Gabriel Monod-Herzen
Le couple humain et le couple divin

Il est curieux de constater que pour les Hindous qui ont pourtant un sentiment religieux très développé, l’humanité n’est pas faite pour adorer Dieu, quoiqu’ils le fassent tout de même en donnant par exemple à l’enfant un Guru, choisi en dehors de la famille pour éviter l’influence familiale. Le but final dépasse infiniment l’âme humaine, c’est la transformation du monde. C’est la manifestation du Divin dans le monde, c’est la naissance d’une vie divine sur la terre qui, du point de vue hindou, est la seule solution. Et ceci est parfaitement clair chez Sri Aurobindo.

(Revue Panharmonie. No 184. Novembre 1980)

Compte rendu de la rencontre du 25.6.1980

Rencontre précédente

Notre sujet ce soir, « Le couple humain et le couple divin » est à la fois très beau et très difficile. Il a été traité dans presque tous les pays du monde, on pourrait en parler indéfiniment. Je me limiterai à vous donner une petite esquisse de la façon dont il est conçu en Inde et je compte sur vos questions pour compléter ce que je vous dirai.

Ce qui trompe, c’est qu’il peut se résumer en termes très simples : « Le couple humain est une image du couple divin. » Mais qu’est-ce que le couple divin ? C’est là que les choses commencent à être très délicates.

Dans la mythologie hindoue, les divinités ont au moins une femme, sinon deux. Pourquoi une seule divinité n’est-elle pas suffisante, puisqu’elle a en elle toutes les possibilités d’action, pourquoi est-ce nécessaire de lui adjoindre une femme ? Attention ! je dis « divinité » et non « Dieu », car comme le dit M. Amado qui est un véritable orientaliste : « Dieu, il y en a un, et des divinités il y en a des milliers qui sont toutes des expressions spirituelles de Dieu. » Quand on va au sommet, il n’y en a qu’un, il y a une unité. Ainsi qu’il est dit dans le Rig Véda : « Les Sages m’appellent Indra, Agni, Parjanya, mais ceux qui savent, savent que Je suis unique ! »

Alors pourquoi le couple divin ? Parce que la manifestation du Divin qui est au-delà de toute espèce de forme, toute espèce de distinction, exige une certaine matérialisation, puisqu’il y a un monde matériel dans lequel nous vivons. Il y a donc deux aspects : l’inspiration et la réalisation matérielle. La réalisation, c’est le rôle féminin, l’inspiration, c’est le rôle masculin. D’où la nécessité de l’aspect féminin, sans pour cela qu’il y ait la moindre subordination de l’un à l’autre et, en réalité, aucune séparation. Prenez le Soleil comme exemple : il est un globe matériel incandescent qui rayonne dans l’espace. Vous ne pouvez séparer le rayonnement du globe, il n’y aurait plus de Soleil, et inversement plus de rayonnement. Vous avez là l’image du centre masculin qui contient un travail considérable et puis, du rayonnement par lequel il agit sur le monde extérieur. Voilà le couple divin, un être unique, mais complet.

Ce qui fait la différence entre le couple humain et le couple divin, c’est que ce dernier est constamment créateur. Lorsque Arjuna, dans la Bhagavad Gîta objecte que les gens consacrés à l’Esprit restent immobiles, pourquoi alors Sri Krishna lui ordonne-t-il d’agir ? Lord Krishna répond : « Et moi, si je n’agissais pas, le monde disparaîtrait ! »

Dans la mythologie hindoue on ne parle pas de la création de l’Univers, mais on parle de la création du monde dans lequel nous vivons. Chez l’être humain la création n’est pas continue. Lorsqu’on fait un enfant il y a bien une inspiration qui vient de l’homme, mais ensuite il y a neuf mois de préparation par la femme. Elle est ce qui dans le couple manifeste matériellement et  concrètement l’inspiration. C’est le seul pouvoir créateur de l’homme dans le monde physique.

C’est le couple qui est l’unité sociale et non pas des individus séparés, représentant sur terre le couple divin et possédant un même pouvoir créateur. Seulement, alors qu’il est continu et parfait chez la divinité, il est imparfait et limité chez l’homme.

En ce qui concerne la croissance et l’évolution de l’enfant qui, à sa naissance, tout en restant lié au domaine maternel puisque la mère continue à le nourrir, passe à un domaine extérieur qui est celui du père lequel, progressivement, devient responsable de son éducation. D’où, en Inde, l’importance énorme de la paternité. Cette éducation consiste à faire de l’enfant un futur chef de famille car, ce qui est important, c’est la continuation de l’espèce. Le père est responsable du passage de l’enfant à ce qui va être l’homme social, celui qui se mariera et qui commencera à compter à partir de ce moment. L’homme ou la femme, en Inde, qui ne se marie pas — c’est extrêmement rare — est un être incomplet, car c’est le couple qui compte toujours.

Vous voyez combien les rôles sont bien partagés et sont tout à fait semblables : le Divin crée et son aspect féminin exécute, il fait descendre l’inspiration dans la matière, il fait quelque chose qui va transformer la matière. Sur terre, c’est l’homme l’agent transformateur.

Les animaux subissent les lois de la nature, mais ne peuvent guère transformer le monde. Le rôle de l’homme créateur est précisément de créer un monde nouveau en couronnement de l’autre, c’est-à-dire du monde animal, végétal, minéral qui lui est donné.

Il est curieux de constater que pour les Hindous qui ont pourtant un sentiment religieux très développé, l’humanité n’est pas faite pour adorer Dieu, quoiqu’ils le fassent tout de même en donnant par exemple à l’enfant un Guru, choisi en dehors de la famille pour éviter l’influence familiale. Le but final dépasse infiniment l’âme humaine, c’est la transformation du monde. C’est la manifestation du Divin dans le monde, c’est la naissance d’une vie divine sur la terre qui, du point de vue hindou, est la seule solution. Et ceci est parfaitement clair chez Sri Aurobindo. Pour lui aussi c’est la seule solution à nos problèmes qui soit permanente, qui puisse être acceptée indéfiniment. Tous nos problèmes devraient au bout d’un certain temps, hélas assez long, aboutir à la divinisation de nos vies et de l’être humain, à un état d’harmonie et d’équilibre si cher aux Chinois qui considèrent l’harmonie entre le Yin et le Yang comme étant la base du bonheur et de la santé.

Le couple humain devrait donc être une image du couple divin, et plus il le sera, disent encore les Chinois, plus il sera heureux, parce qu’il sera poussé par l’ensemble des forces spirituelles qui tendent dans cette direction. Pourquoi avons-nous des aspirations spirituelles ? Parce que cela satisfait un besoin en nous, besoin qui peut prendre diverses formes. C’est une aspiration qui est universelle.

Sri Aurobindo a montré que c’était possible et ensuite il a montré que c’était inévitable, que l’évolution naturelle de l’humanité devait nous amener à cette divinisation progressive.

Question : Que se passe-t-il si le couple humain n’a pas d’enfants ?

Réponse : Puisque le couple, ainsi que le pensent les Hindous, est là pour donner une possibilité nouvelle à la manifestation divine, que le couple qui n’a pas d’enfants, se sépare et que chacun se remarie. Nous avons perdu en Occident la notion de l’importance de l’enfant qui naît. Ce qu’il y a d’admirable dans la maternité, c’est qu’elle offre au Créateur une possibilité nouvelle de se manifester et cette possibilité n’a jamais existé avant, ni n’existera après. Car si tous les êtres sont semblables et faits sur un même plan quelles que soient leurs races et leur couleur, il n’y a cependant pas deux êtres identiques.

Cela n’a rien à voir avec le nombre d’enfants qu’on a, l’essentiel c’est que quelqu’un assure la suite, d’où l’importance des castes. Il faut que dans une lignée donnée, correspondant à certaines conventions sociales, il n’y ait pas d’interruption.

Question : C’est donc la principale fonction du couple pour être à l’image divine. Mais n’y a-t-il pas d’autre procréation ? N’y a-t-il pas des couples qui ne procréent pas et qui sont tout de même à l’image divine ?

Réponse : Je peux vous donner deux réponses : pour un couple ordinaire  si je puis dire  c’est raté et ils auront à le refaire dans une prochaine incarnation. Mais il y a aussi le cas où l’individu décide de se retirer du monde pour se consacrer totalement à la vie spirituelle. Si, dans un couple l’un des deux veut se retirer, il ne peut le faire qu’avec l’accord non seulement de l’autre, mais de tous ses enfants et de ses ascendants. A ce moment vous entrez dans une catégorie d’êtres séparés qui a ses propres règles. Vous renoncez à toutes les autres, vous perdez vos droits de caste, vous êtes vraiment  autre chose.

Question : Quand un couple n’a pas d’enfants, mais un but spirituel commun, ne crée-t-il pas quelque chose tout de même ?

Réponse : J’ai parlé de couples ordinaires. Si tous les deux ont une tendance spirituelle ils peuvent parfaitement décider de chercher un Guru qui peut ne pas être le même pour chacun d’eux. Et alors ils continuent leur vie, mais sur une base différente. La création commune, c’est qu’ils continuent à vivre ensemble et qu’ils mettent leur travail spirituel en commun. Ils ont une chance exceptionnelle de progresser plus vite, étant le complément l’un de l’autre. Le fait d’être marié n’a jamais été considéré comme un obstacle au progrès spirituel.

Remarquez que ce n’est pas inconnu en Europe. Je peux vous citer un exemple dans le Christianisme. Un monsieur appartenant à une famille aisée était marié et sa femme un jour désira entrer en religion. Elle eut à tel point l’accord de son mari, qu’avec le consentement de l’Evêque, lui aussi entra en religion. Elle devint la Supérieure d’un couvent quelque part dans le Pacifique et lui, qui était entré dans le même Ordre, devint Inspecteur général. En tant que tel il arriva dans le couvent où se trouvait sa femme. Il se rendit chez l’Evêque et lui dit : « Naturellement je vais passer la nuit dans le couvent d’hommes qui est à côté »  « Non, répondit l’Evêque, jamais de la vie ! Vous êtes marié, vous restez marié, vous allez habiter avec votre femme dans le même appartement. Je ne séparerai pas ce que Dieu a uni !

Vous avez en Inde des divinités de second plan ou de troisième plan et vous en avez jusqu’au sommet. Si vous avez une dévotion particulière pour un de ces couples, qui sont chacun créateur, dans leur domaine, votre vie va se consacrer à cette forme là de vie intérieure et extérieure, car vos devoirs vont s’harmoniser avec la divinité que vous sentez en vous-même et qui est le centre de votre être. D’où l’importance que l’Amour avec un grand A a dans toute la spiritualité hindoue. L’Amour qui est le reflet dans l’individu des trois aspects du Divin : Existence – Connaissance – Amour. Seulement dans le Divin l’union entre les trois est éternelle, tandis que chez les êtres humains on la ressent plus ou moins bien.

La similitude du couple divin et du couple humain se retrouve dans tous les pays, dans tous les temps, sous des formes extrêmement différentes, mais elle est partout.

Comme l’a dit Sri Aurobindo, l’accès à la vie spirituelle n’est pas plus difficile pour un Occidental que pour un Oriental. Les difficultés ne sont pas du même genre. Les Occidentaux veulent établir un plan sur une feuille de papier, avec un compas si possible, où chaque chose a sa place et explique l’autre. L’Oriental monte immédiatement et fabrique un beau nuage coloré et puis, ne fait rien en bas.

Question : N’y a-t-il pas une voie équilibrant les deux, p.e. Confucius ?

Réponse : L’idéal serait de combiner les deux, mais c’est extrêmement rare et difficile. La « Voie du Milieu » de Confucius consiste à prendre d’abord conscience de l’harmonie de l’action divine et puis, ensuite, de l’appliquer. Vous avez alors une vie qui tiendra compte des éléments, mais pas d’un milieu entre deux, mais au milieu de tout. Nous pourrions appeler cela : « La Voie centrale » de n’importe quel élément vital : connaissance, sentiment, habileté pratique, etc. Si vous arrivez à l’harmonie qui sera différente pour chacun de nous, alors vous aurez suivie la « Voie du Milieu », celle qui est au centre de tout.

Confucius qu’on traite de vieux bureaucrate, est celui qui a demandé qu’on refasse une édition du Yi King, c’est-à-dire du livre des transformations, auquel il donnait beaucoup d’importance, qui est ce vieux livre chinois qui contient les hexagrammes et leurs interprétations. Ce dont il s’agit, c’est l’ensemble de toute la vie et même de la vie cosmique. Car les Chinois vous diront qu’on ne peut pas faire avec des chances de succès, n’importe quoi à n’importe quel moment. La « Voie du Milieu » va être la voie qui va tenir compte de tout l’ensemble dans la mesure de nos possibilités, bien entendu, et qui va en faire un tout harmonieux.

Question : Finalement c’est la Croix, le miracle de la Croix, le processus du centre de la Croix.

Réponse : Ce n’est pas la Croix ! Il n’y a pas quatre branches ou deux ou cinq. Il y a un ensemble qui n’a d’existence propre que parce qu’il a un centre qui l’explique, exactement comme le Soleil explique le système solaire tout entier. S’il n’y avait pas le Soleil, tout irait à l’infini. Il y a un centre dans la vie intérieure et dans l’existence de l’individu. C’est cela qui est à trouver. Si vous trouvez votre centre, vous pourrez être dans le véritable lieu. Dans un de leurs ouvrages, les Chinois commencent un chapitre en disant : « Sur le bord de sa baignoire l’Empereur Un Tel qui était très sage, avait fait graver cette maxime : Renouvelez-vous chaque jour et renouvelez-vous encore… » Ce renouvellement, c’est précisément la recherche du centre. A mesure qu’on en approche, on quitte certaines régions, on change, tout change dans l’individu, ses relations vis-à-vis du monde, vis-à-vis de la société, vis-à-vis de l’homme. Tout cela change et devient quelque fois parfaitement sensible physiquement. On arrive à la sérénité qu’il ne faut pas confondre avec bien-être.

On a demandé à la Mère de l’Ashram, quel était le signe extérieur permettant de reconnaître l’homme parvenu à son centre, ce qu’on appelle « la libération de l’être » ? Elle a répondu : « C’est qu’il est toujours de bonne humeur ! » Et c’est tout à fait vrai, car j’ai eu la chance de rencontrer six personnes dont on ne pouvait pas douter qu’elles avaient atteint un état de détente intérieure complet. Et tous les six étaient gais. Depuis ce jour-là je me méfie des longues figures… Sri Aurobindo était très gai, Mère aussi, le Maharshi était un homme gai et c’est curieux de penser qu’il était resté vingt ans sans parler, parce qu’il trouvait que c’était inutile. Sri Krishna Prem avait beaucoup d’humour étant d’origine anglaise. L’essentiel n’était pas ce qu’ils enseignaient, ce qu’ils disaient, mais leur présence. Quand vous êtes auprès d’un tel être qui a atteint cette sérénité souriante qui s’accompagne souvent d’une activité extrêmement intense, on a l’impression d’une détente merveilleuse. Alors chaque chose devient naturelle, s’insère à sa place et je crois que c’est cela qui donne cette impression de liberté extraordinaire. Alors c’est à vous de trouver votre place dans l’ensemble !

Nous revenons à la question du couple sans enfants :

M. Monod-Herzen : Ils se consacrent à la vie spirituelle, mais qu’est-ce que cela veut dire ? En Inde cela veut dire depuis des siècles : je vais me livrer à une discipline telle que, même si elle est pénible, elle me permettra d’éviter la réincarnation. En sanscrit on dit la ré-mort pour réincarnation. Sri Aurobindo dit : « C’est parfaitement réalisable, mais pour une toute petite poignée d’individus. » Et la Gîta dit : « Il y a un homme sur mille qui essaie et un sur mille de ceux qui essayent qui réussit ! » « Moi, ce qui m’intéresse ce n’est pas d’enseigner, disons une technique, qui ne va profiter utilement qu’à une toute petite partie d’entre eux. Ce qui m’intéresse (il ne faut jamais oublier que Sri Aurobindo était homme politique au début de sa vie), c’est ce qu’on peut faire pour l’ensemble de l’humanité, quelque chose d’intégral. » Intégral, dans ce sens que cela pourra s’appliquer à tous les êtres humains quel que soit leur degré de développement, de faire épanouir le maximum de ce qu’ils ont en eux. Chacun de nous a ses limites. L’important, c’est de faire tout ce que l’on peut et c’est cela qui constitue l’humain intégral. Donc chacun peut avoir sa somme de bonheur, car ce travail qui n’est pas toujours un plaisir, apporte le bonheur. La chose est offerte à tous, elle est vraiment intégrale et utilise la totalité de notre individu.

On parle de la possibilité qui est donnée à l’Ashram de choisir le travail que l’on veut faire.

M. Monod-Herzen : Si nous sommes mis ici, c’est que nous avons quelque chose à faire ici. Il ne s’agit pas d’aller ailleurs, vous retrouverez les mêmes problèmes. Si vous vous changez, le milieu changera et vous arriverez à trouver votre vrai métier. Voyez cet employé de boucher allemand, Schliemann, qui a trouvé un jour une traduction allemande d’un vieux livre grec qui parlait de la ville de Troie et qui s’est promis de la retrouver. Il a fait et appris tout ce qu’il fallait pour cela et il a découvert les ruines de Troie ! Tout est possible !

Si chacun est à sa place et trouve en son conjoint la complémentarité totale, la question du couple est résolue.

Un participant pose la question de l’Immaculée Conception : C’est Dieu qui agit à travers le couple humain.

Réponse : Je vais vous poser une colle : qu’est-ce que c’est que l’Immaculée Conception ?

Le participant : Un Ange s’est présenté qui a dit à Marie qu’elle était enceinte du Divin. C’est la Vierge, Mère et Vierge.

M. Monod-Herzen : L’Immaculée Conception est le fait que Marie était le seul être qui n’était pas touché par le péché originel. C’est elle, c’est Marie qui a été conçue d’une façon immaculée. Il fallait un réceptacle parfait, d’une pureté absolue.

Le participant Y a-t-il eu une intervention ?

Réponse : Vous trouverez ça dans le Bouddhisme, comme vous le trouverez dans le Christianisme, c’est-à-dire que le fait que le Divin, ayant besoin d’une manifestation particulière, et trouvant par chance un être capable de Le manifester, a déterminé que cet être naîtrait. Les Musulmans respectent profondément Marie et considèrent Jésus comme un Rabbi. Ils ne croient pas à l’Immaculée Conception ni de Jésus, ni de Marie. C’est une interprétation d’origine grecque. Dans les Evangiles on n’en parle pas, on dit même que Jésus avait des frères et des sœurs. Ce qu’on dit, c’est qu’il était l’aîné de la famille.

Le participant : Je vous ai posé ces questions pour que vous nous parliez un peu de cela. Nous sommes des êtres ouverts au spirituel et il est possible que les forces spirituelles travaillent à travers nous, de même que les forces inférieures.

M. Monod-Herzen : C’est ce que j’allais vous dire ! Le Divin est toujours présent, mais Il ne peut pas toujours trouver ce qu’il faut pour qu’Il se manifeste. Par conséquent la chose reste en latence jusqu’au jour où une combinaison heureuse fait qu’il y a un homme ou une femme qui vont pouvoir créer le réceptacle. C’est toute la Légende du Saint-Graal. Le récit du Moyen Age dit que quand Lancelot, l’ayant trouvé, revient auprès des Chevaliers réunis, le Graal apparaît porté par un Maître qui s’avance, fait le tour de la table et chaque fois qu’il arrive devant une place, des animaux merveilleux apparaissent sur l’assiette ou plutôt sur le morceau de pain, puisqu’on mangeait sur un morceau de pain dans ce temps-là. Et puis, Lancelot s’approche du Graal et, ce qu’il est seul à pouvoir faire, il soulève le linge qui le recouvre et il voit ce qu’il y a dans le calice: il voit le sang du Christ, c’est-à-dire qu’il voit la Vie Divine, il en a la révélation totale, directe. C’est sa récompense. C’est seulement celui qui en est digne qui aura cette possibilité extraordinaire.

Question : Peut-on dire que l’enfant est le devoir social du couple ?

Réponse : En langage européen moderne, oui. Mais pour les Indiens toute l’humanité est faite pour manifester le Divin sous toutes les formes possibles. L’enfant, c’est la participation qu’on vous demande d’apporter à cette œuvre générale.