Pierre Crépon
La magnétothérapie

En fait l’usage des aimants à des fins thérapeutiques remonte à l’Antiquité et une légende de la Grèce ancienne raconte que les propriétés curatives de l’aimant furent découvertes par un berger grec du nom de Magnès. Il semble d’ailleurs que la plupart des tradi­tions anciennes, notamment chinoise, indienne, égyp­tienne, arabe, hébraïque, aient connu l’usage de l’aimant naturel qui pouvait, par exemple, être utilisé sous forme d’amulettes. Au cours des siècles de nombreux auteurs ont ainsi vanté les propriétés curatives de l’aimant et il nous suffit de citer ici les noms célèbres d’Aristote, de Pline, de Gallien, d’Avicenne, d’Albert le Grand ou de Paracelse. Au XVIIIe siècle, deux savants de la Société Royale de Médecine, Audry et Thouret, firent un rapport pour « vérifier l’efficacité de l’aimant dans le traitement des maladies », rapport dont la conclusion s’avère aujourd’hui prophétique : « L’aimant paraît devoir deve­nir un jour en médecine d’une utilité sinon aussi grande, du moins aussi réelle qu’il l’est maintenant en physique. » Pour la petite histoire, il est amusant de noter que c’est la même Société Royale de Médecine qui condamnait, quelques années plus tard, la théorie du magnétisme ani­mal de Mesmer.

Sujet controversé où nombreux charlatans profitent de la souffrance des patients, mais aussi un domaine de recherche passionnant.

(Revue Question De. No 41. Mars 1981)

Dans le sillage du renouveau des médecines naturelles, voici qu’apparaît une nouvelle technique thérapeutique qui retrouve des pro­cédés millénaires grâce aux recherches les plus récentes sur les phénomènes énergé­tiques. La magnétothérapie est en effet issue des travaux effectués depuis une dizaine d’an­nées sur les effets thérapeutiques des aimants, mais son application qui est maintenant pro­posée se conjugue avec les lois énergétiques de l’acupuncture connues en Chine depuis la plus haute antiquité. Au-delà de cette synthèse entre l’ancien et le nouveau, entre l’orient et de l’occident, l’intérêt de la magnétothérapie est néanmoins avant tout pratique : ses résul­tats sont incontestablement concluants et la méthode offre l’avantage d’être à la fois simple, sans danger, d’un coût minime et avec d’autres possibilités d’action qui restent à prospecter.

En fait l’usage des aimants à des fins thérapeutiques remonte à l’Antiquité et une légende de la Grèce ancienne raconte que les propriétés curatives de l’aimant furent découvertes par un berger grec du nom de Magnès. Il semble d’ailleurs que la plupart des tradi­tions anciennes, notamment chinoise, indienne, égyp­tienne, arabe, hébraïque, aient connu l’usage de l’aimant naturel qui pouvait, par exemple, être utilisé sous forme d’amulettes. Au cours des siècles de nombreux auteurs ont ainsi vanté les propriétés curatives de l’aimant et il nous suffit de citer ici les noms célèbres d’Aristote, de Pline, de Gallien, d’Avicenne, d’Albert le Grand ou de Paracelse. Au XVIIIe siècle, deux savants de la Société Royale de Médecine, Audry et Thouret, firent un rapport pour « vérifier l’efficacité de l’aimant dans le traitement des maladies », rapport dont la conclusion s’avère aujourd’hui prophétique : « L’aimant paraît devoir deve­nir un jour en médecine d’une utilité sinon aussi grande, du moins aussi réelle qu’il l’est maintenant en physique. » Pour la petite histoire, il est amusant de noter que c’est la même Société Royale de Médecine qui condamnait, quelques années plus tard, la théorie du magnétisme ani­mal de Mesmer.

Plus proche de nous, il faut citer les travaux importants effectués à la fin du XIXe siècle sur l’application à des fins thérapeutiques d’un champ magnétique sur le corps humain. Eydam publie une thèse sur ce sujet en 1843 ; Maggiorani (1869) rapporte les résultats positifs obtenus pour le traitement des malades atteints d’hystérie, d’ataxie et de diabète ; Charcot et Renard (1878) l’utilisent dans le traitement de l’hystérie. Enfin, au début de notre siècle, les frères Hector-Henri et Gaston Durville publient des ouvrages sur ce sujet et emploient des aimants en fer doux que l’on trouve encore sur le mar­ché actuellement.

Magnétisme et acupuncture

Cependant, jusqu’à la dernière Guerre mondiale, l’utili­sation des aimants se heurtait à un problème insoluble : leur poids et leur taille. Les aimants naturels sont en effet issus de minerais ferromagnétiques, dont le poids et la taille doivent être très importants pour posséder une énergie magnétique suffisante. De même, les premiers aimants artificiels étaient fabriqués à partir de fer doux (c’est le cas des aimants à fer à cheval vendus dans le commerce) et comme le fer ne peut emmagasiner qu’une quantité modeste d’énergie magnétique par rapport à sa masse, il en résulte que les aimants, pour être efficaces, doivent être lourds et volumineux. Ainsi les frères Durville utilisaient à des fins curatives des plastrons de toile garnis d’aimants, l’ensemble pesant plusieurs kilos.

Il existe maintenant des aimants nettement plus perfor­mants qui possèdent une intensité beaucoup plus élevée à masse égale que les aimants anciens en fer doux. Grâce à des métaux comme le nickel, le cobalt, le tungstène, ou des terres rares comme le Samarium, le Cérium, l’Yttrium, on obtient ainsi, à masse égale, des puissances quinze fois supérieures aux aimants classiques. L’avènement de tels aimants a donc donné un coup de fouet aux recherches sur les propriétés curatives de l’énergie magné­tique, dont un des aboutissements est l’utilisation de pastilles magnétiques sur les points d’acupuncture.

Les travaux récents sur la magnéto-thérapie

Il semble que ce soit aux États-Unis et surtout au Japon que l’intérêt pour les effets thérapeutiques de l’aimant aient pris le plus d’ampleur. Aux États-Unis, les cher­cheurs Albert R. Davis et Walter Rawls, de Floride, sont ainsi arrivés à déterminer de façon précise le trajet du flux d’énergie qui circule autour d’un aimant et à mettre en valeur l’action de la polarité. Dans toutes leurs expé­riences, le pôle sud, positif, améliore l’activité, le métabo­lisme, tandis que le pôle nord, négatif, a des effets exacte­ment opposés, il ralentit le développement, la croissance. Appliqué à des tumeurs cancéreuses sur des animaux ils ont montré que le pôle nord avait un effet sédatif qui ralentissait le développement des tumeurs, alors que le pôle sud, actif, l’augmentait.

Au Japon, le professeur Nakagawa a fait des recherches à partir d’aimants minuscules, de 5 mm de diamètre de 2,5 mm d’épaisseur, présentant à peu près la taille et la forme d’une lentille. Ces aimants sont fixés sur la peau par un morceau de sparadrap et ils ont, en général, une puissance d’environ 600 gauss. Nakagawa ne s’attache pas dans son travail au rôle de la polarité, mais il s’avère que ces aimants, largement répandus au Japon, sont toujours présentés avec le pôle nord au contact de la peau. L’étude statistique réalisée par Nakagawa sur 11468 sujets atteints de symptômes tels que raideur de la nuque, lumbago, névralgies, rhumatismes, etc., montre que les aimants sont efficaces dans 90 % des cas. D’autres études, effectuées avec des colliers ou des ceintures d’ai­mants, ont montré des résultats satisfaisants en ce qui concerne les douleurs des régions où ces aimants étaient posés.

Plusieurs hypothèses ont été avancées quant au mode d’action de l’énergie magnétique. Ainsi Nakagawa l’attri­bue à un « syndrome de carence du champ magnétique » pour lui le champ magnétique terrestre diminue naturel­lement dans le temps et nous serions exposés à une véri­table carence du champ magnétique susceptible d’entraî­ner certains troubles organiques. Cette hypothèse est très contestable et les explications proposées par Davis et Rawls semblent plus convaincantes. Ils considèrent que la cellule vivante est comme un « système électrique équi­libré » et que le changement dans sa charge bio-électrique affecte son équilibre et sa santé. L’énergie magnétique permettrait alors de rééquilibrer ce potentiel bio-élec­trique. Quoiqu’il en soit tous ces chercheurs, auxquels il faudrait ajouter beaucoup d’autres noms, tombent d’ac­cord sur le fait qu’un des champs privilégiés de la magné­to-thérapie est la sédation, c’est-à-dire la suppression ou la diminution de la douleur.

Magnéto-thérapie et acupuncture

Les travaux que nous venons de citer ne se réfèrent pas à la médecine chinoise, alors que les lois de cette méde­cine qui sont fondées sur une conception énergétique du corps humain, peuvent ouvrir des perspectives nouvelles à la magnéto-thérapie. Récemment (en mars 1980) le Doc­teur Pierrick de Kerdaniel a ainsi remarqué que dans les études de Nakagawa sur les colliers d’aimants, ces der­niers se trouvaient être au contact de points d’acupunc­ture importants. Une telle remarque s’avère tout à fait judicieuse et une nouvelle technique est maintenant pro­posée, elle est baptisée taïki-thérapie, et cherche à utili­ser l’énergie magnétique comme moyen de stimulation des points d’acupuncture.

Nous ne reviendrons pas ici sur les grandes lois éner­gétiques de l’acupuncture : système des méridiens, bi­polarité Yin-Yang de l’énergie, importance de certains points cutanés comme régularisateurs de la circulation énergétique. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que la stimulation magnétique vient s’ajouter aux autres sti­mulothérapies telles que l’acupressure, l’implantation d’aiguilles, l’utilisation de la chaleur, la stimulation élec­trique, en y ajoutant des avantages qui lui sont propres. Tout d’abord l’utilisation du pôle nord a un effet de régu­larisation du système énergétique indéniable quand il est justement appliqué sur des points choisis en fonction des lois de l’acupuncture. Cette méthode de stimulation est de plus sans effet nocif et peut ainsi être préconisée pour le grand public alors que l’utilisation de l’acupuncture et des moxas par exemple se doivent d’être réservés à des spécialistes.

En fait la taïki-thérapie, qui utilise les petits aimants déjà décrits à propos de la première étude de Nakagawa, peut être employée à plusieurs niveaux. D’une part, elle a une action sédative sur les zones douloureuses quand on applique ces pastilles sur les points les plus doulou­reux. C’est l’utilisation qui en est faite par Nakagawa et l’on constate qu’elle recoupe la médecine chinoise car les points douloureux sont le plus souvent des points homo­logués du système énergétique. D’autre part, les pas­tilles magnétiques peuvent être appliquées sur des points situés à distance des symptômes observés. Ces points sont dans ce cas choisis selon les lois de l’acupuncture et l’on peut alors obtenir des résultats positifs pour un grand nombre de troubles allant du rhume au mal des transports, et des troubles génitaux aux problèmes diges­tifs. Cette application nouvelle de la magnéto-thérapie peut être utilisée directement par chacun pour soigner soi-même des petits maux quotidiens et peut aussi être une aide précieuse pour les médecins acupuncteurs qui peuvent de la sorte prolonger une séance ainsi que pour les kinésithérapeutes.

Bien sûr cette nouvelle méthode n’est pas encore la pana­cée universelle et les personnes qui s’en servent ont pu remarquer une certaine variabilité dans son action. La magnéto-thérapie et son développement, la taïki-thérapie, sont en effet des médecines naturelles et comme telles n’agissent pas avec la régularité des médecines fortes. La variabilité de l’action semble en particulier être fonc­tion de la profondeur du trouble considéré, ainsi que des conditions atmosphériques et du potentiel énergétique général de l’individu à un moment donné. C’est donc une médecine à utiliser régulièrement et qui oblige chacun à mieux se connaître pour mieux l’utiliser.

Comme on a pu le constater tout n’est pas encore connu sur le mode d’action d’un champ magnétique placé à la surface du corps, pas plus d’ailleurs que sur le mode d’action véritable de l’acupuncture et des autres stimulo­thérapies. Cependant les résultats obtenus sont incontestables et les travaux de recherche effectués dans les deux domaines précités s’avèrent plein de promesses. En atten­dant que la théorie rattrape la pratique, l’application d’aimants sur les points d’acupuncture offre des avantages indéniables et l’on peut être certain que l’intérêt pour cette nouvelle forme de thérapie ira sans cesse croissant.