Anne Denieul
La magie est naturelle entretien avec Roger de Lafforest

« Nous pratiquons une magie que l’on peut à juste titre qualifier de scientifique, s’appuyant sur les lois connues de la physique micro-vibratoire, sur certaines conséquences du calcul quantique, et remplaçant la baguette de l’enchan­teur par les graphiques du géomètre. La physique micro-vibratoire, dans ses constatations et son vocabulaire, ap­porte aujourd’hui des explications valables à tous les phénomènes magiques. En outre, des techniques nouvelles permettent, en utilisant les méthodes de la science expé­rimentale, de reproduire en laboratoire toutes les œuvres que les sorciers se vantaient d’accomplir avec ou sans l’aide du Diable. »

Anne Denieul est historienne et archiviste-paléographe. Ancienne élève de l’École du Louvre. Ancienne attachée au CNRS. Son œuvre écrite a reçu plusieurs prix…

(Extrait de : Anne Denieul – Le sorcier assassiné. Édition Perrin 1981)

Il est certes illusoire de tenter de définir un homme en quelques lignes, surtout lorsqu’il s’agit d’une personnalité aussi diverse que celle de Roger de Lafforest [1]. Disons que l’information et l’écriture partagèrent sa vie. Il est aujour­d’hui connu du grand public pour un best-seller, Ces mai­sons qui tuent, et pour ses deux derniers ouvrages, La Réa­lité magique et Les Lois de la chance. Il semble qu’il ait dé­sormais quitté la littérature pour la recherche magique à laquelle il se consacre entièrement depuis plus de dix ans.

Nous nous restreindrons à ceux de ses territoires de tra­vail qui nous semblent les plus accordés à la démonstration que nous tentons de conduire ici, deux seulement. Cela ne signifie pas qu’il se limite à l’une ou à l’autre de ces spé­cialités. De livre en livre, il est en constante découverte. Nous dirons donc que c’est à l’ingénieur en magie moderne que nous nous sommes adressée, puisqu’il se présente comme tel, et tout spécialement au géopathologue et au radionicien, radiesthésistes comme il se doit. La première de ces disciplines l’amène à s’occuper des nocivités du sous-sol, donc des aspects maléficiants et destructeurs du tellu­risme, la seconde, à étudier les techniques contemporaines d’action à distance. Nous voici donc reconduits au cœur de l’aventure sorcière.

Que peut-on obtenir par radionique ? Tout, me fut-il ré­pondu. Tout ce qui fut toujours demandé à la sorcellerie : la santé, l’amour et l’argent, la chance, le succès, la gloire, le bonheur de ses amis, le malheur de ses ennemis, tout.

Je m’enquis : combien de poules noires, par quelle lune, et à quels carrefours, par quel pacte, passé avec quel diable, et signé de quel sang ?

J’appris alors qu’on pouvait encore bien sûr trouver des personnes qui se levaient en pleine nuit, traçaient des cer­cles protecteurs et invoquaient les esprits pour obtenir la réalisation de leurs vœux. Mais il s’agissait de survivances.

« La magie, hier, c’était en effet des recettes comportant un dosage subtil d’ingrédients, un style et un rituel. Ces temps ont changé. La magie d’aujourd’hui, telle que cer­tains scientifiques la pratiquent, a les mêmes principes d’action que l’ancienne, mais ses rites, ses accessoires et son vocabulaire sont complètement différents. Quant au Diable, certes, il existe, mais un tel personnage relève du surnaturel et de la foi.

Point n’est besoin donc de s’y référer, ni d’admettre l’ir­rationnel pour reconnaître la réalité et l’efficacité de l’art magique. La magie n’utilise que des forces naturelles et inexploitées. Elle ne se couvre d’aucune explication ration­nelle ou mystique. Son véritable véhicule, c’est la pensée. »

Tout en me parlant, il me tendit un caillou blanc, « une pierre à pouvoir, comme diraient les sorciers, ajouta-t-il, je veux dire qu’il est chargé ».

Pour moi, la charge signifiait les pires pratiques sorcières, les plus traditionnelles, les moins « modernes ». Je m’en étonnai : « Les charges, m’apprit-il, on en fait de toutes les ma­nières. Elles s’obtiennent avec des œufs vidés qui leur servent de contenant, où l’on accumule une puissance, que l’on  » charge « . On prend un témoin de la personne à atteindre et on le mélange à des matériaux susceptibles de conserver le plus finement et le plus longtemps possible une force personnelle qu’on leur injecte.

Il en va de même avec le caillou. On le charge de ce que l’on a en soi. Ce peut être un simple influx vital, une simple force magnétique. Il fonctionne alors comme une sorte d’accumulateur qui apporte une aide quand on en a besoin. On peut aussi le charger d’une intention, symbolique ou analogique. Donc, on le charge soi-même, avec des intentions qui peuvent être bienveillantes, ou au contraire malveil­lantes. On peut le charger pour quelqu’un, ou on peut le charger pour rien. Prenne qui voudra. Avec la charge, vous avez tout un art subtil de la force que l’on distribue et que l’on répartit. C’est un peu une acupuncture de la matière, une redistribution d’énergie. »

Je fis appel aux connaissances plus ou moins folkloriques que je pouvais avoir de la vieille magie, l’influence de la lune sur la vie quotidienne, ne rien entreprendre qu’en lune montante, l’emploi du sel marin, des trois bougies pour ramener la chance dans une maison, les bottillons de foin posés dans un four pour empêcher la pâte de lever, les petites croix sur le seuil des maisons qui annoncent la maladie…

« Les bottillons de foin pour empêcher la pâte de lever, les petites croix sur le seuil des maisons pour annoncer la maladie, ce sont des interdictions. Leur efficacité dépend de la puissance de certains symboles chargés de sens. C’est comme les ramilles de bois cassées en croix sur un chemin : si vous marchez dessus, le malheur vient. Par contre, si vous posez un cœur en osier entrelacé sur le seuil de la personne que vous aimez et qu’en sortant le matin elle mette le pied dessus, elle est prise. Il y a des choses qui marchent. Ça dépend comment c’est fait. Ça dépend quand même d’un grand nombre de circonstances connexes. Enfin, ça marche quelquefois…

Voyez-vous, ce qui m’importe, ce sont les recherches qui se font aujourd’hui sur la manière d’exercer l’influence à distance sur le comportement des individus ou le déroulement des événements. Mais ces petits détails, ces vieilles recettes, qui ne sont pas d’un effet assuré, dont l’efficacité dépend soit de la puissance du sorcier, soit de la réceptivité de la personne visée, n’intéressent plus la recherche contem­poraine. Ils appartiennent à la magie d’autrefois, laquelle n’est pas sans valeur, mais reste incertaine.

L’important, c’est de savoir, dans le monde de micro-vibrations où nous vivons, comment capter ces micro-vibra­tions, les diriger, les faire recevoir par quelqu’un, après les avoir rendues porteuses de quelque chose qu’on met dessus. »

La micro-vibration, le mot était lâché. Ce mot infime, miracle, ce mot clé, détenait l’explication de la magie et de ses mystérieux pouvoirs.

Je posai la question de confiance : « La magie, Roger de Lafforest, pour vous, qu’est-ce que c’est ? »

« La magie, commença-t-il, ne doit pas être confondue avec la parapsychologie. Cette dernière ne couvre pas tout le paranormal, mais seulement les manifestations de perception extra-sensorielle, ainsi que tous les phénomènes psychotroniques attribués à la mystérieuse force KI, dont les effets restent inexpliqués. La magie s’adresse à un do­maine différent.

On peut dire qu’il y a œuvre magique quand un effort spirituel certain, dans un cadre cérémoniel accessoire, pro­voque dans le domaine de la réalité physique des résultats rationnellement inexplicables, parce que contraires aux lois physiques régissant notre univers.

En vérité, la magie, c’est l’action à distance que l’on exerce sur des êtres sans utiliser aucun agent physique connu. »

Évidemment ça trouble. Seulement ça marche. Pourquoi, comment ? Telles furent les questions que se posèrent cer­tains chercheurs : André de Bélizal, Leprince, Lakhovsky, Enel, d’autres encore. Depuis plus d’un siècle, les parapsy­chologues ont rassemblé un matériel anecdotique considé­rable, ils l’ont soumis aux principes d’investigation scientifique les plus orthodoxes et les plus rigoureux, mais ils en sont aujourd’hui réduits à reconnaître que, si ce genre de phénomènes existe, ils se trouvent dans l’impossibilité to­tale de fournir une théorie justifiant cette existence.

Par contre, l’école que nous venons de citer, issue des travaux de ces précurseurs à ce jour disparus, croit détenir un début d’explication de la magie, en accord avec les prin­cipes de la science expérimentale.

Il faut réhabiliter le savoir magique, encore si décrié, à la lumière des découvertes actuelles, affirme Roger de Laf­forest. Tôt ou tard, la magie doit rejoindre la science. Il s’en est expliqué dans La Réalité magique (Laffont, 1977), ce livre au titre éloquent où il fit le bilan d’un demi-siècle de recherches : « La science et la magie, écrit-il dans cet ouvrage, peu­vent être comparées à bien des titres. Leurs buts sont iden­tiques. La magie a été inventée pour répondre au rêve de puissance que tout homme nourrit en soi. C’est son péché inexpiable, c’est aussi sa noblesse luciférienne. Elle a été utilisée pour satisfaire l’appétit de confort et de jouissance, c’est son aspect commercial et méprisable. Remplacez le mot  » magie  » par le mot  » science « , l’analyse reste exacte. Il s’agit dans les deux cas d’une tentative faite pour découvrir et maîtriser des forces naturelles invisibles ou des rapports de forces insolites… car la magie n’utilise que des forces naturelles encore inexploitées et se contente de les canaliser vers un but choisi. »

Par contre, leurs méthodes diffèrent : « La science progresse du connu vers l’inconnu ; la magie procède de l’inconnu vers le connu. C’est pourquoi on peut suivre les progrès de la science. Il serait absurde de parler de ceux de la magie.

La magie se réfère aux grands secrets perdus, en recueille les bribes et les épaves, les transforme en recettes que seuls des initiés pourront utiliser. La science, au contraire, s’efforce de remonter la chaîne des expériences le plus haut possible, en les reliant par une logique conceptuelle sans hiatus. »

De même, le processus magique est inverse du processus scientifique : « C’est en agissant sur une réalité non physique que l’effet se fait sentir dans le domaine matériel, cette action, pure­ment psychique à l’origine, pouvant être propagée, portée, dirigée par des véhicules, des réseaux, des appareils, des graphiques, des rites et des mots appartenant à la même panoplie d’où la science tire ses accessoires et ses armes… »

Et voici la déclaration d’importance, la réponse aux ques­tions que je me posais dès le début de ce travail sur la réalité des pouvoirs et des actes de sorcellerie : « Nous pratiquons une magie que l’on peut à juste titre qualifier de scientifique, s’appuyant sur les lois connues de la physique micro-vibratoire, sur certaines conséquences du calcul quantique, et remplaçant la baguette de l’enchan­teur par les graphiques du géomètre. La physique micro-vibratoire, dans ses constatations et son vocabulaire, ap­porte aujourd’hui des explications valables à tous les phénomènes magiques. En outre, des techniques nouvelles permettent, en utilisant les méthodes de la science expé­rimentale, de reproduire en laboratoire toutes les œuvres que les sorciers se vantaient d’accomplir avec ou sans l’aide du Diable. »

La physique micro-vibratoire est la science des vibrations de faible énergie, de ces forces invisibles que la magie a toujours su utiliser, et dont la micro-physique peut expli­quer les interférences mystérieuses dans la vie de l’homme. Les civilisations anciennes la connaissaient et les Égyptiens en avaient la maîtrise. Ils s’en servaient à de multiples usages : thanatologie, momification, protection des sépultures et des trésors, transmissions et télécommunications. Les hiéroglyphes aussi semblent s’en être inspirés. Cette science fut redécouverte dans les années 30 par André de Bélizal, génial précurseur, qui fut le maître de Roger de Lafforest.

« Tout, absolument tout ce qui existe dans l’Univers, écrit André de Bélizal dans Physique micro-vibratoire et Forces invisibles, rayonne et émet des vibrations, mais ces vibra­tions ont un champ oscillatoire tellement infime qu’il échappe aux instruments de mesure les plus sensibles. Leur longueur d’onde est de l’ordre de l’angström et elles peuvent faire le tour du globe en quelques fractions de seconde… »

Certaines de ces vibrations sont dues au complexe cosmo­-tellurique. La vibration tellurique dénommée vert négatif est une micro-vibration redoutable, la plus courte que l’on connaisse jusqu’à présent dans l’univers, la plus dure aussi, dotée de pouvoirs nécrosants et déshydratants. Elle est l’an­ti-énergie naturelle. Nous l’avons évoquée tout à l’heure à propos des maladies pourrissantes provoquées par l’utili­sation magique des fluides telluriques.

Il existe aussi des micro-vibrations qui ne sont ni d’ordre cosmo-tellurique ni d’origine humaine, mais qui sont dues à la forme de la matière.

« Les formes géométriques, écrit André de Bélizal, dans leurs trois dimensions, linéaire, plane et volume, sont in­fluencées par le courant magnétique terrestre. Elles le cap­tent par rapport au nord magnétique vrai. Sursaturées de l’énergie captée, elles rayonnent celle-ci à nouveau. Ce sont les ondes de formes. Elles se situent dans l’échelle du spec­tre qui englobe toutes les vibrations existant dans le cos­mos. Ce spectre se répartit en sept vibrations-couleurs visi­bles et cinq invisibles, avec chacune leurs ultras et leurs infras. »

C’est justement dans cet ordre infime d’intensité que vibre la cellule vivante. Aussi l’utilisation de ces sortes d’ondes en médecine peut-elle offrir d’infinis avantages, la santé n’étant pas autre chose qu’un bon équilibre micro-vibratoire du corps humain : « On a dit l’action très puissante des intensités magné­tiques infimes, poursuit André de Bélizal, de la radio­activité artificielle, ainsi que des différentes nocivités vibrant sur les mêmes fréquences que les cellules et ayant sur elles une action déséquilibrante certaine pouvant être à la base de certains cancers.

Les ondes de forme, étant du même ordre, permettent de lutter sur le même terrain et par une autre modulation, mais en sens inverse, d’aider la nature propre à chaque cellule à rentrer dans l’ordre en revenant à leur état initial. »

Ces ondes de forme sont aujourd’hui désignées du terme plus précis d’« émissions dues aux formes ».

Avec les émissions dues aux formes, nous entrons dans un domaine immense, d’une importance considérable. Sans doute faut-il y voir l’une des principales sources des énergies indécelables que la magie utilise pour mener à bien ses opérations. Elles fourniraient donc à son propos les expli­cations exigées par notre temps.

La présence des diverses formes rencontrées dans le cabi­net de Roger de Lafforest s’en trouve ainsi justifiée.

Roger de Lafforest me montre ses instruments de travail. En premier lieu, les pendules, outil de base de ses recher­ches ; l’un, simple polygone d’agate à angles vifs, pointu en son extrémité, mais aussi d’autres, fort savants. J’ignorais jusqu’alors qu’il pût en exister des modèles aussi élaborés, véritables outils scientifiques. En voici trois, les trois principaux.

Le pendule universel fut mis au point en 1936 par Léon Chaumery et André de Bélizal. Sa création a marqué une date importante dans le fait radiesthésique. Peut-être un jour transformera-t-elle cet art en une véritable technique. C’est une sphère rigoureusement équilibrée, 60 mm de dia­mètre, 125 g de poids, deux méridiens, l’un électrique, l’autre magnétique, et un équateur sensibilisé aux vibrations électromagnétiques. Ce pendule peut être aussi un émetteur vibratoire grâce à une pile de quatre éléments incorporés, imprégner un témoin ou l’annuler selon son sens giratoire. Notre hôte utilise un tel pendule pour détecter les ondes nocives naturelles ou artificielles.

Le pendule à cône fictif est un détecteur des plus précieux en biométrie. Il est possible de l’accorder avec l’onde personnelle de chacun, c’est-à-dire l’imprégnation astrale qui suit chaque être de la naissance à la mort. On l’utilise spécialement pour la détection du cancer.

Enfin le pendule égyptien, qui est la reproduction très exacte d’un pendule de grès découvert dans un sarcophage de la Vallée des Rois et dont les propriétés sont stupéfiantes. En l’associant à la pyramide, on a pu réussir des expériences de télécommunication à longue distance.

Ceci n’empêche pas Roger de Lafforest d’écrire que « le siège de tous les phénomènes radiesthésiques, le lieu privilégié des communications secrètes entre l’intérieur et l’extérieur, c’est la peau, que la main nue est le plus sensible des pendules, qu’il est même possible de penduler sans pen­dule, simplement en laissant pendre sa main morte au bout d’un bras parfaitement décontracté… Preuve que l’ouvrier est plus important que l’outil… ! ».

Roger de Lafforest me montre ensuite une planche mys­térieuse, le micromètre, qui permet de tester l’état physique, comme la valeur morale d’un individu. Il me propose de voir un peu où j’en suis. Ma forme physique se révèle lamentable. Je vis sur mes réserves. Ce qui ne m’étonne point. « Vous êtes imprégnée de radiations nocives », me dit-il, en promenant au-dessus de ma paume le pendule universel. « Vous devez habiter une maison malsaine. C’est banal. J’ai les moyens de vous en débarrasser avec la bombe cosmo-tellurique de Bélizal. Vous serez très fatiguée pendant quarante-huit heures. Ensuite, vous pourrez aller voir votre médecin. Alors seulement ses remèdes pourront être efficaces. Le vert négatif qui vous imprègne empêche toute action des médicaments. »

Je remarque dans ce cabinet d’étude un certain nombre d’objets insolites, de formes plutôt, volumes et planes, tota­lement inconnues de moi, dont je m’enquiers. Au mur une sorte d’affiche, tableau abstrait, à mi-chemin entre Mondrian et Vasarely, belle en tout cas, et qui, m’est-il dit, irradie de l’énergie, défatigue.

Un peu partout des graphiques sont posés, dessins géo­métriques, dodécagone et losange, le plus souvent schéma corporel, portant, l’un, deux photos, l’autre, une photo et un médicament, d’autres, une photo et un petit carton sur lequel un mot, un signe sont inscrits : des schémas radioni­ques, m’indique-t-on. À ne pas confondre avec les dessins télé-influents que voilà, qui, eux, s’apparentent au talisman. Ils ne relèvent pas des mêmes techniques, mais tendent au même but, qui est d’aider. Néanmoins, ils fonctionnent tous deux selon les principes magiques, la magie étant une action à distance à exercer sur les êtres, sans utiliser aucun agent physique connu.

Les schémas radioniques permettent surtout de soigner à distance, tandis que les dessins télé-influents, eux, exigent l’intervention d’un médium. Ils fixent la force magique par procédé simple, et servent à ce qu’on leur demande, avec un éclectisme remarquable : éviter la grippe, réussir aux examens, faire affluer la clientèle dans un magasin, comme d’ailleurs les schémas radioniques.

Sur le dessus d’un meuble, soigneusement orienté vers le nord au moyen d’une boussole, un parallélépipède de bois d’une vingtaine de centimètres de long, sept ou huit de large, autant de haut, et surmonté en sa partie supérieure de mini-rectangles encadrés par deux triangles. Le jouxte un brûleur d’encens dont les vapeurs parfument intensé­ment la pièce.

« Il faut bien que je me protège, m’explique mon hôte. Je manipule des forces dangereuses. L’encens d’église est un très vieux remède. Il purifie les lieux des mauvais fluides qui peuvent s’y trouver. On en fait encore en Orient un usage courant.

La forme que vous voyez là est un rééquilibreur. Mon bureau est situé sur une zone géopathogène. Les ondes nocives qu’elle draine attaquent le grand sympathique et mettent l’organisme en état de déséquilibre micro-vibratoire, porte ouverte à tous nos maux. Par le jeu des émissions dues aux formes, cet objet rétablit l’équilibre micro-vibra­toire sur un rayon de 16 mètres, d’où son nom : rééquili­breur. Je suis donc à l’abri des dangers du sous-sol.

Quant aux volumes géométriques qui le surmontent, ils reproduisent ceux d’une bague en bois que je porte souvent et qui représente la protection absolue, la bague atlante. L’original, un anneau de grès, m’a été donné par André de Bélizal, qui le tenait lui-même d’Howard Carter, l’Anglais qui découvrit avec lord Carnavon le tombeau de Tout Ankh Amon. Il fut le seul à échapper à la malédiction effroyable qui s’abattit sur tous ceux – 18 – qui d’une façon ou d’une autre participèrent au viol de la sépulture. Il attribua cette survie providentielle à cet anneau de grès qu’il avait trouvé au début de sa carrière d’égyptologue dans un tom­beau de la Vallée des Rois, celui du prêtre Jua et de sa femme, dont les corps momifiés restaient dans un état de conservation parfaite. Il est de fait que son efficacité est prodigieuse dans trois domaines : protection, guérison et intuition. »

Enfin, je remarque au-dessus de la table de travail un objet de laiton poli, brillant, d’une cinquantaine de centi­mètres, en forme de phi, lui aussi soigneusement orienté vers le nord magnétique, pointe vers le sud. J’apprends qu’il s’agit d’un générateur d’ondes bénéfiques, créé par Roger de Lafforest lui-même.

Comme il l’explique dans Les Maisons, le phi est le pre­mier élément de la formule du nombre d’or. Or, dans le répertoire des symboles, phi représente la vie divine, la vie parfaite, spirituelle, le régent de la forme. Rien d’étonnant, donc, que cette lettre, exprimant un symbole aussi fort, puisse émettre des ondes de forme puissantes et favorables à la santé et à la vie.

Roger de Lafforest me garde le meilleur pour la fin. Il tire de son portefeuille un pentacle gris pâle qu’il me demande de ne point prendre entre mes mains pour ne pas risquer d’en fausser le mécanisme très délicat par l’apport de mes vibrations personnelles. J’ai devant moi la dernière trouvaille des kabbalistes, prolongation très subtile des émissions dynamiques de forme, le pentacle de jeunesse.

Qui pourrait penser qu’il soit possible d’arrêter les effets de la sénescence par un simple graphique ? Pourtant je ne rêve pas. L’élixir de jouvence existe. Je le vois de mes yeux. Seulement, il n’est plus renfermé dans les flacons précieux et sophistiqués où je me plaisais à l’imaginer, il ne se boit plus. Il a pris l’apparence de ce talisman à peine teinté où la forme la plus parfaite existant dans le cosmos, la sphère, s’imbrique à la forme la plus signifiante de notre univers, le cube. La forme nouvelle qui en résulte est alors capable d’émettre l’onde qui réactive le principe d’immortalité que chacun porte en soi.

Il fonctionne comme tout pentacle, à condition d’être personnalisé au départ, et suffisamment imprégné par une manipulation quotidienne des vibrations de la personne pour laquelle il a été fait, si l’on veut qu’il reste opératif.

Donc, à bien regarder autour de moi dans ce cabinet d’étude, ce qui apparaît comme la clé de ce savoir — nouveau ou retrouvé —, c’est la forme. D’une part, les protec­tions, les générateurs d’ondes bienfaisantes, de l’autre les vecteurs d’influence. Tout ce que l’on tente ici de conjurer ou d’obtenir, malheur ou bonheur, maladie, santé, ou jeu­nesse, passe par la forme. Ainsi, nous avions oublié cette connaissance. Les Égyptiens, qui la détenaient, savaient cap­ter et transmettre l’énergie universelle par l’intermédiaire de la forme géométrique. C’était là leur magie. Elle ressem­blait étrangement à une science.

Nous avons vu que les recherches de Roger de Lafforest recouvraient deux importants domaines sorciers, tellurisme et action à distance. C’est à eux, tout particulièrement, que la physique micro-vibratoire et les émissions dues aux for­mes viennent fournir les explications désirées.

Tellurisme et micro-vibrations

Le tellurisme nous reporte aux énergies de la terre que le chaman dit capter, énergies doubles, guérisseuses ou ma­léficiantes. Elles ont laissé leur trace dans le folklore ou la toponymie, ayant suscité, en fonction de leurs circuits, toute une géographie du bonheur et du malheur. Sans doute, par solidarité ou par reconnaissance, les hommes ont-ils voulu, pour le bien de leur descendance, faire connaître par le biais du nom les terres favorables à la vie. Par prudence aussi, ils conservèrent le souvenir des endroits malsains, voire maudits. Qui ne connaît la Mare au Diable, le Val d’Enfer, ou, au contraire, le Manoir de l’Ange ? Quant aux sorciers, ils avaient une connaissance empirique des lieux et de ces courants mauvais et bienfaisants, qu’ils utilisaient pour aider ou pour nuire, ou acheminer l’influence.

Notre auteur a repris ces données traditionnelles complè­tement tombées en désuétude et les a formulées en langage de notre temps. Les énergies de la terre existent et peuvent être redoutables, affirme-t-il. Il s’agit de micro-énergies, ces micro-vibrations que nous avons évoquées. Les scientifiques ont accepté ces données et les ont intégrées à leur système. Des instituts de géobiologie se sont créés, en Allemagne, en Suisse et à Strasbourg. Mais ils ne reconnaissent que les conséquences physiques du phénomène : les nocivités du sous-sol ne peuvent concerner que le corps. Roger de Laffo­rest leur oppose qu’elles imprègnent l’homme tout entier, âme et corps, et pèsent sur son destin : maladie, malheur et malchance vont de pair, et la fatalité utilise plus qu’à son tour les énergies de la terre pour exercer ses ravages.

Le fait divers informe qui sait le lire : il existe, nous dit-il, des lieux maudits au sens littéral du terme, où la malédiction la plus terrifiante s’abat sur ceux qui n’ont commis d’autre crime que de se trouver là : le prieuré de Franchard, dans la forêt de Fontainebleau, où, six siècles durant, les ermites sont morts assassinés, la cure d’Uruffe, dont trois curés successifs périrent dans des circonstances, pour l’une insolite, pour les deux autres abominables. Si le lecteur se souvient peut-être encore de l’horrible drame qui s’y déroula voici vingt ans, sans doute ignore-t-il que le prédécesseur de l’abbé Desnoyers s’était tué en descendant les marches de l’autel après avoir dit sa messe, fait sans précédent jusqu’alors dans les annales ecclésiastiques, et que son successeur, en pèlerinage aux Lieux saints, y fut assassiné par des bandits.

Existent aussi les lieux où l’on tue, maisons du meurtre, mises en vedette par les chroniques judiciaires de nos journaux — le 3, square La Bruyère à Paris, une certaine auberge de la nationale 6 près de Sens — mais encore les lieux où l’on se tue : les points noirs de la route.

En général, les lieux maudits sont des lieux magiquement interdits. Ils ont été rendus inviolables à autrui sous peine de sanction grâce aux techniques classiques d’interdiction par onde de pensée, dont la puissance redoutable reste en­core mystérieuse. Tant pis pour l’innocent qui vient en­freindre les prescriptions de l’invisible, il mourra. Quant aux points noirs de la route, ces lieux producteurs d’acci­dents mortels, ils peuvent être parfois l’endroit oublié, inconnu d’un tabou invérifiable, mais le plus souvent il s’agit d’un effet focalisant d’émission de forme. « Ce sont presque toujours des lieux privilégiés où des champs gra­vifiques peuvent exprimer leur force d’attraction par l’in­termédiaire d’une forme focalisante », explique Roger de Lafforest. Ce n’est donc pas le tellurisme qui entre ici en jeu.

Pourtant, les principaux responsables du malheur des gens sont les lieux où ils vivent, sur lesquels sont implantées les maisons ; d’où le titre éloquent donné par notre auteur à son ouvrage. Vous avez les maisons où l’on meurt de can­cer, de sclérose en plaques, de maladies vasculaires. Celles où l’on se porte mal, dont les habitants, dépressifs, insomniaques, épuisés se survivent, sans qu’aucune médication puisse les soulager. Les maisons du malheur, où des drames divers dispersent les familles : divorce, mauvaises affaires, échecs, accidents, dont la malédiction, ignorant l’espace et le temps, poursuit ses victimes, quand même n’y séjournent-elles plus, et les frappe où qu’elles se trouvent, fût-ce à l’autre extrémité de la terre.

La mémoire des murs, illustrant ce qui vient d’être dit sur les phénomènes micro-vibratoires et leur impact sur la matière, peut fournir parfois une explication suffisante : les micro-vibrations émises par l’organisme humain imprè­gnent les murs entre lesquels on vit. Ils les répercutent à leur tour sur ceux qui se trouvent là, renforçant ou pertur­bant les champs vibratoires respectifs. Dans le cas d’un cancéreux, les murs se sont remplis d’ondes nocives, qu’ils réfractent sur les successeurs. Même chose pour des pièces où les passions se déchaînèrent, où des ménages se haïrent toute leur vie, où fut commis un crime de sang.

Mais, le plus souvent, le grand fauteur de désordre, c’est le tellurisme. La terre, l’implantation de la maison se trou­vent être les grandes coupables de nos maux. Le sous-sol renferme quantité de nocivités, nous apprend la géopatho­logie. Elles ne peuvent nous nuire tant qu’elles y restent enfouies. Mais qu’au hasard de ce que l’on appelle une « rupture de forces compensées », elles soient apportées à la surface, notre équilibre physique et psychique peut s’en trouver compromis, ces ondes nocives provoquant une per­turbation de l’ambiance vibratoire susceptible de troubler dangereusement le fonctionnement des principaux centres nerveux du corps humain.

« Les vibrations cosmo-telluriques naturelles, écrit André de Bélizal [2], donnent à toute vie sur terre son équilibre et lui permettent de se développer normalement. En effet, pour que la cellule vivante, qu’elle soit humaine, animale ou végétale, puisse croître, grandir, vieillir, et enfin mourir, mais mourir de vieillesse et d’usure et non de maladie, elle doit obligatoirement, pendant toute la durée de son exis­tence, vibrer dans l’équilibre de deux forces : la force tel­lurique qui fuse du centre de la terre et tend à s’échapper dans la stratosphère, et la force cosmique, qui vient du cosmos, de notre galaxie, du système solaire, et qui constam­ment doit bombarder la force tellurique pour la neutraliser.

Tant que la cellule vivante se trouve dans l’équilibre de ces deux forces, à moins d’autres causes secondaires acci­dentelles, elle est à l’abri de tous les maux qui font échec à la vie, mais si pour une raison quelconque une de ces deux forces vient à faire défaut — et c’est toujours la force cosmique — c’est très rapidement le déséquilibre engendrant la maladie sous ses formes les plus diverses. L’état de ma­ladie proviendrait donc d’un déséquilibre vibratoire engen­dré par la rupture des forces compensées. »

Ainsi, le tellurisme d’hier, celui dont le chaman tirait sa force magique, est bel et bien une réalité qu’on ne peut plus ignorer et dont la science a investi le domaine, habi­litant ainsi les vieilles croyances liées aux énergies de la terre, celles dont le sorcier avait la connaissance. Nous avons eu grand tort de les méconnaître comme de les oublier.

Une magie propre

Nous retrouvons à nouveau physique micro-vibratoire et émissions dues aux formes au centre des nouvelles techni­ques d’action à distance, ce que Roger de Lafforest appelle une magie propre, la radionique. « Par nature, la radionique est une arme offensive, écrit-il. Elle permet d’exercer à distance, en bien comme en mal, une influence informante et déterminante sur un sujet dont on possède un témoin. »

Il l’envisage surtout au niveau de l’action thérapeutique. « La radionique, par sa seule efficacité, est capable d’ex­traordinaires guérisons. » Ainsi, curieusement, notre sorcier pourrait retrouver dans la cité son antique fonction d’homme-médecine, à l’ombre du médecin toutefois.

La donnée vibratoire y est essentielle.

« Chaque être vivant possède un champ vibratoire, expli­que-t-il, avec une longueur d’onde mesurable qui lui est spécifique et qui est l’expression de ce champ vibratoire. Il peut être troublé de l’intérieur, par la maladie, l’angoisse, la colère, soit de l’extérieur, par des gens malintentionnés, ou des agressions d’origines diverses, comme un mauvais environnement. Quand ce champ vibratoire est troublé, on n’est ni en bonne santé, ni au mieux de sa forme, ni non plus heureux. C’est bien normal, puisque tout vibre, qu’au­tour de chaque cellule vivante un petit champ électro­magnétique se crée, et que la vibration se produit. Cette vibration, nous la portons partout avec nous, ce qui explique pourquoi nous nous sentons mal en compagnie de certaines personnes et bien avec d’autres. Nous sommes simplement en harmonie ou en disharmonie vibratoire.

Les couleurs visibles et invisibles sont des micro-vibra­tions. On compte sept vibrations-couleurs visibles et cinq invisibles, qui toutes ont leur longueur d’onde. Les plus courtes sont les plus dangereuses. Le bleu et le cancer ont la même. Les odeurs sont des vibrations qui portent les particules odoriférantes jusqu’aux papilles.

Les sons aussi. Chaque être a son mantra personnel, c’est-à-dire un son qui correspond à ce qu’il est. Répété par plusieurs, il a divers pouvoirs : vous guérir de vos maux ou vous mettre en état de méditation.

Tout le cosmos vibre, et, selon l’importance du corps qui vibre, sur certaines harmoniques.  » L’homme est plus en sécurité sur une note juste que sur un navire de haut bord « , écrivait Giraudoux. Aussi loin qu’on aille dans l’infiniment petit, on rencontre toujours une vibration. C’est une vérité essentielle. Dès l’instant qu’on utilise les micro-vibrations, on fait œuvre magique. En jouant sur ce piano magique qu’est la micro-vibration, on fait ce qu’on veut ; ça part dans toutes les directions, ça porte tout. C’est ça la magie, et pas autre chose. »

C’est donc le matériel qui fut utilisé par le sorcier d’hier pour jeter ses sorts en tous genres qui, aujourd’hui, repris et inventorié par la physique micro-vibratoire, sert de base à la radionique — radionics, en pays anglo-saxons. Elle recouvre exactement le même domaine que l’ancienne pra­tique : une influence à exercer à distance sur quelqu’un.

Ainsi, l’irrationnel rejoint les terres rassurantes de la rationalité.

Désormais, le bric-à-brac d’hier est jeté aux orties. Plus de rituel, de tables d’autel, de rameau de verveine ni de brûle-parfums pour les envoûtements d’amour, plus de pou­pées de cire pour les voies de haine. Mais les graphiques dont nous avons parlé plus haut, les pendules, et toujours des photos. Pour éviter les chocs en retour, toujours de saison, encore des graphiques, que l’on désigne du nom élo­quent de bouclier protecteur. La radionique, comme l’art du jeteur de sorts, reste une pratique dangereuse, à commen­cer pour celui qui l’exerce. Il peut donc toujours y avoir retour à l’envoyeur, qu’il ne recevra pas s’il sait se protéger.

Les mentalités ont changé. La sanction pour faute techni­que remplace la justice immanente. L’efficacité prime la morale. « Ce ne sont plus les intentions qui comptent mais l’efficacité des connexions. » Plus n’est besoin non plus pour le sorcier d’un influx psychique et d’une volonté hors du commun. La magie s’est en quelque sorte désoccultée…

« L’influence à distance sans contact perceptible, sans action de forces physiques ou d’énergies mesurables, est inacceptable pour la raison, écrit Roger de Lafforest dans La Réalité magique. Pour expliquer et justifier cette absur­dité magique, il suffit d’avoir assez d’imagination pour se représenter le monde tel qu’il est réellement : un enche­vêtrement indescriptible de micro-vibrations, d’ondes et de rayonnements de toutes sortes émis et reçus non seulement par tout ce qui vit, mais aussi par tout ce qui ne vit pas.

Si l’on veut bien considérer que chaque être vivant pos­sède son propre champ vibratoire et qu’il émet un message personnel se propageant dans toutes les directions à l’infini, on comprendra que ces espèces d’ondes hertziennes attei­gnent tout le monde et n’importe qui.

Il est donc possible, grâce à la mise en place correcte d’un champ d’expansion radionique, de transporter à dis­tance, vers une personne choisie qui les ressent, les effets d’une drogue, d’un médicament, d’un produit quelconque, voire d’un symbole ou d’une simple injonction écrite. »

Pour asseoir cette technique, trois postulats (ne pas ou­blier que la géométrie euclidienne elle-même est fondée sur un postulat indémontrable). Ils sont indispensables pour fonder scientifiquement les résultats obtenus par des expé­riences sauvages, et cependant répétées à des milliers d’exemplaires.

Premier postulat : la loi de résonance. Il s’agit de justifier l’emploi d’un élément témoin : « Les effets d’une action subie par une parcelle séparée d’un corps sont ressentis par ce corps tout entier, quelle que soit la distance entre les deux parties séparées. Ce qui nous renvoie à la loi des sem­blables de la vieille magie, similia similibus, la partie vaut pour le tout. »

Deuxième postulat : la loi de transfert, ainsi appelée par analogie avec certaines règles de la théorie des machines : « Certaines figures symboliques sont capables de conduire, de porter, de propulser des ondes abstraites qu’on leur confie et peuvent servir d’antennes directionnelles pour atteindre le but visé. »

Troisième postulat : « Les résultats obtenus sont propor­tionnels autant à la puissance de l’émetteur qu’à la récepti­vité du receveur. »

C’est dire que, sur ces trois postulats, deux nous repor­tent à la magie des origines dont ils prouvent le bien-fondé : ce qui a été dit au début des temps demeure vrai.

Maintenant en règle avec la science, il ne nous reste plus qu’à procéder à la mise en place d’un champ d’expansion radionique. Il se compose à son tour de trois éléments : un élément témoin représentant le sujet à traiter : ongle, poil, goutte de sang, ou, mieux, une photo récente. Un élé­ment témoin représentant le remède à administrer, l’ordre ou l’influence à acheminer. Enfin, un vecteur, le schéma ra­dionique, qui est toujours une forme géométrique, pour transporter les forces invisibles ainsi mises en batterie jus­qu’au but visé.

Il suffit donc de mettre en présence dans une forme géométrique appropriée deux éléments témoins, l’un de la personne à toucher, l’autre de l’influence à exercer, et une action déterminée peut s’exercer sur une personne donnée, à distance et à son insu, ce qui est le propre de toute action magique.

De la même façon, la radionique ne concerne pas seu­lement le corps. Elle s’étend également au psychisme.

On peut conditionner à distance un comportement par des injonctions véhiculées par un vecteur, et qui, portées par ces champs vibratoires immatériels, parviennent à leur destinataire : « Non seulement il est possible, grâce à la mise en place correcte d’un champ d’expansion radionique, de transporter à distance vers une personne choisie qui les ressent les effets d’un médicament, mais, de la même façon, une pen­sée, une suggestion, formulée par un symbole ou par un mot… C’est justement là le secret de la magie, savoir conduire à destination choisie, en utilisant un véhicule ondulatoire naturel, l’onde neuropsychique capable de pro­voquer le phénomène ou l’événement voulu par le sorcier. »

Ainsi, de par les cheminements mystérieux de cette technique miracle, les dépressifs reprennent goût à la vie, les candidats, portés au mieux de leur forme, passent sans problème examens et concours, revient le mari en crise ou en fugue, s’éloigne par une série imprévue de circonstances la dangereuse maîtresse, votent sans hésiter les électeurs qui soudain voient dans ce député le seul candidat possi­ble, …des inconnus de quelconque talent se retrouvent idole à l’Olympia ou romancier en vogue, tel directeur de chaîne, intimement persuadé de l’inestimable intérêt du projet qu’on lui présente, le programme pour une année entière sur le petit écran… Affirmations qu’il convient bien sûr de nuan­cer, notre auteur procède dans son ouvrage à la mise au point nécessaire.

Bref, toutes les opérations dont se vantait le sorcier d’hier, philtres d’amour, retours d’affection, guérisons, en­voûtements, sorts en tous genres et autres recettes campagnardes, peuvent être réalisés, mais en laboratoire, selon des protocoles scientifiques, en expériences répétables.

Ainsi, rien n’a tellement changé, la photo remplace la poupée de cire, le schéma radionique la puissance de la vo­lonté, de l’influx psychique et de la visualisation du sorcier. Les résultats, autrefois tributaires de ces derniers facteurs, libérés de la dépendance d’antan, s’en retrouvent d’autant plus sûrs. Des constantes, les protections, toujours indis­pensables ! Il suffit donc, pour atteindre la cible visée, de moduler sur la fréquence convenable — possibilité fournie par l’élément témoin selon la loi de résonance — et de disposer d’une antenne directionnelle correcte, c’est-à-dire du schéma radionique adapté. Avec cet avantage sur la sor­cellerie d’hier que, outre la certitude du résultat recherché, la radionique est une magie propre, conclut Roger de Laffo­rest : « Au lieu de manier du venin de crapaud, ou de fa­briquer de petites statuettes et de les percer d’aiguilles, de prononcer des abracadabras ridicules, on trace des formes géométriques et on effectue des dosages précis. C’est net, simple. La magie ancienne, au contraire, est beaucoup plus compliquée. Surtout, il y a cette fausse apparence, les sor­ciers invoquent le Diable, or le Diable n’a rien à y voir. »

En conclusion, moralité ?

Si, au plan scientifique, et pour démontrer la réalité d’une action magique, longtemps niée, la radionique offre un ex­traordinaire intérêt, elle ne laisse cependant pas d’inquiéter quelque peu.

Comme la magie, la claire radionique qui se veut tout entière appliquée à soulager l’humanité besogneuse et souf­frante, à l’aider dans sa quête du bonheur quotidien, peut de même façon virer au noir. De tout temps, il est vrai, la spécificité de la technique sorcière fut de pouvoir s’uti­liser en bien comme en mal.

Je veux bien que les « bons » puissent aider leurs sem­blables à mieux vivre, et, parfois, à vivre, quand ils recourent à cette technique thérapeutique qui sait si astu­cieusement tourner les inconvénients du remède chimique, de moins en moins toléré par nos contemporains, secourant tous ces hommes « fatigués et chargés », mais les « mé­chants » ?

Les pessimistes opposeront que la radionique est le moyen élégant, efficace et discret d’envoyer la mort. Ni vu ni connu. Il suffit d’une photo, d’un matériel simple, à la portée de toutes les bourses, bristol, encre de Chine, et d’un bon mode d’emploi. Ces trois conditions facilement rem­plies, selon l’humeur ou le besoin, n’importe qui peut vous envoyer n’importe quoi.

Le sorcier d’aujourd’hui reste donc aussi dangereux que celui d’hier. Serait-il lui-même au-dessus de tout soupçon, le danger peut venir de ses aides, d’élèves, légers, insuffi­sants, malintentionnés, qui trompent sa confiance. Et ce sont les échecs, les ennuis, les peines inexpliquées, les ra­tages, ou… le drame. Dans un tel domaine, il ne faudrait que des maîtres et des sages, libérés des intérêts et des passions du monde, et des disciples irréprochables.

Pour couper court à toute objection comme à toute équi­voque, l’attaque ayant toujours constitué un des éléments majeurs de la défense, Roger de Lafforest introduit La Réa­lité magique par un exposé de principes : « On risque de me reprocher de dévoiler par cet ouvrage de dangereux secrets, or je me borne à en exposer les théories. Il est impossible à quiconque de les mettre en pratique à partir de telles données. La radionique est un art tout autant qu’une technique. Il ne suffit pas du seul mode d’emploi. N’est pas radionicien qui veut. La moralité de la radionique, c’est le coup de pouce du chef ».

Et d’expliquer plaisamment dans le court chapitre inti­tulé de la sorte : « Le sorcier est un chef méticuleux et rigoureux. Pour que le plat soit savoureux, pour que l’œuvre magique soit réussie, il faut que les règles et les proportions soient exactement respectées. Le degré dans la réussite dé­pend ensuite du talent du chef. »

Et de confirmer son dire par une histoire assez désopi­lante d’incontinence d’urine, provoquée par moyens magi­ques, qui put être menée à bien non par ceux qui en connaissaient la recette, mais par celui qui savait l’appli­quer, qui avait non seulement le savoir, mais aussi le savoir-faire.

Et plus loin sur un ton tout autre : « Il y aura toujours le point d’efficace du secret… Un feu vert invisible s’allume, allumé par qui, comment, pourquoi ? permettant de passer. Là commence le vrai mystère : à l’instant où le don, la formule, le rite, la recette reçoivent la permission de devenir opérants. »

Donc, conclut-il, « la radionique est une technique où la personnalité du technicien conditionne le fonctionnement de l’outil… il est absolument indispensable que soit mis en œuvre quelque chose de plus que la recette, la formule, la technique. Ce  » supplément  » échappe à toute analyse, à toute définition. »

Pour ma part, je me demande si avant tout la radionique n’est pas un art dangereux, d’abord pour ceux qui le pra­tiquent, de la même façon que les radiologues finissent toujours à plus ou moins long terme par être irradiés. Marie Curie est morte ainsi. Le physicien Léon Chaumery, colla­borateur d’André de Bélizal, a été complètement déshydraté par le vert négatif, et les travaux n’ont été repris qu’une fois seulement après qu’eut été découverte la vibration pro­tectrice, en l’occurrence le vert positif, qui neutralise toute radioactivité emmagasinée dans l’organisme.

On ne sait pas jusqu’à quel point les boucliers protecteurs suffisent à prémunir le soignant de tout ce qui circule, ces mauvais fluides, malheur, maladie, malchance, ennuis, fa­tigue, misère, dont on l’implore et on le charge de vous débarrasser. Dont on ne sait au fond que bien peu de cho­ses. Où va le mal, qui vient d’où, de qui, de Dieu, du Diable, ou de personne, et pour quelles fins ? Dans quelles ténèbres extérieures se trouve-t-il rejeté ? À moins qu’il ne soit remis en circulation un peu plus loin ? Qui à ce mo­ment-là en reçoit les retombées ? Le radionicien peut-être ?

C’est dire, donc, si le jeu comporte des dangers, malgré ses séductions innombrables, ce qui fut de tout temps le propre de la magie. Aussi y faut-il des maîtres. Incontesta­blement Roger de Lafforest en est un. Cette maîtrise lui a valu dans le domaine où il exerce ses recherches une place reconnue de tous. Aussi m’a-t-il semblé important de lui consacrer ces pages.

*****

La vieille magie

ANNE DENIEUL. — Vous parlez dans vos écrits de recettes millénaires encore valables. Peut-on expliquer comment ça marche encore, la lune montante, le sel marin, ou les trois bougies pour amener la chance dans une maison ?

ROGER DE LAFFOREST. — La Lune, c’est très scientifique. Les agriculteurs connaissent bien l’influence de cet astre sur la croissance des animaux ou des récoltes. Elle en exerce aussi une sur les marées, les cycles fémi­nins, que sais-je encore ? L’assassin de la pleine lune, ça existe. La Lune, ce n’est pas un phénomène astro­logique, il ne s’agit pas d’une planète située à des mil­liards de kilomètres de nous, non, la Lune est notre voisine. C’est une masse qui tourne autour de nous, assez proche et assez importante pour exercer une in­fluence sur ce qui se passe ici-bas. Il est certain qu’on a trouvé des théories scientifiques fort savantes pour expliquer cette influence. D’après André de Bélizal, cet astre exerce une influence magnétique qui se perçoit surtout après le coucher du soleil. Celle-ci est à son maximum entre son lever et son coucher, mais varie tout au long de son cycle selon les différentes phases. Ainsi, dès la nouvelle lune et progressivement jusqu’à deux jours après la pleine lune, l’influence magnétique est favorable, elle l’est au maximum pendant.

A. D. — D’où votre conseil que, pour le succès d’une entreprise, quelle qu’elle soit, il faille toujours prendre soin de la commencer en période de lune montante ?

R. DE L. — Il ne faut pas négliger cet aspect des choses. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que toute affaire entreprise en lune montante réussira, mais du moins aura-t-on mis toutes les chances de son côté. Par contre, dès le troisième jour après la pleine lune, l’influence se renverse et devient nettement défavorable. Les Chinois tenaient compte en acupuncture de cette particu­larité pour manier les méridiens, la Lune ayant une forte influence sur le yin. Quant aux trois bougies, il s’agit de traditions millénaires. Ces choses se sont passées de telle et telle manière, et lorsqu’on recom­mence l’opération aujourd’hui, elle provoque les résul­tats que l’on attend, toujours les mêmes depuis des siècles. Pourquoi fut-elle exécutée pour la première fois dans les formes qui sont les siennes ? Je ne saurais vous le dire. Il faudrait entreprendre une recherche très ap­profondie. Moi, je me borne à constater. La recette des trois bougies, c’est très différent du problème de la Lune. Nous sommes dans un autre domaine, celui de la magie puérile et honnête où l’on exploite des tra­ditions.

A. D. — Et le sel marin?

R. DE L. — Je crois que la force symbolique du sel est considérable. Le sel empêche la corruption, il garde aux aliments leur goût. Également, il est d’une néces­sité absolue pour l’être vivant d’absorber du sel. L’homme, pas plus que l’animal, ne peut s’en passer. On place dans les champs des pierres de sel que le bétail vient lécher. Le sel est donc sur le plan de l’ana­logie et du symbole un élément important qu’il faut savoir manier.

A. D. — Que pensez-vous des superstitions?

R. DE L. — Au premier coup d’œil, la superstition, c’est absurde. Mais il ne faut jamais perdre de vue cette vérité : toutes les superstitions sont les traces de grands secrets perdus. Ce qui se fait aujourd’hui par superstition se faisait autrefois pour des raisons bien précises que l’on a oubliées. Je vous cite un exemple : passer sous une échelle porte malheur. L’explication en est fort simple. Elle nous renvoie à la réfraction des angles. L’échelle double, frappée d’interdit, forme un angle, bénéfique ou maléfique selon son degré d’ouver­ture. S’il s’agit d’un angle droit, il se produit par la branche horizontale une émission de vert négatif, dont je vous ai déjà dit la nocivité. Mais les gens ne savent jamais si l’ouverture de l’angle de l’échelle est bonne ou mauvaise ; ils ont donc peu à peu pris la précaution de ne plus passer dessous. Autrefois, il devait être re­commandé de ne pas passer sous les angles de tel ou tel degré, toujours nocifs. À la longue, pour plus de sûreté, on n’y est plus passé du tout. Enfin, l’analogie a dû jouer son rôle. Passer sous une échelle rappelait le passage des vaincus sous les fourches caudines, acte de soumission et de servitude. On s’abstenait donc de le faire. Les superstitions ont toujours une origine de ce genre.

A. D. — Les miroirs brisés ?

R. DE L. — C’est une de celles qu’à mon avis il faut respecter le plus. Le miroir reflète l’entourage, reflète les événements de la vie, et, comme le disait Cocteau, les miroirs feraient bien de réfléchir avant de renvoyer les images. C’est très vrai et cela va très loin, parce que ce qu’ils renvoient est une réalité digérée. Placez deux miroirs en face l’un de l’autre, vous avez la représentation la plus convaincante que l’on puisse trouver de l’infini. Si vous cassez un miroir, vous cas­sez la représentation du monde qui vous est donnée ; il se peut donc que ce geste casse votre santé, votre bon­heur et les relations que vous entretenez avec le monde. Je crois donc absolument indispensable de réparer cette erreur en assombrissant avec de la peinture ou du noir de fumée les morceaux brisés de ce miroir, et en les jetant dans l’eau courante pour qu’ils n’aient plus la possibilité de réfléchir votre vie, votre entourage, votre visage. Il importe que celui qui a brisé répare. C’est une superstition importante.

A. D. — Et le fer à cheval qui, paraît-il, porte bonheur ?

R. DE L. — Tout dépend de son degré d’ouverture. Il existe une expérience, classique maintenant et réalisée régulièrement en laboratoire. Savez-vous comment on peut faire marcher un transistor ? En mettant plu­sieurs fers à cheval en batterie… Il se produit entre les deux branches du fer un courant électrique mesu­rable, qui peut atteindre jusqu’à 0,5 volt, s’il est orienté vers le nord. Il est donc normal que ce champ de forces, ce courant soient interprétés comme bénéfiques à la personne que les reçoit. Mis au mur dans votre cham­bre, un phénomène identique se produit. Tous les su­perstitieux le savent. Pour que ça porte bonheur, vous devez trouver l’ouverture placée dans votre direction. Dans l’autre sens, c’est mauvais.

A. D. — Et la corde du pendu?

R. DE L. — Il s’est passé un événement dramatique, et la corde en a retenu quelque chose. C’est la mémoire de la corde, au lieu d’être celle des murs. Alors, comme il est arrivé un grand malheur, et qu’il y a eu expiation, on peut croire que cet accomplissement charge la corde d’une puissance bénéfique, puisque le destin est accom­pli, et la dette payée. Ce qui vient ensuite ne peut être que positif.

A. D. — Le mauvais œil ressortit-il à la superstition ou à la réalité ? La science a-t-elle trouvé une explica­tion satisfaisante de ce phénomène ? Quelle en serait l’origine ?

R. DE L. — C’est toujours très gros de dire « la science ». Il y a des sciences de pointe et aussi d’autres modes d’investigation. Pour revenir au mauvais œil, il y a des explications et des hypothèses ; certainement le fait que le champ vibratoire de X ne soit pas en harmonie avec celui de Y. Une disharmonie se crée, une sorte de cacophonie, d’impression désagréable pour la personne ainsi agressée. Elle le ressent de façon pé­nible, d’autant plus pénible qu’elle est plus sensible. D’autre part, toujours avec le mauvais œil, il existe des gens qui portent malheur, c’est certain. Mais nous en­trons là dans le domaine d’une superstition qui ne s’ex­plique, ni ne se justifie, mais se constate, et donc à force de se constater devient une évidence. Certains sont accusés de mauvais œil parce qu’on a remarqué que leur présence nuisait à la chance et au succès des personnes qu’ils côtoyaient et des affaires auxquelles ils étaient associés. Plus on le vérifie, plus on s’en per­suade. Et les réputations de s’établir. Mais scientifi­quement, comme vous dites, ce phénomène ne peut s’expliquer autrement que par des hypothèses audacieu­ses. C’est comme les accidents de chemin de fer. La mécanique, l’engrenage, dans lesquels se trouve imbri­quée notre vie quotidienne sont si compliqués, si sub­tils, et dépendent de si nombreux facteurs le plus souvent inconnus de nous, qu’il suffit d’un signe mal placé, d’une parole mal prononcée pour que tout soit faussé. C’est par là que l’on peut dire que nous sommes en plein mystère, un mystère qui a l’air tout simple, mais qui est vraiment le mystère.

A. D. — Peut-on expliquer scientifiquement comment un mauvais sort marche ?

R. DE L. — Il marche de deux manières. D’abord si la personne qui en pâtit est persuadée que le sortilège existe, qu’elle en est victime, bref qu’on l’envoûte. C’est ce qu’on appelle l’auto-envoûtement. Ça existe.

A. D. — Ça relève tout droit de la suggestion ?

R. DE L. — Oui. Maintenant il existe aussi des cas où quelqu’un de non prévenu, ou qui ne croit pas à l’exis­tence de réalités de cet ordre, dépérit ou subit des en­nuis considérables par le fait qu’on lui a jeté un sort. Ni vu ni connu donc : la victime attribuera ses mal­heurs à n’importe quoi, des coïncidences. Mais parfois l’observateur sait qu’un mauvais sort a été jeté sur une maison, une famille, un personnage, et constate les dégâts. Une force est mise en mouvement et voyage assez haut pour atteindre sa cible. La puissance du verbe est considérable, la puissance de la visualisation également. Quand vous visualisez quelque chose, ce quelque chose doit se réaliser, parce que vous créez.

A. D. — La puissance du verbe, la visualisation, l’ancienne magie les a utilisées. Mais les mécanismes du sort, la science d’aujourd’hui est-elle parvenue à les démonter ? Ainsi, le sort pourrait-il être une onde ?

R. DE L. — Ce n’est pas certain. On a parlé d’ondes abstraites, les psychons. Ou de champs immatériels. Ils existent aussi, concurremment aux champs matériels. Nous nous heurtons toujours à la question du vocabu­laire. Le champ vibratoire personnel entourant chacun de nous existe, c’est indéniable, mais comment le qua­lifier ? rayonnement, onde ? Certainement pas. Quand même vibrations. Or si elles dépassent une certaine longueur, elles ne sont plus que des vibrations imma­térielles. Est-ce faute d’instruments de mesure assez subtils pour les capter et les mesurer, ou le deviennent-elles réellement parce qu’elles ont franchi une certaine frontière et relèvent-elles alors de ce qu’on peut appeler le domaine spirituel ? C’est possible. Mais là nous errons. Nous sommes en découverte, les uns, avec les moyens de la science expérimentale, essayant de faire dans ce champ de recherche des expériences qui peu­vent être répétées, les autres, tentant par la voie intuitive de les dépasser. C’est la voie que j’ai choisie.

A. D. — Nous n’avons pas encore évoqué le domaine rassurant des protections. Pourriez-vous m’expliquer pourquoi la médaille de saint Benoît est utilisée à cette fin ?

R. DE L. — Il s’agit d’un pentacle religieux. Par vocation et par onction les moines prêtres de cet ordre ont reçu le don merveilleux de donner à un pentacle, à un objet visible matériel, une puissance de rayonnement qui en fait une protection à qui s’en sert. Comment voulez-vous en dire davantage dans un domaine qui est religieux ? Ce n’est pas possible, nous entrons dans le domaine de la foi. Il n’y a pas d’hypothèse scientifique sur un tel sujet. Au Moyen Âge cette médaille s’appelait « terreur de l’abîme ». Elle est un instrument de dé­fense puissant contre toutes les forces sataniques.

A. D. — Et le pouvoir des pointes ?

R. DE L. — Il relève de l’analogie, mais pas seulement. Il est connu en physique pour attirer l’électricité, par­venir à crever, à disperser des champs de forces. C’est un phénomène classique. Agissant sur des champs ma­tériels, il est donc logique qu’il agisse aussi sur des champs immatériels, comme sur certaines forces ana­logues, sinon semblables à l’électricité.

La magie est-elle une science ?

A. D. — Roger de Lafforest, la magie serait-elle donc une nouvelle science ?

R. DE L. — Je ne crois pas avoir dit que la magie était une nouvelle science. Je crois avoir dit très exac­tement que le domaine de la magie était maintenant recouvert et expliqué par certaines théories et certaines techniques de la science expérimentale la plus classique. Mais la magie n’est pas une science. Je ne le crois pas. Elle est à la fois un art et une technique, un art, dans la mesure où le magiste, le sorcier, agit personnellement d’une certaine façon, avec une habileté comparable à celle de l’artisan d’art — voire de l’artiste, du peintre, du poète — et aussi une technique dans la mesure où il faut appliquer certaines règles très précises qui sont justement du ressort de la science expérimentale. Il existe entre science et magie des différences fondamen­tales que j’ai exposées dans mon dernier ouvrage La Réalité magique. On ne fait pas de progrès en magie, on découvre pourquoi et comment ça marche. Ce n’est donc pas une science, ni nouvelle, ni ancienne.

A. D. — Une technique, plutôt ?

R. DE L. — La magie nouvelle est une technique. La magie ancienne en était à peine une. On utilisait sim­plement des traditions transmises, plus ou moins bien reçues, sujettes bien sûr aux humeurs et à la fantaisie de celui qui transmettait comme de celui qui recevait. D’où une marge d’erreurs considérable. Enfin, ce que j’appelle le « coup de pouce du chef », le savoir-faire, le tour de main, jouait un rôle encore plus important dans l’ancienne magie que dans la nouvelle.

A. D. — Pouvez-vous expliquer les sortilèges attribués aux sorciers ?

R. DE L. — C’est infiniment plus complexe. Ils s’expliquent par l’imprégnation que peuvent faire subir à une matière des ondes abstraites, psychiques, qui lui sont envoyées. Une rémanence se produit, qui est l’in­fluence que peuvent avoir les ondes abstraites de la pensée sur la matière. Ce qui fausse tout le problème, c’est que l’on croit à l’existence de deux mondes séparés, celui de la matière et celui de l’esprit. C’est absolument faux. Il existe une seule matière, un seul esprit, plus ou moins épais, ductile, plus ou moins fin. Il y a des interférences entre tout ça. Ça joue très facilement l’un avec l’autre. À partir du moment où l’on cesse de croire le cosmos divisé en deux parties entre des forces purement spirituelles, et d’autres purement physiques, tout devient facile. Nous sommes dans le règne de l’in­finiment petit. L’éternité, l’infini, ce n’est pas autre chose que de pousser jusqu’à l’absurde la division ou l’agrandissement de la matière. Nous, nous sommes pris à un certain endroit de ce sandwich entre le micro­cosme et le macrocosme, et nous nous en trouvons stu­péfiés. Or, si on va dans l’infiniment petit, on découvre Dieu et, si on va dans l’infiniment grand, on découvre Dieu aussi. Mais il n’existe pas de différence de nature entre une physique élémentaire que la science nous a appris à connaître, contrôler, dominer, et les forces di­tes spirituelles, invisibles, qui furent attribuées jusqu’à présent à l’Esprit. C’est exactement la même chose, c’est de même nature, mais ce n’est ni de même effet, ni de même densité.

A. D. — Avec l’infiniment petit, nous entrons dans le domaine de la physique micro-vibratoire qui, écrivez-vous, apporte dans ses constatations et son vocabulaire des explications valables pour tous les phénomènes ma­giques. Qu’entendez-vous par là ?

R. DE L. — La micro-vibration infiniment petite, non encore mesurable par des instruments de mesure tels que nous les concevons, seulement mesurable par la radiesthésie, rend compte de ces forces invisibles qu’on croyait être magiques, diaboliques. Je l’ai dit, écrit bien souvent, nous sommes dans un monde où tout vibre, y compris, on l’a découvert récemment, le noyau de l’atome. La vibration est la première condition de la vie. Tout, absolument tout, possède une vibration et un champ vibratoire personnels. Et pas seulement le corps humain, c’est l’animal, la feuille, la pierre, l’ob­jet. Vous connaissez le fameux effet Kirlian ? Il indique bien la micro-vibration qui se produit autour de chaque corps, ce halo qu’autrefois certains appelaient l’aura. Donc, tout vibre. C’est un jeu de tennis permanent, ces vibrations. Elles sont renvoyées, reflétées. Chacune peut être troublée ou renforcée par quelqu’une des innom­brables autres qui agitent l’univers. Aussi chaque geste qui se fait dans un monde fermé et vibrant comme le nôtre peut-il produire des catastrophes, un peu à la façon des avalanches qu’un simple éternuement peut déclencher.

A. D. — Le pendule est donc votre instrument de recherche. Que faut-il en penser ?

R. DE L. — C’est un moyen d’investigation, le pendule — tout instrument radiesthésique, d’ailleurs. Il procure des renseignements qu’on n’obtient pas autre­ment, révèle des correspondances qu’on ne voit pas à l’œil nu, qu’on n’entend pas à l’oreille nue, ou qui n’ont pas de résonance rationnelle. Il est donc très important d’en pouvoir disposer.

A. D. — On ne sait pas en fait comment « ça marche »?

R. DE L. — On a émis à ce sujet des hypothèses multiples. Le professeur Rocard a essayé de fournir une explication rationnelle et scientifique qu’il expose dans Le Signal du sourcier, un livre important. Notre corps étant formé de fer, de calcium, d’eau, il est bien normal, prétend-il, qu’une réaction se produise lorsque nous passons au-dessus d’un gisement métallifère ou d’un cours d’eau, qui puisse être enregistrée par le pendule. Telle est, en gros, l’explication scientifique du phénomène radiesthésique. Cette démonstration ne me satisfait pas entièrement. Elle ne rend pas compte des autres ressources extraordinairement subtiles qu’offre cet art, ni des recherches sur plan, par exemple, ni de la radiesthésie médicale qui permet de localiser la ma­ladie avec une planche anatomique et un élément té­moin du malade, ni non plus de la radiesthésie binaire, avec les réponses par oui ou par non aux questions posées au pendule. Tout radiesthésiste se met à l’écoute de son subconscient. Or celui-ci tient à sa disposition une masse étonnante d’informations qu’il lui communi­que à sa demande par le truchement du pendule. L’in­conscient collectif défini par Jung est une autre mine où l’on peut puiser de la même façon. Je ne connais pas de moyen plus simple que la radiesthésie pour accéder à cet ordre de connaissances. Certains ont le don de voyance, d’autres une intuition foudroyante qui leur permet de répondre à des questions ou de résoudre des problèmes sans passer par les lenteurs du raison­nement. Mais ces dons restent fort rares, tandis que la radiesthésie est pratiquement à la disposition de chacun.

Forces de la terre et forces du ciel

D’après les travaux qui font autorité à l’Institut de géobiologie, les plus récents sont ceux du professeur Hartman, la terre est quadrillée de petits rectangles de 20 cm sur 10. Les lignes qui les délimitent, en général à peine de l’épaisseur d’un doigt, sont telluriques. Cha­cune d’entre elles transmet une émission de forme issue de l’intérieur de la terre. Elle peut devenir dan­gereuse lorsque les lignes de quadrillage se trouvent à l’aplomb d’un nœud tellurique, au croisement de deux cours d’eau souterrains, de profondeur variable, ou lors­qu’elles passent sur un charnier, une cavité herméti­quement bouchée, ou encore une rupture des forces compensées. Je vais revenir sur cette dernière expres­sion qui est capitale. Le quadrillage tellurique accroît la résonance des nocivités souterraines. Elles restent sans importance tant qu’elles n’ont pas la possibilité de remonter à la surface, aussi longtemps que la force cosmique compense la force tellurique. Je m’explique : la force tellurique cherche à fuser vers la surface. Elle y trouve le champ terrestre, qui est un champ élec­trique. Mais à hauteur du champ terrestre intervient la force cosmique. Un champ magnétique vient à la ren­contre du champ tellurique. Il en résulte une compen­sation de ces deux forces sous la forme d’un champ électromagnétique où la cellule vivante peut vivre et se développer dans de bonnes conditions. Si, pour une raison quelconque, il y a rupture entre ces deux forces, si elles ne sont plus équilibrées, compensées l’une par l’autre, la force cosmique, magnétique, positive s’efface au profit de la force tellurique, électrique, négative, qui installe à sa place un champ électrique, négatif, voire un champ nul, ce qui est extrêmement grave. Il se produit alors une émission de forme, appelée vert négatif, qui est une onde porteuse. Elle draine après elle toutes les nocivités du sous-sol qu’elle rencontre sur sa route, et les apporte jusqu’à la surface où elles se répandent. C’est ce que l’on appelle les ondes verti­cales telluriques nocives. Il y a alors création d’une zone géopathogène. C’est donc très simple. Il faut partir d’un quadrillage où passent des courants telluriques qui ne sont pas nocifs en eux-mêmes. Ils ne deviennent dangereux que dans la mesure où ils recouvrent des nocivités.

A. D. — Et le vert négatif ?

R. DE L. — Le fameux vert négatif est la grande découverte d’André de Bélizal. Nous avons vu qu’il ne s’agit pas d’une couleur mais d’une micro-vibration, ou plutôt d’un faisceau de micro-vibrations qui s’étendent à peu près sur quinze degrés à gauche et quinze degrés à droite ; il se trouve en bas du spectre, à l’opposé du vert positif magnétique que l’on connaît et qui est une couleur. Émis sur fréquence électrique lorsqu’il traverse le champ électrique terrestre, le vert négatif est mortel. Au contraire, il est d’une puissance formidable, c’est la vie, quand il est émis sur fréquence magnétique ; par exemple, quand il tombe du cosmos, ou traverse une focalisation comme le pyramidion, l’onde qui se pro­duit alors à l’intérieur de la pyramide est régénératrice. Voici donc à l’endroit du vert négatif une vérité de base : émis sur fréquence électrique, c’est la mort, émis sur fréquence magnétique, c’est la vie. Micro-vibration redoutable, la plus courte et la plus dure que l’on connaisse dans l’univers, elle n’en est pas moins par­fois très bonne, car il n’est rien en ce monde qui soit radicalement, foncièrement mauvais.

A. D. — Et les failles géologiques ?

R. DE L. — Ce sont des fractures souterraines, parfois très profondes et indécelables en surface.

A. D. — Dangereuses ?

R. DE L. — Oui, je pense bien ! Ce sont des lignes de rupture de forces très importantes, au même titre que les cours d’eau souterrains. Il se dégage tout au long de ces failles comme sur le parcours des cours d’eau des ondes de vert négatif, ondes porteuses, qui véhi­culent toutes les nocivités qu’elles rencontrent sur leur chemin ; d’où leur importance.

A. D. — Et les artères magnétiques ?

R. DE L. — Elles nous renvoient à la grande hypothèse de Bélizal, à laquelle j’adhère volontiers. Parti­raient des pôles des courants d’eau souterrains qui che­mineraient à des profondeurs parfois très grandes, 200, 300 mètres, parfois plus, et ressortiraient aux bourrelets de l’équateur sous forme des fleuves géants que l’on connaît : le Nil, le Congo ou l’Amazone. Puis cette eau, s’évaporant dans l’atmosphère, rejoindrait le cosmos, s’y chargerait de force cosmique, rejoindrait les pôles pour y retomber en pluie ou en neige, et reprendrait son circuit initial, exactement comme le sang circule dans le corps. Ces artères magnétiques sont distantes les unes des autres de treize à quinze kilomètres.

A. D. — Pourquoi « magnétique », puisqu’il s’agit d’eau ?

R. DE L. — Parce que ces artères sont dirigées par la force magnétique qui traverse la terre. On a constaté — je ne dis pas que ce soit vrai, je me borne à le relater — que les lieux d’apparition des fameux OVNI coïnci­daient toujours avec les artères en question. Il sem­blerait que, si OVNI il y a, ils se déplaceraient à l’aide d’une force magnétique en se servant de ces artères comme de rails.

A. D. — Leur tracé évoque les méridiens…

R. DE L. — C’est exactement ça. Ces artères s’augmentent d’artères de rocade, de veines de retour. Sans oublier le quadrillage tellurique, qui, lui, est rigoureux. Ainsi la terre ressemble au ballon dans son filet. C’est une source considérable d’erreur pour les radiesthé­sistes, surtout pour les débutants quand ils sont sen­sibles. Ils cherchent, et ils trouvent. Par exemple, dans la pièce où nous sommes, pour un minuscule courant tellurique qui y passe sans présenter le moindre dan­ger, leur pendule leur donnera un top positif à quatre, cinq endroits différents.

A. D. — Ces artères magnétiques sont-elles dangereuses ?

R. DE L. — Le danger qui en provient est beaucoup plus grave que lorsqu’il s’agit de simples cours d’eau. Ceux-ci, issus le plus souvent d’eaux de ruissellement, coulent à une faible profondeur. Les artères se situent à un tout autre niveau, infiniment plus profond. Elles passent sur des lits de roches chargées de métaux par­fois fort nocifs pour l’organisme humain, et charrient une radioactivité puissante. Les émissions de forme qui arrivent en surface s’en trouvent d’autant plus vi­rulentes. Il est donc beaucoup plus périlleux d’habiter sur une artère magnétique que sur un cours d’eau sou­terrain banal.

A. D. — Le rééquilibreur que vous préconisez suffit-il dans un tel cas ?

R. DE L. — Le plus petit fait son effet, puisqu’il se base sur le seul principe, physique, des émissions de forme ; aussi est-il imparable. Sa forme oblige la force cos­mique à revenir bombarder la force tellurique et par conséquent recrée autour de lui la compensation entre les deux forces.

A. D. — Croyez-vous que ce soit pour des raisons de cet ordre que la tradition ait placé le Diable et l’enfer sous terre ? Notre sous-sol rempli de nocivités serait pour ces raisons le réceptacle du mal ?

R. DE L. — Bien sûr que oui. En fait, on ne sait pas ce qui se trouve sous nos pieds. Aujourd’hui les avions volent à plus de 17000 m d’altitude, on va sur la Lune, nos sondes dépassent le système solaire, nous le dépas­serons bientôt, mais personne ne s’est aventuré au-delà d’un ou deux kilomètres à l’intérieur de notre globe. Le voyage au centre de la Terre décrit par Jules Verne depuis le siècle dernier n’a pas encore eu lieu. Il est quand même curieux qu’au niveau de technologie où nous sommes parvenus on n’ait pas trouvé le moyen de traverser de part en part cette grosse boule. D’ail­leurs les savants se disputent pour savoir s’il y a vrai­ment un noyau central en fusion, ou si ce noyau est solide.

A. D. — Vous avez écrit que, lorsque la ligne de rupture de forces était orientée ouest-est, elle favorisait le développement du cancer.

R. DE L. — Il existe, c’est vrai, une spécificité de la maladie selon l’orientation des lignes de rupture de forces. Seulement, il ne faut pas se montrer trop formel. De toute manière, ce ne sont pas les ondes de forme verticales telluriques qui la donnent. Elles ont simplement pour propriété de réveiller les prédispositions congénitales que l’on porte en soi et qui ne se seraient sans doute jamais manifestées si on vivait ailleurs que sur une rupture de forces. Ainsi, lorsqu’on dit que l’orientation ouest-est d’une ligne de rupture favorise le cancer, cela signifie simplement que les gens qui ont une prédisposition au cancer risquent davantage de la voir se révéler s’ils vivent sur une ligne de rupture orientée ouest-est que s’ils vivent sur une ligne de rupture orientée nord-sud. Pourquoi ? Sans doute parce que la terre tourne d’ouest en est. Or il est possible que ce sens de rotation accélère certaines vibrations de nos cellules, et qu’au moment où ces cellules subis­sent l’agression de micro-vibrations de vert négatif, dans leur rotation ouest-est, ce soit beaucoup plus grave pour une éventuelle prolifération cancéreuse qu’avec une autre orientation. On a aussi découvert que l’orien­tation nord-sud des lignes de rupture favorisait les ma­ladies cardio-vasculaires, les dépressions nerveuses. Ce qui peut s’expliquer parce que le grand courant magné­tique qui agit sur les plexus s’écoule dans ce sens.

A. D. — Peut-on parler d’ondes concrètes à propos des radiations telluriques ?

R. DE L. — Oui, ce sont des ondes concrètes, on les capte et on les mesure. Il existe à cet usage des appa­reils, petits, assez subtils, dits oscillomètres. D’ailleurs, pour satisfaire les scientifiques, nous disposons de deux preuves irréfutables concernant les nocivités telluri­ques : la résistivité électrique de la peau : elle n’est pas la même sur une rupture de forces que sur un terrain sain ; et la vitesse de sédimentation : les résultats de l’analyse diffèrent en zone géopathogène et sur un ter­rain sain. Quant aux autres mesures de l’infiniment petit, elles sont sujettes à caution au-delà de l’angström. Personnellement, je préfère me fier à la radiesthésie. J’ai une roue graduée. Le seuil tolérable, c’est 8000. Passé ce chiffre, cela devient dangereux pour l’être hu­main. En deçà, c’est vivable pour un homme en bonne santé. Mais il s’agit d’une convention.

A. D. — Toutes ces radiations telluriques portent-elles des noms, sont-elles inventoriées ?

R. DE L. — Pas encore. Ce qui vient du sol apporté par le vert négatif a été étiqueté par Bélizal. Parmi les autres radiations, vous trouvez la radioactivité, ou des micro-vibrations apportées par un métal, l’uranium, le plutonium, le fer, que sais-je encore ? ou des micro-vibrations émises par des pourritures d’origine ani­male, un charnier, un vieux cimetière.

A. D. — Comment cette nocivité se vérifie-t-elle ?

R. DE L. — Parce qu’elle attaque la vie. Si l’on enferme un animal, souris, rat ou chien, dans un endroit où se trouvent des émanations en provenance d’un char­nier, il crève.

A. D. — Même sans odeur ?

R. DE L. — Sûrement.

A. D. — Si j’ai bien compris, toutes les radiations cosmiques sont bonnes et toutes les radiations tellu­riques sont mauvaises ?

R. DE L. — C’est un peu sommaire. Il existe des radiations cosmiques extrêmement dangereuses. Par exemple, la ceinture de Van Hallen. On ne peut tra­verser l’atmosphère pour entrer dans le cosmos qu’en passant par des brèches. Le reste émet une radioacti­vité mortelle. Ou encore les taches solaires. Leur appa­rition correspond toujours à un redoublement des accidents cardiaques, à des révolutions, à un accrois­sement des accidents. Ça nous vient bien de là-haut et c’est mauvais pourtant. Vous avez des tas de choses qui tombent du cosmos qui sont très dangereuses. Parce que c’est trop pur, me direz-vous. Je n’en sais rien, mais, en tout cas, ça peut tuer très facilement son homme. Il faut, pour que nous puissions le recevoir sans danger, que ce soit préalablement filtré par l’at­mosphère. Néanmoins, dans l’état actuel de nos connais­sances, on peut dire que ce qui nous vient du cosmos et nous traverse de part en part serait plutôt bénéfique.

A. D. — Et la foudre, elle nous vient bien du ciel ?

R. DE L. — La foudre tombe sur des ruptures de forces. De préférence. On l’a vérifié. Sauf quand on la canalise, elle vient alors là où on l’appelle. C’est le principe du paratonnerre. Sinon elle tombe toujours sur les griffons ou les lignes de rupture de forces. Voyez à la campagne, c’est toujours le même arbre qui est foudroyé. Et si elle tombe sur un champ rigoureusement plat et atteint un pauvre homme qui s’y trouve par ha­sard, c’est qu’il est installé sur une ligne de rupture.

A. D. — Les géopathologues attribuent-ils au tellurisme une action sur les animaux et les animaux ram­pants en particulier ?

R. DE L. — Certains animaux aiment le vert négatif et s’y plaisent. C’est le cas du chat. Le mien, quand il est fatigué, ou qu’il a chassé toute la nuit, va dans la vigne près de la maison, car dans la maison j’ai compen­sé avec un rééquilibreur, et je le vois s’installer sur la rupture de forces. Il se recharge avec du vert négatif. Il aime ça. Les abeilles, les guêpes, les fourmis, les blattes, les vers, sont des animaux qui adorent le vert négatif, tandis que le bétail, les chevaux, les chiens, les hommes, en meurent.

A. D. — Les serpents?

R. DE L. — Ils doivent aimer le vert négatif, comme les vers intestinaux.

A. D. — Et quand on dit que la mandragore est la plante du sorcier parce qu’elle est gorgée de tellurisme, cela signifie quoi ?

R. DE L. — On prétend qu’on la cueillait au pied des gibets parce qu’elle naissait de la dernière éjaculation du pendu, ce que, bien sûr, je ne crois pas. Je pense qu’il s’agit d’une plante bizarre comme il y en a beau­coup, qui a une racine dont on tire des effets merveilleux, comme du gin-sen, mais c’est tout. Effectivement, certaines plantes se plaisent sur le vert négatif, les plan­tes vernissées, mais les plantes à feuillage léger, les fougères, les capillaires, en crèvent.

A. D. — Vous écrivez, toujours dans Les maisons qui tuent : « Les heures nocturnes sont celles où se déchaî­nent sans retenue les bombardements et les déluges des forces invisibles, qu’elles soient spirituelles, physiques, électriques ou magnétiques »…

R. DE L. — C’est exact. La nuit, à 4 heures du matin, le champ terrestre change de polarité. C’est l’heure où les gens meurent dans les hôpitaux. C’est tout à fait normal. Sauf si cela est contredit par l’horloge biolo­gique personnelle de chacun. Quant aux forces invisi­bles, elles peuvent être invisibles et très naturelles. Elles peuvent être aussi invisibles et surnaturelles.

A. D. — C’est-à-dire ?

R. DE L. — Cela dépend du degré de foi que l’on peut avoir dans un monde invisible qui possède ses forces et ses lois. Personnellement, j’y crois. Ainsi, on ne doit pas confondre les hantises des maisons, qui sont la plu­part du temps des manifestations de physique micro-vibratoire, et les phanies, les apparitions, qui sont des manifestations surnaturelles et n’ont rien à voir avec le tellurisme ni avec la physique micro-vibratoire. Là, nous entrons dans le domaine de la foi.

A. D. — Le tellurisme est-il uniquement destructeur ? Vous parlez dans Les Maisons des lieux bénits. Les lieux saints, les pierres à guérir, les fontaines miracu­leuses, relèvent-ils de ce même tellurisme ? Ou du surnaturel?

R. DE L. — Je suis absolument certain qu’à Fatima comme à Lourdes, ou sur la montagne de Sion en Lorraine, les forces de la Terre entrent en jeu. On parle de lieux où souffle l’Esprit. Cet esprit-là aurait plutôt une origine de cet ordre. Les Sybilles de Cumes ou de Delphes avaient sûrement leur trépied sur un griffon ou sur un nœud tellurique.

A. D. — D’où elles tenaient leur don de prophétie ?

R. DE L. — Du moins qui y contribuait, comme il contribue au miracle de Lourdes. Je crois aux lieux fortement chargés, aux lieux privilégiés, traversés cer­tainement par des courants telluriques profonds, qui font fuser vers la surface des ondes qui touchent les plexus des pèlerins sensibles. La force tellurique doit pousser au bout d’eux-mêmes des gens qui en outre se sont rendus là avec une foi immense, un désir de gué­rir, de faire guérir les autres, et font en commun une certaine prière. Tous ces éléments rassemblés consti­tuent un appel à la divinité.

A. D. — À ce sujet vous écrivez dans Les Maisons, et je vais vous citer un peu longuement si vous le per­mettez : « Si l’on remonte jusque dans la nuit des temps, on remarque que les sanctuaires consacrés à une divinité se succèdent et se superposent au même endroit où s’accumulent les alluvions mystiques. Lieux favora­bles, prédestinés à la prière et à la foi : Chartres, Paris, Le Puy, partout on retrouve, profondément enfouies sous les pieds de Notre-Dame, les marches de l’intermi­nable escalier qui conduit l’homme au ciel. » Comment l’expliquez-vous ? et d’où cela vient-il ? De la foi des pèlerins ou du sol où ils s’agenouillent ?

R. DE L. — Au départ il y a la terre. Elle produit là une sorte de force qui attire les foules et suscite des manifestations de foi. Je ne pense pas qu’on puisse s’opposer à cette théorie parce qu’elle est vérifiable, qu’il s’agisse du plus petit sanctuaire de campagne qui a traversé les âges ou des pèlerinages les plus réputés. Quand on fait des fouilles à Notre-Dame de Paris, on retrouve dix étages successifs de lieux de culte. Même chose à Chartres ou au Puy. Ce sont vraiment des lieux prédestinés, des hauts lieux, des lieux privilégiés issus de la nuit des temps et qu’ils traverseront, où l’homme se relie au ciel par l’intermédiaire des forces de la terre.

A. D. — Par extension, les saints furent-ils guérisseurs en fonction du lieu ?

R. DE L. — Cela ne fait aucun doute, mais ne suffit pas pour autant. Le lieu n’est pas le seul facteur à entrer en ligne de compte. Il y a toujours quelque chose qui est tellurique, et quelque chose qui vient du saint.

A. D. — On dit que les pierres levées, les dolmens, les menhirs sont placés sur des nœuds telluriques ?

R. DE L. — C’est probable. On a écrit des livres entiers sur le sujet. Il reste encore bien des choses à dé­couvrir. Personnellement, je pense qu’ils tiennent un peu le rôle des schémas que les radio-électroniciens mettent en place pour pouvoir se reconnaître dans leurs réseaux extrêmement compliqués.

A. D. — Toujours à propos des lieux bénits, vous semblez croire qu’une maison peut selon le cas douer ses habitants de pouvoirs, et vous citez une maison qui donne à qui l’habite le don de sourcier et le don de guérison ?

R. DE L. — Je pense que le fait de vivre à un certain endroit et entre certains murs, les deux réunis d’ailleurs, forces venant du sol et forces venant des murs par imprégnation, peut éveiller chez quelqu’un des possibi­lités qu’il ignorait jusqu’alors.

A. D. — Il faut donc qu’avant il y ait eu quelqu’un qui ait eu le don et l’ait rayonné dans les murs, phéno­mène qui se peut attribuer à ce que vous appelez la mémoire des murs ?

R. DE L. — Oui, et il s’agit d’un don qu’on prend dans la maison, mais il s’agit souvent de quelque chose qui vient du sol, un don polyvalent, qui ne tient pas à la maison mais à son implantation. Ce peut donc être l’un ou l’autre, et ce peut être parfois les deux.

A. D. — Vous écrivez à propos de la mémoire des murs des phrases très mystérieuses : « Les joies, les souffrances, les sentiments, même les pensées des hom­mes, créent à l’intérieur des maisons une ambiance vibratoire composée d’innombrables micro-vibrations. Elles criblent le décor inerte de l’existence quotidienne, y laissant des cicatrices d’autant plus profondes que l’impact a été plus violent et plus répété. Les murs font en quelque sorte fonction d’accumulateurs des micro-vibrations de l’ambiance… Ces accus bizarres se chargent et se déchargent par oscillations incessantes. En outre, leur charge une fois faite, ils pourront émettre indéfiniment et ne seront plus jamais à plat. » Comment l’expliquez-vous ?

R. DE L. — Indéfiniment est peut-être un peu exagéré, car il se produit quand même à la longue une usure, un essoufflement. La mémoire des murs, c’est un peu comme du radium qui émet tout le temps. On trouve cependant quelques très vieux murs qui ont fini par se gommer.

A. D. — Comment ces radiations, s’il s’agit d’un crime, ou d’un malade qui a agonisé, peuvent-elles exer­cer une influence sur le bonheur et la santé des gens qui habitent la maison où ces malheurs sont arrivés ?

R. DE L. — Elles agissent de telle sorte que, lorsque vous vous trouvez à l’intérieur, elles vous agressent. Du mal, des souvenirs sortent du mur, une espèce de vi­bration malsaine, parce que quelqu’un a souffert dans un coin de la pièce et que cette souffrance ressue. J’ai eu à faire une expertise dans un château du Gard. L’an­cien propriétaire avait eu une fille débile. Il l’avait murée. Par un trou percé dans le mur on lui passait sa nourriture. Elle resta en cet endroit depuis l’âge de quatre ans où l’on s’aperçut de son infirmité, jusqu’à celui de dix-sept où elle mourut. Il s’est accumulé dans ce réduit sinistre, ignoble, une atmosphère de souf­france, dont on sent presque l’épaisseur.

A. D. — Comment s’aperçoit-on de l’existence de ces micro-vibrations nocives ? Par intuition, par sensibilité personnelle ?

R. DE L. — On la constate par les effets. La maladie, la malchance, le malheur, c’est visible, même pour les étrangers.

A. D. — Vous parlez de purifier ces lieux qu’on peut appeler maudits par l’encens, la conjuration, l’oraison. La science possède-t-elle d’autres moyens ?

R. DE L. — Non, puisque la science ne reconnaît pas cette imprégnation.

A. D. — A l’opposé, vous évoquez les maisons du bonheur « celles, écrivez-vous, dont le rayonnement invisible favorise l’entreprise, conforte la santé, et ins­talle entre ses murs un climat de chance ». J’ai souvent rencontré au cours de votre livre ces trois facteurs, santé, chance et bonheur cités ensemble. Ils iraient donc de pair ?

R. DE L. — Certes. Et c’est logique : le plus souvent, tout est atteint, en bien comme en mal. Il arrive parfois que seule la santé soit touchée, il arrive parfois que ce soit seulement la chance. Mais très souvent c’est tout à la fois. Et ça s’explique très bien. En effet, ces ondes verticales telluriques attaquent aux plexus, plexus so­laire et plexus racine. C’est là que se régularise le champ vibratoire personnel. Si on trouble ces endroits d’émission, c’est comme si on trouble une source, le champ vibratoire est perturbé. La santé s’en ressent d’autant. La chance aussi s’en trouve atteinte, parce que qu’est-ce que la chance ? C’est justement d’avoir un champ vi­bratoire étendu, calme, qui à la fois protège et rend plus convaincant, plus séduisant, plus rayonnant.

Le jeteur de sorts démasqué

A. D. — Qui est le père de la radionique ?

R. DE L. — Je crois que les plus anciens inventeurs furent les frères Servanx, des Belges. Au début du siè­cle, ils ont essayé, tâtonné, mis au point un certain nombre de schémas sur lesquels ils ont travaillé. Leurs découvertes firent peu de bruit. Elles se heurtèrent au scepticisme général, que par prudence on ne cherche pas à ébranler, par crainte des efforts intempestifs des apprentis sorciers. Les principes furent difficiles à énon­cer. Quant aux schémas eux-mêmes, vecteurs, figures géométriques utilisées pour le transport d’une force à l’aide de champs immatériels d’un point à un autre, c’est en tâtonnant qu’on a réussi à les trouver. On peut en imaginer soi-même à l’infini. Ils font penser aux premiers générateurs d’ondes de forme. Certaines for­mes semblaient inertes, neutres ; on s’est aperçu qu’il suffisait de les orienter correctement au nord magné­tique pour les transformer en centres de focalisation d’une puissance formidable.

De nos jours, les radioniciens préfèrent aux schémas des appareils, reliefs de bois, parfois de métal, qui res­semblent plus à des générateurs d’ondes de forme qu’à des schémas proprement dits, avec lesquels ils ont l’impression d’émettre mieux. À mon sens, c’est une erreur. Les ondes de forme émises par générateur n’ont pas la pureté de l’émission radionique. Je crois que, par ce moyen, on s’encombre de forces de nature différente, car ce ne sont pas du tout les mêmes émissions dyna­miques à sortir d’un relief que celles transportées par les schémas. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une force immatérielle qui utilise justement des champs imma­tériels pour aller jusqu’au bout du monde. Je pense que les appareils sont de portée limitée mais que les gra­phiques, eux, sont de portée illimitée. Néanmoins, actuellement, en Angleterre, on utilise surtout des appareils.

A. D. — Les laboratoires Delawarr ?

R. DE L. — Et surtout le Coppens Institute, subventionné par le gouvernement anglais, où soixante-deux physiciens, biologistes et médecins travaillent à temps plein pour mettre au point des instruments de radioni­que compliqués, chers, qu’on n’est admis à acheter qu’après avoir fait preuve de ses aptitudes au cours de stages. Pour ma part, je préfère les graphiques. Il est si simple d’avoir chez soi un schéma radionique et d’apprendre à s’en servir.

A. D. — Lesquels employez-vous?

R. DE L. — Parmi beaucoup d’autres, et de préférence, le losange, le schéma corporel, homme et femme, la grille, toujours bien sûr avec bouclier protecteur contre les chocs en retour possibles.

A. D. — À propos de l’élément témoin, on peut se servir, écrivez-vous, de salive, goutte de sang, rognure d’ongle, poils pubiens, comme les sorciers d’autrefois d’ailleurs, mais la photographie de la personne à tou­cher est préférable. Comment une photo peut-elle constituer un résonateur, et quels avantages offre-t-elle que les éléments organiques n’ont pas?

R. DE L. — Ce n’est pas par un lien physique, parce que quelque chose est prélevé d’un tout ; là c’est tout différent : la photo constitue un symbole analogique très important — le symbole, comme vous le savez, porte une force en soi, je vous renvoie au livre de Mircea Eliade sur ce sujet — et la loi des semblables joue. Or, celle-ci permet d’avoir, grâce à la photographie justement, un élément qui pratiquement ne meurt pas, ne vieillit pas, tandis que, si vous prenez une rognure d’ongle, elle restera très active huit jours, quinze jours, presque un mois, et après cela deviendra totalement mort. Les cheveux, c’est pareil. La salive, je n’en parle pas, si elle sèche, c’est fini.

A. D. — Et le sang ?

R. DE L. — Cela va de même, il faut recourir à des préparations spéciales, que j’ai vu faire d’ailleurs à certains.

A. D. — Le choix du moment est-il important pour envoyer le médicament ?

R. DE L. — Le choix du moment est important toujours. Dès qu’il s’agit de soigner, de traiter quelqu’un, d’influer sur lui, il est toujours très important de savoir à quel moment la personne qu’on vise est ou n’est pas réceptive : ce moment-là peut et doit se déterminer. Par exemple, prenons un médicament : à quatre heures du matin, certaines personnes en sont bonnes réceptrices, à 8 heures, à midi, il ne leur fait plus rien du tout et à quatorze heures, il les rend malades.

A. D. — C’est donc en tâtonnant qu’on trouve le « moment », qu’on définit « l’horloge biologique » de chaque individu, en accord avec les recherches en chrono­biologie ?

R. DE L. — Grâce à la radiesthésie. Maintenant, il existe d’autres procédés. Le professeur Pinel, qui a beaucoup écrit sur le sujet, ne soigne que de cette façon. Certains de ses médicaments, on l’a constaté, ne sont efficaces que s’ils sont pris exactement à l’heure qu’il indique.

A. D. — Et l’élément guérisseur ? Vous écrivez qu’il peut être complètement abstrait, la longueur d’onde d’une couleur, le rayonnement d’un symbole, voire une simple chaleur affective, une énergie vitale, une note de musique. Vous dites ailleurs que par le losange vous émettez de même des couleurs, des métaux, du magné­tisme. En quoi couleurs et notes de musique peuvent-elles aider quelqu’un à guérir ? Quant au magnétisme et au fluide vital, où s’en procure-t-on ?

R. DE L. — Chaque être vivant a une couleur fonda­mentale, quelquefois plusieurs, mais il y en a toujours une qui est la première, fondamentale donc. Elle lui est indispensable pour vibrer en bonne harmonie. Il se peut que chez cette personne la maladie provienne uni­quement du fait que, pour une raison ou pour une autre, elle se trouve privée de la vibration de cette cou­leur-là. Qu’on la lui rende, miraculeusement elle guérit, si toutefois c’est la seule chose qui lui manque. De même pour la note de musique. Chacun a une note ou un accord qui lui sont fondamentaux, sur lesquels il se sent bien, en sécurité comme disait Giraudoux. S’ils lui manquent et qu’on les lui envoie, il recouvrera la santé et l’équilibre.

A. D. — Comment découvre-t-on ces couleurs fondamentales?

R. DE L. — Il ne faut pas croire que la couleur fondamentale corresponde forcément au signe du zodiaque sous lequel on est né. Je la découvre avec un pendule spécial, le pendule à cône fictif, qui détecte les vibra­tions des couleurs, visibles et invisibles. On le passe sur la main ou la photo de la personne examinée : quand il réagit, c’est la couleur fondamentale. S’il s’agit d’une couleur visible, bleu, violet, vert, indigo, orange ou rouge, pas de problème, un petit bout de laine de la teinte désignée suffit à la lui envoyer. La difficulté commence quand cette couleur fondamen­tale est l’infrarouge ou l’ultraviolet. À ce moment-là, c’est comme un interrogatoire au second degré, on charge avec le pendule braqué sur l’infrarouge un petit bout de carton qui deviendra de l’infrarouge, et avec ce carton ainsi chargé, on la lui envoie. Il ne faut pas chercher de mystère là où il n’y en a pas, nous som­mes un ensemble, un lieu géométrique où se rencon­trent, se coudoient, se traversent, interfèrent des cou­leurs, des sons, des vibrations. Tout cela doit être harmonique. S’il manque une de ces harmoniques, il faut la donner.

A. D. — Et le fluide vital ?

R. DE L. — Si quelqu’un se trouve en état de sous-alimentation fluidique ou magnétique, il faut le réali­menter, ou directement par une injection magnétique, par imposition des mains, ou, ce qui est possible, par radionique, en prenant un petit bout de carton, ou une petite bouteille dans laquelle on injecte symboli­quement et analogiquement une force quelconque, ma­gnétisme, fluide vital… Une fois cette substance immatérielle entrée dans ce support, et devenue vraiment le symbole de cette force, on la transmet exactement comme la couleur qui n’existe pas.

A. D. — Le carton-médicament et le carton-intention me semblent très mystérieux…

R. DE L. — On charge ce qu’on veut. On peut créer un médicament simplement en se concentrant sur un petit carton. Vous prenez un médicament, un petit carton de 33 mm sur 33, un pendule, de préférence le pendule égyptien d’André de Bélizal, très efficace pour des opérations de ce genre, et vous transférez ce médicament à l’aide de ce pendule qui est conducteur sur le bout de carton. Quand il est chargé, on peut le laisser ainsi, il le restera un certain temps, en général celui qu’on aura mis à le charger. Mais, si vous voulez lui conserver davantage sa charge, vous le mettez dans une petite bouteille de verre hermétiquement bouchée, il la gardera beaucoup plus longtemps. C’est une création d’élément témoin.

A. D. — Et le carton-intention ?

R. DE L. — C’est pareil.

A. D. — De quoi le charge-t-on ?

R. DE L. — De mots. Ce peut être « guérir », « être courageux », n’importe quelle suggestion.

A. D. — Comment cela peut-il jouer ?

R. DE L. — De la même manière. Il ne s’agit pas des méthodes habituelles de suggestion. Je suggestionne à distance. Ma suggestion est portée par des micro-vibra­tions invisibles et minuscules, une série de champs immatériels semblables à ces ondes provoquées par un caillou qu’on jette dans l’eau, qui vont jusqu’à l’infini dans toutes les directions.

A. D. — Grâce à l’antenne directionnelle du vecteur ?

R. DE L. — L’antenne directionnelle sert à guider ce que l’on envoie vers la personne que l’on veut toucher. Mais ce n’est pas une direction dans l’espace, car on ignore la plupart du temps où ladite personne se trouve, c’est une direction occulte. On vise quelqu’un, mais sa localisation n’a pas d’importance, ce quelqu’un sera sûrement atteint à un moment ou à un autre par ces cercles concentriques qui se propagent, l’un pous­sant l’autre, jusqu’à couvrir tout l’univers. On est sûr qu’il sera touché. Mais s’ouvrira-t-il ? C’est une autre question.

A. D. — Dans le domaine que nous venons d’évoquer, le pendule joue un rôle considérable. Il est l’ins­trument de base ?

R. DE L. — Pour la radionique, oui. On ne peut pas faire de radionique sans être radiesthésiste.

A. D. — Il faut donc lui faire une totale confiance?

R. DE L. — Non, il faut faire une totale confiance à soi-même, je veux dire : essayer de ne pas se tromper.

A. D. — Comment éliminer les risques d’erreur ?

R. DE L. — Je ne connais pas de moyen.

A. D. — Les erreurs sont-elles fréquentes ?

R. DE L. — Elles existent, même chez les meilleurs radiesthésistes. Il vient toujours un moment d’inatten­tion, de fatigue, une erreur, c’est très vite fait.

A. D. — Il existe de nombreux avantages à soigner par radionique ? Vous écrivez : « L’action d’un médi­cament ou d’un produit quelconque émis par radioni­que est plus rapide et plus durable que par absorption orale… Le remède écrit a la même valeur thérapeuti­que que le remède réel, et en outre il ne provoque aucun effet secondaire. » Que voulez-vous dire ?

R. DE L. — On supprime l’effet secondaire d’un médicament. Prenez les insomniaques. Ces malheureux sont obligés d’avaler des somnifères ou des hypnogènes à longueur d’année chaque nuit. Ils finissent par s’abî­mer l’estomac et le système nerveux. En radionique, on prend l’hypnogène dont ils ont l’habitude de se servir, on le met dans un schéma radionique. Ils en reçoivent les moyens de dormir. Ils dorment, mais rien n’abîme leur muqueuse stomacale, ils n’ont pas d’effet secondaire. Pour les autres médicaments, c’est pareil. Ainsi, on peut envoyer de la morphine à quelqu’un, sans qu’il s’y habitue. Avec la même dose de morphine, il va cesser de souffrir, mais, si on la lui injecte, on devra augmenter les doses jour après jour. La radionique offre des avantages considérables.

A. D. — Vous parlez d’extraordinaires guérisons. Y a-t-il des maladies que cette technique guérit mieux que d’autres?

R. DE L. — Je ne pense pas qu’elle puisse maîtriser les maladies microbiennes, mais les autres maladies, qui ne sont ni à virus ni a microbe, et Dieu sait s’il en existe !

A. D. — Les rhumatismes par exemple.

R. DE L. — Les rhumatismes articulaires, oui, on peut arriver à dissoudre les sels accumulés dans une join­ture ; l’arthrose non, on ne guérit pas, on soulage.

A. D. — Finalement, la radionique est une médecine très personnalisée. Par le dosage du médicament, le choix exact du moment où il faut l’envoyer. Aucune f orme actuelle de médecine ne peut procurer cela ?

R. DE L. — C’est pourquoi elle est tellement difficile à appliquer. Elle requiert du médecin un temps qu’il n’a pas.

A. D. — C’est une thérapeutique magique ?

R. DE L. — Oui, mais qui se démarque des médecines non reconnues comme le magnétisme et la phytothé­rapie dont les praticiens se contentent d’utiliser les forces naturelles, et de celles comme la prière, la thaumaturgie, l’exorcisme, où ceux qui les exercent ont recours aux forces spirituelles. La radionique ne se veut pas autre chose qu’une technique, certes fort déli­cate à manier et qui ne peut s’exercer qu’avec le concours et sous la direction du médecin, seul habilité à établir le diagnostic et à prescrire le remède. Elle reste malgré tout, comme la vieille magie dont elle découle, un art, qui réclame de l’opérateur habileté et talent.

À propos de micro-vibrations

A. D. — Comment savoir si les champs vibratoires de deux personnes données sont syntones?

R. DE L. — Il suffit de les mesurer. Moi, je me sers de la règle de Turenne. Je prends un témoin, puis l’autre, je regarde au pendule l’étendue, l’intensité et la hauteur des vibrations émises, et je vois si les chiffres obtenus coïncident. Il est possible de modi­fier les champs vibratoires, par des aimantations, des massages de chakras, le fameux Do in, et enfin par l’acupuncture, qui rectifie la répartition des énergies dans les méridiens. Le psychisme joue un rôle impor­tant. Quand votre champ vibratoire est perturbé par une pensée négative provenant de la personne qui se trouve en face de vous, celle-ci en ressent l’écho, son propre champ vibratoire en est à son tour perturbé et en perturbe un autre, qui à son tour… et indéfini­ment. Par contre, un être en bonne santé a un champ vibratoire qui ne peut pas gêner celui d’une autre personne également en bonne santé. Il faut donc constamment se rééquilibrer par la méditation, la prière, la maîtrise de soi, ou par la médecine physique, les massages, les points Knap.

A. D. — Avons-nous une longueur d’onde qui nous soit propre ?

R. DE L. — La longueur d’onde est l’expression du champ vibratoire.

A. D. — Nos organes ont-ils des champs vibratoires ?

R. DE L. — Oui, bien sûr. Le champ vibratoire personnel est l’expression de tous les mini-champs vibra­toires de l’ensemble du corps et des organes. Un bio­logiste américain, le docteur Cohen, a démontré que chaque cellule du corps humain est entourée d’un petit champ électromagnétique, un champ vibratoire.

A. D. — Et la fréquence santé ?

R. DE L. — Dans le rayonnement, la vibration émise par le corps humain, vous avez une vibration de santé. Elle se calcule surtout par la radiesthésie avec des unités de mesure conventionnelles, mais très parlan­tes. On peut savoir si quelqu’un est en bonne santé selon son taux de vibrations.

Cette fréquence santé rappelle un peu ce qu’est le pouls. Au lieu de prendre le pouls habituel, celui que chacun connaît, sensible au toucher, on en prend un autre, un pouls de vitalité en quelque sorte, et qui se prend au pendule. Nous ne disposons pas d’autre moyen en radiesthésie. Bien sûr, il doit en exister d’au­tres, très subtils. Les Chinois parviennent à déceler quatre, cinq, six pouls là où nous n’en avons qu’un.

A. D. — Peut-on mesurer un champ vibratoire ?

R. DE L. — Certainement.

A. D. — Existe-t-il des appareils à cet usage ?

R. DE L. — Uniquement des appareils de radiesthésie, qui ne peuvent guère répondre à la dénomination classique d’appareils. Mais on peut le mesurer aussi par la résistivité électrique de la peau. Seulement, c’est incertain. À mon avis, la mesure obtenue en radiesthé­sie est beaucoup plus sûre.

A. D. — À quoi cela sert-il de mesurer un champ vibratoire ?

R. DE L. — À déceler l’état de santé de quelqu’un, son état de réceptivité. Son état d’agressivité. On connaît une personnalité de cette façon. On sait ce qui la trouble, à quoi elle réagit.

A. D. — Vous parlez dans La Réalité magique du man­tra personnel qui répond à la vibration fondamentale de l’être. Comment le trouve-t-on ?

R. DE L. — C’est une question d’initiation, réservée aux alchimistes et aux kabbalistes ; eux seuls peuvent trouver votre mantra, c’est-à-dire le son essentiel qui vous exprime le mieux : il est personnel, il est unique et en général on le tient secret. À partir du moment où vous êtes adapté à ce mantra, il doit vous suivre partout. Il vous facilite la guérison, quand vous êtes malade, la méditation et bien d’autres choses. Si vingt personnes autour de moi répètent le mien, je vibre à l’unisson, je peux me guérir de mes différents maux, ou me sentir poussé à la méditation. Enfin, de toutes les manières, faute de connaître le sien, on peut utiliser OM MANI PADME OM.

A. D. — Vous écrivez, toujours dans La Réalité magique : « Je me suis laissé dire que si on réussit à dé­couvrir et à associer les trois notes fondamentales suivantes :  » celle du sujet à traiter  » — donc son mantra ? —  » celle de l’organe malade  » — c’est-à-dire les vibrations dont nous parlions tout à l’heure — puisque chaque organe a ses vibrations ? et  » celle de la planète concernée  » — tout peut être guéri par cette
thérapie musicale. » Les planètes aussi auraient-elles leurs notes fondamentales ?

R. DE L. — Je pense bien ! Et ce qu’on appelle la musique des sphères ! l’harmonie des sphères !

A. D. — Existe-t-il des détecteurs de micro-vibrations ?

R. DE L. — Jusqu’à un certain point seulement. Les angströms sont perçus par quelques appareils, mais, en deçà, il faut la radiesthésie. Prenez l’exemple du microscope. Il fait voir certaines choses. Après, on ne peut qu’imaginer. Le microscope électronique montre la structure de la matière. Jusqu’à un certain point. On ne peut aller au-delà. Avec la radiesthésie et la voyance, on va au-delà. C’est une question de confiance, que l’on accorde ou non à l’homme qui voit ou recourt à ces moyens d’investigation. C’est là le point précis où je me sépare des hommes de science qui n’ont pas foi en autre chose que ce qui peut être mesuré par des appareils. C’est le point précis de rupture.

A. D. — Toujours à propos des micro-vibrations, et des échanges qu’elles permettent, vous avez écrit : « Les échanges qui s’opèrent dans nos organes vivants ne sont pas seulement biochimiques… il est possible par l’envoi d’une forme psychique quelconque de guérir un organisme humain »…

R. DE L. — Vous le pouvez par la volonté, vous le pouvez par l’imposition des mains, vous le pouvez par la prière. Vous le trouvez dans Platon. Les anciens philosophes étaient sensibles à ce passage, cette tran­sition subtile entre ce que l’on croit être la matière et ce qu’on croit être l’esprit. C’est vrai, ça passe de l’un à l’autre. Il est bien naturel qu’on puisse faire passer une pensée, quelque chose de purement abstrait dans la matière. Je crois qu’on peut informer une pierre, un bout de bois, avec une pensée, un sentiment, de l’amour. Quand on charge un objet, il ne s’agit pas d’autre chose. La charge existe, persiste, est réelle.

A. D. — Vous écrivez aussi : « Les actions ne se font plus seulement par contact, c’est la grande nouveauté de la médecine moderne », et vous parlez de corps rayonnants…

R. DE L. — Il sort de nous comme il sort de certains corps, le radium par exemple, des ondes, des rayon­nements qui sont comme des corpuscules. Qu’est-ce que la lumière ? des photons, c’est-à-dire quelque chose de solide, des corpuscules, qu’on ne voit que lorsqu’ils s’accrochent à quelque chose qui les reflète. Ces corps, ces pensées rayonnantes agissent à distance, même sans agent physique. De même, de ma main il sort quelque chose qui provient de moi et viendra en vous si je l’approche à une distance conve­nable.

A. D. — Qu’est-ce que le fluide magnétique ?

R. DE L. — Le magnétisme se définit de deux manières. Vous avez le magnétisme, grande force que personne ne peut définir parce que personne ne sait ce que c’est, et qui traverse la terre de part en part en influençant tout ce qui s’y trouve. Et vous avez le magnétisme humain, différent du magnétisme terres­tre, qui est en fait une émanation du champ vibratoire personnel. C’est quelque chose de fondamental émis par l’individu, une certaine puissance qui sort de lui et va où il la dirige. Il doit alors apprendre à la contrô­ler, à la domestiquer, pour la canaliser où il veut. Cer­tains en sont très riches, d’autres très démunis, enfin tout le monde en a un peu quand même.

A. D. — Quand on manque de magnétisme et qu’on en reçoit, on a l’impression d’une injection de vie…

R. DE L.Exactement. Le magnétisme, pénétrant dans celui qui reçoit, ravive ses centres vitaux, comme on ravive des couleurs.

A. D. — Bélizal, que vous citez, dit qu’avant de transmettre du fluide il faut se mettre en relation avec le cosmos et faire appel aux forces supérieures. Que doit-on entendre par là ?

R. DE L. — C’est façon de parler, Bélizal était un mystique. Ce qu’il faut, c’est se mettre en série.

A. D. — C’est-à-dire ?

R. DE L. — Comme on met des ampoules en série sur un même fil et que le courant passe, et alimente toutes celles qui s’y trouvent, on se branche sur cette grande force cosmique qui nous traverse de part en part. Le rayonnement peut nous traverser sans rien nous lais­ser, ou tomber en dehors des endroits où il nous ferait du bien ; en fait, il faut qu’il pénètre par les chakras. Si on se met en série sur cette force en même temps que la personne à soigner, on peut diri­ger cette force là où elle sera utile à cette personne.

A. D. — Au plexus solaire essentiellement ?

R. DE L. — Dans l’opération de magnétisme donnée par Bélizal, qui n’est pas tout le magnétisme, mais l’un de ses aspects, vous avez trois pôles : l’un derrière l’oreille gauche, le second au plexus solaire, le troisième au chakra racine — le coccyx. Vous faites circuler le fluide magnétique en S en deux opérations qui sont l’une pour le haut du corps et l’autre pour le bas. Néanmoins, le magnétisme, c’est une question de degré. Tout le monde en possède, la mère qui berce son enfant, l’infirmière qui surveille un malade. C’est toujours la même chose. Il existe un échange perma­nent entre chacun de nous. Nous sommes des partici­pants du cosmos. À partir du moment où nous ne le sommes plus, nous sommes rejetés, car on ne peut vivre seul.

A. D. — C’est pourquoi vous dites qu’il est si im­portant d’ouvrir les chakras ?

R. DE L. — Oui. Nous sommes bombardés par une force cosmique qui nous traverse de part en part. Il faut que les chakras soient en bon état de marche pour que la communication se fasse. Aussi est-il pri­mordial de les mettre en équilibre par l’acupuncture, les massages magnétiques, les échanges amoureux. Ces chakras doivent vibrer. Par eux passent toutes les grandes influences intersidérales. La façon de les recevoir conditionne notre santé, mais aussi notre bonheur et notre chance. Il faut donc absolument se sentir pénétrer de tous nos pores par tout ce qui traverse l’univers, sinon on s’étiole, on n’est plus rien.

A. D. — C’est ce que signifie pour vous participer à l’harmonie universelle ?

R. DE L. — Oui, et je crois l’avoir dit, ce qui nous rend participants au cosmos de tous nos sens, c’est la peau. C’est par là que nous touchons, que nous sen­tons, que nous recevons et que nous émettons, tandis qu’avec nos yeux que faisons-nous ? Nous sommes spec­tateurs, pas acteurs ; avec les oreilles, nous écoutons, mais nous n’émettons pas ; avec le nez non plus, mais avec la peau oui, c’est très important, et ça se retrouve dans toutes les circonstances de la vie, de la naissance à la mort. Aujourd’hui, les médecins accoucheurs de­mandent à la mère de sortir l’enfant, puis ils le posent sur elle pour que le passage d’un monde à un autre ne constitue pas un choc trop brutal et pour qu’il y ait communication aussitôt et ajustement, adaptation en­tre le nouveau-né et le milieu. Je trouve ce geste, certes symbolique, très beau et aussi très utile. Il ne fait que répéter celui qu’accomplissait autrefois, j’en suis per­suadé, la femme de Cro-Magnon, et qui fut oublié au cours de siècles de civilisation.

A. D. — Est-ce dans un tel sens que vous écrivez: « La peau est la voie et le moyen indispensables à l’œuvre magique » ?

R. DE L. — Absolument. On n’imagine pas un sorcier qui soit un pur intellectuel. Il n’enverrait que des ai­guilles et ne recevrait que des chocs en retour. Je crois à ce mot de Barrés : « L’intelligence, cette petite chose à la surface de nous-même. »

A. D. — Que faites-vous de la peau en magie ?

R. DE L. — Je prends connaissance et j’émets. J’émets ce qui est en moi, et m’est profondément personnel, qui est mon rayonnement, mon magnétisme, ce rayon qui sort de mon champ de forces et peut aller jusqu’au bout du monde et rencontrer quelque chose.

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1 Roger de Lafforest, né en 1905 et décédé en 1998, est un écrivain français. Il a été lauréat du Prix Interallié en 1939. Roger Poumeau de Lafforest a connu plusieurs vies dont il a été difficile de démêler les fils. Son œuvre de fiction, tout à fait étonnante, est composée de cinq romans et un recueil de nouvelles publiés entre 1930 et 1966. Aventurier quelque temps, journaliste et romancier avant-guerre, il consacrera la deuxième partie de son existence à des travaux sur la parapsychologie et se taillera quelques succès éditoriaux dans ce domaine (Ces maisons qui tuent, Laffont, 1972). Les figurants de la mort, son second roman après Kala-Azar (1930), est paru en 1939 et a obtenu le Prix Interallié. Extrait de Babelio

2 A. de Bélizal et P. A. Morel, Physique micro-vibratoire et Forces invisibles. Desforges, Paris 1965.