Jean Couvrin : Aldous Huxley et la porte de la vision

Surprenante lecture que celle de « L’art de voir », du moins pour les familiers des grandes sagesses traditionnelles. Là où, comme il se doit, Huxley reste fidèle à son propos (aider les personnes déficientes visuelles), on devine sans arrêt la possibilité d’une lecture « parallèle » portant sur la réalisation spirituelle de soi. Lorsque Huxley évoque le moment où le handicapé visuel recouvre pour la première fois une vision nette, on croit se trouver devant la description d’une première illumination — description digne d’un récit zen, proche aussi de Douglas Harding.

Prodiges au Portugal Par L.-J. Delpech

Y a-t-il des lieux inspirés? On se rappelle la colline inspirée de Barrès. Dans une conversation avec le cardinal Daniélou deux ans avant sa mort, celui-ci me déclara y croire avec une conviction certaine, malheureusement, nous ne pûmes approfondir. Le problème est un peu en rapport avec celui de la géographie des religions et des sanctuaires. On a vu une étude classique de Richer : Géographie sacrée de la Grèce, sur la distribution des temples grecs en fonction de l’emplacement des étoiles. Mais si cette perspective pouvait nous faire comprendre une influence cosmique en rapport avec les ondes cosmiques, cela n’est pas une réduction mais un effort d’explication.

Ananda Coomaraswamy : Image de l’homme et du monde

Qu’il s’agisse de hutte ou de palais, aucune distinction fondamentale ne saurait être faite entre la maison des dieux et les habitations des hommes; le chef de famille hindou officie lui-même en tant que prêtre de la maison, accomplissant chaque jour l’Agnihôtra dans le cercle domestique. En Inde, comme ailleurs, ce ne sont pas seulement les temples qui sont à l’image de l’univers: l’homme lui-même est un microcosme, un «temple sacré» ou une «cité de Dieu» (Brahmapûra).

Michèle Reboul : Jean Guitton et la parapsychologie propos recueillis

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de parler de ces problèmes avec Bergson qui m’a inscrit parmi ses héritiers spirituels. Il avait beaucoup scruté les phénomènes parapsychologiques en les distinguant fortement des expériences mystiques. Les phénomènes parapsychologiques relevaient de la religion inférieure, statique, où l’homme projette son inconscient, alors que les expériences mystiques provenaient de l’action mystérieuse de l’Amour infini.

Hildegarde de Bingen une gnostique du XIIe siècle

Peut-être n’est-ce pas sans raison profonde que des œuvres, des figures, oubliées depuis des siècles, réapparaissent en nos jours. Comme si le besoin, la faim, de l’être faisait ressurgir providentiellement la nourriture dont il a besoin. Des étonnantes figures du Moyen-âge occidental Hildegarde de Bingen n’est pas la moindre. Hildegarde, abbesse de Rupertsberg, vécut de 1098 à 1179, elle revêtit l’habit religieux vers 1116. Dès sa plus tendre enfance elle eut d’étranges visions et, vers 1141, elle écrivit à St Bernard de Clairvaux pour le consulter au sujet de ses visions persistantes

Francis Lefébure : L'homosophie sagesse des similitudes

Or, quel est l’organe neutre du corps humain ? Par excellence le cœur, en même temps récepteur et émetteur du sang; il tient le point d’équilibre entre les piles respiratoire et digestif, entre la vie végétative et la vie de relation (seul organe de la vie végétative dont les fibres musculaires sont rouges comme celles de la vie de relation). D’ailleurs l’enroulement des fibres cardiaques, en hélices spirales infinies parce que anatomosées, la présence au centre du cœur du tourbillon sanguin et la forme conique du cœur prouvent bien le rapport de cet organe avec la forme spirale. Évidemment ce n’est pas un cône parfait…

Dante maitre spirituel, un entretien avec Louis Lallement

Les dogmes et les définitions de foi ne sont jamais que des évocations, en termes humains rationnels, de réalité qui dépasse toutes ces mises en forme. Un maître Zen a dit: «Les concepts sont pour le vrai spirituel plus dangereux que les serpents.» Un véritable maître spirituel, connaît non seulement ces expériences, mais ce qu’elles représentent, où elles se situent, ce qu’elles vous apportent. En cela, Dante c’est le christianisme vécu pur et simple.

Simon-pierre Arnold : L'Expérience de la Nuit dans une Spiritualité en Métamorphose

Il faut se demander si cette nuit est bien évangélique où si au contraire elle est une de ces innombrables voies mystiques universelles sans rapport avec la vie de Jésus. Il suffit de relire le dernier évangile pour saisir l’intensité symbolique et spirituelle de la nuit. Mais le texte fondamental à cet égard reste les Béatitudes. Voila, l’expression la plus simple, la plus concrète la plus évidente de ce qu’est la nuit obscure pour l’homme évangélique : non pas une ascèse artificielle, mais un renversement total des valeurs qui permet de voir l’autre côté du miroir.

François Chenique : Notes sur le tantra yoga, sur le tcheu et sur quelques phénomènes mystiques

Si le hatha-yoga intrigue les Occidentaux, le tantra yoga les fascine, ce qui n’est pas mieux. Si l’on veut s’informer sur le but et les pratiques de ce yoga, il faut écarter résolument tout ce qui est vulgarisation pour ne s’adresser qu’à des auteurs dont l’information est sûre, ce qui rend parfois la lecture de leurs ouvrages assez difficile. Il y a en effet trop de livres et d’articles qui parlent un peu vite de la Kundalinî et des chakras (cakra) sans que cela puisse être utile au lecteur, d’où la nécessité de faire un choix…

Jean Delépierre : Mystique personnaliste Occidentale, Mystique cosmique Orientale

Pour éclairer la discussion, il faut songer d’abord à la distinction d’H. Bergson, dans «Les deux sources de la religion et de la morale». L’auteur y parle d’une religion «statique» qui vise à nous sécuriser en bouchant les trous de notre ignorance et en calmant nos inquiétudes. Puis il lui oppose la religion «dynamique» : celle qui convient à l’homme adulte ; c’est-à-dire à tout qui accepte l’existence avec sa plénitude et sa fragilité, sans recourir à des consolations extérieures. La religion dynamique ouvre cet homme à ce «toujours au-delà de lui-même» qu’est la Réalité suprême ; elle le fait vivre en communion continue avec elle.