Robert Tournaire
La conscience et la vie

Le Professeur Robert Tournaire ne retient pas l’expression de révolution biologique pour caractériser ce qu’il considère comme le plus prodigieux moment de la connaissance humaine. Il préfère une expression telle que « La naissance d’une nouvelle biologie ». Dès l’exergue, Robert Tournaire souligne combien ce nouveau savoir est — en même temps — signifiant pour l’Homo, mais toujours magnifiquement fascinant.

Résumé de la Conférence du Professeur Robert Tournaire faite à Bruxelles le 15 octobre 1969
(Revue Être Libre. Numéro 242, Janvier-Mars 1970)

Le Professeur Robert Tournaire ne retient pas l’expression de révolution biologique pour caractériser ce qu’il considère comme le plus prodigieux moment de la connaissance humaine. Il préfère une expression telle que « La naissance d’une nouvelle biologie ». Dès l’exergue, Robert Tournaire souligne combien ce nouveau savoir est — en même temps — signifiant pour l’Homo, mais toujours magnifiquement fascinant.

Il n’est pas possible de résumer en quelques paragraphes ce savoir que certains savants considèrent comme non transmissible. Il nous est seulement permis de mettre en relief ce qui caractérisera — d’après un savant comme le professeur Robert Tournaire — la biologie de demain.

A) Le fossé vient de se profondément creuser entre le naturalisme, les sciences dites naturelles et une biologie qui progresse, et de façon exponentielle, grâce aux outils que les mathématiques supérieures modernes (Théorie des Ensembles et Système dit de Bourbaki), la physique moderne — laquelle repose d’après l’exposé de Robert Tournaire sur les notions de champ et de forme —, enfin la chimie-physique électronique et infra électronique, quantique et subquantique (chimie-physique qui fut découverte par Robert Tournaire dès 1932) mettent à sa disposition.

A ce propos Robert Tournaire tient à citer « La spiritualité de la matière » que Robert Linssen vient de faire paraître.

Entre autres exemples Robert Tournaire souligne qu’hier encore une molécule d’ADN était considérée comme un haut polymère dont la structure relevait de l’hélicité alors que selon Robert Tournaire il importe de considérer d’abord la molécule d’ADN, comme un mini-cristal semi-conducteur. Le conférencier montre également comment avec les équations de la Théorie des Ensembles on peut rendre compte de l’action catalysante des enzymes.

B) Reprenant ses travaux originaux de 1932 sur la labilité, l’activité, l’excitation des molécules, des ions, des atomes, des électrons, Robert Tournaire n’hésite à faire coïncider le départ de l’hominisation avec l’apparition de la première molécule de carbone conjuguée et à voir dans l’apparition des grosses molécules organiques complexes et labiles un des caractères spécifiques du vivant.

C) A ce propos le conférencier expose que, selon ses travaux, toute l’évolution des espèces jusqu’à l’homme moderne n’était programmée en la première molécule de carbone conjuguée. D’après Robert Tournaire la programmation qui permit la réalisation de l’ovule féminin et du spermatozoïde masculin se fit par intégration de programmations de plus en plus complexes.

D) Le conférencier aborde alors le difficile problème de l’augmentation d’entropie positive caractérisant la matière dite inerte et l’augmentation d’entropie négative ou néguentropie caractérisant la matière dite vivante. Sans qu’il nous soit possible de prétendre seulement résumer l’exposé de Robert Tournaire, ce dernier expose qu’il ne saurait se contenter d’un antagonisme aussi simpliste.

C’est d’après lui un problème fort complexe et que l’on ne peut aborder sérieusement sans faire intervenir la mécanique quantique et infra-quantique, le champ unitaire, sur lequel se penche longuement et de façon originale et mathématique Robert Tournaire, le champ biotique, le champ psychique, les champs traditionnels (gravifiques, etc., etc.), la résonance paramagnétique, la cybernétique, la catalyse spécifique et la Théorie des Ensembles. En ce qui concerne la matière dite vivante, Robert Tournaire explique pourquoi il préfère parler généralement de complexe autorégulé réservant le phénomène de néguentropie aux organismes évolués.

Considérant la néguentropie du vivant comme équivalent à de l’information cybernétique, le conférencier en tire les trois conclusions suivantes, que nous ne pouvons que résumer littérairement, ne pouvant, dans le cadre d’un tel résumé suivre Robert Tournaire en sa démonstration mathématique.

1) Le psychisme est né en même temps que l’apparition de l’antagonisme principiel des facteurs d’extension et d’intension, avec la formation du premier système onde-particule.
2) En accord avec les travaux de Robert Linssen, Robert Tournaire démontre qu’il existe en sous-jacent au cosmos matériel, un univers psychique infiniment plus considérable.
3) Enfin, grâce à ses calculs sur la néguentropie différentielle, Robert Tournaire montre la fatalité de l’apparition dans les calculs de la mécanique quantique et infraquantique du Degré d’Incertitude d’Heisenberg.

La vie d’après les travaux de Robert Tournaire serait due à l’intégration des facteurs de complexité, des facteurs d’autorégulation, des facteurs énergétiques (cf. système solaire).
Sans qu’il nous soit loisible de reproduire ici toutes les équations où interviennent constante de Boltzmann, logarithmes népériens, champs d’incertitude, probabilités, information, bosons, fermions qu’a exposées Robert Tournaire, ce dernier parvient à exprimer une reconnaissance, entre la variabilité du contenu du psychisme et la variabilité de l’entropie de l’Univers, d’un rapport grâce auquel il peut établir un lien entre matière et forme, entre énergie et néguentropie, enfin un rapport entre l’énergie et le Temps, où le Temps polydimensionnel se révèle comme de l’énergie dégradée où, enfin, l’Information acquise équivaut à la Néguentropie.
Il nous est inutile d’insister sur l’analogie qui existe entre de tels principes et ceux exposés par Robert Linssen.

D) Robert Tournaire expose le problème de la modification de l’homme par l’homme, de l’implantation d’organes, de la réalisation de complexes organisme humain + prothèses, de la réalisation de complexes organismes humains + ordinateurs, de la réalisation des Eyborgs, des Amplificateurs d’Homme, des Téléfacteurs.

Robert Tournaire insiste sur la microchirurgie du cerveau ou des autres organes de l’Homme moderne, sur la modification du psychisme humain grâce, en particulier à l’enthate de l’hyphérazine et à la Permoline de magnésium (Cybert). On envisage même aujourd’hui non seulement la modification du psychisme humain mais l’amélioration de la mémoire, la suppression de la douleur et même le transfert de souvenirs.

D’après Robert Tournaire le fameux axiome de l’un de ses maîtres, le Professeur Paul Langevin : « On ne peut télégraphier dans le passé » n’est plus valable.

E) Robert Tournaire expose alors que demain grâce aux machines à penser et à calculer le codage des systèmes génétiques sera décrypté. L’Homme devient ainsi non plus le jouet mais le maître de sa propre évolution, de sa destinée, du sens de sa vie terrestre.

Le conférencier souligne ici que présentement nous vivons une ère de technocratie aberrante, peut-être due au développement de nos lobes préfrontaux au détriment du cerveau dit postérieur où siégeait sans doute une primauté de l’Esprit qui semble actuellement s’être dissoute au profit de la technocratie.

F) évoquant son ouvrage réalisé à partir de 1933, Robert Tournaire expose que l’Homme moderne vit actuellement une grande première mondiale : la synthèse de la vie à partir d’éléments primitifs, c’est-à-dire hydrogène, carbone, eau, ammoniac, cyanogène, etc. Nous sommes alors mis en présence de deux écoles :

1) Celle s’appliquant à la synthèse d’un virus simplifié (Cf. Charles Price, Carl Bekley, Sol Spiegelman, H. Fraenkel-Conrat, etc.)
2) Celle s’appliquant à la synthèse d’une cellule simplifiée (Cf. A.I. Oparine, Harold Wiey, Stanley Müller, Fox, Robert Tournaire).

Robert Tournaire veut aller plus loin : le biologiste des prochaines décennies ne se contentera pas de reproduire la vie il entend aller plus vite, plus loin, ailleurs. Il ne nous est pas possible en une telle note de nous étendre plus longuement sur l’exposé du conférencier qui ne se prive pas de faire remarquer que certains savants estiment que le savoir scientifique fondamental a atteint une manière de limite et que d’autres savants, terrifiés par les possibilités d’un tel savoir réclament un moratoire de la Science fondamentale ou la formation d’un aéropage de savants ayant la possibilité d’arrêter des recherches qui n’iraient pas dans le sens de l’épanouissement de la condition humaine.

G) En sa conclusion, le Professeur Robert Tournaire reprend   pour les réunir en un faisceau grandiose — les principaux éléments de sa conférence et dit sa foi en la socialisation définitive de l’Homme, transcendant son essence actuelle par une spiritualisation dialectique de sa substance.