N. Sri Ram
La véritable nature de l'homme

La nature de la conscience dans son essence, c’est de recevoir des impressions. Actuellement je ne pense pas du tout, je me borne à vous regarder. Je reçois des impressions de vous tous qui êtes là, de cette pièce, de sa forme, des couleurs qui y sont. Donc la conscience, à l’opposé de la pensée, n’est que la capacité de recevoir des impressions. Non seulement elle reçoit ces impressions, mais elle les retient et la conservation de ces impressions, de ce qui s’est produit, c’est la mémoire. J’ai reçu tant d’impressions de tellement de choses depuis ma naissance, mais, qu’est-ce qui maintient ces différentes impressions comme si elles étaient enfermées dans un sac ou dans une boîte au lieu de se dissiper ?

(Revue Le Lotus Bleu. No 2. Février 1972)

Tous les grands instructeurs spirituels ont parlé de l’importance de la connaissance de soi. La connaissance de soi peut être comprise comme la connaissance de nous-mêmes tels que nous sommes. Ce que notre grande fondatrice H.P.B. appelait : la sagesse de l’âme, ne peut être acquis que de cette façon, et non pas par la simple lecture des livres, quelque merveilleux qu’ils soient. Ce n’est qu’à la lumière de cette sagesse, qui n’est pas la sagesse du monde, qu’on peut faire un usage correct de toute autre connaissance. Nous pouvons lire la Doctrine Secrète qui est de beaucoup le livre le plus important que nous possédions dans la littérature théosophique et le citer abondamment, mais nous ne saisirons pas la réalité de ce qui est dit avant d’avoir la connaissance de nous-mêmes.

Chaque déclaration, même si elle se rapporte à des choses absolument transcendantes, doit être mise en rapport avec nous ; ce que nous pouvons comprendre de nous-mêmes, de notre propre nature sans recourir à aucune citation d’une autorité quelconque. Commençons par les premiers pas, les plus simples : je sais que j’ai un corps et un mental… Quels sont les rapports entre eux ? L’homme n’est pas son corps. Est-ce que nous comprenons ce fait profondément ? L’expression que nous employons si souvent : mon corps. Qu’est-ce qui en nous emploie cet adjectif : « mon » ? c’est mon mental qui dit : c’est là mon corps. Si le mental est une production du cerveau, il est très curieux qu’il se considère lui-même comme possédant le corps. C’est le point de vue matérialiste que le mental n’est rien d’autre qu’un épiphénomène, une projection de ce qui se passe dans le domaine physiologique du cerveau.

Si la projection se considère comme possédant le corps, c’est un peu comme une ombre qui se considère comme possédant l’objet qui la crée. Je crois qu’il est comparativement facile de bien comprendre qu’on n’est pas son corps. Examinons pour un moment la nature du mental : le mental que nous utilisons est composé des pensées et des réactions. C’est pour cette raison que votre mental est différent du mien, parce que chacun a suivi des lignes de pensée différentes et a eu l’occasion d’avoir des réactions différentes. Si le mental est la production des pensées antérieures et des réactions, qui est-ce qui est à la base du mental ? Mon mental est devenu ce qu’il est, en partant de ce qu’il était à l’origine. C’est donc le produit d’un processus que nous pouvons appeler le « devenir ». C’était quelque chose au départ, et c’est maintenant quelque chose de très différent. Quelle était la nature du mental au début, c’est-à-dire lorsque ce processus de devenir a commencé ? C’était la conscience, dans son sens littéral, exactement comme celle d’un bébé qui devient conscient de ce qui l’entoure. Le bébé ne pense pas, car la pensée est une activité d’une autre nature. Il est simplement conscient, peut-être d’abord du visage de sa mère, puis des traits de ce visage, enfin d’autres objets. Toute créature, et non seulement le bébé, possède cette conscience à un certain degré. Il a aussi des instincts, mais cette conscience est différente des instincts…

La nature de la conscience dans son essence, c’est de recevoir des impressions. Actuellement je ne pense pas du tout, je me borne à vous regarder. Je reçois des impressions de vous tous qui êtes là, de cette pièce, de sa forme, des couleurs qui y sont. Donc la conscience, à l’opposé de la pensée, n’est que la capacité de recevoir des impressions. Non seulement elle reçoit ces impressions, mais elle les retient et la conservation de ces impressions, de ce qui s’est produit, c’est la mémoire. J’ai reçu tant d’impressions de tellement de choses depuis ma naissance, mais, qu’est-ce qui maintient ces différentes impressions comme si elles étaient enfermées dans un sac ou dans une boîte au lieu de se dissiper ? Ces impressions, cette mémoire, restent enfermées dans un certain champ, aussi la collection des impressions qui constituent mon mental est différente de la collection que vous vous avez. Ainsi l’ensemble de ces impressions et de ces mémoires qui sont dans ce champ ou dans cet enclos peut être considéré comme constituant l’individualité qui les possède. Tous les changements qui se produisent dans cet enclos sont aussi conservés dans cet enclos, et des changements se produisent continuellement. Certains de ces changements sont modifiés par d’autres actions de mon mental. Tout le processus peut être comparé à ce qui se passe dans un œuf à l’intérieur de la coquille. Des quantités de changements s’y produisent et aboutissent à une organisation qui est extrêmement différente de ce qu’elle était au début. Ainsi chaque individu constitue une sphère de conscience dans laquelle de grands changements se produisent.

Nous pouvons dire d’un individu que c’est un corps de conscience en utilisant le mot corps comme lorsque nous parlons d’un corps de connaissance. La connaissance ou savoir est quelque chose d’acquis et la conscience est le champ dans lequel la connaissance est acquise.

Tout ce que je viens de dire, chacun peut le comprendre par lui-même. Il n’est pas nécessaire de lire un livre pour découvrir, comprendre ou percevoir tout cela. Je puis donc continuer à dire : chaque homme n’est pas son corps. Fondamentalement il n’est pas non plus son mental qui change constamment. Il n’est pas non plus la conscience dans un sens général. Il est une conscience individualisée, c’est-à-dire une conscience qui est enfermée dans un champ donné. Mais un fait essentiel, c’est que les données de cette conscience peuvent être dissoutes ou changées. Le contenu est dissout après la mort par les mécanismes de la nature, parce que la base sur laquelle la mémoire s’appuie ou se maintient se désintègre. Ce changement qui se produit après la mort peut aussi être amené d’une façon volontaire par un processus de Yoga. Parce que tout ce qui constitue cet ensemble de pensées, de souvenirs qui existent sont dissouts après la mort par un processus naturel, mais l’ensemble peut être abandonné ou dissout d’une façon tout à fait volontaire par des méthodes de Yoga.

Quand la conscience de l’individu est vidée de son contenu, que reste-t-il ? Ce qui reste est une entité qui peut être considérée comme une capsule, quelque chose de vide. Comment savons-nous que cela persiste ? On pourrait penser que lorsque le contenu a disparu, le contenant disparaît aussi. Nous ne sommes pas en mesure de savoir ce qui arrive à l’entité qui a rejeté son corps physique, mais nous pouvons déduire ce qui se produit très vraisemblablement en étudiant notre propre nature. Lorsque je dis que le contenu de la conscience est dissout par un processus naturel après la mort, je ne fais qu’émettre une opinion, je ne vous demande pas de l’accepter et je ne m’attends pas à ce que vous l’acceptiez immédiatement ; mais nous pouvons arriver à cette conclusion en examinant en nous-même ce qui peut et qui vraisemblablement doit se produire ? Mais si nous pouvons produire cette condition alors que nous sommes encore en vie, par l’exercice de notre propre libre arbitre par un processus de détachement de tous les sentiments et de tout ce qui attache, alors nous serons convaincus de cette possibilité. Les Yogis, ceux qui pratiquent le yoga, les sages, ont tous fait cela. Ce qu’ils ont accompli peut être aussi fait par nous si nous faisons l’effort voulu. Ce sont des choses que l’on peut trouver comme étant vraies. Aussi, ce qui reste est une entité de pure conscience. Or cette conscience, vide de tout objet, de toute idée, doit être considérée comme une potentialité. C’est la potentialité de connaître. Elle peut savoir ce qu’elle veut savoir, mais tant qu’elle n’est pas engagée dans cette activité de savoir, elle reste en pure potentialité.

De quelle nature est donc cette pure conscience ? Le moi conscience indique par lui-même sa nature intime. C’est un miroir qui réfléchit tous les objets placés devant lui. Les objets sont des objets de connaissance et elle est celui qui connaît, ou le sujet. Aussi cette conscience, débarrassée de son contenu, est-elle comme un film ou un négatif qui reçoit une image. Elle reste passive ou négative, mais elle reçoit constamment des impressions. Il faut que la conscience individuelle soit négative pour recevoir les impressions. Toute activité de la conscience individuelle, telle qu’une pensée aux choses que l’on reçoit, diminue cette réceptivité. Par exemple, lorsqu’une belle musique comme celle qui a été jouée au début : pendant que la musique est jouée, si vous commencez à penser à différentes choses, vous êtes certains de perdre des notes, car votre réceptivité est diminuée par votre activité de pensée.

La pensée est une action positive et elle diminue la négativité de la conscience. Alors la conscience ne reçoit pas ce qui est dit ou ce qui apparaît devant elle. Je pense que c’est un fait que nous pouvons connaître par notre expérience propre. Je vois un objet qui est extraordinairement beau, mais je remue des idées dans ma tête. Ce peut être des pensées qui se rattachent à des sujets ordinaires, mondains ou à des problèmes métaphysiques. Peu importe la nature des pensées que j’agite dans ma tête, tant que j’agite ces pensées je suis incapable de percevoir toute la beauté qui est devant moi. Non seulement je puis ne pas voir la beauté de l’objet qui est devant moi, mais peut-être même ne verrai-je pas l’objet et ne saurai-je pas, après, que je me suis trouvé en face de lui. C’est donc dans un état de totale négativité pendant lequel on n’a aucune activité de pensée qu’on est au maximum réceptif. Quelle profondeur, et quelle clarté ces impressions peuvent-elles atteindre ? Si vous avez un film ou une plaque photographique, l’impression peut être profonde ou superficielle, claire ou confuse. Le degré de profondeur ou de clarté dépend du caractère négatif de la conscience. Lorsque je dis négatif, je ne pense pas à quelque chose de mauvais ou de péjoratif, je l’emploie dans le sens où le photographe parle d’une plaque négative.

Par ailleurs la profondeur et la clarté dépendent aussi de la sensibilité de l’individu, de son cœur et de son mental, cela dépend à quel point on est non-affecté, on est libre, combien on est pur. Il me semble que la véritable nature de la conscience est la sensibilité. On peut parler de degrés de sensibilité dans les cas d’individus. La conscience individuelle a été modifiée de différentes façons, elle peut perdre sa sensibilité ou bien elle peut être extraordinairement sensible, mais si l’on pense à la conscience en soi, est-elle quelque chose de différent de la sensibilité ? Si la conscience individuelle est comme une plaque négative ou un film, elle peut enregistrer simultanément de nombreuses impressions. Actuellement mon mental n’est pas occupé à une activité de pensée, du moins supposons-le. Je suis dans une condition absolument négative et ouverte, et je peux vous voir, vous tous qui êtes devant moi d’une façon simultanée. Ainsi toutes ces personnes, tous ces objets sont photographiés dans cette plaque qui est en moi. Cela montre que la conscience de l’homme peut avoir de l’extension. Elle s’étend suffisamment pour embrasser de nombreux objets et elle est sensible en chacun des points dans cette extension. Si cette conscience a cette extension et cette possibilité d’impressions, ne peut-elle être considérée comme une substance, bien qu’elle soit différente de toute substance matérielle ? Nous pouvons la regarder comme étant une sorte de substance extraordinaire, tout comme la vie est une espèce tout à fait unique et extraordinaire d’énergie, de même la conscience, dans sa nature essentielle, est une sorte de substance extraordinaire. Lorsqu’elle n’est pas consciente de quelque chose qui est devant elle, où se trouve alors la conscience ? Elle est sans forme, c’est une potentialité, mais lorsqu’elle est face à face avec des objets elle assume une extension, elle devient une substance. Si ce que j’ai dit est juste, ne pouvons-nous assumer qu’elle est une surface comme un miroir et qu’elle a aussi de la profondeur ? En réalité la profondeur est un sentiment subjectif ou une dimension. Si je vois quelque chose la réponse peut être superficielle ou profonde. Aussi la profondeur réside dans la réponse. Par exemple on peut dire : je suis profondément ému, ou bien dire je suis profondément amoureux, c’est-à-dire que la profondeur est en réalité en soi-même, dans l’être lui-même, dans la conscience. Elle existe en tant que fait psychologique. Elle appartient à la réponse qui appartient à l’objet quel que soit l’objet en question, cela peut être un visage humain, un arbre, une fleur, quelque chose qui souffre, mais la réponse peut être très profonde. Que la réponse soit superficielle ou profonde, cela dépend de la personne et de la condition de sa conscience.

Jusqu’où cette profondeur peut-elle aller ? Il n’est pas possible de dire combien cette réponse peut être profonde. En théorie elle peut aller jusqu’à un ultime, cet ultime peut être appelé le sol de notre être, c’est-à-dire ce qui se trouve à la base même, à la fondation de notre être. Si la réponse vient de ce niveau, naturellement elle est extraordinairement profonde ou, pour dire les choses sous une autre forme, la réponse peut venir du centre de notre être, l’expression dit : « du plus profond de mou cœur ». C’est-à-dire que dans mon être je peux aller suffisamment profondément pour arriver jusqu’à ce point ultime. Mais s’il peut y avoir cette profondeur dans la conscience individuelle, ne peut-il y avoir une action qui sorte de cette profondeur ? Non seulement une réaction qui se produise lorsque quelque chose d’extérieur est perçu ! Je vois quelque chose qui est extérieur à moi, j’y réponds, mais en dehors de cela, ne peut-il y avoir une action volontaire provenant du centre de mon être ? Conformément à cette ligne de pensée, il peut exister cette action volontaire provenant de ce centre, et lorsqu’il y a cette action déclenchée par une volonté en provenance de ce centre, nous faisons une expérience extrêmement différente de tout ce que nous avons pu expérimenter dans la vie ordinaire.

Cette action, qui est absolument libre et qui vient volontairement de ce centre, est nécessairement l’amour parmi d’autres choses. Lorsqu’il y a cette action qui vient de l’intérieur, il y a un sentiment de joie. C’est dans cette action qu’en vérité la beauté de l’âme consiste. L’âme n’est pas quelque chose de mystique, quelque chose qu’on se figure simplement exister. C’est un certain aspect de notre nature consciente. C’est un aspect qui comporte une liberté absolue.

Ainsi nous pouvons comprendre que cette condition puisse exister dans un être humain. Lorsque nous disons « individualité », cela implique une limitation. La conscience individuelle est donc capable de réactions. Mais aussi d’actions libres venant de l’intérieur ; et c’est une action en profondeur et non superficielle. Quelle est donc la nature de cette limitation que l’individualité nous impose ? Je suis et vous êtes des individus. Le fait que chacun soit une individualité constitue une limitation. Quelle en est la nature ? Cela veut-il dire qu’il y a moins de profondeur qu’il pourrait y avoir sans cela ? Ou moins d’énergie qu’il n’y en aurait s’il n’y avait pas cette limitation ? Je crois que la réponse à cela est que la limitation dans un cas quelconque c’est toujours une spécialisation. Tous les Adeptes, les Maîtres, les grands Instructeurs, sont tous des individualités qui vivent dans la liberté. En fait on les connaît comme des libérés. Mais un adepte est différent d’un autre. La différence vient de ce que chacun d’eux manifeste une qualité unique. La beauté qu’il rayonne, l’influence qui jaillit de lui est quelque chose d’unique qui ne peut pas être trouvé ailleurs. Ce n’est pas une différence de quantité. C’est du moins comme cela que je le comprends. On ne peut pas dire que cet adepte a plus d’amour que tel autre, qu’il est plus libre qu’un autre.

Une telle opinion ne serait je crois pas autre chose qu’un produit de notre ignorance. Chacun est incomparable en ce sens que chacun est unique et par conséquent ne peut être comparé. Je pense donc que tous ces grands êtres ont l’amour, la beauté, la capacité d’agir, mais ils sont différents : la nature de cette différence ne peut être mentionnée qu’en termes très généraux comme je le fais maintenant. Il y a un certain parfum qui est différent de tout ce que vous avez pu connaître.

Vous me demanderez quelle est la nature de ce parfum ? Est-il possible de répondre, puisque c’est quelque chose qui est complètement différent de ce que vous connaissez, et qui est dans votre conscience. Je crois que la qualité de celui qui a atteint ce qu’on appelle la perfection humaine ou la libération est de cette nature. Et il y a une semence d’unicité dans chaque être humain, mais cette semence est enfouie dans le sol dur et ingrat de notre cœur. Aussi faut-il que nous changions le sol avant que la graine puisse se développer et s’épanouir.

C’est le travail sur le sentier occulte spirituel qui justement permet de changer ce sol. Tout ce qui est étranger à ce germe divin doit être éliminé, et ce sol durci doit être ameubli. C’est le résultat d’une profonde sympathie, de la capacité de répondre rapidement à ce qui se présente. La conscience individuelle qui est moulée d’une certaine façon dans une certaine condition, doit se libérer dès ce moment, se déconditionner, alors elle se réduit à un état de totale simplicité.

C’est une condition extraordinaire qui peut être atteinte par chacun de nous. Se déconditionner, c’est peut-être un mot un peu savant, cela veut dire qu’il ne doit pas y avoir quelque chose de rigide, un patron ferme, peur dessiner notre être, c’est-à-dire qu’il n’y a pas à penser conformément aux systèmes rigides du communisme ou du capitalisme ou du système indou, bouddhiste ou chrétien, ou des traditions françaises ou musulmanes, mais être seulement un être humain sans aucune étiquette. C’est ce qui est véritablement dans le sens de « déconditionné », c’est-à-dire débarrassé de tout conditionnement. On peut demander si celui qui atteint cette condition extraordinaire ne sera pas conditionné de nouveau ! Mais il ne se laissera pas prendre dans un nouveau conditionnement s’il a été conscient de tout le processus de conditionnement. C’est-à-dire si l’on devient conscient de ce qui se passe en nous-même. Comment on contracte un attachement pour telle chose ou telle autre, comment nous sommes égoïstes ou égotistes dans nos pensées et dans notre façon d’être. On devient conscient de tout ce qui ne va pas aussi bien dans le champ de la pensée que dans celui de l’action. Dans cette condition qu’est-ce qui agit ? Ce qui agit c’est l’intelligence absolue et cet état d’amour qui se produit dans cet être sans souillure. L’amour caractérise l’action de l’intelligence. L’intelligence agit selon certaines conditions et certaines circonstances, et selon des façons particulières. Mais toutes ces actions sont caractérisées par l’amour. Ainsi il y a l’action de l’intelligence et en même temps de l’amour. Ces deux choses, l’amour et la perception, proviennent de cette sensibilité qui est en nous, et cette condition de sensibilité est vraiment la nature basique, fondamentale de l’homme.

Ce que nous observons chez les gens c’est la nature de ce conditionnement, les forces qui opèrent dans cet état conditionné, mais cela ne peut pas être la véritable nature de l’homme, c’est une certaine nature qui a été acquise, moulée. La nature vraie c’est la nature originelle, la nature qui existe à la base de l’être humain et je crois qu’il est très important de bien comprendre que l’homme peut être autre chose que ce qu’il paraît être. Tel qu’il paraît il est souvent grossier, désagréable à voir, pas gentil du tout, quoiqu’il se produise parfois des choses gentilles dans l’ensemble. Je pense que je n’exagère pas, car nous voyons tant de violences et de cruauté, de vulgarité et de manque de raffinement dans leurs goûts ; mais tout cela ce n’est que le moule, la copie extérieure, l’homme véritable est comme une statue cachée dans un bloc de marbre, et il doit nécessairement arriver à la lumière. On ne peut pas dire que ce soit là de la pure théorie et de la métaphysique, parce que, lorsque vous l’avez compris vraiment, cela change complètement votre attitude vis-à-vis des gens. Cela ne vous donne pas seulement de l’espoir, mais de la certitude et vous respecterez la personne pour ce qu’elle est en essence et naturellement cela amène des rapports différents entre les êtres humains.

N. SRI RAM

Congrès de Paris 1971