Jean-Yves Leloup : Peut-on regarder en face l'homme que l'on tue ?

La tradition métaphysique dont s’inspire Lévinas affirme à travers l’épi­phanie du visage la réalité de l’autre. La tradition métaphysique de Sankara (de Hegel aussi, à certains points de vue) ne voit dans le visage qu’un moment transitoire du mouvement cosmique ou historique. Le visage de l’homme est un mirage qui s’évanouit dès qu’on s’en approche.

Michel Triet : Meurtre à l'étouffée

Par une suite d’expériences directes, voici une mise en relief de peurs incarnées. Michel Triet est un artiste peintre : son œil sait observer la nature en œuvre. Au travers de son texte il souligne à quel point un exemple banal de prédation d’insectes peut réveiller chez les spectateurs la peur jusqu’à l’horreur.

docteur Bernard Pernel : Moi, la violence et les autres

Pourquoi cette violence ? Il n’y a pas de violence sans peur ou sans souffrance. PEUR ET SOUFFRANCE sont les racines de la violence. D’où naissent cette peur et cette souffrance ? Probablement à l’aube de notre existence, dès la première phase de la naissance, quand exilé du paradis perdu de l’unité primordiale avec notre mère, nous tombons dans l’enfer de la dualité dès les premières contractions utérines.

Docteur Jacques Vigne : Violence et sacré

Certes chez l’homme, il y a des pulsions comme chez l’animal. Mais ce qui fait que l’homme est homme, disait Aristote « c’est qu’il est plus apte à l’imitation. » (Poétique) Cette faculté d’imitation, Girard en fait un axe de sa pensée. Il l’appelle mimésis. Le singe en possède le germe, lui qui a la faculté précisément de « singer ». Mais c’est chez le petit de l’homme que le mimésis prend tout son développement. Quel appren­tissage culturel serait possible sans cette faculté ? Le bébé n’apprend-il pas déjà sa propre langue maternelle par imitation essentiellement ?

docteur Jacques Vigne : Peut-on guérir un fanatique ?

Le mécanisme le plus évident du fanatisme est la projection paranoïaque qui fait dire : « Moi, j’ai raison, tous les autres ont tort, moi je suis bon, tous les autres sont mauvais ». Le mental fonctionne en grande partie sur le non : il se pose en s’oppo­sant. Le fanatisme est l’exacerbation de ce non, non aux sentiments, non à la réalité qui peut faire passer du refoulement névrotique du monde intérieur au déni psychologique du monde extérieur. La dissociation manichéenne entre les bons et les mauvais est le meilleur signe de ce non.

le docteur Pierre Wiltzer : Couple et violence

La violence au sein du couple peut prendre, comme par ailleurs, des formes variées ; il peut s’agir de violence physique certes, mais bien plus souvent de violence morale ou psychologique ; si elles sont accep­tées elles s’inscrivent alors toutes deux dans une relation sado­masochiste. À l’opposé la violence peut ne pas exister au sein d’un couple au départ et peu à peu se constituer lorsque l’un des deux partenaires perd ses possibilités de réalisation, lorsque les idées de chacun évoluent dans des sens opposés, ou encore lorsqu’il y a une évolution dans la problématique de l’un des partenaires à la suite d’une thérapie de réflexion qui peut, éventuellement, remettre en cause le contrat de départ, avec un besoin plus important de liberté au détriment de la sécurité…

docteur Jacques Vigne : Psychologie de la violence dans notre société

La meilleure prévention contre une éventuelle manipulation de notre esprit reste de retourner à soi-même : savoir se désidentifier des circuits émotionnels tout faits qui viennent s’interposer entre nous et les autres, entre nous et la réalité. Savoir remettre en question ses croyances automatiques, ses préjugés, avant que d’autres viennent les remettre en question…

le docteur Pierre Wiltzer : Survivre à ses parents

La violence n’est pas seulement intrafamiliale ; il existe une violence qui s’exerce vis-à-vis du sujet lui-même et la pathologie mentale nous en offre des exemples caricaturaux, tant dans la mélancolie où, comme le souligne J. Nadal « la perte de l’objet conduit le Moi en s’identifiant à l’objet perdu à se dévorer lui-même par la pression du Surmoi destructeur », que dans les conduites automutilatrices chez l’enfant et la toxi­comanie chez l’adolescent. Dans l’anorexie de la jeune fille on retrouve une auto-affirmation narcissique de toute-puissance à l’image de cette même « toute puissance » dont parle B. Grunberger, à laquelle participe le chasseur qui abat sa victime.

Henri Atlan & Jean-Pierre Dupuy : Amour, violence, différences

La différence et la non-différence jouent un rôle clé dans l’œuvre et la pensée de René Girard. Il ne s’agit pas simplement de considérations théoriques sur l’origine de la société ou l’interprétation du message des Évangiles. Face à la violence de plus en plus généralisée du monde contemporain, ses réflexions débouchent sur des perspectives qui nous concernent tous. Henri Atlan et Jean-Pierre Dupuy les ont exposées et commentées au cours d’un débat organisé par l’AFCET (Association Française de Cybernétique Économique et Technique) en novembre 1978, dans le cadre du groupe « analyse de système » animé par Jean-Pierre Dupuy.