Sentir intensément la Vie, c’est la comprendre Par Reynold Welvaert

La plupart des personnes sont conditionnées par des impulsions venant du milieu, ont des pensées conformes à certaines traditions. Elles ne réfléchissent, que très rarement aux causes de leurs actions et au sens de leur existence. Mais les revers de leur inaction, de leur paix illusoire viennent les secouer, alors leur égoïsme s’éveille, la crise s’allume, alors l’esprit de compétition et de lutte s’enflamme. Elles se laissent guider par des impulsions égocentriques, se contentent d’un examen superficiel d’une difficulté et préfèrent contourner ou éviter les obstacles, ne cherchant jamais à agir fondamentalement, elles recherchent l’évasion par des systèmes, des croyances en des « Maîtres » et en des « Instructeurs ». Leur existence n’en est pas plus riche, elle est comme le geai paré des plumes du paon.

(Revue Être Libre. No 1.  Janvier 1936)

La plupart des personnes sont conditionnées par des impulsions venant du milieu, ont des pensées conformes à certaines traditions. Elles ne réfléchissent, que très rarement aux causes de leurs actions et au sens de leur existence. Mais les revers de leur inaction, de leur paix illusoire viennent les secouer, alors leur égoïsme s’éveille, la crise s’allume, alors l’esprit de compétition et de lutte s’enflamme. Elles se laissent guider par des impulsions égocentriques, se contentent d’un examen superficiel d’une difficulté et préfèrent contourner ou éviter les obstacles, ne cherchant jamais à agir fondamentalement, elles recherchent l’évasion par des systèmes, des croyances en des « Maîtres » et en des « Instructeurs ». Leur existence n’en est pas plus riche, elle est comme le geai paré des plumes du paon. Dans la vie quotidienne elles sont déroutées, leurs pensées n’étant que des reflets et non des étincelles de Vérité. Considérez toute difficulté d’une façon approfondie en mettant en action les sens d’une façon très intense, en examinant ce qu’on sait réellement, en éliminant de soi tout faux savoir. Puis par la méditation vous rechercherez à réajuster votre conduite, à sentir le plus intensément possible la Nature et lorsque cette sensation est profonde, elle est universelle. En ce cas vous accomplissez l’effacement de la conscience séparée, vous réaliserez l’expérience des expériences, la Libération, c’est alors que vous aurez le sens naturel de la Vie, que vous serez Divin.

Laissez libre cours à cette Vie Infinie qui comme l’océan impétueux, ne connaît d’obstacles. C’est à condition d’être à chaque instant pleinement conscient de la plénitude de la Vie et d’écouter le Chant de la Nature, qu’on est Divin. C’est lorsqu’on réalise l’oubli de la personnalité, que l’Énergie et la Vérité s’épandent en nous, qu’on est spontané et libéré de la notion du temps.

L’idée que certaines organisations spirituelles sont choisies par des maîtres surhumains pour accomplir le grand plan de la Nature est une illusion ainsi que toutes explications ou descriptions de la Vérité aussi merveilleuses qu’elles puissent être ne sont que des lueurs passagères de ce qu’est la Compréhension de la Vie. Tout stimulant à faire le bien et à se conformer à un idéal, toute promesse de paradis ou menace d’enfer comme toute contrainte à l’action véritable n’est qu’une exploitation. A quoi vous sert-il de vivre dans un milieu parfait, de lire des livres qui traitent de la Libération, d’écouter des Maîtres, si vous ne faites pas un effort, si vous ne faites rien pour comprendre la Vérité? Tant que vous forgez votre conduite à des modèles préétablis que vous suivez ce que les autres vous disent et que vous attendez que les Maîtres solutionnent vos problèmes, vous ne cherchez pas à comprendre la Vérité, en effet c’est à l’individu de comprendre fondamentalement la Nature, d’être responsable de chaque acte et pensée, de créer l’équilibre, c’est à lui de faire l’effort pour se libérer, car toute Compréhension résulte de l’expérience individuelle.

La Vérité est Inconditionnée, libérée de toute technique religieuse et occulte, de toute connaissance extérieure et intérieure. Elle est en nous, hors de nous et partout. Celui qui ressent cette Vérité Inconditionnée, exprime sa profonde compréhension de la Nature Divine en des paroles où il n’y a rien de compliqué. De par sa simplicité, de par sa nature impersonnelle, de par son langage clair, il frappe la masse aussi bien que les élites spirituelles. Cette simplicité déroute tout ce qui est artificiel, tout ce qui n’est que mental et non expérimenté. Elle est la sensation spontanée de la plénitude de la Vie, poussée jusqu’à des conséquences invraisemblables pour tout être qui a peur de se libérer de ses chaînes. Elle est une révélation pour tous, car elle bouleverse l’ignorance des masses et les illusions des élites.

Cette compréhension ne dépend pas du grade qu’on occupe dans l’hiérarchie.

Tout comme celui qui accumule des richesses, celui qui enregistre dans sa mémoire des théories scientifiques, philosophiques ou religieuses ne fait qu’agrandir la conscience de l’égo, à le rendre plus subtil dans ses luttes, à cristalliser en lui tout désir de libération. Il est enchaîné dans cette course vers des sécurités de plus en plus grandes. A mesure que l’ego grandit par des qualités, des vertus, des gloires, il se sépare de la Vie ; plus il cherche à dominer le milieu et plus ses luttes deviennent grandes. Toujours prêt à fuir la Réalité par des stratagèmes, il construit des théories de plus en plus compliquées, créant ainsi des barrières de plus en plus élevées s’opposant à la Compréhension.

Au contraire, éveillez en vous le désir d’affronter chaque expérience avec un esprit toujours jeune, débarrassé de toute mémoire, de tout espoir et de toute conscience séparée. Cherchez à sentir l’Infini au travers de chaque fait, et vous parviendrez non pas à l’omniscience, mais à l’Uniconscience.

A n’importe quel moment de l’existence et à n’importe quel degré de l’hiérarchie spirituelle on peut se libérer, car elle est l’Intelligence pure et spontanée, indépendante de toute idée de progrès dans le temps et l’espace.

Dès que vous poursuivez un résultat par vos méditations, elles seront des recherches de réconfort, des évasions, de la Réalité, votre activité ne peut que perdre de spontanéité. Si par ce lien rituel vous cherchez à dominer et à étouffer l’activité de votre entourage, vous n’êtes qu’à la recherche d’éviter les luttes, de l’existence et vous ne faites que perpétuer le conflit qui apparaîtra par de nouveaux combats. Vous cherchez par cela à créer une école de discipline intérieure, qui est sensée conduire à la spiritualité. Plus vous entraînez l’esprit par cette gymnastique intellectuelle, plus vous mutilez la pensée créatrice et l’action spontanée, et plus vous façonnez votre conduite à un modèle préétabli. Toute discipline intérieure implique un esprit tenu en laisse par des traditions, un idéal ou une croyance qui ne peut mener qu’à la cristallisation, à la stagnation et à la décomposition de la pensée, telle qu’elle se manifeste dans les religions.

La méditation ne peut pas viser un but, car alors elle manque de véritable valeur, elle est une concentration de la pensée, une vision par intuition de l’infini, Elle est l’individu dans un état d’exaltation calme, un épanouissement de l’intelligence dans l’Univers, qui sans entraves, erre en union profonde avec le Divin dans la Nature. Elle est l’extase et cette extase n’a de la valeur que lorsqu’elle est dynamique et qu’elle est le ferment de l’action de la vie quotidienne. Lorsque la méditation se manifeste en action, l’action est amour et l’amour est action, et la conduite est non égoïste et spontanée.

Cette méditation, que plusieurs d’entre vous considèrent comme étant mystique, n’a rien de mystérieux, elle est une Réalité que très peu ressentent qui peut être communiquée à tous, sans tenir compte d’hiérarchies spirituelles, mais qui néanmoins ne peut être comprise que par des personnes exemptes de tous préjugés.

REYNOLD WELVAERT.

L’Etre contient tout, le réel et l’apparence, l’intelligible et le sensible, l’acte et la donnée, le vrai et l’illusoire.

Louis Lavelle.