Hazrat Inayat Khan
La pureté de la vie

Lorsqu’on dit « pur d’esprit », quel sens cela a-t-il ? Cela signifie que ce qui est étranger à l’esprit ne lui appartient pas, mais que ce qui est naturel à l’esprit demeure. Et qu’est-ce donc qui est naturel à l’esprit ? C’est ce que l’on voit et admire chez le petit enfant, la disposition amicale, la promptitude à voir et à admirer quelque chose de beau plutôt qu’à critiquer, la disposition à sourire pour répondre à qui l’aime ou sourit, et à croire sans questionner « qu’est-ce ? » Un enfant est un croyant naturel, un ami naturel, complaisant et accommodant, un admirateur naturel de la beauté, ignorant la critique, négligeant tout ce qui ne l’attire pas, connaissant l’amour, non pas la haine. Voilà ce qui manifeste la condition originelle de l’esprit, naturelle à l’homme. Après que l’esprit de l’homme est entré dans ce monde, ce qui lui est ajouté est surcroît. Cela peut paraître bon momentanément, cela peut paraître utile momentanément, toutefois cela n’est pas pur. Quelqu’un peut être dit intel­ligent, quelqu’un peut être reconnu comme savant, quelqu’un peut être traité de spirituel, mais avec tous ces attributs, l’esprit n’est pas pur.

(Revue La pensée Soufie. No 3. 1981)

La pureté de la vie est le thème central de toutes les religions qui furent enseignées à 1’humanité en tous temps. La pureté de la vie a été leur idée centrale et elles ne diffèrent que dans leur façon de l’envisager. Il semble que la pureté de la vie ne soit pas seulement née de la religion, mais qu’elle résulte de la nature même de la vie; on la voit en toutes les créatures vivantes sous une forme ou l’autre, accomplissant pour ainsi dire sa destinée. On voit tendre vers elle les animaux en quête d’un lieu propre où demeurer, on l’observe chez les oiseaux qui se dirigent vers le lac ou la rivière pour s’y baigner et nettoyer leurs plumes.

Dans l’humanité le même penchant se remarque à un degré encore plus prononcé. Un homme qui ne s’est pas élevé au dessus de la vie matérielle manifeste cette aptitude par la propreté physique. Mais derrière celle-là autre chose est cachée, et ce qui est caché derrière, est le secret de toute la création, ou le but en vue duquel le monde entier fût créé.

La pureté est un processus au travers duquel le rythme-vie de l’esprit se manifeste. Il a œuvré au cours des âges à travers les règnes minéral, végétal, animal et humain, les parcourant et aboutissant, avec toute son expérience du chemin parcouru, à cette réalisation où l’esprit se trouve lui même pur, pur en essence, en sa condition pure et originelle. Le processus intégral de la création et du développement spirituel montre que l’esprit qui est vie et qui dans la vie représente le divin, s’est enrobé de replis innombrables, et de cette façon est, pour ainsi dire, descendu du ciel sur la terre. Puis, en un processus suivant il se dégage de ses enveloppes, et ce dévoilement peut être appelé la marche vers la pureté.

Le mot « Soufi » qui exprime le dévoilement de l’esprit en marche vers sa condition originelle est dérivé du mot arabe « safa » ou « saf » qui litté­ralement signifie pur, c’est à dire délivré des distinctions et, des différences.

Que signifie pur exactement ? Par exemple, si quelqu’un dit : « voilà de l’eau pure », cela signifie que ni sucre, ni sel ne furent mêlés à celle?ci; elle est pure, elle est originelle. Ainsi l’expression « une vie pure » est utilisée pour traduire l’effort accompli par l’homme pour maintenir son être spirituel pur, ou libéré de toutes les impressions de la vie du monde. La quête du soi originel, le désir d’atteindre ce soi originel et le moyen d’y parvenir, voilà ce qui, à vrai dire, est appelé une vie pure. Mais cette expression peut être appliquée sans changer de signification à tout ce qui concerne la vie de l’homme. Si on l’utilise par rapport au corps, elle signifie aussi que ce qui est étranger au corps ne doit pas s’y trouver. C’est la propreté le premier degré de la pureté.

Et ainsi en est-il pour l’esprit. Lorsqu’on dit « pur d’esprit », quel sens cela a-t-il ? Cela signifie que ce qui est étranger à l’esprit ne lui appartient pas, mais que ce qui est naturel à l’esprit demeure. Et qu’est-ce donc qui est naturel à l’esprit ? C’est ce que l’on voit et admire chez le petit enfant, la disposition amicale, la promptitude à voir et à admirer quelque chose de beau plutôt qu’à critiquer, la disposition à sourire pour répondre à qui l’aime ou sourit, et à croire sans questionner « qu’est-ce ? » Un enfant est un croyant naturel, un ami naturel, complaisant et accommodant, un admirateur naturel de la beauté, ignorant la critique, négligeant tout ce qui ne l’attire pas, connaissant l’amour, non pas la haine. Voilà ce qui manifeste la condition originelle de l’esprit, naturelle à l’homme. Après que l’esprit de l’homme est entré dans ce monde, ce qui lui est ajouté est surcroît. Cela peut paraître bon momentanément, cela peut paraître utile momentanément, toutefois cela n’est pas pur. Quelqu’un peut être dit intel­ligent, quelqu’un peut être reconnu comme savant, quelqu’un peut être traité de spirituel, mais avec tous ces attributs, l’esprit n’est pas pur.

Au delà et par dessus tout cela existe l’homme duquel on peut dire qu’il est pur d’esprit. Est-il alors désirable qu’un enfant n’apprenne jamais rien qui soit de ce monde, et demeure toujours un enfant ? C’est comme demander : est-il souhaitable que l’esprit ne vienne jamais sur terre, mais demeure toujours au ciel ? Non. La véritable exaltation de l’esprit réside dans le fait qu’il est venu sur la terre et de là s’est élevé à l’état d’esprit, et a réalisé sa perfection. En conséquence, tout ce que le monde accorde en matière de connaissance, d’expérience, de raison, tout ce que notre propre expérience et l’expérience d’autrui nous enseignent, tout ce que nous apprenons de la vie, de ses chagrins et de ses contrariétés, de ses joies et de ses circonstances favorables, toutes ces expériences contra­dictoires nous aident a devenir plus comblés d’amour et de bienveillance. Si un homme a traversé tout cela et a maintenu haut son esprit, ne per­mettant pas à son esprit d’être souillé, il est celui-là qui peut être appelé pur d’esprit.

L’être réputé comme étant pur d’esprit, s’il n’a aucune expérience du monde et ne connaît ni le bien ni le mal, n’a aucun mérite, c’est un niais. I1 n’est pas meilleur qu’un roc. Un roc ignore le mal. La grandeur de l’homme vient de ce qu’il traverse tout ce qui ravit cette pureté de l’esprit avec laquelle il est né, et de ce qu’il passe au travers sans en être terrassé, maintenant sa pureté originelle, et s’élevant au dessus de tout ce qui l’abaisse et le maintient à terre. C’est une sorte de lutte tout au long de la vie. Celui qui n’a nul sujet de combattre, celui-là ne connaît pas la vie; c’est peut-être un être angélique, peut-être une personne pieuse que nous pouvons, par égard, nommer ainsi, mais à vrai dire c’est un niais.

I1 est tant de phases dans ce processus que l’on doit traverser durant la vie, que la phase déjà révolue semble n’être d’aucune importance. La phase qui est importante est celle que l’on est en train de traverser. La pureté extérieure compte peu quand un être expérimente la pureté intérieure de la vie. Mais la première pureté est la pureté du monde physique où l’on s’en tient aux lois de la propreté, aux lois de la santé, envisagées du point de vue psychique, physique et hygiénique ; et l’on fait ainsi un pas vers la spiritualité.

Le pas suivant est ce que l’on appelle généralement la pureté de la vie. Cette pureté de la vie est la pureté du comportement dans les relations avec autrui ; et très souvent un homme observera la pureté de la vie en un sens et l’oubliera dans l’autre. Les églises, les religions, les lois nationales et sociales établissent très souvent des principes rigides concernant la pureté de la vie, et un homme commence par connaître la pureté établie par l’homme, à travers laquelle l’âme individuelle doit se frayer un chemin pour découvrir celle qui est d’un plan supérieur.

Néanmoins on peut apprendre de toute chose la principale règle de la pureté de conduite, et c’est la suivante : ce qui dans le langage ou l’action occasionne la peur, ce qui produit la confusion, ce qui porte à la tromperie, ce qui ôte d’un cœur cette petite étincelle brillante, l’étincelle de vérité, ce pour quoi l’on se sentirait embarrassé, honteux de soi-même, mal à l’aise, rempli d’inquiétudes, toutes ces choses maintiennent l homme loin de ce qui est appelé la pureté de la vie. On ne peut signaler une action particulière comme étant une mauvaise ou une bonne action, et un homme ne peut pas toujours être capable de dire si une action particulière est bonne ou mauvaise vu les circonstances, mais on peut toujours se souvenir et l’on peut comprendre pour soi-même le principe psychologique suivant lequel : « en chaque action est mauvais ce que j’ai vu enlever cette pureté naturelle, cette force, cette paix et cette consolation de l’esprit qui sont la vie naturelle de l’âme, par lesquels l’homme se sent réconforté. » Quand une autorité religieuse dit : » Oh, cette personne est coupable d’une faute », elle fait souvent erreur, elle ignore la condition d’autrui. Personne ne peut juger autrui, c’est nous-mêmes qui pouvons juger le mieux nos propres actions. Donc, il n’est pas utile d’établir de rigoureux modèles de pureté morale ou sociale. La religion les a façonnés, les écoles les ont enseignés, et tout le monde crée des lois qui concernent la pureté de la vie. Cependant, avec toutes ces lois faites par les hommes, les prisons sont remplies de criminels, et dans les journaux nous trouvons chaque jour davantage de nou­velles se rapportant aux fautes et aux crimes du monde. Aucune loi extérieure ne peut arrêter le crime. C’est l’homme lui-même qui doit comprendre ce qui lui est bon et ce qui ne lui est pas bon; et qui doit être capable de distinguer ce qui est poison de ce qui est nectar. Il doit savoir cela, le peser, le mesurer et le juger; ce qu’il ne peut faire qu’en comprenant la psychologie de ce qui lui est naturel et de ce qui est contre nature. L’acte, la pensée, ou la parole contre nature sont ce qui rend l’homme malheureux, soit avant, pendant ou après, et cela signifie que toutes les choses qui occasionnent une gêne ne sont pas l’objet d’un souhait de l’âme. L’âme est toujours en quête de quelque chose lui ouvrant un chemin où elle s’exprimerait et qui lui donnerait la consolation et la liberté en cette vie physique.

On dirait que la vie entière tend vers la liberté, vers le déploiement de quelque chose qui s’est engorgé en venant sur terre. Cette liberté peut être obtenue par la véritable pureté de la vie. Naturellement il n’appar­tient pas à tous de comprendre quelle action, quelle pensée provoque le remords ou cause le malaise. D’autre part, la vie de l’individu n’est pas sous son contrôle. Chaque vague de passion s’élevant, chaque vague d’émotion, ou de colère, ou de fureur, ou d’affection, emporte sa raison, l’aveugle sur l’instant, si bien qu’il peut facilement céder aux erreurs et sous l’impul­sion du moment donner libre cours à une pensée ou à une action indigne. Le remords vient ensuite. Toujours, cependant, un homme qui désire apprendre, qui désire s’améliorer, un homme qui souhaite poursuivre ses progrès, la pensée de ses fautes et de ses erreurs, continuera d’avancer, car chaque faute lui sera une leçon et une leçon utile. Aussi n’a-t-il pas besoin de lire dans un livre, ou d’apprendre d’un maître, parce que sa vie devient son maître.

Néanmoins on ne doit pas, en vue d’une expérience personnelle, souhaiter la leçon. Si quelqu’un était sage, il pourrait apprendre la leçon d’autrui, mais en même temps il ne devrait pas considérer ses fautes comme étant sa nature. Elles ne le sont pas. Une faute indique ce qui est opposé à cette nature. Si elle était inclue dans cette nature, elle ne pourrait pas être une faute. Pour la seule raison qu’elle est contre nature, elle est une faute. Comment la nature pourrait-elle être une faute ? Lorsque quelqu’un dit : « Je ne peux m’empêcher de me mettre en colère, et je ne peux m’empêcher de dire ce que j’ai envie de dire lorsque j’en veux à quelqu’un », il ne sait pas qu’il pourrait le faire s’il le voulait. Je veux dire qu’il ne le sou­haite pas alors même qu’il dit : »Je ne peux m’en empêcher. » C’est un manque de force dans un homme, lorsqu’il dit : »Je ne peux pas ». Il n’est rien qu’il ne puisse pas. L’âme humaine est l’expression du Tout Puissant et c’est pourquoi l’esprit humain possède en sa volonté le pouvoir du Tout Puissant, ne fût-ce que pour pouvoir utiliser cette force contre toutes les choses qui se trouvent sur son chemin, telles des obstacles durant son voyage vers le but.

En considérant seulement certains faits de la vie et non d’autres comme des fautes, nous négligeons souvent de petites fautes qui quelquefois sont pires que les fautes stigmatisées par le monde. Par exemple, lorsqu’une personne plus jeune insulte quelqu’un d’âgé, les gens n’appellent pas cela une très grande faute. Quelquefois une petite faute semblable peut croître et produire sur son âme un effet pire que les fautes reconnues comme telles dans le monde. Avec une langue acérée, un tempérament indiscret, de remarques sarcastiques, des paroles irréfléchies quelqu’un peut commettre une faute peut-être pire que les péchés réputés comme grands.

Vous ne savez pas ce qu’il y a dans une action. Vous ne pouvez pas toujours juger d’une chose en partant de l’action. Le juge doit voir ce qui est derrière l’action, et lorsqu’une personne a atteint ce degré de jugement, alors elle n’ose plus jamais se faire une opinion ni juger. C’est l’homme ordinaire, celui qui fait chaque jour un millier d’erreurs qu’il néglige, qui est prêt à juger autrui.

Nous avons vu ce que la pureté du corps et celle de l’esprit signifient. Néanmoins, il existe au delà une pureté qui est la pureté du cœur. On l’atteint en rendant le cœur pure ou libre de toutes les impressions qui viennent de l’extérieur et qui sont étrangères à sa nature. Ceci peut être réalisé par l’oubli des fautes et des manquements d’autrui, par le pardon accordé aux fautes de nos amis. Par un accroissement d’amour nous donnons accès aux impressions agréables qui saisissent notre cœur et s’y rassemblent, et de cette façon nous gardons notre cœur pur.

Si durant la journée un sentiment mauvais affecte quelqu’un, un senti­ment de haine envers un ami ou un parent, un sentiment d’ennui, de critique, d’amertume, et qu’il souhaite protéger son cœur d’une telle impression, ne devrait pas y penser, il ne devrait pas la laisser entrer, sachant qu’elle est un poison. C’est exactement comme s’il chargeait son sang d’un poison, introduisant une maladie. Toute mauvaise impression venant de l’extérieur et retenue dans son cœur engendre la maladie. L’amertume qui lui vient des autres, de ceux qui peut-être ont fait ce qui lui déplaît, demeure en son cœur, et c’est exactement comme si un poison était injecté dans son propre cœur. Ce poison s’y développe jusqu’à ce qu’il se déclare comme une maladie dans son être physique. De telles maladies sont difficiles à guérir parce qu’elles ne découlent pas d’une cause physique, mais d’une cause intérieure. C’est prendre le poison d’un autre en soi-même, et cela dure plus longtemps et peut même devenir incurable.

La pureté extérieure ou propreté n’a pas grand effet sur la pureté intérieure, mais l’impureté intérieure telle l’amertume ou le ressentiment envers autrui provoque la maladie, aussi bien intérieurement qu’extérieurement.

Cependant, si quelqu’un a traversé ce processus et a essayé de garder purs son corps et son esprit, sa vie et son caractère, alors vient un degré de pureté encore plus grand, encore plus haut, et l’on y parvient par un bon idéal, par un chemin droit, par l’action bonne, par les bonnes pensées. Chacun doit s’entraîner à se libérer de toutes les impressions étrangères. En cette étape de son voyage chacun doit éloigner son esprit de tout hormis de Dieu. Alors tout ce qu’il pense, tout ce qu’il éprouve, tout ce qu’il voit et admire, tout ce qu’il touche ou perçoit est Dieu. C’est la pureté plus grande en la­quelle il n’est permis à aucune pensée ni aucun sentiment de pénétrer dans le cœur où Dieu seul demeure. Par exemple, dans le tableau d’un artiste une telle personne voit Dieu, dans la valeur de l’artiste il voit Dieu, dans la couleur et le pinceau de l’artiste, dans l’œil de l’artiste qui observe la nature, dans le talent de l’artiste qui crée le tableau, un tel homme voit la perfection de Dieu. Ainsi donc pour lui Dieu devient tout et tout devient Dieu.

Lorsqu’il a atteint cette pureté, il est beaucoup de choses qui viendront dans sa vie pour l’éprouver : son ennemi qui le tourmente, ceux qu’il ne peut pas supporter, ceux qu’il n’aime pas, ceux qui se montrent intolérants envers lui. I1 sera mis en contact avec des situations qui sont difficiles. Pour lui il arrive toujours une occasion de perdre cette pureté pour un moment, et a chaque moment cette pureté s’altère ; c’est ce moment dans la vie d’un sage qui pour lui est un péché. Je me souviens des paroles de mon Murshid qui disait : « Tout moment où Dieu est absent d’une conscience est un moment de péché, et quand Dieu est continuellement dans une conscience chaque moment est vertu. »

Donc lorsqu’une personne a atteint ce degré, elle vit dans la vertu. Pour elle la vertu n’est pas une chose que de temps en temps elle exprime ou expérimente, mais sa vie elle-même est vertu. Ce qu’elle dit et fait, et ce qu’on lui fait, tout est vertu ; et ceci montre que la vertu est autre chose qu’une petite expérience. La vertu est la pureté de la vie. Vraiment je ne considérerais pas la vertu comme une chose qui en veuille la peine. Si elle venait et s’en allait. La vertu vaut la peine seulement quand elle vit avec nous, quand nous pouvons compter sur elle et quand nous pouvons vivre et nous mouvoir et trouver notre être en elle. C’est cela qui vaut la peine. Si elle ne venait que pour un instant, et si elle ne nous visitait que pour une minute, ce ne serait pas une vertu et nous préférerions ne pas l’obtenir. Nous préférerions la pauvreté plutôt que cette richesse qui vient un moment et disparaît. C’est pourquoi ceci est 1’étape où l’homme commence à comprendre ce que signifie la vertu. Il commence à entrevoir la vertu. Ce qu’il connaissait avant, il pensait que c’était la vertu, mais maintenant la vie dans sa totalité devient vertu pour lui ; il vit en elle et la vie pour lui signifie vertu. À proprement dire, c’est le manque de vie qui est péché.

Mais ensuite il y a une pureté qui est au delà et c’est la pureté qui consiste à être libéré de la pensée de soi-même; et par la pensée de soi-même je ne veux pas dire la pensée du soi réel, mais celle du soi limité. La pensée de sa limitation cache à un homme ce qui est vrai en son être véritable. C’est cette limitation qui, de temps à autre, lui fait sentir : « je suis bon, ou je suis méchant. » En cette étape finale un homme réalise : « je ne suis ni bon ni méchant. Je suis ce que je suis ; pas plus que le bien me rend parfait, le mal ne me rend imparfait. » Le bien et le mal n’existent pas dès que quelqu’un est au dessus d’eux. C’est la pureté dégagée de toutes les formes et de toutes les couleurs, de toutes les formes de vie. C’est comme de s’élever au dessus du ciel et de l’enfer et c’est comme de toucher le trône de Dieu. C’est exact exactement comme de se baigner dans la vérité de Dieu. Ceci est la véritable exaltation, dès lors qu’un homme s’est élevé au dessus de sa limitation et est devenu conscient de cette perfection que nous appelons Dieu, que nous adorons et que nous aimons, et qui est le but ultime de notre vie.