Jacques De Marquette
Physique et perceptions

Il est donc possible qu’il y ait après la mort du corps comme une sorte de prologue de la mort de l’âme, au cours de laquelle les divers aspects de la vie consciente épuisent les facultés d’actions nouvelles (qu’il ne faut pas confondre avec les mémoires et leurs possibilités de reviviscence) accumulées en elles, comme continue la vitesse acquise d’un navire dont on arrête les hélices en pleine course. Mais ce chant du cygne de l’activité consciente ne saurait durer que quelques semaines, quelques années, quelques décades, ce qui est complètement insignifiant au regard de l’éternité.

(Extrait de Panharmonie par  Jacques De Marquette. Édition Panharmonie. 1959) 

Il est d’un intérêt à la fois théorique et pratique de s’efforcer de comprendre les enseignements des sciences concernant la nature de l’homme, sa place dans l’univers et la valeur des instruments psychologiques dont il dispose pour mener sa vie à bien.

Les progrès scientifiques de la prodigieuse époque que nous vivons, ont tellement modifié notre connaissance de l’Univers que l’immense majorité des humains, non seulement n’arrivent pas à opérer le changement radical de leur attitude vis-à-vis de la vie, rendu nécessaire par le nouveau tableau de l’Univers que la science nous propose, mais ne semblent même pas se douter de la nécessité de renouveler complètement leur échelle de valeurs, et la notion même qu’ils se font de l’univers et de leurs rapports avec lui, s’ils veulent vivre avec le minimum d’intelligence et de bon sens nécessaire à la dignité humaine.

Ce n’est pas seulement la conception anthropomorphique des pasteurs nomades d’il y a quatre mille ans qui est complètement périmée. Il en est de même pour l’Héliocentrisme des anciens sages d’Égypte et de Grèce qui faisaient du Soleil le centre de l’univers, et de son Essence divine le Roi Suprême de tous les Olympes. Notre soleil n’est plus pour nous qu’un des cent milliards d’autres soleils qui sont comme les cellules distinctes de notre voie lactée. Celle-ci séparée par des distances quasi infinies des cent milliards d’autres voies lactées constituant la totalité de l’univers, est vraiment notre « Céleste Patrie », bien à part dans son petit coin des espaces sidéraux. Les cent milliards de galaxies, ayant chacune leurs myriades de milliards de soleils, sont comme des véritables citoyens de la Cité de Jupiter, de la Jérusalem Céleste étendue à l’échelle cosmique, constituant en langage mythologique, le Chœur des Cosmocrates devant le Trône de Dieu.

Etant donné qu’aux différents étages de la biologie, chaque groupe d’entités unies par une association vitale semble doué d’une sorte de conscience collective, que du point de vue cosmique, notre système solaire avec ses satellites tournant autour de l’astre qui en est le père et le centre est comme une cellule organisée au sein de notre voie lactée, que de même celle-ci, avec ses myriades de cellules solaires, constitue comme un ensemble distinct littéralement perdu au sein des immensités sidérales ; il n’est pas absurde de la considérer comme située au sein d’un immense foyer de sentiments des liaisons unissant en une conscience globale tous ses atomes solaires. Faudrait-il considérer cette conscience globale qui est comme le relai cosmique de la création de notre petit Soleil, « notre Père qui est aux cieux », comme résultant de la juxtaposition des cellules solaires dans l’espace galactique, ou au contraire, comme étant la cause de leur origine?….. Avec nos idées modernes sur le rôle joué par les lignes idéales de champs de force sur l’origine des organisations « matérielles » et la résistance de celles-ci à se laisser inclure dans les vieux concepts de la physique Aristotélicienne, l’induction Baconienne a perdu son prestige, sans du reste que la déduction des anciens Théologiens ait retrouvé le sien.

Il ne nous est plus possible d’« induire » de nos observations sur l’univers matériel, une description cohérente de l’ontogenèse de l’Univers, que de la « déduire » des vieilles révélations prises au sens littéral. Cette double méfiance est encore accrue par les idées de l’Hindouisme décrivant une sorte de renversement des opérations des lois cosmiques lorsqu’on s’élève d’un plan formel à un plan non figuratif. Nous retrouvons ici la partie affirmative du doute Socratique. Nous ne connaissons pas le dernier mot des énigmes de l’Univers, mais nous savons pertinemment, que les anciennes conceptions Anthropocentriques et Géocentriques ont perdu tout fondement.

Un homme d’une intelligence normale n’a donc plus le droit de restreindre le cadre dans lequel il situe ses conceptions religieuses, à l’histoire de l’évolution sur notre planète, depuis le gaz ignés jusqu’à la Biosphère du Père Teilhard de Chardin. Par respect pour l’objet infiniment sacré de notre recherche, nous devons faire un effort suprême pour nous débarrasser même de nos vieilles idées Héliocentriques. Elles sont devenues littéralement blasphématoires tant elles sont inadéquates à leur objet sublime.

En effet, notre attitude vis-à-vis du monde qui nous entoure est encore plus naïvement barbare et puérile que celle des théologies du XVIIe siècle qui se cramponnaient obstinément à la conception des rapports entre la terre et le soleil inspirée par le témoignage des sens, selon lequel le soleil tournait autour du petit satellite sur lequel nous vivons.

La connaissance de la structure des atomes des divers éléments qui composent les corps physiques dits simples, des rapports entre ceux-ci et de ceux qui relient entre eux les atomes variés constituant les structures moléculaires des tissus des objets inanimés et animés du milieu qui nous entoure a complètement renouvelé notre conception du monde. En même temps, elle a donné une importance extraordinaire à l’épistémologie, la théorie de la formation et de la valeur de nos connaissances.

En remplaçant l’idée de la masse considérée comme l’ultime réalité de la matière, par la notion que celle-ci est le résultat de la composition des actions de systèmes de forces extrêmement complexes, la physique moderne a en quelque sorte volatilisé les fondations de notre représentation de la réalité de l’univers sensible. Tout d’abord, elle dérange nos habitudes mentales en augmentant d’une nouvelle étape nos représentations sur l’origine de nos sensations. La physique du dernier siècle et une de ses dépendances, la psychophysiologie avaient confirmé ce que Platon savait déjà, à savoir que les propriétés de couleurs, de chaleur, de contexture, de forme, de sonorité que nous attribuions aux objets extérieurs sur la foi des rapports de nos sens, étaient en réalité littéralement créés en nos centres nerveux à partir d’ébranlements engendrés par des impacts assez mystérieux transmis par l’air ou l’éther dans lesquels on ne trouverait pas la trace des qualités lumineuses, colorées et sonores que nous sommes amenés à attribuer aux objets si les vibrations qui émanent d’eux n’étaient élaborées en éléments de perceptions par le relais des organes des sens.

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, nous avions l’impression que les corps qui étaient à l’origine des vibrations mettant en branle les impressions sensorielles étaient pour la plupart des objets continus. La surface des corps agissait sur la lumière comme une sorte de prisme sélectif qui aurait décomposé la lumière incolore de l’arc-en-ciel dont elle absorbait certains rayons, tandis que d’autres, toujours incolores, étaient réfléchis vers l’œil du spectateur qui les organisait en sensations et couleurs que nous attribuions à l’objet. Cette surface était censée être continue. De même la corde du violon qui imprimait à l’air des vibrations ébranlant la membrane du tympan, était aussi continue, ainsi que le banc sur lequel les amoureux s’asseyent ou la table sur laquelle nous écrivons ces lignes.

Les organes variés de notre corps, paraissaient contenus dans le sac continu de la peau, de même que les atomes des gouttes d’eau étaient considérés comme contenus dans une sorte de sac constitué par la tension superficielle qui expliquait (plus ou moins bien) l’espèce de cohésion de la goutte d’eau.

Maintenant, nous savons que tous les corps sont composés d’atomes qui, non seulement ne se touchent point, mais ne sauraient se toucher sans engendrer une série d’explosions épouvantables. En négligeant les rayons cosmiques pour nous en tenir à notre seule Terre, chaque atome a son espace vital absolument particulier où ses électrons poursuivent leur course dans un « splendide isolement » et si les corps présentent des caractères d’homogénéité apparente, ainsi que d’une surface définie, cela tient exclusivement à l’insuffisance de nos organes de perception. Du reste cette possession d’un espace interne spécifique ne vaut que pour des modalités énergétiques du même ordre, car tous les points de l’espace sont « transgressés » par une quantité quasi infinie de rayons cosmiques.

Au lieu d’une masse statique, la réalité matérielle des objets qui nous entourent se présentent comme la rencontre et la composition d’innombrables petits systèmes énergétiques qui ne paraissent stables qu’à cause de l’équilibre des forces centripètes et centrifuges d’un potentiel prodigieux maintenant dans des circuits constants les divers éléments des ensembles d’énergies qualitativement et quantitativement variées qui constituent leur structure. Si les corps gardent leurs formes et leurs propriétés, c’est « grosso modo » parce que de même qu’à l’intérieur des atomes, il y a un équilibre actif entre les énergies centrifuges propulsant les électrons autour du noyau et les énergies centripètes qui maintiennent leur course autour du noyau ; il y a aussi équilibre entre les radiations centrifuges émanant des divers systèmes de forces des accumulations d’atomes constituant les corps et qui tendraient à éloigner les atomes les uns des autres à la manière des galaxies de l’univers en expansion, ce qui vaporiserait en quelque sorte la substance des corps, et les forces centripètes de cohésion qui attirent les atomes vers le centre des systèmes nucléaires qu’ils contribuent à constituer, forces centripètes qui, si elles n’étaient pas très exactement compensées, entraîneraient les atomes vers le centre de l’objet qu’ils constituent, engendrant ainsi une effroyable « marmelade d’atomes » auprès desquelles les explosions nucléaires de nos apprentis-sorciers seraient d’insignifiants enfantillages.

Ainsi, au lieu de la vision d’un univers où toutes les apparences d’objets sont engendrées par la guerre des opposés, ce qui inspirait à Héraclite son « Polemos pater panton » : « le conflit est père de toutes choses » il faudrait devant le triomphe d’une harmonie en action représentée par les équilibres évolutifs de tous les êtres, dire que l’Univers est constitué et maintenu par une Harmonie sereine, subtile et allègre, bien que composée de forces gigantesques.

Ce triomphe constant de l’harmonie conservant un juste rapport entre ce qu’on pourrait nommer les égoïsmes centripètes qui, maintiennent l’individualité des organismes, et l’anarchie centrifuge qui assure leur évolution, correspondrait à la manière dont les actions de Vishnou et Shiva se conjuguent dans l’œuf de Brahma. L’action dans laquelle Shiva pousse à l’éclatement des formes vieillies tandis que Vishnou assure la victoire de la vie harmonieuse dans le maintien des équilibres nécessaires, s’étend non seulement à notre petit système solaire, mais aussi à l’immense ensemble constitué par tous les mondes solaires composant notre voie lactée et peut-être aux relations intergalactiques ?

Donc au milieu de l’univers bariolé de couleurs, tout vibrant des chants de la nature et des bruits de l’industrie humaine et où, conformément à la contradiction logique d’Aristote, tous les objets ont leur espace vital particulier nettement défini, au sujet desquels nos sens nous racontent de si jolies histoires, inspirant les strophes de nos poètes, les lyrismes de nos peintres et les symphonies de nos musiciens, nous nous trouvons devant un univers incolore, ubiquitaire et d’un mutisme encore plus complet que celui qui inspira à Pascal sa célèbre exclamation « le silence éternel des espaces infinis m’effraie » et ce silence est accompagné d’une obscurité totale au sein de laquelle la lumière n’est qu’une virtualité dont l’actualisation demande l’œil humain, obscurité qui inspira à Racine, cet autre génie du XVIIe siècle les vers fameux :

« Et la mort à nos yeux qui ravit la clarté

rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté ».

Impossible de mieux faire entendre que le « jour », le réceptacle conscient « aphotique » [1] de l’expérience humaine, ne connaît la clarté que grâce à l’existence de sujets doués de sens capables de créer les facteurs de la perception de la lumière et de sa décomposition en couleurs, de teintes aux intensités variées, de la diversité desquelles naît la possibilité de percevoir en les opposant à des perceptions d’autres couleurs, les objets constituant notre univers visible.

La pénétrante intelligence de Taine lui avait permis de déduire de la Critique Kantienne de la connaissance des phénomènes, les conséquences qui s’imposaient déjà et lui ont inspiré son fameux jugement : « La vie est une hallucination vraie ». Tous les lycéens du second cycle le savent aujourd’hui et le comprennent. Mais bien peu nombreux sont ceux qui en tiennent compte dans l’organisation de leur vie.

La vision de cet univers entièrement dynamique où les structures énergétiques des divers organes des corps sont inclues dans les réseaux contraignants de dynamismes constituant les limites des formes au sein desquelles sont les corps, cette idée n’a après tout, pas une très grande importance au point de vue moral, c’est-à-dire de la direction de notre vie. Ce qui compte pour la morale, ce n’est pas la nature intrinsèque des choses sur lesquelles portent les jugements de valeurs inspirant nos choix lesquels constituent toute la substance de notre vie morale et dont l’orientation détermine la valeur créatrice de notre vie. Ce qui importe, c’est cette orientation elle-même, laquelle est beaucoup moins inspirée par la nature intrinsèque des objets que par la valeur et la place que nous leur attribuons dans l’ensemble de l’Univers et des normes directrices que nous attribuons à sa nature et à nos devoirs. Bien avant la phénoménologie de Husserl et de Heidegger, d’importants penseurs parmi lesquels on peut citer en France Renouvier, Ravaisson et Hamelin, en contribuant à la conversion de l’idéalisme philosophique en spiritualisme, avaient indiqué que l’essence des êtres était surtout constituée par leurs liaisons avec l’ensemble de l’Univers dont l’Unité s’affirme à mesure qu’on s’élève au-dessus des différentes actions des oppositions fragmentaires. On remarquera combien cette position de la philosophie idéaliste scientifique moderne est proche de celles de certains matérialistes faisant de la conscience « le sentiment des liaisons ».

Nous n’avons donné ces indications très superficielles sur la façon dont les écoles philosophiques modernes se représentent la position de la conscience devant l’Univers objectif que pour communiquer au lecteur non averti le sentiment de toute l’étendue du problème de la définition de l’homme dans ses rapports avec le Monde. Nous tenons cependant à nous élever contre la tendance trop courante dans certaines écoles à confondre l’esprit avec la conscience et son contenu. Nous espérons que nos lecteurs ont senti à la lumière des descriptions Hindoues, que l’Esprit dans son unité fondamentale est au-dessus de toutes les représentations et qu’ils seront ainsi préservés des généralisations abusives et de la position de faux problèmes.

Mais s’il nous est difficile d’arriver à des vues définitives sur les relations entre notre foyer de conscience et l’univers duquel il reçoit la condition de son existence, nous pouvons cependant tirer de ce trop bref exposé des conceptions actuelles sur la réalité des objets inanimés et animés, de très importantes indications sur les conditions de fonctionnement de la conscience après la mort du corps. Si, comme on a lieu de le croire à la lumière des innombrables manifestations spirites, même en admettant qu’à peine une sur mille de celles-ci ait une valeur démonstrative, la conscience survit à la mort des corps ; la perte des organes des sens semble devoir lui interdire toute perception sensorielle nouvelle. De nombreux cas de persistance des souvenirs après la perte totale de leurs centres cérébraux par les blessés de guerre, permettent de penser que la mémoire peut continuer à exister après la mort. Mais étant donné la suppression d’organes des sens permettant d’organiser les états variés du monde ambiant en perceptions sensorielles comparables à celles que nous recevons du monde lorsque nous sommes à l’état de veille, il est bien vraisemblable qu’après la mort, nous ne pouvons plus continuer à ajouter de nouvelles mémoires d’expériences sensorielles à celles qui servaient de base à la notion de notre identité personnelle.

Ceci restreint la vie d’outre-tombe à être un peu comme celle des ombres des Champs Elyséens des Grecs, une simple réminiscence des scènes variées que nous avons enregistrées pendant la vie terrestre. Un problème important serait de savoir si les mémoires durent indéfiniment ou si elles finissent par s’user à la longue pour finir par disparaître comme l’affirment les Hindous qui décrivent une série de morts successives des divers étages des activités psychiques subsistant après la mort. Une autre possibilité de persistance d’activités psychiques nouvelles après la mort serait fournie par la persistance des doubles subtils du corps physique, le corps éthérique et le corps astral des occultistes, qui seraient dotés d’organes des sens, prototypes archétypiques des sens du corps physique et grâce auxquels l’individu pourrait continuer à organiser ses contacts avec le monde qui l’entoure, en perceptions similaires à celles qui forment la substance de l’expérience vitale des vivants. Ceci permettrait aux défunts de continuer leurs relations avec leurs êtres chers autrement que dans le retour mnésique vers le passé. Pour que ce fut possible, il faudrait que ces véhicules continuent à être animés d’un principe vital créateur, leur permettant de continuer à réaliser des activités créatrices basées sur un libre choix.

Or, il ne semble pas que la spontanéité, la vie indépendante des véhicules psychologiques après la mort, spontanéité qui permet toutes les manifestations si impressionnantes de décédés enregistrées par les Sociétés pour les Recherches Psychiques, subsiste après l’épuisement des énergies vitales accumulées dans ces véhicules au moment de la mort. Dans chaque être humain, les divers véhicules de conscience, sentimentaux, intellectuels, volitifs ont une vitalité propre plus ou moins développée, et qu’ils reçoivent des supports physiques de leurs centres d’action. Selon les Hindous et de nombreuses écoles – dites occultes,– cette vitalité ne se dissipant que graduellement après la mort du corps, permet à ces facultés de continuer à fonctionner individuellement au sein du corps éthérique et astral jusqu’à ce que ce dernier ayant complètement épuisé les énergies fonctionnelles qu’il recevait de sa participation à l’ensemble de l’individu incarné, se soit assoupi en tant que foyer unifié de conscience par suite de la stratification des divers degrés des mémoires émotives qui constituent sa substance. C’est même pour éviter cette possibilité de la persistance prolongée d’automatismes psychologiques des corps éthérique et astral, qui les exposeraient à être envoûtés par des esprits malfaisants, que les Hindous font incinérer leurs morts.

Il est donc possible qu’il y ait après la mort du corps comme une sorte de prologue de la mort de l’âme, au cours de laquelle les divers aspects de la vie consciente épuisent les facultés d’actions nouvelles (qu’il ne faut pas confondre avec les mémoires et leurs possibilités de reviviscence) accumulées en elles, comme continue la vitesse acquise d’un navire dont on arrête les hélices en pleine course. Mais ce chant du cygne de l’activité consciente ne saurait durer que quelques semaines, quelques années, quelques décades, ce qui est complètement insignifiant au regard de l’éternité.

En résumé, la vision du monde que nous donne la physique moderne est incompatible avec la persistance indéfinie après la mort d’une vie psychologique qui serait la continuation de celle que nous avons menée sur terre. Cependant il est possible qu’il y ait, entre celle-ci et celle dans laquelle nous nous établissons après la mort, une survie de la conscience dans ce que nous appellerons une double période de transition. Dans la première, la conscience en vivant sur son fond d’énergies accumulées dans les sièges de ses facultés, pourrait continuer à entretenir des rapports plus ou moins spontanés avec les mirages du monde qui lui est familier. Dans la seconde période qui serait une sorte d’autophagie psychologique, elle ne pourrait que revivre statiquement mais en les épuisant, les mémoires accumulées au cours de l’existence passée.