l'higoumène Chariton De Valamo
Le cœur fervent dans l'orthodoxie grecque

Le monde spirituel est ouvert à celui qui vit au-dedans. En demeurant à l’intérieur de soi-même et en contem­plant cet autre monde, on éveille peu à peu en soi une chaleur spirituelle qui se fait sentir dans le cœur ; et, à son tour, cette chaleur nous incite à vivre davantage au-dedans et nous fait prendre une conscience de plus en plus nette de l’existence de ce royaume intérieur et spirituel.

(Revue Itinérance. No 1. Mai 1986)

INTÉRIORITÉ ET CHALEUR DU CŒUR

Le monde spirituel est ouvert à celui qui vit au-dedans. En demeurant à l’intérieur de soi-même et en contem­plant cet autre monde, on éveille peu à peu en soi une chaleur spirituelle qui se fait sentir dans le cœur ; et, à son tour, cette chaleur nous incite à vivre davantage au-dedans et nous fait prendre une conscience de plus en plus nette de l’existence de ce royaume intérieur et spirituel. La vie spirituelle mûrit sous l’action réci­proque de ces deux choses : l’intério­rité et la chaleur du cœur. Celui qui vit dans ce sentiment intérieur de chaleur du cœur a son intellect lié et attaché, mais l’intellect de celui à qui cette chaleur intérieure fait dé­faut vagabondera.

C’est pourquoi, si l’on veut vivre da­vantage au-dedans, il faut recher­cher cette chaleur du cœur ; mais il faut s’efforcer aussi, par un effort in­tense, d’entrer et de rester à l’inté­rieur. Voilà pourquoi aussi celui qui cherche à rester recueilli unique­ment dans sa tête, sans chaleur du cœur, travaille en vain. Tout est dis­perse en un instant.

Il ne faut donc pas s’étonner si mal­gré toutes leurs connaissances, les hommes de science passent à côté de la vérité : ils ne travaillent qu’avec leur tête.

CONSERVER LA CHALEUR DU CŒUR ET LE RECUEILLEMENT

Aussitôt que vous vous éveillez le matin, ayez soin de vous recueillir intérieurement et d’éveiller en vous une sensation de chaleur. Considé­rez cette chaleur comme votre condi­tion normale. Aussitôt qu’elle cesse, vous pouvez être assuré que votre être intérieur n’est plus en ordre. Quand, dès le matin, vous avez éveil­lé en vous cette chaleur et vous êtes établi dans ce recueillement, vous devez accomplir tous vos autres de­voirs de telle manière que vous ne détruisiez pas cet ordre intérieur, et quand vous en avez le choix, faite ce qui est de nature à le favoriser. Ne faites jamais rien qui puisse le détruire, ce serait agir comme si vous étiez votre propre ennemi. Faites-vous simplement un devoir de garder en vous le recueillement et la chaleur intérieure, en vous tenant en pensée devant Dieu. Cette attention, à elle seule, vous révèlera ce que vous devez faire et ce que vous devez éviter.