Alfred Herrmann
Le domaine paranormal et la science

Le mot « paranormal » ne figure pas, en général, dans les dictionnaires. On lui prête, le plus souvent, la signification de « processus qui ne peut pas être démontré d’une manière rigoureuse par des investigations scientifiques ». Dès lors, un très grand nombre de processus, considérés par la science officielle comme étant normaux, deviennent paranormaux puisqu’ils ne peuvent être caractérisés d’une manière rigoureuse par aucune investigation scientifique. Et, ce qui plus est, parmi les existences et les comportements paranormaux, il faut ranger les éléments de base les plus essentiels de la physique, la chimie, de toutes les sciences qui traitent de la matière et des énergies ainsi que de la biologie et de la plupart des sciences qui traitent du monde vivant et surtout de l’homme.

(Revue Etre Libre. Numéro 234, Janvier-Mars 1968)

Le règne du mal menace le monde qui méprise le bien pour le remplacer par des « vérités scientifiques » qui, demain, seront des « erreurs scientifiques ».
Taylor Caldwell.

La science contemporaine, précise et rigoureuse, a pourtant commis de grandes erreurs d’ordre général auxquelles il n’est que temps de remédier si l’on veut éviter que son merveilleux édifice ne s’écroule un jour comme un château de cartes.

L’homme qui étudie les sciences le fait en utilisant son complexe mental qui fonctionne, à plus d’un point de vue, à la manière d’un ordinateur[1]  comprenant trois groupes d’organes essentiels :
a) Les organes de réception (input unit) représentés par nos sens;
b) Les organes de computation – pensée, raisonnement, décisions et mémoire (central unit) représentés par notre cerveau et ses dépendances;
c) Les organes d’exécution (output unit) représentés par notre métabolisme et notre motilité.

L’organe de computation (le cerveau) est le plus essentiel. Or, dans les ordinateurs, l’étendue du fonctionnement, le mode de fonctionnement et les possibilités opératoires du « central unit », conditionnées par le constructeur, sont strictement limitées à un secteur d’activités (le « range »), auquel l’ordinateur est destiné. Ainsi, le central unit à un ordinateur affecté aux prévisions météorologiques est très différent de celui d’un ordinateur qui contrôle la trajectoire d’une fusée spatiale ou qui empêche un réacteur de s’emballer.

Le même principe s’applique à l’homme : le « range » de ses organes pensants a été strictement limité, par la Nature, aux activités qui lui sont assignées. Il est essentiellement différent : plus efficient dans beaucoup de domaines mais plus pauvre dans d’autres, que celui d’un poisson ou d’un oiseau.

Le « range » de notre cerveau est limité, selon toute évidence, à une fraction infime des existences cosmiques. Notre complexe mental, construit à l’aide des seuls matériaux disponibles dans notre petit secteur d’univers : énergie (matière), espace, temps et rudiments de psychisme, ignore la majeure partie du grand cosmos qu’il est incapable de percevoir ni même de concevoir. L’erreur des savants est d’être convaincue que le grand cosmos est limité à tout ce que perçoit et conçoit notre complexe mental.

Un nombre, infini sans doute, de vastes plans universels sont hors de portée de nos organes pensants; l’existence de certains de ceux-ci est déjà mise à l’étude scientifiquement. Ils sont sans doute imbriqués les uns dans les autres — et dans le nôtre — et certains d’entre eux : les univers « anti » (particules – réflexion spatiale – temps) ont déjà fait l’objet d’études approfondies par les savants et les laboratoires[2].

Il est hors de doute — et de nombreuses preuves scientifiques peuvent être invoquées à l’appui de ce principe — que « quelque chose » et même « une infinité de choses » existent que nous sommes incapables de percevoir et de comprendre, même par le truchement de notre instrumentation et de nos mathématiques, artifices qui, en dernier lieu, sont quand même soumis aux critères de notre pensée.

Ce sont ces choses et tous les processus ayant une corrélation avec les éléments et plans universels imperceptibles et inconcevables par notre complexe mental qui constituent les grandes énigmes de la pensée humaine et, entre autres, ce qu’on appelle parfois et souvent improprement les « manifestations paranormales ».

Le mot « paranormal » ne figure pas, en général, dans les dictionnaires. On lui prête, le plus souvent, la signification de « processus qui ne peut pas être démontré d’une manière rigoureuse par des investigations scientifiques »[3]. Dès lors, un très grand nombre de processus, considérés par la science officielle comme étant normaux, deviennent paranormaux puisqu’ils ne peuvent être caractérisés d’une manière rigoureuse par aucune investigation scientifique. Et, ce qui plus est, parmi les existences et les comportements paranormaux, il faut ranger les éléments de base les plus essentiels de la physique, la chimie, de toutes les sciences qui traitent de la matière et des énergies ainsi que de la biologie et de la plupart des sciences qui traitent du monde vivant et surtout de l’homme.

Une première catégorie de manifestations paranormales, à tel point nombreuses que nous ne pourrons passer en revue que les plus essentielles, est par conséquent constituée par les processus réputés normaux mais qui, en réalité et conformément à la signification prêtée à ce mot, sont paranormaux.

Une deuxième catégorie sera représentée par les phénomènes, qualifiés de « paranormaux » par la science officielle, mais dont les causes, aussi mystérieuses soient-elles, ne peuvent être recherchées que dans des domaines matériel ou psychique.

Une troisième catégorie, enfin, est formée par les manifestations paranormales dont les causes sont attribuées — à tort ou à raison — à des interventions de forces ou entités psychiques supérieures à l’homme, transcendantales et animistes, qualifiées de « divines » ou « diaboliques » par certaines disciplines philosophiques ou religieuses.

1.    Éléments et processus, réputés normaux qui sont, en réalité, paranormaux.

— Le mécanisme fondamental de l’existence et de la vie : matérialisation du matériau « énergie », sous toutes ses formes dans l’espace, par le temps, constitue une énigme insondable. Il en est de même de la nature et de l’essence des trois paramètres universels de base : l’énergie (la matière, les rayonnements), l’espace et le temps. Ils figurent, sous une forme symbolique, dans une multitude de sciences, d’expériences, de computations et de calculs, mais leur origine, leur nature et leur mécanisme sont inexplicables.

— La nature et les mécanismes des éléments constitutifs de l’univers matériel : protons, neutrons, électrons, atomes, photons, neutrinos, molécules, matières moléculaires.

La matière est composée d’atomes et ces atomes sont formés d’un noyau de protons et de neutrons autour duquel tournent — apparemment du moins — des électrons. Les quelques 200 autres corpuscules que l’on a découverts dans les grands accélérateurs et dont la vie, d’une infime fraction de seconde, est éphémère, ne jouent — du moins sur notre terre — qu’un rôle secondaire.

La particule est, en principe, un tout petit espace chargé du matériau « énergie ». Elle se comporte, tantôt comme un fragment de matière, tantôt comme une onde. De nombreuses explications de ce comportement ambigu ont été avancées : théories de Schrödinger, de Heisenberg, de Louis de Broglie, Interprétations de Copenhague, de Bruxelles, de l’ « Ecole de Paris » ? Déterminisme ou probabilisme ?

La science, après une ébauche d’explication peu convaincante, s’est toujours heurtée au mur d’une énigme insondable, même si l’obstacle a été franchi dans la pratique grâce à l’expérimentation et aux jongleries mathématiques[4, 5 & 6].

Le comportement des protons et des neutrons, à l’intérieur du noyau atomique, est tout aussi étrange. Ces particules y possèdent une grande cohésion grâce à des forces nucléaires « majeures » qui, parfois, se matérialisent sous la forme d’une particule mystérieuse appelée « méson pi » ou « pion ». L’état des particules, à l’intérieur du noyau, se modifie quelques milliards de fois par seconde. De quelle manière ? Mystère !

Le photon de lumière par exemple est également un fragment infime d’énergie qui se comporte généralement comme une onde mais dont la structure, « discrète » (non continue) confère parfois à ce photon un aspect corpusculaire. Le photon est toujours animé d’une vitesse unique et fantastique, la plus grande vitesse qui puisse exister dans la nature (environ 300.000 km/seconde dans le vide) et qu’aucun élément matériel ne peut atteindre puisqu’à cette vitesse cet élément matériel (corpuscule, objet) aurait une masse infinie (formule d’Einstein). La vitesse unique peut pourtant subir des modifications si le photon traverse des milieux matériels translucides mais elle y reste toujours aussi unique en ce sens que si le photon se heurte à un obstacle infranchissable, il se freine instantanément (vitesse zéro) et de ce fait a cessé d’exister. Son bagage d’énergie est transféré à la matière heurtée, sous forme de vibration. Le photon possède une masse « infiniment petite » qui devrait, théoriquement, être infinie à la vitesse qu’il possède, mais qui ne l’est pas. L’existence de cette masse est démontrée par le fait que le photon est attiré par les grands amas de matière tels que les étoiles et les galaxies et qu’il exerce une certaine pression, très petite mais réelle, lorsqu’il tombe sur l’obstacle qui met fin à son existence.

Par ailleurs, si l’on envoie, depuis un même point, deux cascades de photons, des rayons lumineux par exemple, dans deux directions opposées, chacun des photons acquerra la vitesse de 300.000 km à l’heure par rapport à son point d’émission mais deux photons, envoyés en sens inverse, n’auraient point, l’un par rapport à l’autre, une vitesse de 600.000 km à l’heure qui « ne peut pas exister dan la nature », mais seulement de 300.000 km à l’heure !

Le neutrino, qui traverse n’importe quel obstacle sans rencontrer la moindre résistance et sans exercer le moindre effet, est aussi mystérieux, si pas davantage, que les autres micro-éléments.

Quant à la « relativité » dont les lois régissent le comportement des particules comme celui des masses matérielles, elle donne lieu à des conclusions qu’aucune pensée humaine n’est en état de comprendre. Ainsi une fusée, partant aujourd’hui pour un voyage de deux ans, mesurés d’après les chronomètres du bord, à une vitesse proche de celle de la lumière, retrouverait, à son retour à la terre vieillie de plus de cent années !

Tous ces phénomènes possèdent un caractère indéniable de fantasmagorie et méritent, davantage que de petits épisodes de télépathie ou de prémonition, l’épithète de « paranormaux ».

Passons aux molécules, deuxième stade de l’organisation de la matière (le premier étant l’atome) depuis son état plasmatique, anarchique, dans les grandes masses sidérales et vierges.

La molécule est un complexe d’atomes enchaînés par leurs électrons. Première énigme : de quelle manière les électrons sont-ils commandés et orientés pour procéder à la constitution des molécules?

Dès les premiers temps de sa formation, la croûte naissante de notre globe terrestre et son atmosphère étaient composées de matières minérales et de gaz inertes et toxiques, c’est-à-dire de matières constituées par des molécules simples et primitives. Il a évolué, au cours de quelques milliards d’années, vers un habitat pour un monde vivant puis vers un habitat peuplé de créatures les plus diverses et cette évolution, incontestablement « programmée », s’est effectuée à l’aide de complexifications successives de molécules, c’est-à-dire de mouvements commandés et souvent « codifiés » d’électrons. Ces « grandes manœuvres » d’électrons ont été conditionnées en partie par des forces naturelles (températures, pressions, radiations), en partie par catalyse et autocatalyse (processus également très mystérieux) et en partie par des interventions de nature psychique qui constituent d’insondables mystères cosmiques [7].

Mais c’est à partir des premières manifestations de l’animation et de la vie, à partir des premières macromolécules animées qui ont pris naissance dans les abîmes des océans qui recouvraient les terres aux époques archaïques, que des processus inexplicables et incontestablement paranormaux ont apparu, en cascades successives comme pour obscurcir les horizons des savants qui s’efforcent d’expliquer et de reconstituer l’évolution de la vie sur la terre. Ils sont à tel point nombreux que nous devons nous contenter d’en citer quelques-uns des plus typiques :

—    La créature la plus primitive : le virus, simple complexe de macromolécules, est capable de déployer de véritables tactiques militaires pour attaquer un microbe, de se reproduire à l’intérieur de celui-ci et faire mourir ainsi les meilleurs défenseurs d’un organisme vivant. Où se trouve l’organe de computation et de raisonnement, le « central unit » de ce simple « combinat » moléculaire ?

—    La constitution et l’organisation d’une cellule, véritable unité vivante extraordinairement petite, sont presque aussi compliquées que celles des créatures tout entières. Elle possède un « poste de réception et de commandement », un « central unit » triple : signaux, computation de ceux-ci et exécution de réactions relatives, concernant : a) la cellule elle-même; b) l’organe dont elle fait partie et c) la créature dans son ensemble.

Tous ces mécanismes comportent des commandes, des corrélations, des liaisons et des interactions d’une complication inaccessible à notre entendement.

— Comment une créature vivante peut-elle prendre naissance et se former à partir d’un germe d’un diamètre de quelques microns, qui contient un nombre d’informations préétablies (ou bits » en langage cybernétique) à peine concevable (évalué à plus de 10200 pour un ver de terre) ?

Mais ce n’est pas la « programmation » génétique, constituée par les mosaïques et filigranes des atomes et fragments moléculaires d’une macromolécule extraordinairement complexe telle que l’ADN, qui représente le seul mystère insondable de ce processus, mais surtout la manière dont les molécules se groupent et construisent elles-mêmes un édifice d’une complexité telle qu’aucune pensée humaine ne sera jamais en état de le concevoir, « construction » effectuée par des mouvements d’électrons. En un mot, quel est le microélément ou élément psychique capable de lire, d’interpréter et d’exécuter le code génétique ? Ce n’est pas une simple opération de caractère déterministe mais elle comprend des milliards de calculs, de computations, de décisions à prendre et à exécuter ! Le professeur Lawden  dans la revue anglaise « Nature », attribue aux électrons des propriétés psychiques qui, d’ailleurs, sont loin de tout expliquer puisque les « électrons-ouvriers » devraient obligatoirement obéir à un « entrepreneur » de nature incontestablement psychique.

— Le processus de base de la prolifération des cellules par « mitose » : En un temps très réduit, parfois de l’ordre d’une seconde, des milliards de molécules et de combinaisons moléculaires sont reproduites avec une exactitude stupéfiante puisque les codes moléculaires eux-mêmes, représentés par d’autres milliards de configurations moléculaires sont reconstitués sans une erreur et ce dans des gammes de dimensions atomiques.

La « méiose » ou formation de cellules comprenant des demi-codes moléculaires destinés aux germes de la reproduction comprend, en outre, des séries infinies de sélections de ces myriades de gymnastiques particulaires et d’informations.

—    De quelle manière les pulses d’électrons, émis par nos organes sensoriels : yeux, oreilles, etc., et qui sont des éléments matériels, sont-ils transformés en stimulis de neurones et en images mnémoniques, éléments psychiques et immatériels ? Inversement, comment les décisions de notre complexe mental et de notre volonté ainsi que les mécanismes du contrôle de notre métabolisme par le système sympathique, éléments immatériels, sont-ils transformés en mouvements commandés d’électrons, éléments matériels qui déclenchent des processus chimiques et mécaniques ?

En dehors des processus précités qui forment la base même de notre naissance, notre formation, nos activités et de notre vie, une longue série de processus, assurément paranormaux, se rencontrent couramment dans le monde animal. Nous en citerons quelques-uns :

—    L’orientation des anguilles, des bancs de poissons et des oiseaux migrateurs;

—    Le commando central, qui prépare et exécute de véritables mouvements stratégiques, des termitières, des fourmilières et des ruches;

—    Les constructions effectuées par un grand nombre d’animaux : insectes, poissons, castors, etc., et dont les dispositions sont capables de prévoir de nombreux phénomènes courants ou fortuits de nature météorologique, tellurique et même astronomique.

Pour ne pas alourdir notre exposé, nous limiterons à ces quelques citations de la longue liste des processus réputés normaux mais qui sont indubitablement paranormaux, courants et même prépondérants dans les mondes matériel, vivant et humain.

(A suivre.)

Le domaine paranormal et la science par A. HERRMANN (suite).
(Revue Etre Libre. Numéro 235, Avril-Juin 1968)

Processus considérés comme étant paranormaux mais attribuables à des causes purement matérielles et psychiques.

Un premier groupe de phénomènes de cette espèce est l’influence des astres sur certains processus physiques, chimiques, biologiques, psychiques, politiques, sociaux, etc.

L’astronomie est d’ailleurs la seule science capable de prédire l’avenir — dans le cadre de ses propres mécanismes — à de très longues échéances et avec une très grande précision. Dès lors, elle a toujours servi de base à des prédictions concernant des processus qui pourraient s’y rattacher : normaux et reconnus comme tels, paranormaux et, hélas aussi, gratuits.

En ce qui concerne les processus matériels, l’influence sur un grand nombre de phénomènes naturels : météorologiques, climatériques, accidentels (tornades, tremblements de terre), biologiques (croissance des plantes, récoltes, fertilité, reproduction des animaux), n’est pas considérée comme étant paranormale et est parfaitement reconnue par la science officielle.

Ce n’est que depuis peu de temps que des incidences étranges, en provenance des astres, sur certaines réactions physiques et chimiques ont été mises en évidence, entre autres, par le professeur G. Piccardi, directeur de l’Institut de chimie physique de l’Université de Florence.

Ces incidences se manifestent, notamment, en conférant des propriétés fluctuantes à certaines réactions physiques et chimiques considérées auparavant comme étant de nature déterministe et immuable, ainsi qu’à certaines qualités de l’eau, cet élément qui joue un rôle si prépondérant dans tant de processus physiques, chimiques et biologiques.

Ces influences, et beaucoup d’autres, ont été reconnues, notamment par un « Symposium international sur les relations entre phénomènes solaires et terrestres en chimie, physique et biologie » qui a eu lieu à Bruxelles, en 1958, et qui se répétera prochainement à l’Université Libre de Bruxelles, ainsi que par des congrès internationaux, dont le quatrième s’est tenu en août-septembre 1966 à la Rutgers University (New Brunswick, U.S.A.)

Quant à l’influence des astres sur certains processus psychiques individuels, collectifs, sociaux, politiques, etc., si elle a fait l’objet, autrefois, d’un grand nombre de pratiques peu scientifiques, fantaisistes et gratuites, et surtout d’une « fausse astrologie », son prestige a été relevé récemment par un couple de chercheurs : Michel Gauquelin et sa femme, psychologue statisticienne, dont les travaux, effectués avec une méthode, un sérieux et une objectivité dignes de confiance, ont prouvé, sans aucun doute possible et chiffres à l’appui, que certains astres exerçaient une influence sur les états somatiques et psychiques des individus, sur leurs activités et leurs capacités, sur leurs carrières, sur divers processus sociaux et politiques et, en général, sur les destinées des individus, des peuples et du monde.

Nous mentionnerons également les phénomènes de télépathie, de divination et de prémonition dont l’étude a été accueillie, depuis peu de temps, par plusieurs universités.

Récemment aussi, des organisations militaires, aux U.S.A., ont effectué des expériences de télépathie dont les résultats pratiques ont été tenus secrets, mais qui semblent bien avoir été positifs dans plusieurs domaines. Les Russes, également, se sont livrés à des études et des expériences officielles et en ont même publié des comptes rendus qui admettent l’existence authentique de la télépathie dans certaines conditions.

Dans le cadre de l’étude, scientifique et objective, de la plupart des manifestations paranormales, il y a lieu d’accorder une attention toute spéciale aux travaux du Docteur et de Madame Rhine, à la « Duke University » aux U.S.A. D’après les conceptions de ces deux savants, l’homme serait doté d’un sixième sens, le « psi » qui existe d’ailleurs, effectivement, chez certains animaux et qui, chez l’homme, serait fort émoussé à cause des conditions artificielles dans lesquelles l’humanité vit tous les jours davantage. Des expériences multiples ont été effectuées, par ce couple remarquable de chercheurs, concernant la perception sans l’intervention des sens usuels, entre autres : la voyance, la télépathie, la prémonition et la divination, et les résultats, passés au crible d’un contrôle très sévère, ont été traités scientifiquement à l’aide du calcul des probabilités et d’ordinateurs. En conclusion de ces expériences, l’existence du sens « psi » et des facultés paranormales qui en résultent, ne peut être mis en doute et cette opinion est partagée, à l’heure présente, par un grand nombre d’hommes de science.

Par ailleurs, les processus de la prémonition, de la divination et de la prédiction de l’avenir méritent qu’on y consacre quelques commentaires :
Le principe de base de leur mécanisme est que la nature ignore la complication aussi fantastique et farfelue soit-elle. Résoudre un seul problème à un nombre astronomique d’inconnues ou résoudre à la fois quelques millions ou même milliards de problèmes; effectuer un calcul dont la complication et l’étendue dépassent un million de fois les capacités de nos ordinateurs les plus perfectionnés : ce sont là des jeux d’enfants, non seulement pour les éléments subconscients et psychiques que possèdent les créatures vivantes et l’homme, mais aussi pour tous les éléments subconscients et psychiques qui commandent leur rouages et mécanismes, leur métabolisme, leurs actes et leur comportement.

Ces facultés peuvent s’expliquer aisément par le fait que les méthodes et les moyens de calcul et de computation, utilisés par la nature, sont loin d’être aussi compliqués et fastidieux que ceux que le conscient de l’homme est obligé d’utiliser à cause de la constitution matérielle et électronique de son corps et de son « central unit » et eu égard au psychisme relativement limité et rudimentaire des mécanismes de sa pensée consciente (et des ordinateurs qu’il construit et qui en sont une création).

Le résultat d’un calcul, aussi compliqué puisse-t-il être, n’est pas une chose que l’on doit trouver mais une chose qui existe d’avance et qui se présente d’elle-même, dans la nature au premier appel, puisée dans le réservoir illimité des informations dont dispose le psychisme naturel et à condition que ce résultat ne doive pas être matérialisé par des chiffres, des représentations mentales ou des nombres d’unités matérielles ou psychiques.

Ainsi, par exemple, le chat qui s’apprête à sauter sur une gouttière « calcule » son élan. L’expression populaire correspond parfaitement à la réalité car le saut fera travailler d’une certaine manière le métabolisme et le système motile tout entier de l’animal, comprenant des milliards de cellules, d’éléments nerveux et musculaires, de liquides, de solides dont chacun recevra des « stimulations » et des instructions résultant de calculs extrêmement compliqués, comprenant des opérations logiques, des résolutions d’équations linéaires, non-linéaires, différentielles et probabilistiques.

De même, l’organisme humain prévoit et règle, à chaque instant, des commandes de milliards d’unités métaboliques et motiles et des milliards d’informations, calculées ou non, sont continuellement nécessaires qui, si elles étaient décomposées à la manière humaine en « bits », opérations de calculs et résolution de problèmes mathématiques, ne pourraient être obtenues par nos ordinateurs les plus efficients.

La nature — le psychisme naturel — est en état de « calculer sans effectuer de calcul » en puisant les résultats dans une sorte de réserve mnémonique omnisciente et illimitée préexistante, du moins à l’état potentiel, tout comme nos ordinateurs puisent des éléments et des résultats préétablis de calcul dans des informations que l’on a « fait entrer » sous forme de cartes ou de bandes perforées, de rubans magnétiques ou de disques.

Quant aux interventions, dans les calculs, de facteurs psychiques et probabilistiques, leur résolution est sans doute plus aisée pour le psychisme naturel qui possède également, dans ce domaine, des réserves inépuisables d’informations.

A l’heure présente, il existe déjà des ordinateurs capables de prédire, avec une précision toujours croissante, l’avenir dans les domaines de la température, du temps, de la trajectoire d’un cyclone, d’évolution de valeurs boursières, de situations sociales et politiques. Dès lors, le psychisme naturel, qui dispose de réserves inépuisables d’informations et de moyens d’effectuer les opérations et de les mettre à exécution, à coté desquels les nôtres font figure de jouets d’enfants, est sans aucun doute en état de prévoir l’avenir d’une manière stupéfiante. Toutefois, cette prédiction, qui contient toujours des éléments probabilistiques, ne sera jamais qu’une approximation plus ou moins précise mais contenant toujours un certain pourcentage d’aléa.

Le calculateur phénomène Inaudy effectuait des opérations arithmétiques et algébriques quasi-instantanément. Or, c’était un paysan piémontais, débile mental qui n’a jamais pu appendre à lire et à écrire. Des animaux sont capables de prévoir des tempêtes, des inondations, des sécheresses, des tremblements de terre, des catastrophes (nous en avons été témoin personnellement). Dès lors, le fait n’a rien d’étonnant qu’il puisse exister des individus qui — tel Inaudy pour le calcul — possèdent des facultés intuitives pour « calculer des événements futurs sans effectuer de calculs » et prédire l’avenir.

Il y aurait encore beaucoup de manifestations paranormales de cette espèce à mentionner qui peuvent s’expliquer par l’existence, chez certains individus, d’« antennes » que ne possèdent pas les autres : travaux au pendule, sourciers, guérisseurs, etc., mais leur énumération n’apporterait aucun élément nouveau à notre étude. Certains guérisseurs authentiques, entre autres, méritent une attention toute spéciale.

Finalement, on ne peut pas passer sous silence le fait qu’il se présente, dans ce domaine, de nombreux cas douteux et frauduleux. Néanmoins, dans les universités qui s’occupent de la question, chez le Docteur Rhine et d’autres organismes qui l’étudient, simulateurs et fraudeurs n’ont point accès et l’on peut avoir confiance dans leurs travaux qui, tous, aboutissent à la conclusion que des manifestations « paranormales » de cette espèce existent et peuvent être prises en considération par les hommes de science les plus conservateurs.

Une dernière catégorie de manifestations paranormales est constituée par celles dont l’origine est attribuée, à tort ou à raison, à l’intervention d’entités ou de forces transcendantales ou « surnaturelles ».

La question préalable qui se pose, au sujet de cette catégorie de manifestations, est de savoir si, oui ou non, la science officielle admet l’existence d’entités ou de forces transcendantales?

Si, au sujet de l’existence de « divinités », la science est partagée — sans d’ailleurs jamais exprimer un avis précis — entre savants croyants et athées, l’attitude d’autrefois qui niait l’existence, dans la nature, de tout élément psychique et conscient supérieur à l’homme, est grandement dépassée par les récentes découvertes scientifiques elles-mêmes.

Il est évident qu’ « un principe inconscient ne peut pas donner naissance à l’organisation, à la vie, à la conscience », comme l’a clairement exprimé R. S. Srivastava, disciple de Sri Aurobindo, dans sa « Théorie de l’Evolution » [8].

En particulier, la récente découverte des «codes génétiques », inscrits dans les configurations de macromolécules du type ADN, a obligé la science à admettre que, dans la nature, on trouvait des forces psychiques supérieures à l’homme puisque l’élaboration d’un code qui permet même de « former » un homme, comprend les facultés suivantes, incontestablement psychiques : conception, prévision, élaboration d’un mécanisme et d’une représentation conventionnelle (les configurations moléculaires).

Prétendre que des codes, élaborés de cette manière, puissent être l’œuvre d’un principe matériel, automatique et inconscient, ne pourrait être qu’une affirmation gratuite et absurde.

La science étant bien obligée d’admettre, à l’heure présente, l’existence de principes psychiques très supérieurs à l’homme, elle se trouve également contrainte d’admettre l’existence de processus « paranormaux » résultant de la présence de ces principes. Le fait que certaines disciplines philosophiques ou religieuses les appellent « divinités » et font reposer leurs croyances et leurs dogmes sur l’existence de ces principes, ne modifie en rien la question. Par ailleurs, ces principes psychiques supérieurs devraient eux-mêmes être compris dans un cadre beaucoup plus vaste : celui des plans et existences cosmiques dont la connaissance est hors de portée de notre « central unit », de notre complexe mental.

Ceci étant, les principales manifestations paranormales, attribuables à des forces psychiques supérieures à l’homme sont les miracles, en particulier ceux de Lourdes et ceux qui se produisent, entre autres, dans certains temples shintoïstes du Japon.

Un nombre très restreint de miracles ont été retenus par l’Église et leur contrôle a été effectué avec une rigueur telle que leur authenticité ne peut faire aucun doute.

Il existe d’autres manifestations paranormales, véritables ou non, attribuables ou prétendues attribuables à des causes surnaturelles : fantômes, maisons hantées, spiritisme, sorcellerie, magie noire, etc. Leur authenticité étant presque toujours douteuse, elles ne sont pas reconnues par la science officielle qui, dans ce cas, a sans doute raison.

CONCLUSIONS. — La grande erreur de la science est de considérer l’univers comme étant un macrocosme constitué uniquement par tout ce que perçoit, enregistre, construit et conçoit notre complexe mental, instrument matériel et relativement rudimentaire, endigué de tous côtés.

Le grand cosmos est bien plus vaste; il est illimité en aspects, plans et éléments inaccessibles à notre entendement.

Cette étendue illimitée et hermétique permet de comprendre la présence de tant de processus que des investigations scientifiques ne permettent pas d’expliquer et qui sont, par conséquent, paranormaux.

Les bases mêmes de l’existence de notre univers, ses principaux constituants, notre naissance, notre formation, nos activités, sont, dans cet ordre d’idées, paranormaux. Quant aux processus, qualifiés réellement de « paranormaux » par les hommes de science, ils ne le sont pas davantage que les processus inexplicables et mystérieux qui abondent dans toutes les sciences, dont on constate l’existence et dont on se sert, au besoin, à l’aide de symboles abstraits.

Notre entendement, notre « central unit », prendra sans doute de l’extension au fur et à mesure qu’évoluera l’espèce humaine dans les temps futurs. De vastes horizons seront encore découverts sans que, toutefois, nous puissions jamais atteindre la perception et la conception d’une très grande proportion de tout ce qui existe dans le grand cosmos.

Des créatures futures, dotées d’un « central unit » plus évolué, éprouveront sans doute un jour, à notre égard, ce que nous éprouvons, aujourd’hui, à l’égard des grands penseurs-physiciens de l’antiquité, les Démocrite, Thalès, Anaximène, Héraclite d’Éphèse : une vive admiration pour leur intuition géniale mais une grande pitié pour leurs théories!

[1]  La stupéfiante électronique du monde vivant, par Alfred Herrmann. Revue « Synthèse », n° 21 7-218, juin-juillet 1964.
[2]  Revue « Industrie atomique », no 1-2, 1964.
[3]  Bulletin de l’Union des Anciens Etudiants de l’Université Libre de Bruxelles (A.I.Br.), no 341, mais-juin 1967.
[4]  Nécessité de l’Etrange, par Damil Danine (Julliard).
[5]  Récentes découvertes sur la matière et la vie, par Jean E. Charon (Plon).
[6]  Physique et  Philosophie, par Werner Heisenberg (Albin Michel).
[7]  Teilhard, Melvin Calvin et l’origine de la vie, par Alfred Herrmann, Carnet Teilhard no 18 (Editions Universitaires de Paris)
[8]  Revue anglaise « Nature », du 25 avril 1964, article du Dr. Lawden.
[9]  Revue « Synthèses », n° 235 de décembre 1965, p. 373.