René Fouéré
Parapsychologie et Soucoupes Volantes

Le précepte socratique, « Connais-toi toi-même », reste le guide le plus sur de ceux qui veulent savoir ce qu’ils font, pourquoi ils le font, et ne pas suivre des chemins d’illusion – ces chemins fussent-ils immémoriaux -, en s’imaginant qu’ils y rencontreront une vérité dont ils seront, à la face du monde, les proclamateurs.
La recherche qui se veut digne de ce nom doit être désintéressée. Elle doit tendre à la découverte de ce qui est et non à l’affirmation de ce qu’on voudrait qui fût. Elle est inséparable d’une certaine forme d’humilité.

Nos lecteurs connaissent le René Fouéré s’intéressant à la vie intérieure et à l’œuvre de Krishnamurti. Ce même René Fouéré a été un des pionniers de la recherche dans le domaine des soucoupes volantes. Et c’est avec la même rigueur, précision et clarté qu’il aborda ce sujet. Les travaux de René Fouéré et de ses collaborateurs sur les soucoupes volantes ont été compilés par Mme Francine Fouéré en un coffret de 5 volumes  et édité en 2008 aux éditions Le Courrier du Livre sous le titre « Phénomènes Spatiaux ». Le texte suivant est un exemple de cette recherche rigoureuse. (3e Millénaire)

(Revue Psi International No 4, Mars-Avril 1978.)

« Rien ne peut venir d’au-delà les collines. »
(Edgar Poe, le Diable dans le Beffroi.)

Nous nous intéressons depuis bien longtemps à cette recherche appelée aujourd’hui parapsychologie, qui fut jadis connue sous le nom de métapsychique, nom qui tient encore une place majeure dans le titre de la Revue de l’Institut Métapsychique International, fondé par Jean Meyer et dont le siège se trouve à Paris, 1, place Wagram.

Cet intérêt, qui est attesté par notre note « Dans la revue métapsychique », parue en page 20 dans le N° 9 (3e trimestre 1966) de « Phénomènes Spatiaux », et que nous n’avons jamais renié, nous a valu d’entretenir des rapports ininterrompus, dont certains furent très amicaux, avec des personnalités notoires en ce domaine d’une recherche encore assez neuve.

Parapsychologie et psychologie – La recherche véritable

Pour étudier le plus objectivement possible les applications éventuelles de la parapsychologie, dont, comme son nom l’indique, les manifestations se situent à coté ou en dehors, sinon au-delà, du domaine propre à la psychologie commune, il convient d’avoir logiquement une bonne connaissance de cette psychologie et de ses pièges.

Or, à lire ce qui s’écrit sur la question, on a l’impression que, chez certains auteurs ou prétendus chercheurs, le recours exalté, sinon autoritaire, à la parapsychologie, pour justifier quelques affirmations aventurées, trahit, chez de telles personnes, une regrettable et grave méconnaissance de leurs motivations profondes, des conditionnements archaïques inconscients auxquels elles obéissent sans parvenir à les déceler et à les identifier.

Elles ne se rendent pas compte que leur soif de prouver telle où telle thèse, en appelant la parapsychologie à leurs secours, cette soif procède de peurs anciennes et secrètes, de préjugés millénaires, d’orgueils, fussent-ils collectifs, ou de convictions vétustes, Elles oublient que, faute d’avoir pénétré tous les replis de sa propre intimité, de s’être rendu transparent à son regard intérieur le plus profond, on ne peut connaitre ni la signification exacte, ni la valeur réelle des attitudes qu’on prend, des objectifs qu’on se donne, des actes qu’on accompli.

Le précepte socratique, « Connais-toi toi-même », reste le guide le plus sur de ceux qui veulent savoir ce qu’ils font, pourquoi ils le font, et ne pas suivre des chemins d’illusion – ces chemins fussent-ils immémoriaux -, en s’imaginant qu’ils y rencontreront une vérité dont ils seront, à la face du monde, les proclamateurs.

La recherche qui se veut digne de ce nom doit être désintéressée. Elle doit tendre à la découverte de ce qui est et non à l’affirmation de ce qu’on voudrait qui fût. Elle est inséparable d’une certaine forme d’humilité.

Pas de commune mesure entre la soucoupe « appelée » et la soucoupe imprévisible

Parce que nous gardons sans cesse présentes à l’esprit ces conditions ou dispositions préalables à toute recherche véridique et sérieuse, nous accueillons avec beaucoup de prudence et de réserve les affirmations qui se font jour périodiquement dans la littérature spécialisée ou dans la presse et qui se voudraient décisives quant aux caractères et à la nature du phénomène soucoupes volantes; affirmations dont beaucoup, au fil des temps, ont sombré, sous nos yeux, dans un grandissant oubli.

Si, par exemple, on vient nous dire que des lumières qu’on a vues dans le ciel n’étaient rien d’autre que des soucoupes volantes qu’on avait délibérément évoquées, ardemment appelées, en se fondant sur des considérations passant pour parapsychologiques, nous sommes attentifs à nous garder de toute précipitation et nous nous mettons à réfléchir.

Il nous apparait alors d’emblé qu’il n’y a ni sur le plan de la recherche rationnelle, ni même au regard du simple bon sens, aucune commune mesure entre une observation faible [1], portant sur de simples lueurs, identifiées d’enthousiasme aux soucoupes volantes qu’on prétendait faire apparaitre au nom de la parapsychologie, et la surprise totale, dans certains cas angoissée, de découvrir à quelques mètres de soi, posée au sol ou presque, une soucoupe volante qu’on n’attendait absolument pas, à laquelle on ne pensait même pas, à supposer qu’on eut jamais entendu parlait d’objets de son espèce !

D’autant moins de commune mesure que la soucoupe découverte au sol ou à très faible hauteur au-dessus du sol peut, non seulement revêtir des formes ou produire des phénomènes ne ressemblant à rien de ce qu’on aurait pu imaginer, mais encore se trouver entourée de personnages insolites et souvent minuscules. Elle peut même aller jusqu’à laisser sur le terrain des traces matérielles surprenantes ou jusqu’à provoquer, dans certains cas, des modifications de ce terrain qui sont incompréhensibles et n’ont pu, selon toute vraisemblance, être l’œuvre du ou des témoins de cet atterrissage ou quasi atterrissage.

Observation ou méprise

Nous ferons en outre remarquer que, dans la première éventualité, celle ou l’on prend des lumières dans le ciel, fussent-elles mobiles et inattendues, pour les soucoupes volantes qu’on s’entrainait à convoquer, cette identification nous parait plus imprudente que convaincante et cela pourrait friser l’auto-hallucination pure et simple.

Non seulement, en effet, il y eu toujours dans le ciel des phénomènes naturels susceptibles de présenter des aspects des plus déconcertants et des plus propres à abuser des témoins non avertis, mais, de surcroit, on peut voir aujourd’hui dans le ciel beaucoup de choses que l’homme y lance ou y fait voyager. Des avions, des hélicoptères peuvent être munis de phares d’atterrissage, de surveillance ou de recherche si puissants que leurs feux réglementaires de navigation passent, à distance, pour inaperçus. En ce qui nous concerne, nous avons à maintes et maintes fois l’occasion de nous en rendre compte.

Une  « évocation » qui aurait pu être inquiétante.

Enfin, si, au lieu de simples lueurs dans le ciel, les évocateurs, les appelants de soucoupes volantes avaient vu arriver et s’immobiliser au dessus de leurs têtes des objets pareils à ceux qu’observèrent Eugène Coquil à Bolazec et Mme Desplantes à Flavigny-sur-Ozerain, ils n’auraient guère été moins surpris ni plus rassurés que ces deux témoins qui ne connaissaient rien des soucoupes volantes et n’en avaient appelé aucune [2]. On peut même penser que ces évocateurs imprudents, ces modernes sorciers, n’auraient pas été enclins, en pareil cas, à renouveler de sitôt leur aventureuse tentative!

Le moins qu’on puisse dire de ces prétendues observations, faites dans des conditions si artificielles et avec tant de préméditation, c’est qu’elles sont de nature à jeter le discrédit sur celles effectuées, imprévisiblement et honnêtement, par des témoins qui ne cherchaient absolument pas à voir ce qu’ils ont vu, à contraindre à se manifester devant eux des objets auxquels ils ne pensaient en aucune façon et dont ils pouvaient même ignorer l’existence. A telle enseigne que, dans certains cas, la découverte soudaine ou l’apparition subite de tels objets les a effrayés et mis en fuite.

Danger de la passion en matière de recherche

En effet, les gens qui sont quelque peu psychologues se méfient à juste titre de rapports d’observations insolites venant de témoins qui avouent leur désir, leur passion, de découvrir cette sorte d’engins. Nous disons bien : à juste titre, car notre longue expérience en la matière – nous nous occupons du sujet depuis plus d’un quart de siècle ! – nous a appris que c’est dans les rapports de passionnés de soucoupes volantes, de ceux qui veulent en voir à tout prix, qu’on trouve le plus de méprises, de confusions. La plupart de leurs témoignages sont sans valeur réelle et s’effondrent presque immédiatement quand ils sont soumis à un examen compétent.

On peut donc dire qu’au regard des gens réfléchis et, plus encore, des scientifiques qualifiés, une observation faite par un prétendu témoin, qui reconnait qu’il désirait intensément rencontrer une soucoupe volante, paraitra toujours quelque peu suspecte.

Si l’on a quelque expérience de la vie et quelque mémoire de ce qu’on a fait soi-même, on sait très bien qu’un être humain qui a un vif désir de quelque chose est plus que tout autre enclin à prendre ce qu’il voit pour ce qu’il cherche – surtout quand une vérification directe et décisive, est malaisée ! Il est tout prêt à s’abuser quant à la nature de ce qui se présente à lui et, dans sa satisfaction, son enthousiasme, il n’est guère exigeant en matière de preuves.

Or, en raison même de la technique qu’ils utilisent et qui nécessite des dispositions intérieures préalables et particulières dans lesquelles il faut se mettre, qu’il faut s’entrainer à acquérir et qui comportent la volonté délibérée d’évoquer des soucoupes volantes, de les contraindre à se manifester, ceux qui cherchent à les faire apparaitre, en se livrant à ces espèces d’incantations inspirées de la parapsychologie, ressemblent inévitablement à plus d’un égard à ces gens frustes, dont nous venons de parler, qui ont été pris tout à coup, de façon banale, du désir, de la passion irraisonnée, de voir ces mêmes soucoupes, qu’ils appellent de leurs vœux ardents.

Dans un cas comme dans l’autre, qu’il s’agisse d’une recherche qui se flatte d’être parapsychologique ou d’une simple marotte, on cherche quelque chose qu’on espère trouver et qu’on se réjouira de découvrir. Désir, espoir ; on n’est pas dans l’état d’expectative désintéressée du chercheur authentique.

Dès lors, les observations faites par les premiers, à la faveur d’évocations que n’auraient pas reniées les sorciers d’autrefois, seront accueillies avec la même suspicion, la même méfiance que  celles rapportées par les seconds.

Une méfiance justifiée – les « nuits d’observation »

Comme nous l’avons dit plus haut, cette méfiance a un caractère naturel, car elle repose sur des bases psychologiques valables. Et, qu’elle vienne de gens simplement réfléchis ou qu’elle soit ressentie par la plupart des hommes de science, elle est, dans de nombreux cas, parfaitement justifiée.

C’est une des raisons pour lesquelles nous avons particulièrement recherché dans la masse des témoignages qui sont parvenus à notre connaissance, ceux portés par des gens qui n’avaient pas la passion des soucoupes volantes ou, mieux encore, ignoraient tout à leur sujet. En sorte qu’il n’y avait aucun conditionnement préalable de leur esprit et que, ce qu’ils avaient vu, avait été pour eux une complète surprise.

Notre disposition d’esprit nous a paru d’autant meilleure et d’autant mieux fondée que nous avons pu nous rendre compte, au cours des années, que les observations les plus fortes, les plus significatives et les plus précises quant aux aspects et à la structure du phénomène, celles qui ont été les plus riches et nous en ont le plus appris sur la question, ont été faites, comme nous 1’avons maintes fois dit, par des témoins qui ne s’attendaient absolument pas à voir ce qu’ils ont vu et qui, à fortiori, n’avaient aucun désir de le voir, puisque, ne soupçonnant même pas que cela put exister, ils ne pouvaient souhaiter le rencontrer.

Avec le temps, une espèce de conviction statistique s’est établie dans notre esprit à cet égard et c’est, en particulier, l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons eu aucun désir d’organiser, dans notre groupement, ces « nuits d’observation » dont les résultats vérifiés nous ont paru, sur le plan de la recherche pure, sans aucun rapport avec le nombre des participants. Toute considération publicitaire mise à part, ce qu’on pourrait appeler le rendement informatique de pareilles opérations s’est révélé, à nos yeux, des plus médiocres.

Les observations « provoquées » nuiront au crédit des observations « fortes »

Dans ces conditions, au risque de passer pour un empêcheur de danser en rond ou un polémiste – ce qui n’est absolument pas le cas puisque nous nous bornons à exprimer honnêtement notre inquiète pensée -, nous dirons que l’entreprise de détection, d’appel et d’observation des soucoupes volantes, dans laquelle se lancent ces nouveaux adeptes de la volonté de puissance nietzschéenne, nous parait de nature à nuire grandement à la crédibilité des observations de soucoupes volantes en général.

Car, en raison de la mise en œuvre d’une telle entreprise, les observations fortes, sérieuses et significatives, faites par des témoins involontaires et honnêtes, vont risquer de se trouver noyées dans une masse d’autres observations, systématiquement recherchées et qui auront toutes chances d’être abusivement valorisées parce que soumises à un examen hâtif par des gens qui, pressés de démontrer l’excellence de leurs méthodes, seront dénués de ce patient désintéressement sans lequel il n’y a pas de véritable recherche. Rien ne nous assure d’ailleurs que les connaissances qu’ils pourront avoir au sujet du problème des soucoupes volantes seront à la mesure de celles qu’ils auront dans le domaine de la parapsychologie.

Leurs observations intentionnelles susciteront dès lors une légitime méfiance chez ceux qui ne seront pas mêlés à cette entreprise, et cette méfiance ne manquera pas de rejaillir sur les observations spontanées des témoins involontaires.

Une fâcheuse coïncidence

Il y a donc tout lieu de craindre qu’en définitive cet emploi imprudent des connaissances parapsychologiques – connaissances dont nous ne contestons pas la valeur dans le domaine qui leur est propre – créera un brouillard supplémentaire au cœur d’une recherche déjà bien difficile et contribuera par là à détourner de la prise en considération et de l’étude du phénomène soucoupes volantes les hommes de science les plus réfléchis.

Cela survient, hélas ! à un moment ou, grâce à l’effort méritoire et au courage de certains savants à l’esprit ouvert, le monde scientifique commençait à prendre conscience de la réalité objective du phénomène, de la crédibilité d’observations faites, dans les meilleures conditions, par des témoins dignes de foi, dont certains étaient techniquement qualifiés.

Un intérêt s’éveillait à l’égard des faits singuliers rapportés par ces témoins dont les déclarations n’étaient visiblement pas motivées par des intentions vénales. Ni par une ambition personnelle ou une soif de notoriété. Ni même par le désir de prouver une thèse quelconque. Il s’agissait bien plutôt, pour ces témoins d’attirer, tout simplement, par ces déclarations, l’attention de leurs semblables et, en particulier, de gens plus qualifiés qu’eux-mêmes, sur ces faits qu’ils n’avaient pas le moins du monde appelés ni attendus, mais par lesquels ils avaient été grandement surpris, sinon troublés.

Survenant dans ce climat nouveau, alors que, chez des scientifiques de plus en plus nombreux, le refus systématique d’examen par lequel le phénomène avait été d’abord accueilli tendait à faire place graduellement à une attitude plus favorable, toute cette opération, auréolée d’une parapsychologie qu’on pourrait qualifier de nietzschéenne, nous parait des plus inquiétantes pour le proche avenir de la recherche scientifique en matière de soucoupes volantes.

Non sans nous faire craindre qu’elle puisse avoir aussi de regrettables répercussions sur le légitime crédit qu’avait pu acquérir, présentée par d’éminents esprits, des chercheurs prudents, mesurés et objectifs, la parapsychologie elle-même.

Cette tentative inconsidérée coïncide en outre, et fort malencontreusement, avec la création, en France, au sein du C.N.E.S. [3] et à l’initiative de Claude Poher, du premier service scientifique de recherche sur la question, le G.E.P.A.N. (Groupe d’Étude des Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés).

Un très vieux préjugé

Mais, en achevant ce propos, revenons en à ce que nous disions à son commencement. Les promoteurs d’une telle entreprise ont-ils conscience de leurs véritables motivations? Pourquoi ce besoin d’affirmer et, si on le peut, de prouver que le phénomène soucoupes volantes n’est pas vraiment de nature technique et matérielle, n’est pas objectif au même titre qu’une sonde spatiale ou une météorite, mais se réduit à un tissu de  phénomènes parapsychologiques?

Vouloir prouver cela, n’est-ce pas au fond, vouloir prouver que, à l’insu d’esprits mal informés des miracles de la parapsychologie – de la parapsychologie telle que la conçoivent ses adeptes les plus passionnés et les plus imprudents -, le  phénomène soucoupes volantes est un  phénomène d’origine purement humaine, que ses vrais responsables se trouvent sur et seulement sur cette planète, qui est leur planète natale. Que ce sont des hommes d’ici, même si quelques-uns d’entre eux sont déjà parvenus ou sont en instance de parvenir à la surhumanité !

Pour expliquer les observations, faites par de naïfs témoins, d’objets apparemment tangibles, d’aspect très insolite, capables de vitesses, d’accélérations et de manœuvres stupéfiantes, point n’est besoin d’imaginer que des êtres intelligents aient pu venir de l’espace visiter notre planète en faisant usage de machines de leur propre fabrication, comme nos propres cosmonautes ont visité la Lune au moyen d’engins sortis de nos ateliers!

L’homme, rien que l’homme, l’homme seul ou le surhomme, cela suffit. Le reste n’est qu’imaginations, superflues !

La Terre est le seul astre vivant au monde, le seul astre capable de porter une vie à la mesure de la notre. Hors d’ici, l’univers est biologiquement mort.

Personne ne peut venir des étoiles nous disputer le privilège de vivre, de penser et de créer. Les lumières du ciel ne sont qu’une nocturne tapisserie que nous avons seuls la gloire de contempler.

Laissons des illuminés confier à nos sondes spatiales des messages destinés à des extraterrestres ! C’est lancer des bouteilles à la mer sur un océan ou il n’y a pas d’autres vaisseaux.

L’homme n’a rien à redouter des autres mondes et de leurs habitants imaginaires. Il n’a à craindre que lui-même. C’est – si l’on peut dire! – très rassurant.

En ce qui nous concerne, nous n’éprouvons pas le besoin d’être, à ce prix, rassuré. Nous ne serions même pas fâché, que le ciel fut autre chose qu’une tapisserie d’étoiles, et nous allons nous permettre de rapporter à nos lecteurs un mot qui nous a paru fort spirituel et qu’ils pourront peut-être, comme nous, apprécier.

Il est dû à un astronome anglais Martin Ryle lequel, répondant à ceux qui objectant que nous n’avions pas de preuves de l’existence de civilisations extra-terrestres dans l’espace cosmique, déclara : «  l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence ». [4]

Les soucoupes volantes seraient-elles trop nombreuses pour venir de l’espace ?

D’aucuns ont tendance à dire qu’il y a trop de soucoupes volantes pour qu’on puisse les supposer d’origine spatiale.

Nous répondrons d’abord qu’on en trouverait surement bien moins si tant de gens n’avaient la fièvre d’en découvrir et si l’on vérifiait plus soigneusement la qualité, la crédibilité des témoignages, la spécificité des observations.

Nous objecterons ensuite, que nous ne savons absolument pas ce que peuvent signifier, sur le plan cosmique, nos adverbes terriens de quantité. Jusqu’à quel nombre d’observations est-ce peu, et à partir de quel autre nombre est-ce beaucoup ? Notre science, encore si chétive, de l’univers est-elle vraiment en mesure de porter de telles appréciations et sur quelles bases?

Selon des estimations dont François Biraud et Jean-Claude Ribes ont fait état dans leur ouvrage « le Dossier des Civilisations Extraterrestres »,  il y aurait des dizaines de millions de planètes terriennes dans la Galaxie dont fait partie notre soleil. C’est invérifiable, bien sûr, mais, après tout, ce pourrait être approximativement vrai.

Supposons un instant que, grâce à de possibles courts-circuits topologiques de l’espace-temps, que notre science est en mesure d’envisager (voir dans le No 34 de «  phénomènes Spatiaux », du 4e trimestre 1972, l’article « De vous à moi », de Brinsley le Poer Trench), mais dont elle est bien loin d’avoir la preuve expérimentale – et, à fortiori, la maitrise technique -, les voyages interstellaires aient pu devenir, pour certaines civilisations extra-terrestres, aussi faciles et rapides que le sont aujourd’hui nos propres voyages autour de notre planète natale.

Dans ces conditions, il pourrait y avoir de très nombreux voyageurs de l’espace, issus de millions de planètes et la fréquence d’observation terrestre du  phénomène soucoupes volantes pourrait n’avoir, à ce niveau, rien de tellement surprenant.

Mais on a dit aussi que notre Terre, qui n’est pour la science moderne qu’un grain de poussière dans l’univers – un texte ancien de la littérature sacrée de l’inde, la qualifiait déjà de « grain de sable sur la plage de l’univers » -, ne méritait pas l’honneur de visites spatiales aussi nombreuses.

Nous ne manquerons pas de redire à ce propos, que dans la recherche concernant les soucoupes volantes – un phénomène derrière lequel semble se profiler une intelligence technicienne -, il faut se garder avec le plus grand soin d’une tendance qui est, sur le plan méthodologique, dangereuse, mais si naturelle et compréhensible qu’on la retrouve chez la plupart des chercheurs, fussent-ils scientifiquement qualifiés, et que personne n’est sûr d’en être à l’abri, quelque souci qu’il ait de s’en protéger. C’est la tendance à projeter nos propres dispositions d’esprit, nos propres conditionnements culturels, nos propres intentions et motivations, sur des êtres dont la pensée réelle, la représentation effective du monde et les intentions véritables, nous sont totalement inconnues.

Certes, le fait même que, selon des déclarations émanant d’honnêtes témoins, la plupart des « extra-terrestres » observés près des soucoupes volantes sont organiquement du type humanoïde, et pilotent  des machines que leur espèce a dû fabriquer, nous donne à penser qu’ils peuvent jouir de facultés intellectuelles semblables aux nôtres. Mais, même si c’était le cas, cela ne nous permettrait aucunement de préjuger de leur représentation du monde et de leurs intentions.

Dans la seule espèce humaine, il y a des diversités culturelles fantastiques ! Il serait des plus aventureux de postuler qu’en ce qui concerne sa conscience du monde et de lui-même un «   extra-terrestre » est un Français moyen ou un Américain moyen! Sans parler d’éléments d’incompréhensibilité que des développements scientifiques, qui seraient sans commune mesure, pourraient introduire. Si, par impossible, un habitant du moyen-âge devenait, pendant quelques minutes seulement, le spectateur de certaines de nos activités techniques, que pourrait-il en saisir? Et s’il s’emparait d’un magnétophone, cet appareil ne risquerait-il pas de devenir pour lui un instrument vraiment magique, une authentique création du diable ?

Dans ces conditions, et si on y réfléchit un peu, on se rendra compte que, dire que les « extra-terrestres » feraient trop d’honneur à notre planète s’ils la visitaient si souvent, c’est raisonner à vues humaines sur des êtres dont nous ne savons rien, c’est leur prêter nos propres attitudes. C’est s’abandonner à des propos imprudents, inconsidérés, d’inspiration presque mondaine et, en toute rigueur, injustifiables.

D’autant plus injustifiables que, même en supposant que les « extra-terrestres » pussent penser à la manière d’un Français ou d’un Américain moyens, d’autres hypothèses pourraient être avancées, toute question d’honneur ou de considération mise a part, pour expliquer une fréquence des visites jugée excessive.

La Terre pourrait être, par exemple, la première planète que, pour des raisons de simple voisinage, des habitants d’une autre planète auraient pu aborder lors de leur première tentative, réussie, d’exploration interstellaire.

Mais une « vague » de visites, très momentané historiquement parlant, disons susceptible de durer quelques années, pourrait avoir lieu pour de tout autres raisons. On pourrait se trouver devant un épisode d’un voyage,  « touristique » ou d’exploration, à l’échelle spatiale, comportant des « escales » dont la durée serait en rapport avec la longueur du voyage.

Des visites rapidement consécutives pourraient être motivées par une certaine recherche scientifique dans laquelle l’étude du monde terrestre présenterait, pour des raisons qui nous seraient inconnues, un intérêt particulier.

En définitive, il serait préférable d’observer ce qui se passe, sans préjugé, sans idée préconçue, pour l’amour de cette observation même, sans prétendre à lui chercher des explications prématurées et trop humaines, alors qu’il y a si peu d’années qu’on a pris conscience du phénomène, pour l’étude duquel nous n’avons encore mis en œuvre que des moyens d’observation qui ont été ridicules en comparaison de ceux que nous aurions pu déployer si toute la communauté scientifique et tous les gouvernements du monde avaient pris au sérieux cet insolite  phénomène.

De toute manière, en ce qui nous concerne personnellement, nous n’affirmons rien. Nous disons simplement que, sur un plan méthodologique et de recherche, il convient, ne fut-ce qu’à titre d’hypothèse de laisser entr’ouverte une fenêtre spatiale.

Des manifestations parapsychologiques doublent-elles d’authentiques visites spatiales ?

Des manifestations parapsychologiques d’origine terrestre et d’authentiques visites spatiales  pourraient coïncider, s’enchevêtrer. Pour reprendre une expression du R.P. Laberthonnière, nous ne sommes pas contraints à des « choix meurtriers ». Il faut poursuivre l’étude pour l’amour de cette étude même, considérée, sans parti pris, sans vouloir préjuger du résultat final, tout l’éventail des possibilités. Peut-on être assuré d’ailleurs qu’en l’espace d’une vie humaine un résultat qu’on pourrait qualifier de final pourrait être atteint en pareille matière? Encore une fois, on ne doit négliger aucune voie de recherche, la voie qui passait pour la moins indiquée au jugement de certains pouvant, à l’expérience, se révéler comme étant la plus intéressante et la plus fructueuse.

Nous devons d’autant plus retenir l’hypothèse de visites spatiales que, sur la seule planète que nous connaissions, et qui est la notre, les habitants intelligents de cette planète ont nourri depuis des siècles et, finalement, réalisé le désir de sortir de leur astre natal, leurs sondes spatiales s’approchent maintenant des confins du système solaire. Et si, demain – un demain à la mesure de l’histoire -, les hommes trouvaient les moyens techniques de s’ouvrir les routes du voyage interstellaire, qui peut affirmer que les plus hardis d’entre eux ne s’élanceraient pas sur ces routes et n’iraient pas visiter les autres terres tournant autour des soleils voisins?

Rien ne nous assure évidemment que ce qui a été l’instinct de notre espèce ait pu être celui d’autres espèces spatiales, mais rien ne nous interdit non plus de le penser.

D’autant que, sur le plan matériel, l’univers parait manifester une certaine uniformité de composition et d’organisation, uniformité qui n’entraine nullement, tant s’en faut, et un simple coup d’œil jeté sur notre planète suffirait à nous en convaincre, l’uniformité des points de vue, des motivations et des structures de civilisations.

Bien que s’exprimant sous des formes intellectuelles et mettant en œuvre des moyens techniques – les armes ne sont-elles pas une sorte de « matérialisation » de l’instinct de détruire ? -, cet instinct d’évasion de la planète natale pourrait être une espèce d’instinct biologique et cosmique. Si l’on concevait l’univers comme une réalité vivante, une sorte d’organisme géant, un instinct de cette sorte pourrait assumer une fonction dans le devenir d’un tel univers. Les rencontres ou les échanges entre humanoïdes de provenances spatiales différentes s’établiraient en effet, entre les planètes d’origine de ces humanoïdes, des relations nouvelles et complexes, susceptibles d’accroitre, à un certain niveau psychologique et matériel, la cohésion organique de l’univers, l’interdépendance entre ses constituants condensés que sont les planètes.

Il ne serait donc pas inconcevable que l’évasion planétaire de la vie hautement organisée fut un phénomène spatial pour ainsi dire naturel et universel, un exploit depuis longtemps accompli, et peut-être massivement, par des espèces extra-terrestres plus vieilles, plus savantes ou plus favorisées sensoriellement que la notre.

En tout état de cause, dans l’intérêt même de l’étude méthodique du  phénomène soucoupes volantes et si – selon le vœu du regrette Dr McDonald, vœu dont la réalisation fut, dès l’origine du G.E.P.A., l’objectif majeur de ce groupement – on veut intéresser à cette étude la communauté scientifique tout entière, il nous parait nécessaire de commencer par une recherche simple, prudente, s’attachant essentiellement à l’aspect matériel des faits. Une recherche qui ne prendrait en compte les  phénomènes parapsychologiques qu’en cas de nécessité majeure et seulement dans le cadre d’une étude plus avancée du  phénomène, lorsque les objectifs primordiaux auraient été atteints. C’est-a-dire lorsque, en recourant à des témoignages fiables, solides et précis, à des enregistrements de mesures instrumentales indiscutables, à des analyses de documents photographiques authentifiés, de traces éventuelles, etc., on aurait convaincu les gens sérieux, les hommes de science à l’esprit ouvert, de la réalité physiquement tangible du  phénomène, et de la nécessite de mettre en œuvre pour son étude approfondie tous les moyens de détection, d’observation et d’analyse, d’enquête et de poursuite, dont dispose présentement l’humanité, dans tous les pays.

Soit dit en passant, il n’y a pas lieu de s’étonner que les phénomènes parapsychologiques puissent être observés lorsque des soucoupes volantes se manifestent et, du moins à première vue, cela ne confère pas un caractère spécial à ces objets.

En effet, les  phénomènes parapsychologiques n’ont pas attendu l’apparition des soucoupes volantes pour se signaler à l’attention des hommes, puisque ces  phénomènes furent observés, de temps immémorial, à propos d’événements tout à fait communs. Ce sont même ces observations singulières, faites à l’occasion d’incidents plus ou moins graves de la vie banale, qui ont été l’origine de ces recherches qu’on a jadis appelées métapsychiques et que, de nos jours, on nomme plus volontiers parapsychologiques.

Si, aux siècles passés, la parapsychologie avait eu le crédit qu’on lui accorde aujourd’hui, on peut penser que d’éminents savants, tels que Gassendi, Lémery, Lalande, Cadet, Fougeroux, Lavoisier et Bertholon, n’auraient pas manqué de devancer, par un usage très particulier de cette discipline, certains de nos modernes auteurs.

S’entêtant à nier à ces époques l’origine spatiale des météorites, ces savants ne se seraient  peut-être pas privés de dire, avec beaucoup d’assurance, que ces pierres tombées du ciel n’étaient rien d’autre que des  phénomènes de poltergeist, provoqués par de mauvais plaisants dotés de facultés paranormales !

[1] On peut d’ailleurs dire que, même si des lueurs dans le ciel peuvent passer pour vraiment insolites, ce n’est que dans des cas rarissimes, tel celui de Lakenheath, en 1956 (voir « Phénomène spatiaux » No 39 du 1er trimestre 1974, p. 3 à 18), qu’elles peuvent nous apprendre quelque chose de significatif sur le phénomène soucoupes volantes.

[2] Ces cas sont cités dans notre article « Déconcertantes soucoupes volantes » paru dans le No 3 de PSI INTERNATIONAL.

[3] Centre National d’études Spatiales.

[4] Cette réplique pertinente et admirable de Ryle a été citée dans un article de la « Tribune de Genève » que notre ami Manfred Oestrish nous a très obligeamment communiqué.