconquise. Autrement dit il a été l’instrument de sa propre guérison qui, de ce fait, peut être considérée comme paranormale et non miraculeuse.

C’est du moins ce que nous pensons.

(Revue Psi International. No 4. Mars-Avril 1978)

L’article du Professeur Tocquet, « Guérison miraculeuse ou guérison paranormale ? » (PSI INTERNATIONAL, n° 2) a suscité un abondant courrier, qui témoigne du vif intérêt de nos lecteurs envers le surnaturel. Nous extrayons la lettre ci-dessous du Dr Chauchard ::

Messieurs,

Je m’étonne des conclusions de l’intéressant article de R. Tocquet « Guérison miraculeuse ou guérison paranormale ? » de PSI nov.-déc. Comment peut-il nier le miracle parce qu’il a tenté d’en élucider les mécanismes naturels biologiques ou parapsychologiques ? Certes interviennent les énergies salvatrices des profondeurs de l’être et le sujet est l’instrument de sa propre guérison, mais n’y a-t-il que cela ? On ne saurait l’affirmer.

Pour agir dans la nature, Dieu ne peut agir que par des mécanismes naturels. Préciser ces mécanismes, ce qui a une grande importance scientifique, n’implique nullement la nécessité de supprimer le second niveau d’explication.

Nous savons de mieux en mieux les mécanismes cérébraux de la spiritualité humaine, les processus naturels de passage de l’inanimé au vivant ou d’apparition de l’homme dans l’évolution biologique. La propagande athée en a conclu à l’inexistence de l’âme ou de Dieu. Bien au contraire, les invraisemblables propriétés spirituelles de notre cerveau ou les étranges pouvoirs de l’évolution qui fait apparemment sortir le plus du moins doivent nous inciter à voir l’âme spirituelle forme du corps ou Dieu transcendant dans son rôle de créateur immanent déléguant ses pouvoirs de cause première aux causes secondes, la matière en état de création, c’est-à-dire de présence de Dieu.

Il en est de même du miracle : s’il se passe des processus inhabituels dont on peut expliquer les mécanismes matériels, l’étrangeté de ces processus, le fait qu’ils ne se manifestent pas usuellement, mais dans un contexte religieux, non seulement n’éliminent pas le surnaturel, mais conduisent logiquement à l’envisager.

Participant avec J. Rostand et le R. P. Dubarle à une émission sur les miracles il y a de nombreuses années, j’ai pu m’accorder à J. Rostand qui déclarait que si une jambe repoussait à Lourdes, il y verrait une exaltation de la cicatrisation ramenant l’homme au cas du crabe ou du lézard. Mais alors que l’aspect naturel lui faisait éliminer le miracle, je pensais au contraire qu’il avait là la preuve d’un facteur supplémentaire impliquant l’intervention du Créateur exaltant la vie sa création.

Je suis donc d’accord avec Tocquet sur la nécessité d’une explication naturelle mais cela n’élimine nullement le surnaturel qui n’est pas surajouté. L’erreur est de toujours couper le transcendant de l’immanent au lieu de comprendre Que le transcendant ne peut se manifester que dans l’immanent.

Ceci est particulièrement important en parapsychologie : ce serait une erreur que de nier la possibilité de processus naturels paranormaux à étudier scientifiquement pour ne voir que du surnaturel, mais il serait aussi grave d’oublier que le naturel paranormal peut être suscité, exalté, utilisé par le surnaturel divin ou démoniaque.

Avec mes sentiments dévoués.

Dr Chauchard

Mise à jour : Extrait de http://www.zenit.org/

Guéri à Lourdes, Vittorio Micheli témoigne en direct sur la RAI

Jeune chasseur alpin, il a fait le pèlerinage avec son frère prêtre

ROME, Vendredi 11 février 2011 (ZENIT.org) – Une guérison inexpliquée survenue à Lourdes a été présentée ce matin par la télévision italienne : celle de Vittorio Micheli, interviewé en direct. Il avait fait, le 1er juin 1963, un pèlerinage à Lourdes avec son frère prêtre, don Francesco Micheli, interviewé également par la RAI.

Chasseur alpin de 23 ans, il était atteint d’un cancer qui avait détruit la tête de son fémur gauche et sa jambe était paralysée : le pronostic médical était 3 mois de vie. Il a fait le pèlerinage sur un brancard, sa jambe étant plâtrée, et avec l’autorisation du Ministère italien de la Défense.

Don Francesco a précisé que son frère a fait toutes les démarches du pèlerin : messe, piscine, chemin de Croix, retraite aux flambeaux, procession eucharistique. Après avoir bu de l’eau de la source, il a été libéré de la douleur lancinante qui rendait nécessaire la prise de morphine.

En février 1964, les médecins ont conclu à la disparition inexpliquée de la tache noire qui signalait la tumeur sur la radio, et la tête du fémur était parfaitement reconstituée. La RAI a diffusé les deux radios, avant et après la guérison, qui a été reconnue par les médecins et le sanctuaire de Lourdes comme « miraculeuse » le 26 mai 1976.

Revenu à Lourdes un an après sa guérison, sur ses pieds, Vittorio Micheli y revient depuis régulièrement au service des malades.

Depuis 48 ans, Vittorio Micheli marche et mène une vie normale. L’émission a aussi interrogé en direct le docteur Mario Botta, médecin du bureau médical de Lourdes qui a expliqué pourquoi le bureau met autant de temps avant de reconnaître une guérison. Présent aussi sur le plateau de la RAI, le P. Nino Bucca, chapelain honoraire de Lourdes.