Roland de Miller : Vers la spiritualité cosmique : une approche de l'être

La fonction primordiale des religions a toujours été de nous relier avec les courants telluriques et célestes de l’énergie divine qui existent, quels que soient les opinions des hommes. Dans les systèmes païens il n’y a pas de dualisme du corps opposé à l’esprit dont nous souffrons tant mais une unité plurielle : les dieux, dont les hommes, flammèches divines incarnées, ont perdu et peuvent retrouver la sagesse. La dimension païenne transcende la diversité des cultures et constitue un réservoir auquel les grands monothéismes ont puisé mais en se desséchant eux-mêmes.

Eric Edelmann : L’instant ultime entretien avec Marie-Madeleine Davy

L’homme privé de racines, désacralisé, se banalise. Il n’est plus qu’un personnage sociologique ; on anéantise son mystère et ses pouvoirs secrets. Un tel homme n’est plus qu’un produit de supermarché. La dimension humaine ne peut s’acquérir que par l’intériorité, au profit d’une structure lui permettant d’occuper la place qui lui revient et à laquelle il a droit. La radio, la télévision, les revues panoramiques genre Digest confèrent à l’homme un savoir horizontal qui le « gonfle », et lui donne l’illusion d’une connaissance qui risque de lui suffire.

Roland De Miller : La mythologie des plantes

On a trop tendance aujourd’hui, sous l’influence d’une formidable désacralisation de la nature et de l’univers, à se gausser de ces mythes et légendes et à les rejeter comme des superstitions infantiles. Pourtant il est certain qu’ils recouvrent toujours plus ou moins des réalités existantes, soit dans les phénomènes naturels soit dans les lois cosmiques. C’est en fait notre perception qui s’est bien souvent altérée, en liaison avec tout le contexte socio-culturel. Mais alors que nous comprenons aujourd’hui dans une vue plus étendue l’anthropologie, l’histoire des religions et la genèse des mythes, il n’y a plus aucune raison de mépriser la vénération dont les plantes ont été l’objet dès l’aube de l’humanité.

Roland de Miller : Garder l'esprit sur terre

Si le mouvement écologique est depuis un an environ au creux de la vague, c’est peut-être la conséquence d’un manque de considération de la part de ses militants pour le « cosmique » qualifié par ces mêmes militants, avec dédain, de « mystique ». La faillite du mouvement écologique pourrait provenir de son projet qui demeure, en effet, uniquement économique et politique. Ici comme ailleurs, la question spirituelle ne pourra manquer d’être posée.

Philippe Camby : Jean Biès: dialogue avec des chercheurs d'absolu

Même dans l’éventualité de la disparition d’une religion, l’on n’a pas de droit d’oublier que la dimension initiatique ne périt point, ni ne le peut. Prises dans leur acception symbolique, la crucifixion et la résurrection, par exemple, sont de tout temps, de tous lieux, et concernent à la fois macrocosme et microcosme. On ne doit pas oublier non plus que le logos subsiste éternellement par-delà dogmes et rites, comme le fil traversant les perles du collier.

Robert Powell : Libération et dualité

Deux formes prédominantes caractérisent la recherche de libération de l’humanité à travers les âges. De larges secteurs de l’Est se sont préoccupés spécifiquement de la libération intime, n’accordant qu’une importance secondaire au monde extérieur et matériel. Cette attitude a évidemment conduit à une forme de quiétisme quant aux activités profanes et s’est traduite par une négligence des conditions de vie matérielles.

N. Sri Ram : Le chant de la vie

C’est parce que la vie est essentiellement une unité, bien que les éléments et forces par lesquelles elle s’exprime soient multiples dans leur harmonie, qu’il y a tant de beauté dans la manifestation. Le sens de la beauté ne peut avoir sa source dans le raisonnement ou dans un processus purement mental. Il est plus inclusif et plus fondamental que ces processus. L’unité qui existe dans la Vie cherche à étendre son harmonie dans tout le cosmos, et dans chaque être individuel. Il y a, parmi les divers processus de la Nature, une tendance vers la beauté, une intelligence toujours présente qui opère de manière extrêmement subtile, et apporte, dès qu’une voie lui est ouverte, toute l’harmonie possible.

Antonio Girardi : Vivre au bénéfice de l'humanité

Aujourd’hui, pour l’être humain qui a du bon sens, il ne s’agit pas exactement de refuser ce qui existe pour atteindre un improbable état futur de perfection, mais plutôt d’accepter pleinement l’état actuel des choses, sur tous les plans (à commencer par sa propre réalité individuelle), pour exprimer dans le concept ici et maintenant les aspects lumineux de l’existence, ceux qui naissent de la réalisation d’un pont concret entre les émotions, les sentiments, la pensée et les idéaux. L’être humain récupère ainsi le sens de sa profonde unité et réalise en lui-même ce que nous pourrions définir comme la voie réelle, qui est liée à une acceptation totale de la vie et à une prise de conscience de la fausseté de la distinction rigide entre réalité matérielle et réalité spirituelle.

« Yeh, point germinal » : La rencontre du sacré

Le Maître invite l’homme à trouver son être par le dedans, plutôt qu’en se dispersant dans une multitude d’actes et de mouvements extérieurs. Les cinq couleurs, les cinq sons, les cinq saveurs ne font, dit-il, que désorienter l’homme. Avant tout, celui-ci doit purifier son regard pour parvenir à l’extrême du Vide. Le Vide (wou) est un des grands symboles de la pensée taoïste. Le sage connaît la loi suprême. Vidé de ses passions, de ses désirs, il est pleinement habité par le Tao.

Jean Coulonval : Quand l'esprit explose dans le quotidien

L’infini ne peut s’atteindre par accumulation de morceaux. Cette démarche, en tant qu’ouvrier m’était profondément étrangère. C’est celle de l’étudiant et du chercheur, de l’«homme d’étude». Cependant, il m’était apparu que le fait d’être catholique, ou protestant, ou musulman, ou capitaliste, ou communiste, en religion, philosophie, science et tutti quanti, n’était que le résultat de conditionnements sociaux, géographiques, historiques, sentimentaux, scolaires etc. Et tous disent: «C’est ma vérité». Ça fait beaucoup trop de vérités alors que par définition il ne peut y en avoir qu’une. Tout cela n’est qu’«opinion», condensat psychique né de circonstances conditionnantes familiales, raciales, sociales, géographiques et autres. Et aucune opinion ne peut être «la vérité». Se casser la gueule pour défendre ce qui n’est qu’opinion c’est la connerie des conneries et pourtant c’est ainsi que le monde fonctionne.