Jacques Duchesne-Guillemin : Synthèse du dualisme

Toute l’histoire de la philosophie occidentale apparaît ainsi comme une alternance de dualisme et de monisme, puisque déjà Aristote combattait le dualisme de Platon et qu’au monisme aristotélicien et stoïcien succéda une période de néo-platonisme, païen et chrétien, jusqu’au renouveau aristotélicien du XIIe siècle. Platon enfin n’a pas inventé de toutes pièces son dualisme, qu’annoncent Empédocle, Anaxagore, les Orphiques et les Pythagoriciens.

Richard M. Bucke : Conscience cosmique

La Conscience Cosmique est une forme de conscience plus élevée que celle possédée par l’homme ordinaire. Celle-ci est appelée Conscience personnelle ou encore Soi-Conscience. L’être, avant d’atteindre cette conscience personnelle, a passé par un degré que nous appellerons la simple conscience, les animaux supérieurs, ainsi que les enfants pendant les premières années de leur vie ne possèdent que la simple conscience.

Jean Delmanoir : Usage positiviste des religions

Où trouver l’art d’utiliser pour le mieux cet instant qui passe ? Qui me donnera la réponse à l’éternelle question ? Que faire pour que cet acte soit parfait, harmonieux en plein accord avec les puissances cosmiques qui mènent le monde ? Ce n’est certes pas la morale qui me répondra. C’est l’expérience humaine qui doit me donner la solution. Où trouver l’expérience humaine ? Dans les religions — Pourquoi ? Parce que les religions ont donné à l’homme des règles pratiques et détaillées. Des codes — Serons-nous victimes de ces codes ? Non parce qu’il n’y a pas de religion au-dessus de la Vérité et que celui qui veut la servitude envers un code abdique le pouvoir créateur de l’esprit humain.

Pierre d'Angkor : L'irréligion de l'avenir

DEPUIS un quart de siècle que Krishnamurti parcourt les cinq continents répandant en tous lieux sa parole illuminatrice et libératrice, il demeure inconcevable que l’énigme multiple que posent cette présence, cet enseignement, cette vie toute entière consacrée au bien supérieur de l’humanité, n’ait pas éveillé davantage l’intérêt, suscité la curiosité générale du public sérieux et cultivé qui l’écoutait. Curiosité superficielle sans doute des auditoires, où se pressait une foule dense, mais sans retentissement dans les profondeurs, apparemment du moins.

Carlo Suarès : Entretien avec Krishnamurti

Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l’homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d’heure en heure plus fantastiques ; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs ; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie. Nous savons que les données les mieux établies de la science s’écroulent ; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement. Nous savons tout cela ; il n’est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque. Dans la confusion actuelle, l’homme est à la recherche d’une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques. Les religions sont devenues des superstructures qui n’ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse: le Temps, la Douleur, la Peur…

René Fouéré : Religions organisées et idéologies socio-politiques ou l’inconsciente crédulité des incrédules

Krishnamurti paraît assez souvent mettre sur le même plan, pour ne pas dire dans le même sac, les « religions » ou organisations religieuses usuelles et les idéologies sociales ou politiques. Il a, en un sens, raison, car les unes et les autres sont de dangereux obstacles à la libération humaine — quand elles ne mettent pas en péril la vie même des individus ! Je pense néanmoins qu’à y regarder de plus près, on ne peut pas entièrement confondre les unes avec les autres.

Pierre d'Angkor : Religion et théosophie

Si l’on considère depuis ses origines le passé religieux de l’humanité, l’on constate qu’elle s’est toujours trouvée divisée en deux grandes catégories opposées : les agnostiques et les croyants. Les grandes religions historiques qui se succédèrent eurent toutes leurs sceptiques, leurs incrédules. De nos jours, beaucoup de théosophes étaient des agnostiques, des esprits areligieux. Ils ne sont venus à la théosophie que parce que leur esprit philosophique a été écœuré par les insuffisances, ou effrayé par les dangers, que présente une science purement matérialiste, ou parce que leur attention a été attirée par des phénomènes parapsychiques ou paranormaux que la science officielle n’explique pas. Quant aux croyants des diverses religions, sous l’empire de leur raison critique, analytique et discursive, ils ne tardèrent pas à se diviser eux-mêmes, à s’opposer en sectes rivales, prétendant chacune être dans la vérité, sectes où le fanatisme aveugle apparaît toujours en rapport avec l’étroitesse et l’irrationalité des dogmes définis, la foi qui ne discute pas étant alors la condition nécessaire pour les faire accepter.

Pierre d'Angkor : Religion et Civilisation mondiale

Il est difficile pour qui a reçu la formation Chrétienne et qui, depuis l’enfance, a été élevé dans la chaude atmosphère conformiste d’une famille de tradition catholique, de faire abstraction, ne fût-ce qu’un instant, des mille souvenirs et liens sentimentaux qui le rattachent par ses fibres les plus secrètes à sa foi ancestrale, pour envisager avec le calme et l’objectivité qui conviennent le problème qui se pose, et émettre un jugement qui ne soit pas influencé de façon inconsidérée par les habitudes de son esprit ou les entraînements de son cœur.