Swami Hridayananda Sarasvati
Raja Yoga 6

La plupart des gens commettent des erreurs plus ou moins légères, dont ils ne se rendent pas compte et qui passent inaperçues des autres. Et c’est justement à cela qu’il faut faire très attention. Il faut apprendre à être conscient de ses pensées aussi souvent que possible, tout au long de la journée. Ne pas nuire, bien sûr ! Mais ne pas nuire en actes, en pensées, en action, en paroles. En effet, nous pouvons éviter les mauvaises actions extérieures, mais en général la plupart des gens font du mal aux autres par la pensée car, bien souvent ce que nous pensons n’est pas juste. Nous devons comprendre que le mental est plein d’empreintes, d’impressions, vous avez vu de nombreuses choses qui ont laissé de nombreuses traces dans l’esprit. Et lorsque vous voyez une action similaire à celle que vous avez déjà vue, accomplie par quelqu’un, bien que la motivation à cette action puisse ne pas être celle que vous imaginez, vous attribuez la même motivation à l’action que vous voyez commettre, parce que les empreintes de votre subconscient créées à partir d’une action similaire dans le passé, surgissent…

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(Revue Panharmonie. No 189. Janvier 1982)

Enseignement donné à l’ECOLE NORMALE DE YOGA Roscoff – Juillet 1980

YAMA et NIYAMA

Yama et Niyama font partie des huit aspects du Raja Yoga. Les six autres sont : Asana, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana et Samadhi. Tous les sept, en laissant de côté le Samadhi, doivent être pratiqués simultanément. Il ne s’agit pas d’en commencer un, de le terminer et de passer au suivant.

Les Yama (Refrènements) comprennent :

— Ahimsa, la non-violence

— Satya, la véracité

— Brahmacarya ; qu’on ne peut pas simplement traduire par abstinence ou chasteté. Nous y reviendrons.

— Astéga, ne pas voler.

— Aparigrahah, la non-convoitise.

Les Niyama (Observances) comprennent :

— Shauca, la propreté, la pureté (prononcer : Shtcha)

— Santosha, Le contentement

— Tapas,  L’austérité

— Svadhyàya, L’Étude des Écritures

— Ishvara-Pranidhàna, L’abandon au Divin

Nous avons vu la dernière fois les trois dernières observances, nous ne parlerons donc aujourd’hui que des quatre premières. Commençons par AHIMSA.

La plupart des gens commettent des erreurs plus ou moins légères, dont ils ne se rendent pas compte et qui passent inaperçues des autres. Et c’est justement à cela qu’il faut faire très attention. Il faut apprendre à être conscient de ses pensées aussi souvent que possible, tout au long de la journée. Ne pas nuire, bien sûr ! Mais ne pas nuire en actes, en pensées, en action, en paroles. En effet, nous pouvons éviter les mauvaises actions extérieures, mais en général la plupart des gens font du mal aux autres par la pensée car, bien souvent ce que nous pensons n’est pas juste. Nous devons comprendre que le mental est plein d’empreintes, d’impressions, vous avez vu de nombreuses choses qui ont laissé de nombreuses traces dans l’esprit. Et lorsque vous voyez une action similaire à celle que vous avez déjà vue, accomplie par quelqu’un, bien que la motivation à cette action puisse ne pas être celle que vous imaginez, vous attribuez la même motivation à l’action que vous voyez commettre, parce que les empreintes de votre subconscient créées à partir d’une action similaire dans le passé, surgissent. Autrement dit, vous voyez la personne qui agit en face de vous non pas directement, mais à travers les empreintes de votre subconscient. C’est exactement comme si vous voyiez cette personne à travers des verres colorés.

Donc il faut faire très attention au jugement que vous portez sur une personne, à ce que vous dites d’elle, à votre réaction à cette personne, car vos vues, votre jugement, peuvent être totalement différents de la réalité, et ce faisant, vous lui faites beaucoup de mal. Tout cela pour vous montrer comment nous pouvons blesser les autres inconsciemment. Nous leur envoyons des réactions négatives qui produisent chez eux des réactions également négatives. Cela va donc en quelque sorte doubler les nôtres et, n’oubliez pas qu’il n’y a aucune séparation, nous sommes tous la même conscience ; donc ce que vous avez émis vous reviendra avec une force redoublée et il faudra que vous passiez par une réaction bien plus forte encore. Nous pourrons, après cela, nous poser la question : « Pourquoi suis-je si malheureux ? », « Pourquoi ai-je tant de souffrance ? », « je ne fais pas de mal à qui que ce soit ! ».

Voilà pourquoi il faut faire très attention à nos actes, nos pensées, nos paroles. C’est la pensée qui vient en premier lieu, puis elle est exprimée par des mots et même sans cela elle peut se transformer en action tout de suite. C’est donc la pensée qui est la plus importante. Par exemple : vous avez des pensées négatives envers quelqu’un, mais vous ne les exprimez pas soit parce que vous avez peur, soit parce que vous craignez la réaction de cette personne, soit parce que vous ne voulez pas la blesser consciemment. Mais néanmoins, la pensée est là bien présente et cela forme des empreintes au niveau du subconscient et un jour ou l’autre, lorsqu’il y aura stimulation, ces empreintes jailliront sans même que vous compreniez ce qui se passe et elles se transformeront en actions ou en paroles. Vous serez alors désolés et vous vous direz : « Pourquoi ai-je dit ou fais cela ? » Cela est très important, car si vous blessez quelqu’un, vous en subirez la réaction et cela agitera, troublera votre mental et donc votre méditation. Or, ne perdez pas de vue que notre but, c’est la méditation. Le meilleur moyen pour éviter tout cela est d’appliquer le précepte : « Ne jamais faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas se faire à soi-même », et ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas que les autres vous fassent ! Si ces préceptes très simples étaient appliqués dans votre vie de tous les jours, vous causeriez très peu de souffrance autour de vous. Mais néanmoins, à cause des empreintes qui sont déjà formées dans votre subconscient, vous êtes susceptibles de heurter les autres. Il faut donc faire très attention, prendre conscience de ses pensées le plus souvent possible. Voilà AHIMSA.

SATYA = Véracité :

Nous devons être honnêtes dans tout ce que nous faisons, nous devons éviter de mentir. Toutefois être sincère ne veut pas dire que l’on doit à tout moment exprimer n’importe quelle vérité qui pourrait blesser l’autre. Si vous éprouvez de l’intérêt pour un être, et si c’est par amour pour cette personne que vous ressentez le désir de l’amender, alors dites-lui ce que vous avez à dire en choisissant un moment où cette personne est réceptive, calme, et dites-lui doucement ce que vous avez à lui dire. Mais ne le dites pas n’importe quand et en public. A plus forte raison ne le dites pas si cette personne n’est pas présente, sinon vous craindriez que cela lui soit rapporté, vous vous demanderez quelle serait sa réaction et cela vous agitera beaucoup. Ne perdez pas de vue que le but principal de Yama et Niyama, c’est de conserver le calme du mental. Et quelqu’un qui dit des mensonges a nécessairement un mental très agité, car il a toujours peur d’être découvert. Et quand il est découvert il est encore plus agité.

Il faut donc éviter absolument le mensonge. Nous devons être parfaitement honnête dans tout ce que nous faisons. Quelqu’un qui est malhonnête et qui ment, en perd souvent le sommeil. Car lorsque nous nous couchons, la partie superficielle de notre corps se détend et les empreintes subconscientes à ce moment là émergent et nous agitent considérablement. C’est cela qui empêche de dormir. Or si vous ne passez pas de bonnes nuits, si vous ne dormez pas suffisamment, vous ne pouvez pas méditer.

BRAHMACARYA :

Dans la plupart des livres, brahmacarya est traduit par chasteté. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela. Tout comme la faim et la soif, les impulsions sexuelles sont biologiquement naturelles et la sexualité occupe une place dans notre vie. Si on l’étouffe, cela créera toutes sortes de refoulements, de complexes. Malheureusement les êtres humains ont un intellect qu’ils utilisent de façon pervertie. Les animaux ont une période de rift et en-dehors de cette période ils évitent complètement le sexe opposé. Ils auront peut-être des amitiés avec des animaux de sexe opposé, mais pas de rapports sexuels. Tandis que l’être humain trouve que c’est une expérience très agréable et à cause du souvenir des plaisirs sexuels antérieurs, alors même qu’il n’ait pas d’impulsion sexuelle biologiquement, il crée cette impulsion artificiellement afin de renouveler l’expérience du plaisir déjà éprouvé.

Ainsi Brahmacarya, c’est ne pas gaspiller notre énergie par quelqu’organe des sens que ce soit. Utilisez vos organes des sens avec modération et dans le but pour lequel ils ont été créés. Par exemple, si vous écoutez sans cesse des ragots inutiles, vous n’observerez pas brahmacarya en ce qui concerne l’ouïe. De la même façon si vous voyez sans cesse des images qui vous agitent, ou si vous lisez des textes qui vous agitent, vous n’observerez pas brahmacarya de la vue. Autrement dit, toute mauvaise utilisation de vos organes des sens est une atteinte à brahmacarya. Son véritable sens c’est de faire en sorte que vos organes des sens ne réagissent plus aux objets extérieurs et de les introvertir en quelque sorte, de façon à prendre conscience de BRAHMAN.

Pourquoi donne-t-on tant d’importance à la chasteté, pourquoi traduit-on précisément brahmacarya par chasteté ? C’est tout simplement parce que dans la sexualité, c’est là que le maximum d’énergie peut être dépensé et gaspillé. Dans la jouissance sexuelle il y a une sorte d’explosion de tant de terminaisons nerveuses, qu’il y a une très grande quantité d’énergie qui est relâchée à ce moment-là. Or cette énergie doit être élevée dans une direction différente, par exemple si, au lieu de la dépenser ainsi vous arrivez à l’élever le long de votre colonne vertébrale, vous éveillez la kundalini et cela peut vous amener à une prise de conscience. Car à ce moment-là, l’impulsion sexuelle devient la force spirituelle : OJAS. Le yoga tantrique est basé là-dessus, on transcende l’énergie sexuelle. Il n’y a pas de satisfaction sexuelle à proprement parler. Dans le yoga tantrique il y a stimulation et puis, quand la stimulation est là, cette énergie est élevée, transcendée de sexuelle en spirituelle. Mais malheureusement il y a très peu de gens qui peuvent réaliser cela. J’ai rencontré beaucoup de gens auxquels on avait enseigné le yoga tantrique, mais tout ce qu’ils faisaient, c’était une dépense d’énergie énorme dans la sexualité qui n’était pas transcendée en énergie spirituelle et ils semblaient épuisés. C’est pour cela qu’il faut faire très attention si l’on pratique le yoga tantrique.

ASTEYA : ne pas voler.

Bien sûr, à part les cleptomanes, en principe, personne ne va voler ce qui appartient aux autres. Mais nous pouvons voler de façon différente, plus subtile, ce qui appartient aux autres. Par exemple, si vous accumulez pour vous-même beaucoup plus que ce qui est nécessaire, vous privez les autres du surplus que vous avez accumulé. C’est donc du vol et c’est pourquoi en Inde, la charité est cultivée tout particulièrement. Bien sûr, vous pensez que la richesse et la pauvreté sont les effets d’actions que nous avons accomplies dans des vies précédentes : si vous avez gagné de l’argent de façon juste, si vous l’avez utilisé de façon correcte et si vous avez dépensé une partie pour le bénéfice de ceux qui sont dans la nécessité, tous ceux qui ont été charitables, qui ont aidé les pauvres, renaissent dans des familles riches. Vous trouverez toujours des riches et des pauvres, cela ne peut pas être autrement. Mais il y a toujours plus pauvre que soi, en conséquence ne dites pas « je suis trop pauvre pour donner quelque chose », on peut toujours donner, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Sinon vous volez. C’est cela que Astèya veut dire.

APARIGRAHAH : ne pas convoiter ce qui appartient à autrui.

C’est également traduit par : ne pas accepter de cadeaux. Mais dans cette traduction il y a un malentendu parce que les gens se disent : « je ne dois rien recevoir de qui que ce soit, je ne dois pas accepter le moindre cadeau ». Si quelqu’un vous fait un cadeau par amitié, amour, sans motivation spécialement égoïste, il n’y a aucun mal à recevoir ce cadeau. Ce qui compte, c’est la motivation. Vous allez, par exemple, vous promener avec un homme peu recommandable et cet homme vous couvre de cadeaux précieux ; et vous ne l’aimez pas. Mais après ces somptueux cadeaux, le jour où il vous demande quelque chose, vous n’osez pas le repousser, vous vous sentez son obligée, il vous a tant donné que vous n’osez pas refuser. Ceci s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes, car de nos jours ce sont souvent celles-ci qui couvrent les hommes de cadeaux. Autre exemple : un percepteur accepte des cadeaux de valeur de quelqu’un. Et lorsque celui-ci aura des ennuis au sujet de ses impôts, il ira trouver le percepteur pour lui demander de faire quelque chose pour lui. Et le percepteur se laisse corrompre. Donc en toute chose il faut vous servir de votre sens commun, de votre bon sens, afin de ne pas agiter votre mental dans un sens ou dans l’autre.

NIYAMA:

SCHAUCHA : pureté, propreté.

Si vous n’observez pas la propreté corporelle, vous pouvez être malade, car les microbes trouveraient un terrain particulièrement favorable. Je suis sûre que vous avez déjà rencontré des gens qui ne se lavent pas régulièrement le corps, les dents, ni les vêtements qu’ils portent et vous savez combien il est désagréable de se trouver près d’eux. Ils agitent les autres par leur mauvaise odeur et créent une ambiance dont ils sont souvent les victimes. Lorsqu’on travaille dans un bureau, il est souvent pénible de se trouver à côté de certaines personnes !

Ceci, c’est la propreté extérieure, mais bien sûr, c’est la propreté intérieure qui est la plus importante. Il y a des gens qui sous couvert de « renoncement », ne se lavent plus, ils ne lavent jamais leurs vêtements, ils ne se lavent pas les cheveux et ils se vantent de ne jamais se servir de savon. Or vous ne pouvez pas pratiquer le yoga si vous n’avez pas un corps sain. Il faut faire attention pour que le corps reste en bonne santé. Évidemment la propreté intérieure est bien plus importante, mais si le mental est sans cesse agité par des pensées négatives, cela aura la plus grande influence sur votre méditation et non seulement sur la méditation, mais cela aura aussi une réaction sur le corps physique. Car on ne peut pas séparer le corps du mental, c’est la même énergie qui les animent. La condensation de l’énergie au niveau le plus grossier forme le corps et, au niveau plus subtil, forme le mental.

Qu’est-ce qui donne la santé à toutes nos cellules ? C’est la bonne circulation du Prana, une distribution égale et correcte du Prana. Comprenez bien que le mental et le Prana sont très intimement liés. Si donc le mental est agité, le Prana sera agité, la distribution du Prana dans le corps ne se fera pas de façon harmonieuse et les cellules qui n’ont pas la quantité nécessaire de Prana perdent de leur résistance et elles deviennent une proie aisée à l’infection ou bien, au contraire, elles se développent anarchiquement, si bien qu’on a trouvé de nos jours que même le cancer peut être le résultat d’une agitation mentale constante et exagérée. Par exemple les gens qui mâchent du bétel peuvent irriter les gencives, parce que les cellules sont soumises à un travail constant et ces gens peuvent avoir un cancer de la bouche.

Tout ce qui agite le mental est une impureté mentale et cela peut être ou une excitation agréable ou une expérience déprimante. Dans les deux cas il faut observer la modération. Certains croient que si l’excitation est agréable on peut la poursuivre à l’infini. Mais non ! C’est aussi dangereux. Il est nécessaire naturellement de faire une place aux excitations agréables, car si vous en privez trop le mental, c’est aussi dangereux. Si vous riez vous faites faire de l’exercice à tant de muscles que c’est très bon. De nos jours il existe un yoga du rire. Le Professeur de yoga arrive, il se met à rire et tout le monde rit avec lui, c’est un exercice salutaire.

SAMTOCHA : ou le contentement.

Si nous n’avons pas le contentement, le mental ne peut pas être en paix. Ayant compris cela nous devons apprendre à vivre satisfait de ce que nous avons selon nos moyens. Car si vous vous comparez sans cesse à ceux qui ont plus que vous, alors votre mental sera sans cesse agité, car vous trouverez toujours quelqu’un qui a plus que vous.

Évitez donc toute comparaison, voyez ce dont vous avez besoin et contentez-vous de ce que vous avez. Évitez d’acheter toutes sortes de choses superflues avec le système du paiement à crédit, car j’ai vu des gens tellement tendus et nerveux à cause de cela. Car chaque mois ils sont obligés de faire des heures supplémentaires dans leur travail pour payer les traites, ils en ont la hantise à chaque fin de mois. Par conséquent ils ne peuvent pas se détendre. Je sais bien que de nos jours on ne peut acheter une maison et payer comptant. Il faut avoir recours au crédit. Une maison, c’est quelque chose de nécessaire, mais n’essayez pas d’acquérir par ce système toutes sortes de choses dont vous pourriez vous passer. Donc comprenez bien que si vous êtes perpétuellement insatisfait, cela agitera votre mental, si votre mental est agité, vous ne pourrez entrer en yoga, si vous ne pouvez pas entrer en yoga, vous ne serez pas vraiment heureux.

Je vous ai expliqué à la réunion précédente les trois derniers aspects de Niyama, parce qu’ils sont groupés ensemble. Patanjali les a traités à part, parce qu’ils constituent ce qu’il a appelé le « Kriya Yoga ».

Maintenant je voudrais vous parler un peu des pouvoirs, des siddhi. Lorsque nous méditons régulièrement et lorsque nous méditons de plus en plus profondément, nous pouvons acquérir spontanément des pouvoirs. A l’état normal, ordinaire, nous n’utilisons pas au maximum toutes les potentialités de nos organes des sens. Mais grâce à la méditation pratiquée régulièrement, toute cette potentialité se réalise, si bien que vous pouvez à ce moment-là avoir des pouvoirs que les autres n’ont pas.

Mais une première chose c’est de ne jamais méditer dans le but d’acquérir des pouvoirs. Si cela vous arrive sans que vous ne l’ayez recherché, n’en faites pas étalage et n’en retirez pas de fierté. Les magiciens ne sont pas des yogis, ils ont toutes sortes de pouvoirs, mais ce n’est pas la même chose. Donc ne prêtez pas attention à ces pouvoirs, ignorez-les et essayez d’aller de plus en plus profondément dans la méditation.

Si vous pouvez vous servir de l’un de ces pouvoirs pour les autres, par exemple pour les soigner, alors servez-vous en. Nous pouvons développer la clairaudience, la claire voyance, le pouvoir de lévitation, la faculté d’être invisible et d’aller partout. Nous pouvons faire que notre corps devienne tout petit ou, au contraire, immense, nous pouvons avoir la faculté de flotter sur l’eau et même de marcher sur l’eau. Il y a tant de siddhis, de pouvoirs que vous pouvez acquérir… mais je vous mets en garde, car je sais qu’il existe maintenant une école, un groupe où l’on fait payer les gens très cher en leur faisant miroiter l’acquisition de l’un de ces pouvoirs. Alors ils dépensent un argent fou et ils dépensent aussi beaucoup de temps ; juste pour arriver par exemple à la lévitation. Pourquoi ne pas prendre un avion et aller dans le ciel ? C’est bien plus simple. Méfiez-vous de tout cela.

En méditant sur le soleil et sur la lune vous pouvez acquérir certains pouvoirs ! Le danger est que, pour savoir si cela marche, vous pouvez avoir envie de faire cette expérience de votre pouvoir. Et là se trouve le risque d’en devenir esclave, comme on peut être l’esclave de la drogue.

Vous pouvez par exemple lire dans certains livres que, en vous concentrant sur le bout de votre nez, tout votre corps dégagera des parfums délicieux ! Mais achetez donc plutôt un parfum dans une parfumerie !

Nous ne devons pas gaspiller du temps et de l’énergie pour essayer d’acquérir et de développer ces pouvoirs, car ces pouvoirs ne font que vous apporter une satisfaction. Que veut dire « satisfaction » ? Eh bien nous en revenons toujours à la même chose, lorsque vous êtes satisfait votre mental devient tout à fait paisible et calme et alors vous prenez conscience de la Conscience Absolue et la joie que vous éprouvez à ce moment, provient en fait de cette prise de conscience. Donc la satisfaction que vous pouvez retirer de tous ces pouvoirs, vous pouvez l’éprouver directement dans la méditation. Il vaut bien mieux essayer cela plutôt que de gaspiller une énergie à obtenir cette satisfaction qui est très éphémère. C’est d’ailleurs ce qui est dit dans la Bible : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et le reste vous sera donné par surcroît ». Car une fois qu’on a pris conscience que le Royaume de Dieu est en soi, la joie que l’on en éprouve, la béatitude est telle, que tous les autres plaisirs vous paraissent bien fades.

Réponse à une question sur la maladie : La maladie, la paresse mentale sont dues à un état tamasique. Vous devez savoir discerner que vous êtes sous l’influence de Tamas, lorsque vous évitez toute responsabilité, lorsque vous n’avez envie que de manger, de boire et de rester dans votre lit et que, lorsque vous avez un désir, celui-ci se présente avec un telle violence, que vous ne pouvez pas y résister. Le meilleur moyen de vous dégager de cette emprise, c’est d’entreprendre un exercice physique. Par exemple si vous avez un jardin, mettez-vous à piocher vigoureusement, ou bien réparez votre maison, marchez très vite ou courez, ou encore faites des salutations au Soleil très profondes et rapides, afin d’entrer en Raja et Rajas peut être sublimé en Sattvas ?

En ce qui concerne le doute, les gens sont devenus si intellectuels qu’ils ont sans cesse le doute à l’esprit. Il faut bien comprendre et savoir que dans la vie spirituelle il y a beaucoup de choses qui ne peuvent être appréhendées par l’intellect. Il est impossible de tout mettre dans une éprouvette, de faire une expérience scientifique et d’en trouver le résultat. Il faut donc croire et faire confiance aux Écritures qui nous ont été transmises par des âmes réalisées, qui ont réalisé Dieu. Ou bien il faut croire en la parole de ceux qui ont eu des expériences mystiques, car la gymnastique intellectuelle ne pourra pas éclaircir vos doutes. Tout ce que vous pouvez faire, c’est d’essayer vous-même et de trouver une preuve dans l’expérience que VOUS faites ; mettez-vous donc au travail !

Tiédeur, manque d’enthousiasme : Lorsque vous écoutez une conférence sur le yoga et sur tous les résultats que vous pouvez obtenir, alors vous devenez très enthousiaste et vous commencez à travailler. Mais cela n’est pas si facile d’obtenir ces résultats, il faut beaucoup travailler, de façon soutenue et pour pratiquer il faut, bien sûr, renoncer à certaines expériences mondaines extérieures. Si après quelque temps de pratique vous constatez que vous n’avez pas atteint la béatitude, ou si vous n’avez pas obtenu les résultats que vous espériez, tout en ayant abandonné certains plaisirs du monde et si, à ce moment-là des amis viennent vous dire : « Tu perds ton temps, nous nous amusons bien et toi, comme un imbécile, tu restes là, assis les yeux fermés ou à tordre ton corps dans tous les sens ; viens avec nous… ». Alors l’enthousiasme peut retomber.

La Léthargie : Si vous ne dormez pas assez, si vous ne mangez pas comme il faut, si vous travaillez constamment sans détente, si vous perdez votre temps à bavarder, à parler de ceci ou de cela, alors vous deviendrez léthargique. Il faut éviter tout cela.

Attachement aux plaisirs sensuels : C’est exactement comme pour la drogue. Si vous y attachez trop d’importance et si vous négligez les autres aspects de la vie, vous devenez l’esclave de ces plaisirs sensuels et vous vous y attachez tant que vous négligez les aspects les plus importants.

La perception fausse : Vous ne pouvez pas voir l’Absolu et vous n’avez pas une claire conscience de cette joie mais, par contre, vous percevez les objets des sens et vous êtes conscients des plaisirs que ces objets des sens peuvent vous procurer même s’ils sont temporaires et s’ils entraînent souvent la souffrance. Quand un homme vous courtise, vous avez l’impression d’être au paradis. Mais si après quelque temps cet homme se lasse de vous et vous laisse tomber pour une autre femme, alors cela se termine en peine et en douleurs pour vous. Donc faites très attention.

Comment atteindre la concentration ? Si vous laissez votre mental vagabonder dans tous les sens, sans le fixer, le localiser, alors cela peut être catastrophique pour votre vie et c’est la chute, vous retombez. Mais, en fait, il n’y a pas de chute, de régression. Ce que vous avez atteint dans la vie, ce que vous avez acquis spirituellement, n’est jamais perdu. Mais néanmoins, pendant quelque temps cela peut être obscurci complètement. Vous avez, par exemple, bien médité pendant quelque temps et puis il y a eu une tentation du monde extérieur qui vous a agité et, pendant quelque temps vous ne pouvez plus méditer. Il est possible que, pendant un certain nombre de jours et même de mois, vous ne puissiez plus méditer comme précédemment. Mais un moment viendra où vous retrouverez l’état précédent. Il n’y a pas de régression véritable. Cela se produit même pour des gens qui méditent régulièrement tous les jours, par moment on médite mieux que par d’autres. Cela ne doit pas vous déprimer, même si vous ne pouvez pas méditer du tout.

Le chagrin : Si vous perdez un être très cher, vous ne pourrez par exemple plus méditer pendant quelque temps. La seule chose que vous puissiez faire alors, c’est de réfléchir correctement. J’ai reçu récemment une lettre de quelqu’un qui venait de perdre quelqu’un de très proche. Mais toute la famille du disparu était des gens évolués spirituellement qui méditaient régulièrement et aucun membre de la famille n’a versé une larme. Ils ont tous prié, répété le nom de Dieu, parce qu’ils savent que la mort n’est pas la fin de tout. La disparue, elle-même, menait une vie très spirituelle et sa famille savait très bien que quand elle a abandonné son corps, elle était prête. Si vous réfléchissez correctement vous pouvez éviter le chagrin.

La détresse morale : Là aussi, si vous réfléchissez bien, si vous êtes convaincu que la détresse n’est qu’à un niveau psychologique et que, en essence nous sommes béatitude et félicité, cela vous affectera moins. Mais bien sûr, il faut réfléchir et cela constamment et non pas seulement quand on éprouve un chagrin.

Tremblement du corps : Quelquefois, lorsque la kundalini monte, se manifeste, le corps peut se mettre à trembler. Je me suis aperçue que si on laisse la kundalini se manifester spontanément sans avoir pratiqué des exercices spéciaux et quelquefois violents pour la réveiller, de tels tremblements n’ont pas lieu. Toutefois ces tremblements peuvent se produire même pour quelqu’un qui a laissé la kundalini s’éveiller normalement. C’est normal, cela passe, n’en ayez pas peur.

Respiration irrégulière : Comme je vous l’ai dit, parfois la respiration s’arrête spontanément lorsque la concentration est très forte. Et si vous en avez très peur, dès que la respiration se rétablit, vous êtes en état d’agitation. Ce sont des stades qui sont tous temporaires. Le remède à cela c’est de s’en tenir à une seule pratique pour méditer, à la pratique d’un seul sujet et cela fera disparaître tout cela. Patanjali dit aussi qu’il faut développer en soi l’amitié, la compassion, la joie, se réjouir du bien-être des autres, l’indifférence aux défauts des autres et à ce que les autres pensent de vous, être indifférent aux choses agréables et désagréables, à tout. C’est très facile à dire tout cela, plus difficile à pratiquer, cela doit se faire peu à peu, tout seul. Je pense que pratiquer tout cela, c’est souvent de l’hypocrisie, car intérieurement vous êtes quelque chose et extérieurement vous agissez différemment. Donc cela doit se développer tout seul, par une compréhension juste et la pratique de la méditation.

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