Talmud et biophysique entretien avec Henri Atlan

Tout d’abord, le Dieu de la Bible, ce n’est pas forcément le Dieu auquel les gens pensent lorsqu’ils disent qu’ils sont croyants. Le Dieu de la Bible, pour moi, c’est d’abord le sujet d’un texte. Plus exactement encore c’est le sujet dont parle un texte, et ce sujet qui parle et dont on parle, porte de nombreux noms. D’ordinaire, les traductions rendent ces noms de manière tout à fait indifférenciée. Lorsqu’on essaie de pénétrer dans ce texte, on s’aperçoit que les traductions sont tout à fait malvenues. En fait, il faudrait traduire chacune des désignations de Dieu par des noms différents. Du coup, bien sûr, se pose la question de l’unité éventuelle entre toutes ces désignations. Certains noms ont un caractère singulier, d’autres sont au pluriel…

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre I

Ainsi donc du voyant. Sa conscience n’est plus enfermée dans son corps. Fini le donjon de la pensée. Les murs en ont disparu, dissous dans la Lumière. Le prisonnier meurt-il une fois échappé de son cachot ? Comment le sage mour­rait-il en franchissant l’enceinte mentale qui nous limite ? Il est libre, il est illimité, il n’a plus de limites ni dans l’Espace ni dans le Temps. Et si nous continuons de lui voir un corps devant lequel d’aucuns tiennent à se prosterner, nous devons comprendre que ce corps est en lui, à l’inverse du nôtre où nous sommes pour le moment détenus. C’est là, probablement, la chose la plus difficile à comprendre. Ce renversement des structures de l’être qui fait que l’intérieur passe à l’extérieur, et l’extérieur à l’intérieur, est pour notre raison plus improbable encore que les mondes d’au-delà. Et pourtant, c’est à partir d’une telle métamorphose que nous ont parlé les plus grands Inspirés. Et c’est parce que nous ne pouvons en saisir le mécanisme que nous nous méprenons sur le sens de leurs paroles. Leur expérience a cessé de ressembler à la nôtre. Et le plan où ils vivent n’a que de lointains rapports avec celui de nos jours.

Archaka : Bénédiction de l’abîme : Livre II

Même le plus abject des hommes est promis à cette trans­figuration de la semence aveugle en créature visionnaire. Et la plus épaisse ténèbre doit se transmuer en le Soleil éternel. Le voyant n’a pas besoin de le penser pour le savoir. Et il sait qu’un jour viendra où les Pouvoirs obscurs et que nous disons diaboliques seront eux aussi rendus à la Lumière. À eux aussi, va son amour. À eux qui semblent lutter contre la Beauté et la Vérité, à eux qui se servent de nous pour instituer le règne du Mal, mais n’y arrivent jamais complètement, à eux qui, plus que nous encore, ont oublié leur origine et ne peuvent même pas aspirer à la revoir un jour, à eux, les plus affligés de la manifestation universelle, va l’amour illimité de l’homme de Dieu.

John Lilly : Dieu, simulacre de Dieu

L’univers nous a conçus comme une partie de lui-même afin d’étudier et de surveiller le reste de la création depuis une position particulière. Autant nous observons, autant peut-être sommes-nous observés. Autant nous expérimentons, autant il se peut qu’on expérimente sur nous. Il n’est pas impossible que nous soyons le résultat d’une expérience faite dans un immense laboratoire, quoique cela nous donnerait une place trop importante par rapport au reste des créatures.

Jean-G. Bardet : Qu'est-ce que dieu?

Est-ce un Grand Architecte capable de créer et d’ordonnancer, d’une seule de Ses pensées, chacun des innombrables objets de l’Univers, de l’Uni-divers? Serait-ce le Dieu des philosophes, résultat d’une métaphysique rationnelle, à qui l’on ose attribuer, par imposture, le mot de Dieu? Un Être Absolu, incompatible avec l’étable de Bethléem comme avec la Croix du Golgotha? Ou est-ce un Flux d’Amour, à la fois Fleuve par son dynamisme et Étang immense et calme — Étang de Feu, où seront « jetés la Mort et l’Enfer » (Apoc. 20, 14)? Cette image correspond bien mieux à la physique de « notre temps », laquelle n’est plus celle des solides, mus par des forces externes (celle d’Aristote – Galilée – Newton), mais celle des énergies internes.

Aimé Michel : Raymond Ruyer: restons sceptiques!

Les antiparadoxes les plus féconds encadrent notre avenir d’espèces. Ils fondent la seule eschatologie possible, qui est scientifique, car Ruyer récuse toutes les ratiocinations idéologiques : il n’accepte que les vérités modestes et limitées de la science. Exemple d’antiparadoxe eschatologique : qui ne se reproduit pas disparaît de l’avenir. Evidemment ! Eh oui, évidemment, mais qu’en pensent les déviants de toutes sortes ? Les prédicants du célibat, du couple stérile ou homosexuel, de l’enfant unique, de la dissolution familiale ? Plus ils ont raison et plus ils seront prompts à disparaître puisqu’ils s’effacent eux-mêmes de ce monde avec un entrain fanatique

Pierre D'Angkor : Itinéraire 6: Noms et symboles divins

Quoiqu’il en soit, au niveau spirituel ou nous nous tenons, il semble que le Divin représente un ordre de réalité dont l’accession, ou la simple approche même, demeure encore fort ardue pour notre esprit comme pour notre cœur. Principe, Essence ou Souverain Bien, quel que soit le nom que l’on imagine, la plupart des esprits religieux eux-mêmes n’ont de la Divinité, nous l’avons vu, que la notion la plus vague, loin d’en avoir la moindre perception réelle. Il semble d’ailleurs que l’immense majorité des croyants, aujourd’hui comme hier, éprouve encore le besoin d’adorer un Dieu personnel, un Etre suprême, et que pour aimer Dieu, ils doivent aimer un Dieu, et non une formule abstraite comme le Souverain Bien ou la Suprême Réalité.

M. Louis Liébard : De l'être humain à l’être divin

L’action de l’Âme, sa mission, est une interaction, une transmission, entre le physique et le spirituel. Son rôle est de vitaliser la Substance-Matière du corps-enveloppe-véhicule, et d’en faire le Temple-Serviteur de l’Esprit. L’Âme serait alors la médiatrice, celle qui assure les communications entre le corps périssable, non renouvelable, et l’esprit éternel (mais non encore fixé) ; c’est elle qui permet tous les échanges entre nous et le Divin, entre nous et les autres humains.

Vivian du Chainel : Le Sens du Divin

Pour pouvoir comprendre Dieu il faut s’oublier soi-même, car s’attacher à sa personnalité, c’est sombrer dans le néant. Dieu n’est pas une forme définie, un objet palpable, mais bien la limpidité du regard de l’enfant; la voix de notre conscience; les transports de tendresse qui nous portent vers ceux qui souffrent.

Swami Hridayananda Sarasvati : Enseignements 1 : Dieu

Dieu n’est pas une force assise quelque part. Cette force du Pouvoir Ultime, cette force qui est tout Amour, c’est celle que l’on appelle « Dieu ». « Dieu » est un nom que l’homme a donné à cette force, certains l’appellent « Dieu », certains l’appellent « Bhagavan », d’autres lui donnent d’autres noms encore, c’est toujours la même chose. Et cette Force, ce Pouvoir, peut faire absolument tout, le mot « impossible » n’existe pas dans le dictionnaire de Dieu, tout est possible.