Le plus illustre pionnier de la parapsychologie soviétique (1891-1966)
(Revue Psi International. No 7. Octobre-Décembre 1978)
Né à Poskov, L.-L. Vassiliev fit ses études universitaires à Leningrad sous la direction du grand physiologiste N.-E. Wedensky, et, après avoir enseigné en diverses Facultés, devint, en 1943, titulaire de la chaire de physiologie de l’Université de Leningrad, puis, sept ans après, membre correspondant de l’Académie des Sciences médicales de l’U.R.S.S.
En qualité de physiologiste, il est l’auteur de quelque 150 publications traitant de nombreux problèmes de physiologie, de biophysique, de biochimie et de psychophysiologie. Ses recherches portant sur l’action physiologique des ions atmosphériques et ses études expérimentales de l’inhibition des nerfs altérés, qui lui permirent de formuler sa « théorie binaire de l’arrêt fonctionnel », sont maintenant classiques. Signalons au passage que dans notre livre Action et Pouvoir de la Mémoire nous avons mis à profit ses travaux effectués sur les ions atmosphériques et particulièrement sur le rôle des ions négatifs.
Pendant la deuxième guerre mondiale, son activité dans les hôpitaux militaires lui valut plusieurs décorations dont la médaille de l’Ordre de Lénine.
Dès sa prime jeunesse, il s’intéressa vivement à la télépathie ou, plus exactement, et selon ses propres termes, à la « suggestion mentale ». A cet égard, il étudia expérimentalement la suggestion à distance du sommeil et du réveil sur des sujets hypnotiques ainsi que l’action de celle-ci sur certains mouvements involontaires.
« On plaçait, écrit-il, dans la main droite du sujet une poire en caoutchouc fixée par précaution avec un lacet passant sur le dos de la main. Un tuyau de caoutchouc, branché sur un tube de métal, faisait communiquer la poire avec une cuvette enregistreuse du tambour de Marey se trouvant d’habitude dans une autre pièce. Cette cuvette est un cylindre creux aplati, recouvert d’une membrane en caoutchouc portant un levier léger. L’extrémité libre de ce levier touche la bande enduite de noir de fumée, entourant le cylindre tournant du kimographe. Il s’ensuit de toute évidence que, dans ces conditions, la moindre pression exercée par le percipient sur la poire était transmise pneumatiquement à la cuvette de Marey, gonflant la membrane et soulevant le levier traceur. On obtient ainsi un enregistrement graphique, sur le cylindre tournant, des mouvements de la main du sujet, celui-ci se trouvant dans une autre pièce.
« Voici comment se déroulaient les expériences. On demandait au sujet, à l’état de veille, de comprimer rythmiquement la poire, ce qui n’était pas difficile et qu’il pouvait faire sans fatigue notable pendant plusieurs périodes d’une dizaine de minutes. A un certain moment, ignoré du sujet, l’inducteur commençait, de la pièce voisine, la suggestion mentale du sommeil ; en même temps, lui-même, ou son assistant placé à côté de lui, fermait le circuit du marqueur électromagnétique qui indiquait sur le même kimographe l’instant où débutait la suggestion mentale du sommeil. Tant que le percipient restait à l’état de veille, l’enregistrement pneumatique de ses mouvements continuait. Mais, dès que la suggestion faisait son effet et que le percipient entrait dans l’état d’hypnose, ses mouvements cessaient aussitôt et, pendant toute la durée du sommeil, les dispositifs enregistreurs inscrivaient une ligne droite.
« Au moment où l’inducteur commençait la suggestion du réveil, on branchait de nouveau le marqueur. Quand la suggestion avait fait son effet, c’est-à-dire quand le percipient se réveillait, il recommençait aussitôt, sans qu’on le lui demande, la compression de la poire, interrompue dans l’état d’hypnose. En général, à cause de l’amnésie post-hypnotique, le percipient ne se rendait pas compte que, durant le sommeil, il avait cessé ses compressions.
« Au cours de nombreuses expériences, nous avons obtenu par cette méthode une grande quantité d’enregistrements kimographiques qui, à ce qu’il nous semble, établissent d’une façon rigoureusement objective l’existence du phénomène de la suggestion mentale du sommeil et du réveil. »
Mais, outre ce genre d’expériences, et comme nous l’avons signalé dans notre ouvrage Les Pouvoirs Mystérieux de l’Homme, le principal mérite de Vassiliev consiste à avoir démontré expérimentalement, en plaçant l’agent et le percipient télépathiques dans des cabines isolantes, que l’interception d’une importante bande électromagnétique reste sans effet sur la suggestion.
Ce qui le conduisit à penser que les transmetteurs de l’information télépathique sont des particules analogues au neutrino ou au graviton.
Et, à ce sujet, nous sommes heureux et flatté de constater que ses supputations rejoignent les nôtres que nous avons formulées il y a une vingtaine d’années environ en écrivant ce qui suit à propos des phénomènes physiques de la médiumnité :
« Nous savons maintenant que le champ nucléaire, le champ électromagnétique, le champ des interactions faibles de Fermi et le champ gravitationnel ne sont que les cas particuliers d’un champ unitaire.
« Or, la notion classique de champ, et tout spécialement celle de champ nucléaire et de champ électromagnétique, étant associée à celle de particule, il était logique de penser que le champ de la gravitation n’échappait pas à la règle.
« De plus, des développements mathématiques ont montré que si le champ de Fermi (dont l’antiparité a été mise en évidence par les jeunes chercheurs chinois Lee et Yang de l’Université de Columbia) possédait un certain nombre de caractères différents du champ de la pesanteur, il présentait néanmoins avec lui quelque parenté. Comme, d’autre part, le neutrino est associé d’une façon indubitable aux manifestations du champ de Fermi, cette particule ou une particule très analogue, que l’on désigne sous le nom de graviton, apparut ipso facto comme étant liée au champ gravitationnel.
« Cette étrange entité, dénuée de charge et très probablement aussi de masse, traverse la matière avec la plus grande facilité. Pour l’arrêter, il faudrait une épaisseur de plomb de 2000 années-lumière.
« Ses extraordinaires propriétés peuvent en faire l’intermédiaire entre la matière, la vie et la pensée et l’on peut imaginer, grâce à elle, des interactions entre ces trois grandes modalités de l’Univers. Il n’est pas impossible, en particulier, qu’un effet antigravitationnel, ou même anti-massique, soit, par son truchement, à la base des télékinésies, des lévitations et de la psychokinésie. Peut-être joue-t-elle aussi un rôle dans la production des raps.
« Au surplus, si l’on considère, à la lumière des connaissances électroniques modernes, qu’il est une région où l’on ne peut plus tracer une ligne de démarcation entre l’énergie et la matière parce qu’elles se fondent imperceptiblement l’une dans l’autre, il apparaît que la barrière, qui semble séparer irréductiblement le matériel de l’immatériel, le visible de l’invisible, est en réalité factice. »
Les observations et les travaux expérimentaux de Vassiliev, qui ont eu un retentissement mondial, sont consignés dans les ouvrages suivants : La Suggestion à distance (1963) qui est la traduction en français de Vnouchénié na razstoyanii (1952) ; Experiments in Mental Suggestion (1963) ; Mysterious Phenomena of the human psyche (1965). Signalons également une note autobiographique écrite par Vassiliev dans « Parapsychology Bulletin », n° 60, Feb. 1962 (Parapsychology Laboratory, Duke University) et une notice sur le Professeur Vassiliev dans « Biographical Dictionary of Parapsychology », Garrett Publications, 1964.
Les efforts de Vassiliev en parapsychologie furent essentiellement orientés, comme nous l’apprennent ces ouvrages et ces notices, vers la physique et la physiologie. Ils sont, bien entendu, très sympathiques et conduiront peut-être à des découvertes intéressantes. Mais nous avons l’impression que, dans ses recherches, Vassiliev adhérait à l’avance à l’épiphénoménisme que, précisément, le phénomène paranormal met apparemment en défaut.
En tout cas, il accordait une très grande importance aux phénomènes parapsychologiques et en particulier à la télépathie si l’on en juge par cette déclaration qu’il exprime dans son ouvrage La Suggestion à distance.
« La suggestion à distance, écrit-il, pourrait acquérir une importance énorme, insoupçonnée jusqu’à présent, pour la science et la vie, si la liaison télépathique se réalisait, comme nous l’estimons par nos expériences, grâce à une forme d’énergie ou à un facteur inconnu de nous, inhérent seulement à la forme supérieure de la matière. La constatation de l’existence de ce facteur ou de cette forme d’énergie aurait une importance égale à celle de la découverte de l’énergie nucléaire. »