Jean Chevalier : De Mahomet à l’âge des réformes

Ce n’est pas en restant au niveau des généralités faciles que Mircea Eliade se montre un incomparable défricheur de sens. Il examine les mythes, rites et croyances jusque dans leurs menus détails, ne négligeant aucun trait qui puisse solliciter l’intervention de l’herméneute, pour démasquer son rôle particulier dans un ensemble traditionnel. La somme d’érudition incorporée dans cette Histoire des Croyances et des Idées religieuses est vraiment prodigieuse! Ce qui est le plus étonnant, c’est la réussite qui, loin de ressembler seulement à une savante compilation, constitue une intelligente exploration des profondeurs, la projection d’un faisceau de lumière sur ce qu’on a justement appelé «la conscience des anciens et l’inconscient des modernes». Nous sommes loin d’un James George Fraser, avec ses hâtives et superficielles généralisations.

Ioan P. Couliano : Mircea Eliade et son œuvre - L'histoire vraie du mythe

La fonction du mythe, cette histoire que l’herméneutique rend vraie, est de créer un puissant obstacle entre l’homme et le rien, d’empêcher que celui-ci s’empare du monde humain. Le mythe, c’est l’humanité de l’homme, ce qui le tire du rien, ce qui l’oppose au néant. Sur le plan de l’herméneutique, le mystagogue se transforme en vrai magicien et pécheur des consciences à la dérive, qui risquent d’être englouties par le rien. Le mystagogue sauve.

Michel Bertrand : Le Graal comme voie initiatique

Qu’il nous soit permis d’aborder le sujet des «clartés convergentes» existant entre la queste du Graal et la tradition méditerranéenne par le biais historique. Nous aborderons ensuite les sources symboliques et leurs implications métaphysiques au plan des archétypes, ainsi que de la doctrine. Nous essaierons de montrer ensuite comment ce donné se traduit en expérience spirituelle de la Lumière, expérience qui ne pourrait être comprise sans une explication préalable de sa portée.

Jean-Charles Pichon: Il s’agit de renverser les croyances

Les dieux sumériens, les dieux tauriques ont tendu à une plus grande universalisation que les dieux géméliques et ils sont arrivés à l’universalisation par cette idée de création qui est quand même commune à tous les hommes ; Jehova, Brahman, et les dieux de justice ont tendu à aller plus loin dans la pénétration de l’humanité et ils y sont arrivés en restreignant la cité à la tribu, à la famille, au foyer. Les dieux d’amour ont encore tendu à une universalisation plus grande et ils y sont arrivés par une restriction de la tribu au couple. Actuellement, si l’on veut aller à une universalisation cosmique, on a l’impression qu’il faudra atteindre à l’individu. C’est l’individu qui doit être au niveau de l’univers, qui doit s’intégrer et se réaliser dans l’univers.

Catherine Anne : Le symbolisme du tarot 8 : Le Chariot

C’est une des lames les plus importantes ; une des trois qui se détachent de l’ensemble des lames majeures. La première, le Chariot, la deuxième la Roue de Fortune, la troisième le Monde. La Lame montre le triomphateur sur son char. Il y a quatre piliers, les quatre éléments, il y a une sorte de boule au milieu des piliers, et la tête du triomphateur se trouve au-dessus ; c’est-à-dire qu’il a maîtrisé les quatre éléments et qu’il peut au niveau où il est arrivé, dominer les élémentaux. Ces quatre piliers tiennent une sorte de dais étoilé, de sept étoiles, lui-même couronné de trois étoiles d’or ; il tient à la main un sceptre et son char cubique est tiré par un sphinx noir et un sphinx blanc, coiffés de façon différente ; vous constaterez qu’il n’y a pas de rennes, rien pour conduire. Les roues vont dans deux sens différents, on ne peut pas avancer avec les roues… c’est l’utilisation des énergies contraires.

Jacques Duchesne-Guillemin : Synthèse du dualisme

Toute l’histoire de la philosophie occidentale apparaît ainsi comme une alternance de dualisme et de monisme, puisque déjà Aristote combattait le dualisme de Platon et qu’au monisme aristotélicien et stoïcien succéda une période de néo-platonisme, païen et chrétien, jusqu’au renouveau aristotélicien du XIIe siècle. Platon enfin n’a pas inventé de toutes pièces son dualisme, qu’annoncent Empédocle, Anaxagore, les Orphiques et les Pythagoriciens.

Catherine Anne : Le symbolisme du tarot 5 : L'empereur

La lame de l’Empereur, au point de vue alchimique représente l’antimoine. L’Empereur a fini la transmutation, il en est au point précédant juste la transmutation du plomb en or, il en est à l’antimoine. Le fait d’être passé par tous les passages afin de résoudre sa dualité, et d’être revenu ensuite sur terre pour aider, pour régir le monde matériel, montre qu’il a atteint le degré avant la perfection absolue, ce que confirme le globe qu’il tient dans la main et qui représente l’antimoine. C’est dans la main gauche, main de la spiritualité, qu’il tient ce globe qui représente la terre. Tout ce qui est rond dans le Tarot est symbole de la terre et est une allusion directe au denier.

Catherine Anne : Le symbolisme du tarot 4 : L'Impératrice

L’Impératrice, c’est la lame n° 3. Nous allons aborder aujourd’hui le chiffre trois. Le Bateleur, c’était le nombre un — ce n’est pas un chiffre, c’est le Principe Universel —. La Papesse, c’était le deux, le principe féminin, avec le deux vous ne pouvez pas faire une figure fermée. Et on arrive enfin au trois qui est la première figure fermée élémentaire : le triangle qui, symboliquement parlant, est équilatéral ; quelle que soit la base sur laquelle on le pose, il est droit et juste. Le triangle, c’est le deux plus le un, c’est-à-dire le principe masculin plus le principe féminin. Logiquement, il en résulte enfantement de quelque chose. Dans le Tarot, le chiffre trois, c’est le chiffre de l’intelligence, le symbole de l’intelligence.

Louis Liébard : La hiérarchie divine

C’est en toutes lettres qu’écrivait le Prophète Isaïe (XV, 7) : « C’est Moi, Dieu, qui fais le bonheur (le bien) et qui provoque le malheur (le mal), c’est Moi, Dieu, qui fais tout cela ». Tandis que l’homme, image de Dieu, mais n’en possédant ni sa toute-puissance, ni sa toute-liberté, est obligé de dire avec Saint Paul : « Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire ».

Jean Haab : Le petit poucet

La perpétuation de la Tradition s’est toujours effectuée de deux manières absolument différentes mais cependant complémentaires. La première d’entre elles s’est appuyée sur les Maîtres et les Écoles de Mystères. La seconde manière est plus occulte et fonctionne totalement à l’insu des profanes puisqu’elle utilise l’inconscient populaire sous la forme des contes et des légendes.