Fritjof Capra : Conception systémique de l'esprit

Le nouveau concept de l’esprit sera d’une valeur considérable dans nos tentatives de surmonter la division cartésienne. L’esprit et la matière n’apparaissent plus comme appartenant à deux catégories différentes ; ils représentent plutôt deux aspects différents du même phénomène. Par exemple, la relation entre l’esprit et le cerveau, qui a semé la confusion chez d’innombrables savants et philosophes depuis Descartes, devient maintenant parfaitement claire. L’esprit est la dynamique de l’auto-organisation, tandis que le cerveau est la structure biologique à travers laquelle cette dynamique est mise en évidence.

Fritjof Capra : Par-delà le monde des contraires

Le mystique transcende le domaine des concepts intellectuels et, en le transcendant, il prend conscience de la relativité de tous les contraires. Il réalise que bien et mal, plaisir et peine, vie et mort ne sont pas des expériences absolues appartenant à des catégories différentes, mais simplement deux aspects d’une même réalité, les parties extrêmes d’un ensemble unique. La conscience de la bipolarisation, et donc de l’unité des contraires, est considérée comme l’un des plus grands desseins humains dans les traditions de l’Asie. « Sois éternel dans la vérité, par-delà les opposés terrestres », tel est le conseil de Krishna dans la Bhagavad-Gîta, et le même conseil est adressé aux adeptes du bouddhisme.

Dominique Casterman : Nouvelles perspectives

Jamais, me semble-t-il, nous n’avons connu une véritable synthèse affirmant concrètement, par expérience, la complémentarité indissociable de l’approche matérialiste et spiritualiste, du cœur et de l’esprit, de l’affectivité et de la raison. Notre pensée a donc évolué dans l’alternance des dominances et des exposés voulant s’imposer les uns aux autres dans l’oubli que chacun, en lui-même, n’est représentatif que d’un aspect particulier de la réalité.

E. Pearon-Laroute : Explorations et traversées

l’Inde dès l’origine de sa pensée a observé et voulu expliquer rationnellement les phénomènes de la nature et de l’esprit, comprendre les rapports entre l’une et l’autre ; les noter, abondamment, — nulle littérature d’observation, dit Mircea Eliade, n’est plus riche que la sienne, — pour que ces observations puissent servir. La pensée philosophique indienne n’est pas mystique seulement, elle est peut-être avant tout utilitaire, c’est celle de l’observateur, du savant, de l’instructeur. Pour de telles données synthétiques qui établissent de continuelles et vivantes corrélations entre tous les plans de la vie, le seul langage possible est celui de la poésie.

Romano Rezek et Kâroly Golen : Les fondements gnoséologiques et épistémologiques de la vision du monde de Teilhard

A prendre dans sa totalité l’édifice d’ondes et de particules monté par notre science, il devient manifeste que cette belle architecture contient, au moins autant de « nous-mêmes » que de l’« autre ». Parvenus à l’Extrême de leurs analyses, les hommes de sciences ne savent plus trop si la structure qu’ils atteignent est l’essence de la Matière qu’ils étudient, ou bien le reflet de leur propre pensée; et par un choc en retour de leurs découvertes, eux-mêmes se trouvent engagés, corps et âme, dans le réseau des relations qu’ils pensaient jeter du dehors sur les choses : pris dans leur propre filet… « Objet et sujet s’épousent et se transforment mutuellement dans l’acte de connaissance. »

Étienne Guillé : De la réception des énergies vibratoires à la pensée créatrice

L’étude des énergies vibratoires par l’alchimie, l’astrologie et la radiesthésie confrontée aux données des sciences analytiques contemporaines telles que la biologie moléculaire et la génétique nous a permis de proposer l’existence de deux codes génétiques dans le génôme des êtres vivants. Ces deux codes sont distincts mais interdépendants.

Lucien Gérardin : Lecture pour une fin de temps

Je ne trouve rien d’étonnant à ce que la sagesse traditionnelle ait, dans un passé lointain, découvert empiriquement beaucoup de choses sur cet « esprit », ou cet « homme intérieur », dont notre époque redécouvre avec émerveillement toute l’importance, en particulier par l’étude de ce que l’on appelle les « états différents de conscience ». Un mot bien mal choisi, d’ailleurs, que cette dénomination d’« état ». Il laisserait croire, en effet, qu’il s’agit de configurations statiques, alors qu’un état de conscience est, par nature, un processus dynamique, au contenu indéfiniment changeant dans une certaine stabilité de structure.

Robert Linssen : Mutations des sciences et des consciences

La nouvelle vision du monde nous fait entrevoir l’univers comme UN seul vivant présent au cœur de la multiplicité des êtres et des choses. L’univers manifesté doit être considéré comme l’unité organique d’un seul corps. Ce corps pourrait être celui d’un géant aux muscles fluides de pure lumière dont chaque être humain est un membre apparemment séparé.

Paul Chauchard : Teilhard et la révolution du cerveau

C’est oublier que si l’homme apparaît ainsi c’est qu’une mauvaise éducation a fait de lui un « cérébral » c’est-à-dire quelqu’un qui ne sait pas utiliser correctement son cerveau machine à vivre. C’est le cas des intellectuels enfermés dans leurs idéologies et leurs verbalismes, des faux spirituels méprisant la chair, mais aussi des faux manuels sans créativité du travail en miette. Toute activité vraiment humaine doit être expression corporelle de créativité joyeuse. Ainsi l’homme n’est pas mal fait, mais dénaturé par une mauvaise éducation.

Jean Biès : Mystères du cerveau, splendeurs de l’esprit

Le fait est que, de plus en plus, de nombreux scientifiques ne se contentent plus de l’approche déductive du rationalisme, ni de la démarche inductive de l’empirisme, mais tendent vers une certaine «imagination créatrice» qui les rend fraternels à des poètes comme Blake, Héraclite, Rûmi. On ne peut plus nier que si la volupté est l’extase du corps, et le satori, celle de l’esprit, il est d’autres extases, mentales celles-là, qui surgissent on ne sait d’où, brisent les conditionnements, telles de brusques incursions de printemps dans la grisaille des automatismes, de soudaines descentes d’une grâce singulière, des visitations exquises, imprévues, incandescentes, les épanchements d’une autre conscience: ce sont les sourires du cerveau.