Michèle Reboul
Jean Guitton et la parapsychologie propos recueillis

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de parler de ces problèmes avec Bergson qui m’a inscrit parmi ses héritiers spirituels. Il avait beaucoup scruté les phénomènes parapsychologiques en les distinguant fortement des expériences mystiques. Les phénomènes parapsychologiques relevaient de la religion inférieure, statique, où l’homme projette son inconscient, alors que les expériences mystiques provenaient de l’action mystérieuse de l’Amour infini.

(Revue Question De. No 17. Mars-Avril 1977)

Jean Guitton (1901-1999) fut le seul laïc catholique appelé par le pape Jean XXIII à siéger à la première session du concile Vatican II en 1962. Plus tard, en 1965, il reçut du pape Paul VI le message que ce dernier adressait aux intellectuels.

Intellectuel catholique, tels sont en effet les deux adjectifs que l’on accole souvent au nom de Jean Guitton. Mais ce que l’on sait peut-être moins, c’est que Jean Guitton s’intéresse de près à la parapsychologie. Il dit ici ce qui a éveillé son intérêt. Il précise sa position en tant que philosophe et en tant que chrétien face à des phénomènes miraculeux que la parapsychologie étudie, tels que les apparitions, la lévitation, les stigmates, etc. Cette position, bien que personnelle, peut sans doute être située dans la ligne orthodoxe de l’Eglise catholique, et ce n’est pas le moindre intérêt de ces propos recueillis, par Michèle Reboul.

Michèle Reboul. — Quelles sont les raisons qui vous ont amené à vous intéresser à la parapsychologie ?

Jean Guitton. — J’ai une double formation, ayant été élevé à la fois dans un milieu catholique, celui de ma famille, et dans un milieu laïc, celui de l’école. Or la « parapsychologie » est suspectée à la fois par la théologie catholique et par la « raison » universitaire. Les savants opposent des interdits au nom de la « raison » et du principe qui ne considère comme scientifiques que les phénomènes réitérables. Quant aux théologiens, ils ont le souci d’empêcher les altérations de la révélation et du culte. Mon éducation universitaire et catholique m’avait donc mis en défiance devant ces phénomènes. J’entendais parler de La Salette (mon arrière-grand-mère avait fait construire une chapelle dédiée à Notre-Dame de La Salette), et j’y étais indifférent.

J’ai changé d’avis sous l’influence de Bergson. Je le considérais comme un génie, pas seulement comble un homme de talent. J’étais entouré de « talents » (mes professeurs), mais au-dessus, il y avait un génie… J’étais influencé par le fait qu’un homme si intelligent, si critique, juif positiviste, s’intéressait aux phénomènes métapsychiques. J’avais lu à ce sujet sa conférence faite à la « Society for psychical Research »[1] de Londres, le 28 mai 1913, et c’est cette conférence qui est à l’origine de la communication que j’ai faite à Cerisy sur la phénoménologie mystique de Bergson, en août 1976.

J’ai eu  plusieurs fois l’occasion de parler de ces problèmes avec Bergson qui m’a inscrit parmi ses héritiers spirituels. Il avait beaucoup scruté les phénomènes parapsychologiques en les distinguant fortement des expériences mystiques. Les phénomènes parapsychologiques relevaient de la religion inférieure, statique, où l’homme projette son inconscient, alors que les expériences mystiques provenaient de l’action mystérieuse de l’Amour infini.

Une autre influence importante fut, pour moi, celle de Gabriel Marcel qui se passionnait pour les phénomènes métapsychiques et me convoquait à des réunions sur ce sujet. Des phénomènes de télépathie et de lecture à distance l’avaient mis sur la voie de la conversion.

De 1957 à 1967, je dirigeai à la Sorbonne un séminaire abordant une grande diversité de sujets possibles, avec des étudiants d’élite et d’origines différentes. C’est là que, vers 1960, j’ai rencontré le Dr Hubert Larcher, élève de Jacques Chevalier, qui avait été mon maître et qui m’avait donné ce principe : « La véritable science n’est pas la science du général, mais du particulier, de ce qui ne se répète pas, tel l’événement historique. » Larcher étudiait le rapport de la médecine à la mystique. A Buchenwald, il a échappé à la mort par des procédés quasi mystiques ; par exemple : « Si l’on a froid, disait-il, il ne faut pas résister au froid, mais se faire froid au lieu de trembler contre le froid. » Il a poussé très loin la science de la survie ; la survie après la mort est peut-être analogue à la survie avant la mort.

Une autre raison de mon intérêt pour le paranormal est l’étude des mariophanies, ou apparitions de la Vierge : Catherine Labouré, rue du Bac, en 1830 ; à Ratisbonne, à Rome, en 1842 ; à Maximin et Mélanie, en 1846, à La Salette ; à Bernadette, à Lourdes, en 1854… J’ai considéré ces phénomènes d’un point de vue synthétique, cherchant leurs convergences.

Les études mariales [2] m’ont également amené à l’examen des phénomènes mystiques [3].

M.R. — Quels sont les types de phénomènes parapsychologiques qui vous intéressent le plus ?

J.G. — Il y en a trois principalement :

1) La prémonition sous toutes ses formes ; mais beaucoup de prédictions ont été écrites après les événements annoncés. Jules Romains me disait qu’il croirait en Dieu si une personne avait déposé en 1930 une lettre chez un notaire où elle aurait écrit : « J’aperçois Paris libéré le 20 août 1944. » : un seul fait de connaissance circonstanciée et précise de l’avenir prouverait à ses yeux l’existence de Dieu.

2) La communication à distance, ou télépathie.

Je vais vous raconter un fait qui m’est arrivé. Lord Halifax m’avait donné un shilling percé semblable à celui que le duc de Wellington lui avait offert lorsqu’il avait cinq ans ; le shilling se détacha de ma chaîne de montre à l’heure même où mourait le roi d’Angleterre, George VI ; Lord Halifax raconta cela à la Reine…

3) Les phénomènes du type Uri Geller (la télékinésie, ou action sur la matière sans contact physique) et ceux de Poltergeist (esprit frappeur, maison hantée…), mais les communications avec les morts ne m’intéressent pas. Cela me paraît trompeur, ambigu ; il faudrait n’en parler qu’aux personnes mûres, sages, car ces phénomènes attirent les déséquilibrés comme la psychanalyse attire souvent les demi-fous. Il peut arriver qu’un médium commence à avoir des phénomènes de type métapsychique (des pressentiments, par exemple) et que, fier de ses dons, il truque lorsqu’il n’a plus de pouvoir. C’est ce que Bergson nommait la « simulation inconsciente » : sa première étude, en 1886, parue dans la « Revue philosophique », traite de la Simulation inconsciente dans l’état d’hypnotisme. Quand il était à Clermont, avec M. Robinet, préparateur à la faculté des Sciences, Bergson fit des expériences d’hypnotisme. Mais il détecta une fraude, car l’hypnotisé lisait sur la cornée du magnétiseur, laquelle faisait l’office d’un miroir convexe. Ce qui frappa Bergson dans cette expérience, ce fut que le jeune hypnotisé ne se rendait pas compte qu’il lisait ainsi dans les yeux de l’expérimentateur. Il ne s’en confessa jamais, car il n’en savait véritablement rien. Et Bergson concluait que, lorsqu’un sujet reçoit l’ordre d’exécuter un tour de force tel que la lecture de la pensée, il se conduit de bonne foi comme le plus adroit des charlatans.

On voit que Bergson aborda toujours les expériences mystiques ou les phénomènes spirites avec une prudence sceptique. Et puis j’ai toujours trouvé que les morts disaient des choses insignifiantes (par exemple à Victor Hugo) ; seraient-ils devenus sous-humains, alors qu’ils sont surhumains ?

M.R. — Quelle est l’attitude de l’Eglise vis-à-vis des phénomènes parapsychologiques ?

J.G.      L’Eglise catholique, étant responsable de la Révélation unique, se méfie des révélations parallèles. L’Eglise est neutre en ce qui concerne les phénomènes télépathiques, mais hostile en ce qui concerne l’évocation des morts, dite nécromancie (nécros, mort ; mancie, évocation). La Bible, quant à elle, blâme Saül d’avoir consulté une pythonisse pour entrer en communication avec les morts. Il est difficile de faire la différence entre le spiritisme et la spiritualité. Quand on a perdu un être cher, on est porté vers le spiritisme, on voudrait communiquer avec lui. A mon sens, on ne peut communiquer avec les morts que par la communion spirituelle et non par la communication spirite. La communion des saints est objet de foi et non de Révélation ou d’expérience. Peut-être des êtres privilégiés ont-ils des contacts avec les morts ? Mais je crois que c’est une idée fausse de penser qu’après la mort on se retrouvera en famille. Etre avec sa femme pendant l’éternité, telle qu’on a vécu avec elle la vie quotidienne, banale et terrestre, serait la définition même du malheur conjugal ! Dans l’au-delà, il y a transmutation de tout ; les morts vivent en Dieu, unis aux autres morts ; cette communion éternelle est sans doute proportionnelle à l’amour qu’on a eu. Si l’Eglise est contre la communication avec les morts, c’est parce que, comme je l’ai déjà dit, elle se méfie des révélations privées parallèles à la Révélation officielle, qui est l’acte par lequel Dieu nous parle comme le ministre de la Justice se méfie des polices parallèles et comme le ministre de la Guerre se méfierait des armées parallèles. Si les morts s’adressaient aux vivants et leur annonçaient des vérités que l’Eglise n’a pas enseignées, cela créerait une confusion dans l’esprit des chrétiens. L’Eglise considère que le monde des morts est divisé en trois parties : les damnés (en supposant qu’ils existent), les âmes du purgatoire et les bienheureux du ciel. L’Eglise admet que nous vivons en communion avec les âmes du purgatoire et avec les bienheureux du ciel. Elle croit à la communion des saints, à cette communion mystique non expérimentée, mais pas à la communication avec les morts ; ou, si vous préférez, l’Eglise croit à la communion des âmes mortes avec les vivants, mais s’est toujours opposée à la communication des vivants et des morts. Ce n’est cependant pas une règle absolue ; ainsi, les livres de Mme de Jouvenel, préfacés par Gabriel Marcel, où elle communique avec son fils mort à la guerre [4], n’ont pas été mis à l’Index. Mais, en général, l’Église n’est pas favorable à ce genre de choses, car elle a peur, et avec raison, que cela trouble les fidèles. En revanche, l’Eglise est neutre au sujet des communications avec les vivants (télépathie) ; on voit d’ailleurs, dans les vies de saints, beaucoup de phénomènes de télépathie, comme dans celle de M. Olier, fondateur de la compagnie des sulpiciens, au XVIIe siècle : Olier avait, une fois, communiqué à distance avec l’abbesse de Langeac.

Mais ce à quoi l’Eglise s’intéresse particulièrement, c’est aux phénomènes des phanies (phainein, apparaître) : les phanies sont des irruptions dans la conscience d’un élément extérieur ou supérieur à la nature et contraire aux lois de la perception. La perception est commune à tous (tout le monde voit ce que je vois) ; dans la phanie, on voit un être qu’on est seul a voir, c’est ce que nous appelons aussi une « apparition ». Du point de vue médical, physiologique, les phanies sont semblables à des hallucinations. Dans l’Ancien Testament, il y a des théophanies, telle celle de Dieu se révélant à Moïse à travers le buisson ardent. Il y a des angélophanies : par exemple, dans le Livre de Tobie, on voit Tobie qui reçoit la visite d’un ange qui l’amène à se marier. Surtout, fondement même du christianisme, il y a une christophanie : la résurrection du Christ qui apparaît à ses apôtres.

Dans l’Eglise, il y a également des hagiophanies, c’est-à-dire des apparitions de saints, et des mariophanies, apparitions de la Vierge. Mais alors que l’Eglise ne met pas en question l’apparition du Christ ressuscité, puisque c’est son fondement, elle examine, elle soupèse tout ce qui n’est pas la christophanie initiale ; si l’Eglise admet qu’à côté de la christophanie qui est sa voie, sa vie, sa vérité, il y ait d’autres christophanies, il y aurait autant de religions que de voyants. Le critère de l’Église pour distinguer la vérité des apparitions est l’accord de leur contenu avec la Révélation catholique. D’ailleurs, l’Église catholique ne s’engage jamais sur la réalité historique du fait, elle dit que c’est une « pieuse croyance » (pie creditur). Ainsi, pour Lourdes, elle ne s’engage que sur le fait qu’il n’y a rien de contraire aux dogmes de l’Église catholique et que Lourdes répand des bienfaits corporels et spirituels, contrôlables et certains ; par suite, elle autorise le culte. Si quelqu’un venait prouver que Bernadette s’était trompée, cela ne changerait rien à la vérité de l’Eglise. Maintenant, on ne croit plus au transport, par les anges, de la maison de Nazareth à Lorette, comme on y croyait au temps de Montaigne et de Descartes.

Mais si l’Eglise ne s’occupe pas des prédictions, elle a eu des prophètes. Le prophète n’est pas celui qui parle de l’avenir, mais celui qui parle au nom de Dieu. Car le prophète peut d’ailleurs parler du passé (c’est alors une rétrodiction), mais, quand il parle de l’avenir, il le fait de deux manières différentes : il y a des prophéties conditionnelles (cela arrivera si tu ne te convertis pas ; ainsi, la prophétie de Jonas : les Babyloniens s’étant convertis, Babylone n’a pas été détruite) et des prophéties inconditionnelles, comme celle sur la fin du monde dans les Evangiles : « Le soleil pâlira, les vertus des cieux seront ébranlées… »

M.R. — Votre conception du temps a-t-elle changé par l’étude des phénomènes parapsychologiques ?

J.G. — La parapsychologie n’a pas modifié mes intuitions sur le temps [5], mais elle les a fortifiées, particulièrement pour ce qui concerne l’idée de simultanéité. Je définirais Dieu par la simultanéité, l’Etre présent à tous les temps et qui les voit en même temps : « Dieu voit le passé, le présent et l’avenir et jusqu’à nos plus secrètes pensées », comme disait le catéchisme de mon enfance.

Et puis la métapsychique nous montre qu’il peut y avoir communication entre les consciences indépendamment du corps, cela change notre idée de la perception. Et d’ailleurs, je me demande si l’action de l’âme sur le corps, par exemple lorsque je parle, lorsque je lève le doigt, n’est pas analogue à l’action d’Uri Geller lorsqu’il plie une cuillère par la seule force de sa volonté.

Le spiritisme et la spiritualité permettent tous deux un pouvoir sur le corps, mais la différence provient de ce que le spiritisme met l’accent sur la volonté, tandis que la spiritualité est le renoncement à soi : si l’on renonce à soi, on est le maître du monde.

M.R. — En dehors de ce dont vous avez parlé précédemment (le shilling percé), pouvez-vous me citer d’autres phénomènes parapsychologiques qui vous soient arrivés, ou qui soient arrives à votre femme, Marie-Louise ?

J.G. — Je suis trop intellectuel pour être médium. Marie-Louise, plus fruste, mystique à l’état sauvage, pouvait pénétrer au cœur des choses, être dans l’intimité du réel. Le médium qui n’a pas de vie spirituelle tombe dans le spiritisme, mais les vrais médiums se comprennent à la lumière des saints qui laissent l’Esprit saint agir en eux. Le saint est pur abandon à Dieu ; il faut distinguer entre la paresse qui consiste à faire quelque chose et l’abandon, fond de l’action, qui consiste à se laisser agir par Dieu. La parapsychologie ne trouve sa pleine signification que sublimée, utilisée pour la vie spirituelle ; tout devient alors signe de l’amour de Dieu.

Marie-Louise trouve un trèfle à quatre feuilles dans les conditions que voici : sans le vouloir, sans le chercher, comme si le trèfle existait et l’appelait. Ce n’est pas une perception proprement dite, ni même la recherche d’un objet perdu. Elle ne cherchait pas le trèfle. Par conséquent, elle ne projetait pas son contour. Elle ne fait pas un dénombrement des trèfles, comme ferait un ordinateur. Tout se passe comme si le trèfle la percevait avant qu’elle n’aperçoive le trèfle, comme si ce trèfle, ainsi qu’un naufragé, émettait un signe que je nomme l’appel. Alors, elle se penche et n’hésite pas, elle prend le trèfle là où il se trouve, par symbiose.

Il s’agit, en somme, d’une métaperception, où l’objet agit sur le sujet à la manière d’un sujet par la voie d’une information dirigée vers lui, et non pas par une irradiation dirigée dans tous les sens à la fois. Dans ce qui est l’espace homogène, l’objet-sujet informe telle personne, et telle personne seule, de sa présence.

Pour échapper à cette explication étrange, j’essaie diverses voies. On pourrait dire que Marie-Louise garde une vue marginale, inconsciente, des trèfles à quatre feuilles, mais cela ne correspond pas à ce que j’ai constaté hier, où elle ne pouvait pas apercevoir le trèfle, qui était caché par d’autres trèfles. On pourrait aussi parler de coïncidence, de hasard, mais cela est bien impossible. Ce qui me frappe, dans chacun des cas où elle trouve sans le chercher le trèfle à quatre feuilles, c’est la précision du geste, l’absence d’hésitation. Elle prend le trèfle beaucoup plus sûrement qu’elle prendrait un objet visible [6].

Je demandai à Marie-Louise comment elle faisait pour trouver un trèfle à quatre feuilles dans la vaste prairie ; le seul qui y fût, elle le cueillait pour me l’offrir, avec la nonchalance d’un ange désœuvré [7]. Marie-Louise me répondit : « Cela est difficile à dire. Il s’agit avant tout ne pas vouloir le trèfle, mais de le valoir… Acceptez avec joie de ne jamais trouver de trèfle à quatre feuilles, d’être moqué de tous pour en avoir cherché un et de passer pour un fou. Rendez-vous digne de trouver, par ce renoncement à trouver. Et puis, contemplez la plaine : il y aura un trèfle à quatre feuilles au bout de votre regard. Mais n’y pensez pas surtout ; ne vous dites pas que vous allez trouver le trèfle. La prairie se vengerait… Marie-Louise, lui dis-je, je ne trouverai jamais de trèfle à quatre feuilles. Hélas ! fit-elle avec un léger soupir, vous voulez et vous ne savez pas valoir » (J. Guitton : Journal de ma vie. 1952-1955, Plon 1959, p. 17).

« Sa dévotion à sainte Rita était étrange, et je m’étonnais des phénomènes bizarres que cette dévotion amenait dans sa vie… sans formules, par un clin d’œil ou un clin d’amour, que de choses Marie-Louise avait obtenues de sainte Rita, dans le domaine des secours matériels et spirituels !

« Par exemple, je voudrais raconter une de ces drôleries. La fête de sainte Rita est le 22 mai. Or Marie-Louise lui fixait rendez-vous ce 22 mai, et il lui arrivait ce jour-là des événements favorables : par exemple, sa mise anticipée à la retraite, ma nomination à la Sorbonne. Mais la plus curieuse de toutes ces coïncidences est celle-ci. Au mois de janvier 1962, elle me dit : « Je vais prier pour que vous soyez reçu à l’Académie le 22 mai. Mais, lui dis-je, rien ne dit que cette réception sera en mai. D’ailleurs, j’ai regardé le calendrier de 1962. Le 22 mai tombe un mardi. Or vous savez que les réceptions à l’Académie se font toujours le jeudi. » Elle était obstinée. Elle ne répondit rien. Mais elle gardait l’idée que, lorsqu’on a une foi absolue (et pour ainsi dire enfantine), on a pouvoir même sur les toutes petites choses. Non que ces petites choses aient eu quelque importance à ses yeux, mais l’exaucement d’une prière, même futile, était pour elle un signe de l’Amour divin.

« En ce temps-là, la Coupole était en état de ravalement, les réceptions à l’Académie se faisaient ailleurs. On fixa pour moi le conservatoire de musique. On apprit ensuite que ce conservatoire de musique était pris le jeudi, et que ma réception serait probablement un mardi. On apprit enfin que ce serait le mardi 29 mai. Marie-Louise était heureuse, mais non pas complètement. Elle me dit : « Le 29 mai, ce n’est pas mal, mais ce n’est pas ça ! J’avais demandé à sainte Rita le 22 mai, jour de sa fête. » En avril, j’étais chez le général Weygand, avenue de Friedland ; et, sous le portrait de Turenne, il me lisait des fragments du discours qu’il avait composé pour me recevoir. Le téléphone retentit ; il n’était pas dans la pièce. Weygand sortit, revint et me dit : « On accuse les militaires de donner des ordres et des contrordres, les musiciens ne leur sont pas inférieurs. » « Savez-vous ce qu’on m’annonce ? Que votre réception ne sera pas le 29 mai : elle sera le 22 mai. » Je lui dis : « Mon Général, permettez-moi de téléphoner cela à ma femme. » Marie-Louise ne fut pas surprise.

« J’ai réfléchi sur les explications possibles de ce « petit fait » de parapsychologie. Il a inspiré les pages que j’ai écrites dans mon livre Histoire et Destinée sur la prière exaucée, sur le rapport de l’instance et de la circonstance. J’ai parlé de ce phénomène à des spécialistes de parapsychologie et de métapsychique, comme le Dr Larcher, qui m’a cité plusieurs cas analogues. On peut penser à une pure coïncidence, à ce que Monod appelle un hasard. Mais, si l’on rejette l’hypothèse du hasard, alors on est obligé de croire à une certaine influence de la pensée quand elle est très proche de l’amour sur certains événements. Et l’on est alors plongé dans une zone mystérieuse, à laquelle il ne faut pas trop penser. Je crois que, si la pensée de certains êtres peut influencer un événement, la vie ne serait pas possible. Par exemple, en temps de guerre, si l’on pouvait admettre qu’un médium dans un camp puisse agir sur la stratégie de l’autre camp ? Mais, si des faits de ce genre, qui sont des faits de prière exaucée, d’union de l’instance et de la circonstance, étaient plus nombreux, alors, on ne serait pas loin de penser qu’il existe une sorte d’Ordonnateur cosmique qui, dans certains cas, ajuste ces deux séries indépendantes qui sont, d’une part, le désir et, d’autre part, l’événement. C’est bien dans ce sens que Marie-Louise interprétait ce qui lui était arrivé le 22 mai. Elle disait : « C’est un sourire du Ciel », ou encore : « C’est la force de la foi », ou encore : « C’est le sel de la terre… »[8]

BIOGRAPHIE DE JEAN GUITTON

Né à Saint-Etienne (Loire) le 18 août 1901, il entra en 1908 au lycée de Saint-Etienne où son père le fit inscrire, principalement à la demande de son grand-père maternel, pour qui le lycée était l’emblème de la fidélité à la République.

Au lycée, Jean Guitton fréquenta des incroyants, des protestants, des juifs et cherchait déjà, dans le dialogue, une rencontre vers une unité plus profonde que ce qui les séparait. Puis, après les deux baccalauréats, il vint, en 1917, au lycée Louis-le-Grand pour préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure où il fut reçu en 1920. En 1923, il était reçu second à l’agrégation de philosophie.

C’est à vingt et un ans que Jean Guitton rencontra Bergson par l’intermédiaire de Jacques Chevalier qui l’avait présenté. Jean Guitton écrivit de Bergson : « Disciple de cet homme, j’ai su garder cette idée d’une philosophie positive qui part de l’expérience et qui va jusqu’à Dieu. J’ai toujours préféré induire le mystère des êtres à partir du choc et de l’expérience [9] ». Bergson influença beaucoup Guitton, mais son maître spirituel fut le lazariste aveugle Pouget, qui recherchait un lecteur et dont il fit la connaissance dès 1920. Guitton nous dit de lui : « Pouget était de la race de saint Vincent de Paul… c’est-à-dire un paysan français. Et il était l’esprit le moins systématique qui pût se rencontrer. Il ne s’était pas borné à étudier la mathématique, les sciences cosmiques ou biologiques, mais les fondements de la foi par la connaissance de l’Ancien et du Nouveau Testament et les origines du christianisme [10]. »

Guitton devient professeur de philosophie, d’abord à Troyes, en 1924, puis à Moulins et .à Lyon en 1935 où il remplace Vladimir Jankélévitch auprès des élèves préparant les grandes écoles [11]. En 1937, il enseigne à Montpellier, puis c’est la déclaration de guerre. En juin 1940, il est fait prisonnier ; dans les divers oflags où il se trouve, il institue des universités de captivité où il donne des conférences destinées à soutenir le moral de son camp. En 1941, à cause d’un cours fait ouvertement sur Bergson, qui était juif, les Allemands le maintiennent prisonnier, puis, lorsqu’on lui propose d’être libéré pour raisons de santé, il refuse par solidarité avec ses camarades. Il devra attendre d’être délivré par les Soviétiques en juin 1945.

A son retour, il est nommé professeur à Avignon puis à la faculté de Dijon. En 1954, sur l’initiative de Paul Claudel, il reçoit le Grand Prix de littérature de l’Académie française et, en 1955, il est appelé à tenir, à la Sorbonne, la chaire de philosophie et d’histoire de la philosophie. Le 22 mai 1962, Jean Guitton est accueilli, parmi les quarante Immortels de l’Académie française, par le général Weygand au fauteuil de Léon Bérard.

Jean Guitton, au carrefour de l’œcuménisme, par ses recherches et ses rencontres (avec le cardinal Mercier, lord Halifax, le patriarche Athënagoras) est le seul laïc catholique appelé par Jean XXIII à siéger à la première session du concile du Vatican (1962) ; il participe comme auditeur laïque à la seconde (1963), prononce une allocution devant Paul VI (qu’il avait connu dès 1950, lorsqu’il était Mgr Montini) et reçoit, le 8 décembre 1965, le Message aux intellectuels des mains de Paul VI.

Jean Guitton est décédé en 1999.

(Revue Question De. No 21. Novembre-Décembre 1977)

L’Evangile dans ma vie Jean Guitton Paris, Desclée de Brouwer, 1977.

Jean Guitton intitule son nouveau livre : l’Evangile dans ma vie. Il s’agit bien, en effet, non pas d’une exégèse sur l’Evangile (qu’il a traitée, entre autres, dans le Problème de Jésus) mais d’une méditation sur l’Evangile — entendant, par-là, non pas tune réflexion intellectuelle sur l’Evangile, mais une réflexion, au sens étymologique, c’est-à-dire une ré-orientation, une reconversion, un retour sur soi du reflet, où on ne sait plus qui regarde et qui écoute dans la lumière qui rapproche l’un et l’autre, l’un à l’autre : Jean Guitton regarde le Christ et le Christ l’illumine de son regard.

Cet Evangile me rappelle, par l’intimité de toute une vie avec le Christ, les visions d’Anne-Catherine Emmerich, voyante du XVIIIe siècle, qui a vécu, comme un témoin réel et contemporain, les épisodes de la vie du Christ. Cependant le témoignage de Jean Guitton nous touche davantage car, bien qu’exemplaire de toute une vie traversée par le Christ et la Vierge, il nous montre que chacun d’entre nous peut aimer le Christ dans son humanité et l’adorer dans sa divinité.

Jean Guitton réussit, ce qui est si rare de nos jours, à éviter les deux écueils, les deux trahisons de l’incarnation de Dieu, qui renforcent tous deux, à l’excès, un seul aspect : soit l’humanité du Christ au détriment de sa divinité, soit sa divinité au détriment de son humanité. S’il ne tombe pas dans ces pièges si modernes (mais ô combien anciens !), c’est peut-être parce qu’il ne se préoccupe pas des arguties théologiques, mais qu’il vit la simplicité des enfants de Dieu, et c’est ce regard innocent qui lui fait comprendre ce qui nous avait paru, avant lui, bien impénétrable.

Dans le miracle des noces de Cana par exemple Jean Guitton nous fait comprendre l’inversion d’une signification spirituelle qui convertit le temps, et par là même nous place dans l’éternité de l’esprit, pour qui tout est présent : la réversibilité des mérites permet le pardon en prenant sur soi la sanction réservée à l’autre, ce qui est le réel sacrifice (possible seulement à l’innocent) : quelle divine intention et attention que le Christ ait accompli son premier miracle à un repas nuptial, l’amour de sa mère se confondant à celui qu’il a pour les hommes, tout amour n’ayant qu’une source, la Sienne.

Comme l’écrit Jean Guitton, « la scène de Cana inverse la scène originelle, où Eve tente Adam. En un sens, à Cana, la Femme prononce aussi des paroles de tentation. Elle demande, comme Satan, une transmutation de matières, un prodige luxueux et inutile… « Changez l’eau en vin. » demande Marie, comme Eve (la Femme éternelle) tentait Adam avec le fruit. Mais ici la Femme régénérée obtient l’effet de son désir. C’est la scène de la chute inversée, comme l’arbre de la Croix inverse l’arbre du jardin d’Éden. »

Jean Guitton éclaire la figure de Satan, « le maître de ce que nous appelons le contretemps », celui qui essaie d’empêcher la finalité du temps, l’action unificatrice de la destinée une et éternelle, en dispersant l’individu dans la jouissance des instants. Il nous rend également sensible la révolution du « Notre Père », cet « Abba » araméen, ce cri du Fils vers le Père, qui était absent des prières juives, ainsi que la vérité du texte qui nous permet de le dire « autrement » : Guitton propose avec l’helléniste, le professeur Delebecque, de dire non pas « Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien », ce qui paraît un pléonasme, mais « Donnez-nous chaque jour notre pain qui fait venir à la vie », le pain substantiel. En effet, au lieu de lire « epiousion », qui veut dire « quotidien », on peut lire « epi ousian » en deux mots, le mot « ousia » voulant dire « substance ». De même, Jean Guitton nous explique des épisodes de l’Evangile qui paraissent, par leur dureté, inexplicables : ainsi, lorsqu’on dit à Jésus : « Voici ta mère et tes frères qui sont dehors et qui te demandent », et qu’il répond : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? », alors que, se replaçant dans la perspective de l’époque où la dénonciation des faux prophètes, des thaumaturges entraînait la mise à mort non seulement de ceux-ci, mais aussi de leurs proches (ce qui explique aussi le reniement de Pierre), on comprend que c’est la seule attitude « juste ».

Jean Guitton réussit ce paradoxe de nous rendre le Christ d’autant proche qu’il nous en montre la perfection : le Fils de l’Homme, parce est le seul à accomplir l’humanité en Lui ne peut être que le Fils de Dieu, et le Fils de Dieu ne peut être que le Fils de l’Homme, voulant naître de l’homme, de l’homme qui choisit de Le faire naître (ou de Le faire mourir). Plutôt que « l’Evangile dans ma vie », le livre de Jean Guitton pou donc s’appeler « Ma vie dans l’Evangile ».

Michèle R.

Œuvres complètes : tome IV – Philosophie Jean Guitton Paris, Desclée de Brouwer, 1977

(Revue Question De. No 22. Janvier-Février 1978)

Ce nouveau tome, concernant la partie philosophique des Œuvres complètes de Jean Guiton, comporte quelques anciens ouvrages dont la plupart étaient épuisés (le Temps et l’Eternité chez Plotin et saint Augustin, l’Existence temporelle et Pluton) et de nouveaux livres qui sont proprement révolutionnaires et dureront — grâce à l’approfondissement aigu de la connaissance de l’Etre par Jean Guitton d’ans la philosophia perennis, la « philosophie éternelle ». Nouvel éloge de la philosophie (on reconnaît Ici le témoignage d’estime à Merleau-Ponty, son maître avec Bruschvicg), le Développement de la pensée occidentale, Philosophie de la résurrection, Monadologie et Court traité de phénoménologie mystique, montrent tous Jean Guitton comme le philosophe du futur. Il dit d’ailleurs de lui-même avec un certain humour : « Je suis le premier vestige de l’homme futur, le fossile du futur. » Dans ces livres, Jean Guitton, suivant la ligne directrice qui a orienté toute sa vie et sa pensée, s’interroge sur le temps et l’éternité, sur sa finalité, et, approfondissant le présent, peut pressentir le futur qu’il enfantera. Il écrit dans Nouvel Eloge de la philosophie : « J’ai tenté de donner un coup de sonde dans cet avenir à la fois philosophique et théologique qui est à l’horizon de la vie humaine, mais qui, jusqu’à nos jours, a surtout, été présenté par la voie religieuse, sans avoir reçu son investiture rationnelle. »

Nous nous contenterons de survoler, faute de place, la Philosophie de la résurrection qui nous paraît être le centre de l’ouvrage, le sens du temps étant pour Jean Guitton la résurrection dans la vie éternelle.

La Monadologie, intitulée ainsi en souvenir de Leibniz, « essai pour faire tenir le maximum dans le minimum », est une préparation à la mutation spirituelle que nous allons vivre et que vivent déjà les mystiques. Le Court traité de phénoménologie mystique approfondit le Bergson des Deux Sources de la morale et de la religion, en définissant les mystiques comme des « mutants, c’est-à-dire des types d’humanité qui sont en avance sur les autres parce qu’ils préfigurent l’humanité de l’avenir temporel-éternel».

Dans la Philosophie de la Résurrection, Guitton étudie la résurrection comme croyance et non comme possibilité (le point de vue historique et critique de l’anastase ayant été étudié également dans le tome II des Œuvres complètes qui concerne la critique religieuse, particulièrement dans le Problème de Jésus). Dans Nouvel Eloge de la philosophie, Guitton note : « Pour moi, toute la question posée par l’évolution est de savoir si son véritable secret n’est pas d’obtenir le plus improbable : si sa finalité n’est pas qualitative et, si j’ose dire, « néguentropique » ; si nous ne sommes pas séduits par l’apparence d’une évolution physique ou biologique (celle » qui va vers l’homogène, le quantitatif, » le plus probable) ; s’il n’y a pas, sous cette évolution, une autre évolution en sens contraire, qui prépare l’improbabilité totale d’un être qui franchit la frontière de la mort, qui prépare pour l’humanité 1a réintégration dans un autre mode d’existence. Une même loi de sublimation se manifeste dans l’univers ; selon le mot profond de Leibniz, « les choses inférieures doivent exister dans les choses supérieures, mais d’une manière plus noble qu’en elles-mêmes ». » Or, comme il l’écrit dans Philosophie de la résurrection : « La résurrection d’un mort, si elle existait, constituerait l’événement le plus néguentropique de l’évolution, le plus improbable de tous les événements concevables. » Le mystère de la résurrection est en fait celui de la nature, et de l’évolution du corps et de son lien avec l’âme. Plusieurs penseurs contemporains (Gabriel Marcel, Merleau-Ponty, Claude Bruaire, Martelet) approfondissant l’idée aristotélicienne de l’âme, « forme » du corps. voient le corps comme un langage de l’âme, une expression de la conscience : très simplement, nous voyons à quel point le regard, la démarche, les gestes, signifient une expression de tout l’être. Ainsi « l’artiste dégage dans les corps un élément qui n’est pas proprement matériel, qui n’est pas davantage abstrait ou purement spirituel, mais qui nous fait penser à ce que serait la sublimation du corps dans un autre mode d’existence ». On peut imaginer qu’après la mort « le corps pourrait demeurer un médiateur de la communication des consciences ». Nous remarquons que la conscience, par la mémoire, l’imagination, est intemporelle et cosmique : je peux percevoir par mon esprit l’univers, même si mon corps n’y est situé que sur un point infime, de telle sorte que « par » la pensée nous enveloppons le cosmos, mais par l’action nous sommes enveloppés par lui ». Cette décentration de l’égocentrisme, ce dépassement de l’égoïsme charnel (limité par la chair qui n’est que chair, alors que « le corps est l’esprit visible », comme disait Novalis) est surtout expérimenté dans l’amour et dans la communion des sexes. En « faisant l’amour, nous faisons le cosmos, nous « faisons » Dieu, entendant par-là que l’union d’un être humain (union vraiment amoureuse et non décharge impulsive) nous permet de nous unir à Dieu. « C’est Dieu que l’amant aime en chaque aimé », disait Ibn Arabi [Henry Corbin: l’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi (Paris, Flammarion, 1958), réédition 1977], et, comme le tantrisme le montre d’une façon analogue, nous connaissons Dieu dans et par la connaissance sexuelle (on sait qu’en hébreu le mot « connaître » signifie aussi bien la pénétration de l’intelligence que la pénétration sexuelle). La sexualité serait la porte de l’éternité, elle serait, comme le dit Jean Guitton, l’annonce d’un statut des corps ressuscités ». « L’expérience sexuelle pourrait être considérée comme une expérience anticipée (limitée, furtive, confuse, facilement viciée) d’une mutation ultime et définitive de l’a vie. Elle aurait un rapport évanescent, difficilement exprimable, avec une transmutation des corps dans une existence soumise à l’esprit, lorsque cet esprit aura sublimé toute chair.» La sexualité aurait pour fonction de lutter contre la mort de deux façons : contre la mort de l’espèce par la descendance et contre la mort de l’individu corporel en le préparant à la résurrection ; « tout se passe comme si nous n’étions pas encore ce que nous sommes appelés à devenir, comme si l’existence temporelle était inachevée. »

« L’anastase serait l’achèvement de la Création, si tant est que l’on appelle Création une plénitude comblant tout écart ; le corps, expression, serait uni à CE qu’il exprime, la résurrection des corps étant en fait l’union à la source, l’Esprit qui exprime et dirige le corps, l’Amour qui le meut.

La biosphère a été transformée en noosphère et la noosphère sera elle-même transmutée en pneumatosphère dans le Souille qui anime tout être.

Michèle Reboul

Œuvres de Jean Guitton

Œuvres complètes dans la  » Bibliothèque européenne  » (Desclée de Brouwer).

Silence sur l’essentiel  (Desclée de Brouwer)

Dialogues avec Paul VI  (Fayard)

Vers l’unité dans l’Amour

La Vierge Marie

La philosophie de Newman

Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas  (Jean-Claude Lattès)

1936    La pensée de M. Loisy

1937    La Critique de la critique

1938    Renan et Newman  (Fayard)

1941    Portrait de M Pouget  (Gallimard)

1946    Nouvel art de penser

1948    L’Amour humain  (Montaigne)

1949    L’Existence temporelle

1950    Le Problème de Jésus

1951    Le Travail intellectuel   (Aubier)

1955    Le Temps et l’Éternité chez Plotin et Saint Augustin

1959    L’Église et l’Évangile  (Grasset)

1960    La vocation de Bergson  (Gallimard)

1961    Une mère dans sa vallée  (Fayard)

1962    Dialogue avec les précurseurs  (Aubier)

1962    Léon Bérard

1969    La Dernière Heure

1969    La Pensée et la Guerre  (Desclée de Brouwer)

1971    L’Amour divin

1976    Journal de ma vie (1912-1971)  (Desclée de Brouwer)

1977    Nouvel éloge de la Philosophie

1978    Monadologie

1978    Philosophie de la Résurrection

1978    Phénoménologie mystique

1979    Problème et Mystère de Jeanne d’Arc  (Fayard)

1981    Le Christ écartelé  (Librairie académique Perrin)

1984    L’Absurde et le Mystère  (Desclée de Brouwer)

1985    Portrait de Marthe Robin  (Grasset)

1988    Un siècle, une vie  (Robert Laffont)

1989    Terra Sancta  (Robert Laffont)

1989    Discours sur Alquié

1989    Portraits et circonstances  (Desclée de Brouwer)

1991    L’Impur   (Desclée de Brouwer)

1991    Dieu et la science  (Grasset)

1992    Portrait du Père Lagrange  (Robert Laffont)

1993    Les pouvoirs mystérieux de la foi   (Librairie académique Perrin)

1994    Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas  (Jean-Claude Lattès)

1996    À la recherche de Dieu, Entretiens avec Francesca Pini  (Félin)

1996    Chaque jour que Dieu fait  (Bartillat)

1997    Le siècle qui s’annonce  (Bartillat)

1998    Ultima Verba Entretiens avec Gérard Prévost  (Gallimard)

1998    Le Livre de la sagesse et des vertus retrouvées (en collaboration avec Jean-Jacques Antier)  (Librairie académique Perrin)


[1] Cette conférence de Bergson a été éditée par les Presses Universitaires de France (éd. du Centenaire 1959, pp. 860 à 8781.

[2] Voir Jean Guitton : la Vierge Marie (Paris, col. « Le Livre de poche »).

[3] On se reportera à l’étude faite par Jean Guitton sur l’épistémologie des phénomènes mystiques au cours du symposium consacré par le préfet Roche, chargé des célébrations nationales, au centenaire des apparitions du Sacré-Coeur a Marguerite-Maris, en février 1876, parue dans La Presse catholique du 1er octobre 1976, no 1555.

[4] Paris, éd. de la Colombe, col. « Au diapason du ciel » voir aussi les Lettres de Pierre (Paris, Fischbacher, 1931), 6 vol.

[5] On peut étudier les rapports entre la parapsychologie et le temps à la lumière de la science actuelle dans le livre de Pierre Philippe : le Royaume des cieux, préface de Costa de Beauregard (Paris, Fayard, 1976). Voir aussi Lyall Wastson : Histoire naturelle du surnaturel (Paris, Albin-Michel, 1976).

[6] Peindre comme un ange inoccupé, dit Raphaël.

[7] J. Guitton : Journal de ma vie : 1952-1955 (Paris, Plon, 1959), p. 17.

[8] J. Guitton : Marie Louise, inédit, 1974,

[9] Cité par Norbert Calmels : Rencontres avec Jean Guitton (Paris, Fayard, 1976), p. 30.

[10] Ibid., p. 27.

[11] En 1933, il passe son doctorat d’État, la première thèse étant sur « le Temps chez Plotin et saint Augustin », la thèse secondaire sur « le Développement chez Newmann ».