Parapsychologie : Psychokinésie et Communications avec les morts ? Par André Dumas

Il serait dangereux de vouloir, avec des messages venus de l’au-delà, créer des systèmes philosophiques, car les messages sont relatifs à l’époque et au pays où vivaient ceux qui les donnent et qui ont gardé l’empreinte des enseignements qu’ils ont reçus dans leur jeunesse. Ce sont des reflets du monde terrestre qui signifient que le monde de l’au-delà est encore proche de nous et possède la même mentalité que nous. Les messages de ce genre n’ont aucune valeur révélatrice philosophique, les vivants pouvant en dire autant, même parfois mieux.

(Revue Panharmonie. No 166. Mars 1977)

Le titre est de 3e Millénaire

Compte rendu de la réunion du 21.12.1976

Les phénomènes dont nous parle aujourd’hui M. Dumas peuvent se classer en trois catégories :

1° – La xénoglossie, le fait que les médiums parlent ou écrivent en langues étrangères sans en avoir aucune connaissance et dont on peut établir après coup l’exactitude.

2° – Ce que les Anglais ont appelé : « cross-correspondence », correspondance croisée, constituée par des messages fragmentaires reçus par des médiums différents et qui, remis ensemble comme un puzzle, apparaissent avoir une signification bien déterminée.

3° – Tous les phénomènes qu’on peut baptiser d’un terme général d’identification, qui semblent émaner de personnalités désincarnées, inconnues des assistants et du médium, dont une enquête ultérieure permet de vérifier l’authenticité.

Monsieur Dumas nous donne nombre d’exemples que nous ne pouvons tous citer. Nous nous bornerons pour les trois catégories de phénomènes, de donner ce qui nous semble le plus caractéristique.

En 1930 un médium reçut en langue russe qui était celle d’un intermédiaire, un message de son fils destiné à sa mère, une princesse italienne qui assistait à la séance. Ce message examiné par Raphaël Kherminian, était écrit avec l’orthographe ancien utilisé avant la révolution, c’est-à-dire avant 1917.

Un message en chinois avec des traits servant à rejoindre les colonnes de caractères, émanant d’un Chinois qui, par reconnaissance pour un jeune homme défunt qui l’avait tiré de l’ombre où il était plongé depuis sa propre mort, croyant que l’inactivité complète était de règle dans le royaume des esprits, fut aussi capté par un médium. Des traductions faites par différentes personnes : étudiant chinois, japonais, russe, expert en langues orientales, donnèrent des résultats analogues, compte tenu de ce que les caractères chinois sont des idéogrammes dont il faut détecter le sens.

Des correspondances croisées furent « envoyées » entre autres, par Frédéric Myers, maître de conférence de psychologie à l’Université de Cambridge, savant littérateur, qui semble avoir inauguré ce système après sa mort, afin de mettre en évidence, estime-t-on, qu’il se souvenait toujours de ses amis et qu’il était toujours présent. Ayant été un humaniste extrêmement compétent en littérature gréco-latine et même hébraïque, connaissant toutes les variétés des thèmes mythologiques, ses messages témoignaient largement de son érudition.

Le Dr Geley, de même, a étudié d’autres correspondances croisées avec des médiums français. Il est à remarquer qu’aucun des médiums concernés, n’avait été en rapport avec les autres.

Les identifications se relient à la xénoglossie puisque sont donnés des renseignements sur des personnes décédées, totalement inconnues des médiums. Nous pensons que le cas le plus typique est celui de H. Carmichael Irwin, mort dans un accident de dirigeable anglais le 5 octobre 1930 et qui, 48 heures après l’accident, au cours d’une réunion expérimentale au Laboratoire de Recherches psychiques de Londres, à l’aide du médium Hellen Garret qui, plus tard institua la Fondation Hellen Garret de parapsychologie aux Etats-Unis, donna un message indiquant par des détails extrêmement techniques et circonstanciés, les causes de l’accident, critiquant la construction de l’appareil avec des précisions qui n’étaient connues que par un nombre très limité d’experts. Le Ministère de l’Aéronautique en ayant eu connaissance, demanda à la Société de Recherches psychiques un compte rendu sténographié de la séance et, après un certain temps, les experts du Ministère confirmèrent l’exactitude des remarques faites par Carmichael Irwin.

Des faits de ce genre ne peuvent être classés dans la télépathie, ni dans la clairvoyance et plaident en faveur de la survivance.

D’autres phénomènes restèrent célèbres, dont des messages donnés en langue égyptienne ancienne qui furent traduits par l’égyptologue Howard Hume et qui constituèrent une véritable conversation vivante avec question de l’égyptologue et réponses données par le truchement du médium et notées phonétiquement.

Il y eut même un message en chinois qui permit à des spécialistes de la littérature chinoise de demander à l’entité qui les inspirait, des explications sur de vieux textes restés encore obscurs. Les réponses données indiquèrent quelques modifications qui rendirent le texte primitif d’une clarté évidente.

Dans ces phénomènes spiritoïdes on peut trouver des révélations ayant trait à des temps anciens qui n’apportent pas seulement des informations intéressantes au point de vue de la langue, mais aussi de caractère historique, des descriptions de coutumes, de costumes, etc.

Question : S’il y a effectivement survivance de l’âme quel en serait le processus ?

Réponse : S’il y a des phénomènes qu’on peut expliquer par l’inconscient, il n’en est pas de même pour les autres. Bozzano qui vécut encore dans la première moitié du XXe siècle et qui fut un grand sceptique, se mit à étudier systématiquement des phénomènes de ce genre et établit qu’il n’y avait pas de différence substantielle dans le processus des phénomènes dus aux vivants et ceux dus aux décédés. On ne peut, les distinguer que par leur contenu ou par le critère des événements inconnus par le médium et des assistants. Dans les phénomènes supranormaux observés au lit de mort, les agonisants déclarent souvent voir à leur chevet des personnages décédés, venus les accueillir et les encourager. Mais jamais il ne s’est agi de personnages vivants au chevet des mourants. Et l’on note qu’un jeune enfant mourant vit apparaître auprès de son lit un camarade défunt dont on lui avait caché la mort.

Puis des échanges de vues se font pour savoir si, après la mort, le défunt a encore un travail à faire sur les humains. Peut-être, en effet, peut-on inspirer les actes de tel ou tel individu, créer autour de lui des courants de pensées. On peut faire des hypothèses, c’est un domaine dans lequel il faut avancer pas à pas. Il serait dangereux de vouloir, avec des messages venus de l’au-delà, créer des systèmes philosophiques, car les messages sont relatifs à l’époque et au pays où vivaient ceux qui les donnent et qui ont gardé l’empreinte des enseignements qu’ils ont reçus dans leur jeunesse. Ce sont des reflets du monde terrestre qui signifient que le monde de l’au-delà est encore proche de nous et possède la même mentalité que nous. Les messages de ce genre n’ont aucune valeur révélatrice philosophique, les vivants pouvant en dire autant, même parfois mieux.

Souvent les êtres ne savent pas qu’ils sont morts, principalement après un accident, la somme d’énergie que nous avons pour notre vie étant encore inépuisée et mettant assez longtemps à se résorber. Ceci est aussi valable pour les suicidés.

Compte rendu de la réunion du 18.1.1977

La réunion fut consacrée aux phénomènes physiques et biologiques, c’est-à-dire à la télékinésie, mouvements d’objets sans cause apparente qu’on appelle maintenant psychokinésie ; englobant tous les phénomènes semblant résulter d’une action de la pensée sur la matière, puis l’ectoplasmie, c’est-à-dire les phénomènes dits de matérialisation parmi lesquels figure la formation plus ou moins fantomale observés par quelques chercheurs.

Tout cela n’est pas nouveau et a commencé en Europe environ en 1848, 1850, par les tables tournantes. A ce moment déjà des contrôles rigoureux étaient faits scientifiquement. En ce moment on redécouvre ces phénomènes et on applique à leur étude un outillage de contrôle qui n’existait pas à l’époque.

M. Dumas nous cite toute une série d’expériences dont l’authenticité ne peut être mise en cause, les personnages les dirigeant étant des savants et des médecins de grande réputation. Dès 1853 le Comte de Gasparin, professeur de physique et d’anatomie, Marc Thury, de l’Université de Genève, Robert Hare, médecin et professeur de chimie à l’Université d’Harvard, ont étudié et soumis à un contrôle rigoureux le phénomène des tables mouvantes.

En 1871 le fameux chimiste et physicien William Crookes reprit ces recherches. Il arriva à la conviction de l’existence d’une force associée à l’organisme humain, par laquelle un surcroît de poids peut être ajouté à des corps solides sans aucun contact effectif et que cette force se produit aux dépens de l’organisme du médium.

Grâce au médium, Eusapia Paladino, l’illustre psychiatre et criminologiste César Lombroso qui en était a priori l’adversaire, fut lui aussi convaincu de la réalité de ces phénomènes. Aussi bien Aksakoff, Conseiller à la Cour de Russie, que Charles Richet, Fuizi, Ermacora, du Breuil, l’astronome Schiaparelli, travaillèrent avec ce même médium. En France Eusapia Paladino fut observée par de Rochas, Dariex, de Grammont et par le docteur et juge Maxwell qui était Président de la Cour d’Appel de Bordeaux. Puis de 1905 à 1907 l’Institut Psychologique de Paris, ancêtre de l’Institut Métapsychique International, M. Jules Courtier organisa des séances auxquelles assistaient Pierre et Marcelle Curie, d’Arsonval, Branly, Richet, Langevin, Bergson et Yourevitch. Pierre Curie, passionné par ces expériences ne put malheureusement les poursuivre ayant été victime d’un accident mortel.

Plus près de nous il faut citer les expériences de Crawford, professeur de mécanique appliquée à l’Université de Belfast. Il employa pour contrôler le médium Miss Goligher, la photographie, la balance, le dynamomètre et même le phonographe pour enregistrer les « raps », les coups qui résonnent dans une table ou dans un meuble sans qu’il y ait de mouvement, et qui peuvent être très variables, même musicaux et qui souvent se prêtent à un rythme demandé par des observateurs.

Le Docteur Osty et son fils Marcel équipèrent le laboratoire de l’Institut Métapsychique de tout un système de contrôle par des rayons infrarouges qui encadraient entièrement les objets dont on demandait au médium le déplacement par voie télékinésique, rendant impossible toute fraude, grâce en plus à un système de cellules photoélectriques. Les expériences du Docteur Osty avec le médium Rudi Schneider, alors âgé de 23 ans, apportèrent une nouvelle constatation de grande importance, à savoir qu’une « force » trop subtile pour être photographiée, absorbait par sa présence dans l’infrarouge, une petite quantité de rayonnement, mais suffisante pour mettre en jeu l’automatisme aboutissant à la déflagration du magnésium. Pour la première fois, toujours avec Rudi Schneider, on a pu observer un lien nettement contrôlé entre un phénomène physiologique de la respiration et un phénomène métapsychique de l’extériorisation de cette substance X qui, en certaines circonstances est capable de déplacer des objets.

Nos lecteurs trouveront les détails de toutes ces expériences dans le livre d’André Dumas, « La Science de l’Ame » édité chez Dervy-Livres.

Après une période de calme, les recherches du professeur Rhine de la Duke University à Durham, Etats-Unis, ont remis en honneur les expériences de psychokinésie pour lesquelles il employa les mêmes méthodes statistiques que pour la télépathie. Il démontra ainsi l’action de la pensée sur des dés à jouer, grâce à quoi tout un mouvement d’intérêt se produisit dans les milieux scientifiques américains. Il observa également que pour un sujet donné, dans une expérience déterminée, il se produisait un élément de fatigue qu’il appela « effet de fatigue ». Cette constatation fut le point de départ de la nouvelle vague parapsychologique des temps modernes.

La psychokinésie a été appliquée expérimentalement à beaucoup d’autres domaines. On a constaté que la pensée pouvait être influencée, que l’imposition des mains sur des plantes agissait sur leur croissance. En ce moment même des expériences intéressantes se font dans les laboratoires de la Société Péchinet avec Jean-Pierre Girard qui obtient la modification moléculaire de barres de métal enfermées dans des tubes.

M. Dumas nous parla ensuite des phénomènes de matérialisation, encore très contestés quoique les conditions dans lesquelles ils ont pu être observés soient hors d’atteinte, en particulier ceux qui ont pu être concrétisés par des moulages. César Lombroso et le médium Eusapia Paladino obtinrent des impressions dans la terre glaise de mains, de bas de visages, etc. Le Dr Geley fit lui aussi de semblables expériences.

Cette force, cette énergie qui est capable de déloger ou de soulever des tables, de modifier, de perturber des faisceaux d’infrarouge, est à même de se manifester de manière visible. Elle peut être photographiée sous des formes humaines et animales. La substance qui se dégage du médium et qui se transforme peu à peu pour se matérialiser, peut être gazeuse ou pâteuse. Le Dr Geley a donné de nombreuses descriptions de ces phénomènes, affirmant avec d’autres expérimentateurs que par exemple les mains qui se matérialisaient, ainsi que les visages étaient bien « vivants » et possédaient toutes les caractéristiques de mains et de visages normaux. Les mains matérialisées plongeaient dans des récipients contenant de la paraffine qui se durcissait vite au contact de l’air ou de l’eau froide. Mais jamais une main normale n’aurait pu se retirer de ce moule de paraffine sans le casser en mille morceaux. C’est parce que les objets matérialisés se fondent que cela a pu se faire, ce qui posa des problèmes aux frères Gabrielli, experts mouleurs au Louvre, auxquels on présenta ces moules et qui en concluaient que pour eux c’était un pur mystère de savoir comment ces moulages avaient pu être obtenus.

Réponse à une question : Oui, ce sont les mains elles-mêmes qui se dirigent vers les récipients d’eau et de paraffine. On pourrait dire qu’il y a collaboration entre les matérialisations et les expérimentateurs.

Question : Qui est-ce qui s’incarne dans ces forces qui émanent des médiums et qui peu à peu prennent des formes animales ou humaines ?

Réponse : D’autres matérialisations se sont produites à l’Institut Métapsychique en présence du professeur Tocquet, garant de leur authenticité étant lui-même très sceptique. A Varsovie apparut plusieurs fois un gros oiseau de proie. Avec Home ce fut un oiseau qui sifflait et volait dans la salle fermée et non éclairée.

Quelles sont pour répondre à votre question les hypothèses émises ? En premier lieu celle de l’idéoplastie, c’est-à-dire la création des phénomènes par la pensée du médium. Il est indéniable que cela se présente en beaucoup de cas, mais il ne faudrait pas généraliser cette notion. Cela pourrait aussi être assimilé à un phénomène de mimétisme qui est lié au psychisme. Le psychisme joue un très grand rôle. Ainsi le médium Mlle Touczyk qui faisait dévier l’aiguille d’un galvanomètre de 20 à 50 degrés, les connexions ayant été changées à son insu, le résultat resta le même. Mais lorsqu’on mit le médium au courant des changements et bien que ceux-ci ne furent pas effectués, l’aiguille dévia en sens contraire.

Mais à côté de ces phénomènes, il y a ceux de caractère biologique comme en témoignent nombreux chercheurs et savants. Peut-on alors émettre la thèse qu’il s’agirait d’entités désirant témoigner de leur survie ? Et que ces phénomènes de matérialisations impliquent l’existence dans l’être vivant d’une architecture invisible qui permet lorsqu’elle est recouverte d’atomes palpables, de donner l’impression d’être vivante ? Car nous sommes nous cette architecture vivante et même si au moment de la mort ces atomes se dispersent dans la circulation générale, l’architecture invisible reste au moins à l’état dynamique. Cette architecture se manifeste d’ailleurs déjà chez l’embryon. Ce n’est pas le système nerveux qui préside à sa formation. C’est quelque chose qui est forcément sur le plan invisible, énergétique. Il y a quelque chose qui conduit les cellules à s’organiser, à produire toutes les conditions nécessaires. C’est l’incarnation.

Pour M. Dumas, le phénomène de matérialisation est un phénomène d’incarnation provisoire dans des conditions anormales de quelque chose qui se fait normalement dans la nature, comme cela se produit chez l’être vivant, résultat aussi de la matérialisation d’une architecture aux dépens du médium maternel. Cette architecture est aussi sensible dans le phénomène des cicatrisations.

Question : Y a-t-il à chaque niveau une intelligence moléculaire ou est-ce un élément extérieur qui guide cette reconstitution architecturale d’après un canevas déterminé ?

Réponse : Non. Il y a une intelligence à tous les niveaux. Voyez le travail des phagocytes et des leucocytes. Chacune de nos cellules est un petit être élémentaire. Nous donnons des ordres de mobilisation à nos cellules, la suggestion est une réalité.

Tout cela n’est pas nouveau. Déjà Giordano Bruno au XVIe siècle disait qu’il n’y avait pas de matière sans esprit et pas d’esprit sans matière. Cela lui valut d’être brûlé sur un bûcher!

Cyrano de Bergerac en 1650 avait des vues absolument extraordinaires pour son époque.

En ce moment la base expérimentale est en train de se construire pour une nouvelle conception de l’homme. Il faut travailler à la synthèse et trouver l’élément commun des différents phénomènes.