Annik de Souzenelle : L’arbre de vie 8 : Le dernier étage

Mais pour arriver à cette vision ultime, il va falloir passer par des expériences qu’expriment les mains qui sont la connaissance, non pas intellectuelle, mais celle du vécu, de celui qui va nous obliger à descendre dans les ténèbres de nos profondeurs. Bien des mythes vont reprendre le thème de la cécité, dont celui d’Œdipe dont nous avons déjà parlé et qui, sous la plume de Sophocle est devenu moralisant, perdant sa signification profonde.

Annik de Souzenelle : L’arbre de vie 7: l'épreuve du feu

Toute la tradition orale identifie Satan à l’Ange déchu, au mystère de la chute des Anges. Je ne me permets pas de le contester, mais il faut bien saisir qu’il y a au niveau du « Faire divin » une obligation pour que, à un moment donné, l’homme devienne divin, pour détruire ce qu’il était et pour l’obliger à se refaire germe pour passer à un niveau supérieur. Ce processus de destruction est indispensable, c’est pour les Hindous, ce que représente Shiva qui détruit et qui reconstruit avec les mêmes matériaux qui vont être transmutés. Le mot Satan en hébreux, de par la composition et la signification des lettres qui le désignent, signifie « celui qui nous introduit au cœur de notre être pour trouver la lumière ».

Annik de Souzenelle : L’arbre de vie 6: traversée du désert

Il est important de faire la distinction entre les vertus psychiques et les vertus spirituelles. Les premières ont un temps pour être pratiquées, elles sont le fruit d’une tension. Les secondes sont celles qui permettent de gravir les échelons, l’homme étant tout d’un coup projeté par des circonstances exceptionnelles, dans une action qui le dépasse. Ne nous apitoyons pas davantage sur la souffrance d’autrui, car comme l’a dit le Christ aux Apôtres qui voulaient consoler Marie-Magdeleine : « Laissez-la pleurer et gémir, l’Esprit-Saint travaille en elle. » Ne nous substituons pas à l’Esprit-Saint. Il faut parfois aller jusqu’au bout de sa souffrance, il faut toucher le fond, car ce n’est qu’au bout de l’expérience qu’on fait son ascension.

Annik de Souzenelle : L’arbre de Vie 5: initiation

Tout ce qui contribue à une gestation, est symbolisé par une épreuve dans le noir. Cette traversée est très dure pour les jeunes. Pleins de force ils ne savent comment l’investir, ils ne connaissent pas leur place juste. Et s’ils ne la trouvent pas, ils ne seront pas nourris par le cordon ombilical subtil qui les relie à l’essence de leur être.

Annik de Souzenelle : L’arbre de vie 4: Le triangle inférieur

Le bonheur que réclament les hommes lorsqu’ils réclament la liberté est en réalité celle des licences, le bonheur extérieur. On ne peut trouver ce bonheur que dans son être profond. Notre drame c’est de toujours tout projeter à l’extérieur au lieu de chercher à l’intérieur. Les bonheurs que nous trouvons à l’extérieur nous aliènent, car nous en devenons esclaves.

Annik de Souzenelle : L’arbre de Vie 3: La première porte

Quels sont les rapports entre le coursier et l’homme ? Quand l’homme, dans la fougue de la jeunesse, dans ses forces les plus primaires n’est pas capable de monter son cheval, c’est lui qui emmène l’homme où bon lui semble, l’homme n’est pas encore devenu homme. Et tout le symbole de la Chevalerie sera d’apprendre à l’homme de monter son cheval et non pas de le tuer. Car celui qui tue ces forces là, ces forces animales qui sont en tout homme et qu’il doit accepter et assumer, les verra se retourner contre lui.

Annik de Souzenelle : L’arbre de vie 2: le Tétragramme

A l’intérieur du Jardin d’Éden — n’oublions pas que ce jardin est notre être intérieur — sont les deux Arbres qui nous structurent : l’Arbre de Vie et l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, dont le nom donne lieu à un énorme malentendu, à un malentendu dramatique, qui nous a conduits dans l’impasse où nous sommes actuellement. Comme si le mal était en Éden. Le mot « bien » en hébreu est Tov, la perfection atteinte, elle ne peut aller plus loin. A la limite c’est la mort, l’arrêt. Il faut donc pour continuer la vie briser cette perfection en introduisant un élément nouveau qui va lui faire vivre son contraire pour pouvoir passer à un autre terme qui sera une nouvelle genèse qui, à son tour atteindra une nouvelle perfection, et ainsi de suite. En hébreu nous avons les mêmes lettres, dans les mots perfection et mort, c’est la même énergie.

L’arbre de vie 1: la symbolique du corps Par Annik de Souzenelle

Dans le récit biblique l’Arbre a été planté au milieu de l’Eden, qui est un jardin. Or toute terre, jardin ou non, est symbole d’état intérieur. Il nous est dit qu’il est deux arbres, celui de la vie et celui que nous appelons couramment de la dualité ou de la connaissance du bien et du mal. Ce dernier terme est mal traduit car il signifierait que le mal fasse partie de la Création, ce qui serait absurde. La traduction juste est celle de « Connaissance du bien (ce qui est bon) et de son contraire ». Le mot « bon », vient d’ailleurs ponctuer chaque jour de la Création.

Robert Linssen : Hommage à Carlo Suarès

Carlo Suarès est né à Alexandrie (Egypte) en 1892. Il suivit les cours d’architecture à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et obtint son diplôme d’architecte après la guerre de 1914-1918. Dès 1921 il prit contact avec Krishnamurti dont il fut longtemps l’un des amis et collaborateurs les plus proches. L’activité littéraire de Carlo Suarès débuta vers 1927. Il publia dès lors plusieurs ouvrages parmi lesquels : « La Nouvelle Création », « La comédie psychologique » et « Quoi Israël ». La « Comédie psychologique », œuvre monumentale publiée vers 1930 aux éditions Corti à Paris doit être considérée comme l’un des écrits les plus fondamentaux de l’auteur. Carlo Suarès y montre le carac­tère provisoire et conflictuel de la conscience de l’égo. Il y expose les trois phases de l’histoire de l’évolution psychologique du « moi ». Pre­mière phase : naissance. Seconde phase : maturité. Enfin et surtout, troisième phase : éclatement ou libération.

Carlo Suarès : La cabale, science de l'énergie cosmique

Si le mot Cabale, Cabbala, Kabbalah ou Qabalah est universellement connu, ce à quoi il se rapporte est en général défini comme étant quelque chose d’occulte, de mystérieux, d’inconnais­sable. En français il forme le mot cabalistique, synonyme, non sans un certain dénigrement, de tout ce qui est ésotérique, magique, incompréhensible. Ce destin de la cabale est dû à ses accidents de parcours à travers les âges. Le Sepher Yetsira, ce petit aide-mémoire pour cabalistes, est entièrement consacré à l’étude des lettres de l’alphabet hébraïque en tant que signifiants de différents états de l’énergie cosmique.