Robert Linssen
Satori, interfusion et co-extensivité universelle de l'atome.

Sous ce titre malheureusement rebutant, se trouvent résumées les notions les plus fondamentales relatives, d’une part, à l’expérience spirituelle du « Satori » dans le Bouddhisme Zen, et, d’autre part, l’interfusion extraordinaire dans laquelle se trouvent toutes les parties de l’univers. Nous avons déjà insisté à diverses reprises sur le fait que l’Univers n’est une Réalité que dans sa totalité et que ce que nous appelons « phénomènes » ne sont que conventions, morcèlements arbitraires opérés par notre esprit.

CONFERENCE DONNEE A PARIS, LE 4 FEVRIER 1960.
(Revue Être Libre Numéros 167-170, Dec. 1959 – Fevr. 1960)

Sous ce titre malheureusement rebutant, se trouvent résumées les notions les plus fondamentales relatives, d’une part, à l’expérience spirituelle du « Satori » dans le Bouddhisme Zen, et, d’autre part, l’interfusion extraordinaire dans laquelle se trouvent toutes les parties de l’univers.

Nous avons déjà insisté à diverses reprises sur le fait que l’Univers n’est une Réalité que dans sa totalité et que ce que nous appelons « phénomènes » ne sont que conventions, morcèlements arbitraires opérés par notre esprit.

Cette Totalité-Une, à la fois psychophysique qui forme l’Univers se présente à nos yeux dualistes d’observateurs, sous deux aspects : un infiniment grand formé par d’innombrables soleils escortés de leurs planètes, d’immenses nébuleuses éparpillées vers les profondeurs insondables que la lumière elle-même mettrait des millions d’années à atteindre. Ensuite, un infiniment petit à partir duquel cet infiniment grand s’est construit et sur lequel il repose. Sans cet infiniment petit, l’infiniment grand n’existerait pas.

De nombreux penseurs, hommes de sciences, philosophes, physiciens et métaphysiciens ont tenté de définir la nature de cet infiniment petit et dans la mesure où les sciences évoluent, il semble finalement échapper à toute définition.

On sait que la matière n’est pas homogène. On nous renseigne sur sa composition moléculaire, atomique et intra-atomique. On nous dit finalement qu’une seule réalité existe : celle de l’énergie universelle, mais nul n’est parvenu à la définir correctement. Nous savons que la matière n’est qu’une forme de l’énergie. Nous savons aussi que l’essence profonde de la matérialité de l’Univers est extraordinairement fluide, mouvante. L’univers n’est en aucun cas comparé à un édifice architectural construit sur du « dur ». Ainsi que l’exprimait Lao-Tseu, la souplesse est la grande force de la nature. La spontanéité est la grande Loi.

Cette souplesse, cette spontanéité, cette intensité de Vie et non de mort, nous la trouvons dans une loi universelle : la loi des relations.

Déjà, si nous voulons définir l’énergie, le seul moyen dont nous disposions fait appel au mouvement, aux relations et non à une image statique. L’énergie est définie comme étant la mesure de ce qui passe d’un atome à l’autre au cours de leurs transformations.

Il y a donc nécessité irrévocable de faire appel à des relations, à des relations d’atomes à atomes, au cours de leurs changements, pour tenter de donner une définition de l’énergie. Si nous prenons la fameuse formule d’Einstein, E = mc2, nous voyons que dans cette relation d’équivalence, l’énergie potentielle d’un corps quelconque est équivalente à sa masse multipliée par le carré de la vitesse de la lumière. Toujours le mouvement intervient. Toujours il reste impossible de définir l’énergie sans intervention de relations.

Ce fait fondamental des relations est plus apparent encore dans les liens unissant le centre de l’atome aux électrons planétaires. Parmi les milliers d’interférences responsables des mouvements complexes de l’électron, nous remarquerons d’abord la vitesse de rotation extraordinaire de cet électron autour du noyau central, à raison de plusieurs centaines de millions de tours par seconde, vitesse sans laquelle l’électron se projetterait sur le centre atomique. Vu la disproportion de masse de l’électron et du noyau dans le système d’hydrogène, par exemple, rapport qui est de 1 à 2.000 environ, on peut dire que l’électron est un prétexte au jeu des relations, qui sont la loi même de la vie, dans le domaine atomique.

Nous avons insisté ailleurs sur le fait beaucoup plus important encore des relations dans le domaine de l’intra-atome, fait qui nous a été révélé lors des découvertes récentes des constituants intranucléaires (antiprotons et pions).

Nous nous excusons ici de certaines répétitions pour nos anciens lecteurs, mais elles sont indispensables pour les nouveaux.

Chacun sait que les corps ayant une charge électrique de même signe se repoussent. Et cette répulsion est proportionnelle à leur masse. Réciproquement les corps de charges électriques opposés s’attirent.

Pour cette raison d’ailleurs l’électron évoqué précédemment et chargé négativement, se précipiterait sur le noyau de l’atome, électrisé positivement s’il ne tournait pas autour de celui-ci à une vitesse telle que la force centrifuge est plus grande que la force centripète.

Un grand mystère intriguait tous les physiciens : il consistait à expliquer comment il était possible que dans les noyaux d’atomes lourds, comme l’Uranium par exemple, 92 protons (de signe positif donc) parvenaient à se côtoyer dans un aussi petit volume, en dépit de leur masse considérable. Une force de répulsion énorme devait normalement les chasser les uns des autres. Si le noyau n’explosait pas littéralement, c’est qu’une force de liaison inconnue, supérieure à la force d’expulsion était capable de maintenir la cohésion d’ensemble. Cette force vient d’être découverte, il y a cinq ans à peine.

C’est en 1955 que le grand mystère de l’énergie intranucléaire a été éclairci pour la mise en évidence du phénomène le plus surprenant du monde atomique. Une force de liaison supérieure à la répulsion des constituants infra-nucléaires existe en effet. Elle se réalise par le jeu d’interéchanges, dont les rythmes sont stupéfiants. Et c’est ici, qu’une fois de plus, apparaît de façon éclatante et fondamentale l’importance du fait des relations.

Au cours de chaque seconde, les protons et les neutrons sont « tenus en haleine », peut-on dire, des milliards de fois, par l’entremise de particules appelées « pions ». Les protons perdent un pion positif et deviennent des neutrons, des neutrons s’associent à un pion positif et deviennent des protons, pendant que ces parcelles s’échangent encore des « pions » neutres. Nous assistons là, à une telle pluralité d’actions d’interchangement complexe, qu’aucune imagination n’est capable d’en visualiser les processus opérationnels. Mais un fait fondamental émerge de cet entrecroisement prodigieux d’échanges : les parcelles ultimes perdent constamment leurs individualités, leurs caractéristiques propres pour la recouvrir aussitôt et la reprendre ensuite, et ce indéfiniment.

Dans cette zone ultime de la matérialité de l’Univers, nous avons donc mis en évidence un fait dont nous pouvons tirer une loi : Dans l’intra-atome, le fait des relations est plus important que l’individualité des éléments reliés.

Même constatation en biologie où la Vie est essentiellement fonction de la labilité cellulaire, de sa souplesse, de la rapidité et la fluidité des échanges.

Les progrès de la génétique moderne ont mis en relief l’importance de la notion d’interaction entre les gênes d’un individu et les facteurs du milieu. Le milieu et l’hérédité sont des facteurs en continuelle interaction dont dépend tout le comportement en continuelle modification de l’individu. Les gênes réagissent entre-eux, le milieu réagit sur les gênes, et les gênes eux-mêmes changent et opèrent à leur tour sur un individu transformé.

Mais ce sera surtout dans le domaine atomique qu’une fois de plus nous découvrirons le fait des relations, mis cette fois sous le signe de l’interaction et de l’interfusion universelles.

Nous ne soupçonnons pas l’interdépendance extraordinaire qui lie les atomes entre eux, et ce dans la totalité de l’Univers.

Au cours des paragraphes précédents, nous avons donné une vision panoramique de l’intensité des relations ou échanges à l’intérieur d’un système atomique, entre l’électron planétaire et le noyau, d’une part, ainsi qu’au cœur même du noyau, d’autre part.

Nous allons examiner un fait bien plus significatif encore et lourd d’enseignements. Il n’existe dans l’univers aucun être, aucun objet, aucune chose, aucun atome indépendants.

Ainsi que l’exprime Teilhard de Chardin (Le phénomène humain, p. 38) :

« Plus par des moyens d’une puissance toujours accrue, nous pénétrons loin et profond dans la matière, plus l’interliaison de ses parties nous confond. Chaque élément du cosmos est positivement tissé de tous les autres, au dessus de lui-même par le mystérieux phénomène de la composition, qui le fait subsistant par la pointe d’un ensemble organisé; et au-dessous, par l’influente subie des unités d’ordre supérieur qui l’englobent et le dominent pour leur propre fin. Impossible de trancher dans ce réseau, d’en isoler une pièce, sans que celle-ci ne s’effiloche et se défasse par tous ses bords. A perte de vue, autour de nous l’Univers tient par son ensemble. Et il n’y a qu’une manière réellement possible de le considérer. C’est de le prendre comme un bloc tout entier. »

La physique moderne nous enseigne en effet qu’indépendamment de son aspect corpusculaire nettement défini et localisé chaque corpuscule atomique comporte un aspect opposé et complémentaire : l’aspect ondulatoire. L’action de l’aspect ondulatoire d’un électron quelconque s’étend à l’Univers entier. Il existe une présence potentielle de l’aspect ondulatoire de chaque corpuscule atomique nous constituant, qui s’étend aux ultimes confins de l’Univers en expansion. Et réciproquement, chaque atome des nébuleuses lointaines, situées aux abîmes insondables de millions d’années lumières est présent en chacun de nous, en chaque objet, en chaque chose de cette planète.

Tout se tient comme si l’Univers n’était qu’un seul et immense bloc absolument homogène.

Tout est dans tout, avec une intensité, une continuité, une profondeur telles que l’imagination est impuissante à le concevoir. Tout est dans tout… L’univers entier est en nous et réciproquement. I1 semble de prime abord qu’un tel langage vient du visionnaire ou du poète. Rien n’est cependant plus conforme à la vérité.

Comme l’écrit Teilhard de Chardin (Le phénomène humain, 40) :

« Le rayon d’action propre à chaque élément cosmique doit être prolongé en droit jusqu’aux limites dernières du monde. Puisque 1’atome est naturellement coextensif à tout espace dans lequel on le situe, et puisque… un espace universel est le seul qui soit, force nous est d’admettre que c’est cette immensité qui représente le domaine de l’action commun à tous les atomes. Chacun d’eux a pour volume le volume de l’Univers entier. L’atome n’est plus le monde microscopique et clos que nous imaginions peut-être. Il est le centre infinitésimal du Monde lui-même. »

Nous comprenons enfin qu’un fragment de matière quelconque n’est pas seulement constitué par la somme des atomes qui le composent.

Il y a infiniment plus ! Mais cette perspective nouvelle est tellement différente de celle que nous offrent les sens que nous l’admettons avec une naturelle difficulté.

Il existe une force de liaison, qui rattache tout fragment de matière à l’Univers entier. L’énergie incluse dans cette force de liaison est considérable et fait partie intégrante de la matière de tout objet, de toute chose, de tout être.

Ainsi que l’exprime Teilhard de Chardin (Le phénomène humain, p. 36) :

« Les foyers innombrables qui se partagent en commun un volume donné de matière ne sont pas pour autant indépendants entre eux. Quelque chose les relie les uns aux autres, qui les fait solidaires. Loin de se comporter comme un réceptacle inerte, l’espace qu’emplit leur multitude agit sur elle à la manière d’un milieu actif de direction et de transmission, au sein duquel leur pluralité s’organise.     Simplement additionnés ou juxtaposés, les atomes ne font pas encore de la matière. Une mystérieuse identité les englobe et les cimente, à laquelle notre esprit se heurte, mais est bien forcé finalement de céder. »

Nous comprenons à présent comme il est ridicule de considérer un être vivant, une chose ou un objet sous l’angle d’une indépendance ou d’un isolement, quels qu’ils soient ! Rien n’est indépendant, rien n’est isolé.

Prétendre à l’isolement d’un objet, tel un coupe-papier métallique, parce que le sens de la vue et du toucher lui confèrent des contours définis et précis, est un enfantillage qu’il importe que nous dénoncions.

Les atomes de ce coupe-papier sont étendus à la totalité des mondes interstellaires. Ils emplissent l’Univers entier jusqu’à des millions d’années lumière. Et réciproquement quelque chose de chacun des atomes situés aux confins des ultimes galaxies se trouve au cœur même de ce coupe-papier apparemment isolé. Des milliards de filaments invisibles, mais profondément actifs, relient entre elles toutes le; parties apparemment séparées de l’Univers en illustrant de façon saisissante non seulement le fait fondamental des relations, mais aussi celui de l’interfusion cosmique.

Cette interfusion cosmique et permanente est le fait fondamental de chaque seconde qui s’écoule.

Nous arrivons ici à l’une des conclusions les plus inattendues de cet exposé. Cette conclusion nous « crève cependant les yeux », tellement les faits nous apparaissent dans leur force et leur évidence. Mais certaines choses nous crèvent les yeux à tel point que nous ne les voyons pas.

Le fait de l’interfusion est là. L’interaction est là. Que nous y pensions ou non, l’aspect ondulatoire de tous les atomes qui nous constituent est présent dans l’Univers entier. Et réciproquement. Le Satori n’est rien d’autre qu’une certaine prise de conscience en nous de cette interfusion vécue. Ce qui vient d’être énoncé serait inexact si la prise de conscience évoquée était conditionnée par un dualisme quelconque. Pour cette raison Krishnamurti parle de la nécessité du dépassement de la dualité de l’expérimentateur et de l’expérience.

La condition de l’expérience vivante de l’interfusion cosmique est de laisser cette interfusion être ce qu’elle est sans que nous n’intervenions nous-mêmes par un acte de choix ou de volonté. Nous n’avons pas à vouloir nous « interfuser ». L’interfusion EST. Nous n’avons pas à procéder à une représentation mentale quelconque de l’interfusion, ou de l’ubiquité ou de l’omniprésence cosmique. Elle EST. La suprême bénédiction nous est accordée si, ce qui reste de nous devient perméable, vulnérable, disponible à l’interfusion cosmique. Ainsi qu’il est dit dans le Tao « Laissons l’Empire du Réel être Sa propre loi en nous… » Soyons comme le miroir : le miroir qui voit tout, qui ne choisit pas, n’accumule pas, ne prend rien, ne veut rien…

L’expérience du Satori n’est donc nullement une projection imaginative, ni une spéculation, ni un à priori, ni un thème de méditation préparé ou contrôlé. Le Satori EST comme l’interfusion. Dans cet état, nous sommes absents à nous-mêmes et présents à l’Univers. Nous sommes littéralement l’Univers en tant que Totum indivisible et homogène. Nous sommes par conséquent en toutes les parties de ce Totum dans leur indissociable et adorable unité.

Tout ce qui vient d’être dit ne serait que spéculation stérile si l’énergie qui forme le « quelque chose de fondamental et d’impensable » de l’Univers (dont parle Carlo Suarès) n’était pas, sous une forme voilée, une conscience pure, non objectivée, inconsciente d’elle-même. Cette notion se retrouve dans l’Inconscient Zen du Bouddhisme.

Dans l’expérience du Satori (où cessent les dualités du sujet et de l’objet, de l’expérience et de l’expérimentateur) se révèle le rythme de l’Univers en tant que totalité. Il y a l’omniprésence dans l’espace infini se renouvelant dans l’éternité sans durée de chaque instant. Ce renouvellement est le rythme de l’Etre affectant instantanément toutes les parties du Totum universel en parfaite simultanéité.

Au cours de l’expérience elle-même, tous ces mots tombent. Seul se révèle le rythme de l’interfusion mutuelle et cosmique. Cette interfusion n’est d’ailleurs qu’une face de l’Unité totale et homogène du Totum. L’autre face étant formée par une certaine constance ou stabilité d’ensemble.

Ainsi que l’exprimait Hermès Trismégiste dans son discours à Thot : « l’infini se meut dans sa stabilité ». L’homme est une image assez frappante de ce processus cosmique d’interfusion, d’interéchange et de stabilité.

Quelle signification auraient un foie, un rein sans l’ensemble de l’organisme à l’équilibre duquel ils contribuent. Seule l’interliaison, l’interaction, l’interfusion et l’organisation d’ensemble donnent, tant à l’individu global qu’aux organes particuliers, leurs pleines significations.

De même qu’une pierre est extérieurement stable, prise en bloc et vue de façon superficielle, tout en se mouvant intensément en profondeur dans sa stabilité extérieure, de même le Totum universel (ou Totalité-Une) se meut-il intensément au cours de son apparente stabilité extérieure.

De même que l’homme apparaît à première vue une individualité immuable, dont l’apparente continuité et la vie même sont basées sur l’interfusion extraordinairement rapide et complexe de la circulation sanguine, alimentant des organes séparés mais interdépendants et solidaires, de même le Totum universel vit au rythme d’une interfusion prodigieuse entre les éléments apparemment séparés ou autonomes qui le constituent.

L’interfusion, infiniment multiple et complexe, est le respir de la Réalité Cosmique. Cette interfusion cosmique, constante est le rythme essentiel et secret de la Vie Universelle.

Que nul ne suppose que dans ce qui précède nous acceptons tacitement que cette Réalité Cosmique est une personne ou une entité, ou même un Principe.

Elle est impensable et se situe en tous cas en dehors de toutes les catégories qui nous sont familières.

Loin de notre esprit aussi l’idée que l’homme est fait intentionnellement à l’image de ce Dieu hypothétique.

Loin de nous aussi toute idée de « plan divin », d’avant-projet d’univers minutieusement élaboré.

Mais il se fait tout simplement que l’Etre et ses rythmes se trouvent tellement être l’essence et la vie de toute les choses, le support constant des êtres et des choses, qu’il est inévitable et tout naturel que nous retrouvions soit quelque part, soit partout, un jour, dans les parties du Totum, les qualités, les propriétés extraordinaires de ce Totum lui-même. Il est donc inévitable que l’homme, cet aboutissement d’un labeur persévérant de la Nature au cours de millions de siècles d’effort, exprime en « surface », la plupart des propriétés tant structurales que fonctionnelles de son essence. Et ceci ne résulte pas d’une intention de cette essence, mais d’une poussée irrésistible et constante de sa nature même.

C’est un peu comme si l’on broyait un grand bloc de craie. Il n’y a nul lieu de s’étonner qu’on retrouve partout de la poussière de craie comportant toutes les propriétés de la craie sans qu’il n’y ait eu la moindre intention, de la part du bloc, de conférer à ses parties les propriétés ou les aspects ou la façon d’être de la craie. Les propriétés de la craie ne résultent pas d’une intention, mais proviennent spontanément de la nature même du bloc originel. On nous excusera cette comparaison d’apparence un peu simpliste. Nous pensons qu’elle a cependant le mérite de délimiter clairement les notions intentionnelles et non-intentionnelles que l’on attribue aux processus opérationnels de la Réalité Cosmique,

Les notions « intentionnelles » que l’on attribue à la Réalité Cosmique portent la trace d’anthropomorphismes dépassés. L’intention implique une foule de conditionnements : identification au temps, au devenir, recherche d’un but à atteindre, nécessité d’une lacune à combler.

Le mérite de tout ce qui précède réside dans la mise en évidence de l’importance du présent. Il est extraordinairement important de vivre, de vivre pleinement avec toute la plénitude de l’intelligence et de l’amour qui sont inhérentes à l’interfusion cosmique. Dans cette réalisation se trouve accomplie la plus haute destinée de l’homme : se recréer selon la Vérité, dans la Vérité, Etre la Vérité toujours neuve du Réel.

Robert LINSSEN.