Vimala Thakar
Le temps, le langage et le silence

Rencontre du 3 août 1989 Avec votre coopération, nous traiterons environ dix questions cet après-midi. Question: « Pourquoi appelez-vous « êtres » les montagnes, les rivières et les arbres ? Qu’est-ce qu’un être ? « demande un participant. Vous savez ce qu’est une chose: c’est ce qui est construit par la main de l’homme, construit par la pensée de […]

Rencontre du 3 août 1989

Avec votre coopération, nous traiterons environ dix questions cet après-midi.

Question: « Pourquoi appelez-vous « êtres » les montagnes, les rivières et les arbres ? Qu’est-ce qu’un être ? « demande un participant.

Vous savez ce qu’est une chose: c’est ce qui est construit par la main de l’homme, construit par la pensée de l’homme. Une chose a des parties qui peuvent être séparées et qui peuvent être rassemblées Les structures que vous construisez et que vous appelez maisons, les voitures, les autobus, les avions, les fusées que vous construisez, sont des choses constituées de parties variées. Il fut un temps où elles n’existaient pas et, après avoir été avec vous quelque temps, à la suite d’usure, elles se sont détériorées. Elles ont un début et une fin. Il y a une durée de vie pour les machines, pour les bâtiments, pour toutes les choses que l’humanité a construites.

La vie n’a pas été construite par l’humanité. C’est un phénomène sans commencement et sans fin. Le cosmos, composé d’univers innombrables, n’est pas une création de la pensée humaine ou de la main de l’homme. Il est généré par lui-même, il se maintient lui-même, et l’interrelation entre les différentes expressions de la vie n’est pas quelque chose qui se trouve manipulé par le cerveau humain, qui soit basé sur certaines théories, sur certaines idées. L’interrelation est l’essence de l’existence.

Donc les montagnes n’ont pas été créées par nous, n’est-ce pas ? Vous pouvez planter une graine et aider la graine à germer, et aider le germe à croître en un arbrisseau, et l’arbrisseau en arbre, en l’arrosant et en en prenant soin; mais l’énergie créative cachée dans ce minuscule petit morceau, cette petite graine n’est ni votre ni ma création. Alors, les montagnes, les rivières ont un état d’être, ont une qualité d’être. Et quelle est cette qualité ? une énergie créative inépuisable.

La vie, c’est le caractère inépuisable de l’énergie créative. Les formes peuvent changer, mais il n’y a rien de semblable à une destruction. Il y a émergence des formes et retour des formes dans leur source même.

Donc les petits ruisseaux jaillissent des rochers de la montagne et grandissent en rivières, et les rivières versent leur eau dans les océans, et la chaleur intense du soleil transforme les eaux salées en vapeurs et en nuages dessalés, et les nuages versent leur doux nectar, l’eau, qui retourne à la terre. Voyez-vous le cycle ? Vous verrez ce cycle, que vous vous référiez au monde minéral, au royaume végétal, au royaume animal ou à l’espèce humaine.

Une voiture ou un ordinateur ne crée pas un autre ordinateur ou une autre voiture. Mais un oiseau, un animal, un arbre, un animal humain peut procréer son semblable.

Donc la vie, c’est une énergie créative inépuisable, et l’expression de cette énergie créative inépuisable sous la forme de montagnes, de rivières, d’arbres, peut être appelée « êtres ». Ce sont nos compagnons, nos semblables, avec qui nous devons partager le cosmos. Nous devons partager avec eux les cieux, les océans, la terre.

Mais cela n’est pas le thème de cet après-midi. Avec ceux d’entre vous qui seront avec nous les jours prochains quand nous devrons traiter de « mutation psychique » et de « paix mondiale », nous devrons approfondir ce point.

J’espère que, dorénavant, la différence entre « choses » et « êtres » sera claire pour vous.

Question: « Quelle est la relation entre langage et silence ? »

Les mots naissent du son, le son qui existe déjà dans le cosmos. Avez-vous jamais écouté le son de l’eau courante d’une rivière ? le son contenu dans les océans ? le son contenu dans les bois ? le son de la terre ?

Donc les mots naissent du son. Vous traitez et manipulez les sons et vous bâtissez, vous construisez des mots, des lettres et, coordonnant les vibrations sonores de ces lettres, vous construisez des mots, vous arrangez les mots et vous construisez une phrase etc.

Et le son, c’est une explosion de silence. Ce n’est pas une vue de poète: les savants ont maintenant découvert que le cosmos tout entier était une explosion de vide. Il est né du vide. Et il me semble que le silence explose et prend la forme du son: il a une existence vibratoire. Le son est une prodigieuse énergie, et le génie humain utilise cette énergie du son et construit les langues, la littérature, la poésie, les romans, la fiction, les essais, la musique et tous les Beaux-arts.

Cette création des langues était nécessaire pour la communication. Au lieu de vivre en tribus errantes, la race humaine a voulu s’installer; elle inventa l’agriculture, l’horticulture, voulut construire ce qu’on appelle une société, restreignant la liberté individuelle, et déléguant la responsabilité et les pouvoirs à une agence appelée « état »; et elle a voulu réglementer les relations. C’est ainsi que doivent avoir été construites pas à pas: l’économie, la politique, la culture, la religion, l’éducation.

Donc la langue est un moyen de communication; elle est aussi un moyen d’expression personnelle; et elle a son utilité dans notre vie, dans la mesure où nous naissons dans une société et non dans la forêt ou dans la jungle. Naissant dans une société humaine, nous avons la responsabilité de nous exprimer personnellement, de communiquer, d’avoir des échanges, de partager des renseignements, d’organiser l’information, ce qu’on appelle connaissance.

Par conséquent, la verbalisation est un exercice sensible et sain des langues: c’est une nécessité. On ne méprise pas du tout le mouvement de verbalisation, mais le mot est utilisé pour indiquer un objet: le mot « cheval », n’est pas un cheval. Il indique un animal auquel nous avons attribué le nom « cheval » (ou « vache », ou « chien »). Le mot n’est pas la vache, le chien, le cheval.

Donc les mots sont des indicateurs. C’est tout ce qu’ils peuvent faire. Comme vous avez codifié les termes et la nomenclature au sujet du monde objectif extérieur, vous – l’humanité – vous vous tournez vers l’intérieur et essayez d’identifier et de nommer les mouvements neurochimiques dans le corps. Donc quand il y avait (ou quand il y a) un certain dérangement neurochimique, on l’appelle « colère », et ce mouvement a ses symptômes.

Vous avez une autre sorte de dérangement neurochimique qui dérange l’équilibre, et vous l’appelez « jalousie ». Le monde intérieur subjectif, lui aussi, et son mouvement sont analysés, nommés et identifiés

Les mots sont donc utiles pour se référer aux événements intérieurs (à ce qui se produit à l’intérieur, ce qu’on appelle l’expérience) et ils sont utiles aussi pour partager la connaissance au sujet de ce qui est extérieur et objectif.

Mais le mot ne peut pas décrire ou définir ce qu’est le silence. Il peut décrire ce qu’est le son; il peut même évaluer le son, parce que le son a une existence matérielle: il a une existence vibratoire. Les vibrations peuvent être mesurées, leur ton, leur fréquence, leur direction, tout peut être mesuré. Mais une fois que vous avez permis au son de s’arrêter et que vous êtes dans le silence, le mot devient sans pertinence. Le silence ne peut pas être mesuré, évalué, décrit, défini. Comment pouvez-vous décrire le vide ? Une chose peut être décrite, ou même définie, évaluée. Mais comment le « Rien » peut-il être décrit. Le « quelqu’un » peut être décrit. Le « personne » ne peut pas l’être.

De la même manière, la source de la vie qui est ce fondement divin, absolu de l’existence, la source de la vie qui est la Suprême Intelligence, qui a causé l’émergence d’un cosmos ordonné, inter relié, magnifique, ne peut pas être décrite ou définie par les mots.

Donc la langue a une pertinence, mais la source de la verbalisation le silence, a un caractère sacré.

La parole, qui contient les mots et les sons, a une énergie. Le sens qui a été attribué aux mots par les grammairiens, par les traditions dans différents champs d’action sociale, ont ajouté une énergie au mot, énergie conditionnée. Mais l’énergie contenue dans le vide du silence n’est pas qualifiée, modifiée, elle n’est conditionnée d’aucune manière. Le caractère sacré existe partout où il y a un état de non-conditionnement. De ce fait, nous disons: la pensée n’est pas sacrée; c’est un instrument utile, un instrument commode, mais que ce soient les mots d’un Krishna, d’un Bouddha, d’un Jésus de Nazareth. Dès que cela a pris forme de mots, ils sont limités, conditionnés. Le silence est sacré; la pensée n’est pas sacrée.

Mais comme nous avons de nombreuses autres questions, continuons par la troisième question:

Question: « Si le temps est une mesure, qu’est-ce que le passé ? Et quelle est la relation entre le temps et le passé ? »

Appelleriez-vous « hier » le passé ? Cela s’est passé. Nous nous sommes rassemblés ici, mais, peut-être que pendant la nuit, les personnes qui s’étaient réunies hier ont changé intérieurement. Non pas biochimiquement, mais psychologiquement. Nous ne savons pas. Il se peut que nous ne soyons pas les mêmes personnes que celles que nous étions hier ici.

C’est une rencontre religieuse. J’espère que cela ne vous effraie pas si je dis qu’il se peut que nous ne soyons pas les mêmes personnes que celles qui se sont groupées hier. Notre rencontre, ce que nous appelons hier, c’était un événement. Il n’est plus là. Ce fut un événement. Pour communiquer à propos de cet événement, vous utilisez le terme « passé », et ce qui se produit maintenant ici, vous l’appelez « présent ». Et pour l’anticipation de ce qui va se produire, vous utilisez le terme « futur ». C’est une terminologie que la race humaine a forgée.

Donc le passé n’a pas d’existence, sauf dans la mémoire. Et qu’est -ce que la mémoire ? Ce qui s’est passé hier peut avoir laissé certaines traces dans l’esprit, dans le système neurologique. Vous aimez certaines choses, vous détestez certaines choses, vous avez été dérangés en entendant certaines choses, vous avez été ennuyés par certaines autres choses. Donc, la mémoire, ce sont ces résidus accumulés des événements de la vie; le passé n’a pas d’existence en tant qu’entité. Le présent, le passé, le futur sont des divisions faites par le cerveau humain qui veut créer autour de lui des clôtures quand il devient conscient de l’infinité de la vie, de l’énergie créative inépuisable ou de la divinité de la vie, de l’éternité de la vie. Il se sent nu devant cette éternité et cette infinité, il veut se vêtir d’idées.

Donc pour construire une relation avec cette infinité et cette éternité, vous commencez à les mesurer: aujourd’hui, demain, les heures les jours, les mois; tout ceci, ce sont des calculs humains. Mais la vie c’est un état d’être, une émergence et un retour à l’unité; elle a un mouvement cyclique, un mouvement circulaire, pas de commencement et pas de fin, pas de création et pas de destruction. Un infini (j’hésite à employer ce mot, mais utilisons-le dans l’intérêt de la communication) un océan d’infinité ou d’éternité, un état d’être de la vie, sans commencement, sans fin, hors duquel émergent les formes qui flottent puis s’immergent de nouveau.

Le passé, le présent, le futur, comme idées, comme concepts, existent seulement dans le cerveau humain.

Deuxièmement, qu’est-il arrivé ? Qu’est-ce que la race humaine s’est fait à elle-même en conditionnant les couches physique, verbale et psychologique de son être ? (c’est contenu à l’intérieur de vous et de moi). Qu’est-ce que le premier homme a fait en lui (ou en elle) ? ces activités, le mouvement de relation avec la nature, le mouvement de relation avec les oiseaux, avec les animaux, avec l’espèce humaine, tout cela est transmis dans votre corps et dans mon corps, et c’est ce qu’on appelle l’héritage.

Donc, c’est ce qu’on appelle le passé, comme une continuité au niveau physique et au niveau psychologique, parce que nous sommes le produit de l’évolution humaine totale, de la civilisation, de la culture. C’est ce que nous avons suggéré en disant que nous étions nés dans la société humaine. Et il y a différentes races ayant différents schémas de conditionnement, différentes cultures, différentes langues, différents modèles de réactions, de mécanismes de défense. Vous voyez ? Sur ce globe, sur cette planète, cet immense jardin où différents dessins de conditionnements ont fleuri, se sont épanouis, et ont ajouté au bien-être de la vie humaine.

Donc, les structures physiques, biologiques conditionnées, les structures psychologiques conditionnées, cela montre ce qui s’est passé – ce qui s’est passé avant.

Le temps, en tant qu’idée, n’a pas de contenu factuel, mais ce que la race humaine s’est fait à elle-même a une existence dans la forme du corps et du cerveau humains. Observez le cerveau: il a évolué à travers des millions d’années; voyez la magnificence du cerveau humain et de la manière dont il fonctionne. Presque instantanément il convertit une impulsion électrique en une interprétation, et en une réaction à cette interprétation. A peine le système sensoriel a-t-il apporté une sensation que le corps tout entier convertit la sensation en une impulsion électromagnétique: elle voyage dans le corps, elle monte jusqu’au cerveau, et l’interprétation se produit, la réaction se produit. Avez-vous jamais observé la terrible, l’effrayante vitesse de ce qui se passe, le complexe organisme biologique dans lequel nous vivons ?

Donc cette complexité de l’organisme biologique et de la structure psychologique indique qu’il y a eu un processus de conditionnement. On ne peut pas nier le temps chronologique. Vous avez la lumière du soleil, vous l’appelez « jour », et vous l’appellerez « nuit » quand l’obscurité descendra sur la terre. Vous dites qu’un enfant est âgé d’un jour, ou d’un an (ou quelqu’un de cinquante ans) selon vos calculs Mais la vie contenue dans l’enfant, qui se manifeste dans le corps, n’est ni mâle ni femelle, elle n’a pas un an ou cinquante ans. Le cerveau, lui, a cet âge, mais l’énergie de vie contenue dans le cerveau est sans âge.

Question : « Quel est le but et quelle est la signification de toutes les méthodes et de tous les enseignements qui ont été inventés au cours des âges ? »

« Est-ce que la question « Qui suis-je ? » est pertinente dans l’état de silence ? »

Quel est le but et quelle est la signification de toutes les méthodes et de tous les enseignements… ? Méthodes et enseignements au sujet de la spiritualité sans doute. Et beaucoup de ces enseignements, peut-être la plupart d’entre eux, viennent de l’Est. Je me demande si c’est à eux que fait allusion le questionneur: tantra-chastra, tantra-yoga, mantra-yoga, raja-yoga, et des douzaines de différentes sciences, de différentes techniques qui sont venues de l’Est vers l’Ouest. L’Est est – ou plutôt fut – terriblement intéressé par la découverte du sens de la vie, par la découverte de ce qu’est le « je », du sens de  »être-je », du sens de « être-moi », de ce qu’est la divinité, si même il y a un dieu ou une déesse. Et ils ont développé un système très complexe pour s’éduquer soi-même, pour s’équiper afin que la découverte puisse avoir lieu. Le hatha-yoga ne vous dit pas que si vous pratiquez vous serez libéré. Le hatha-yoga vous dit, en tant que science, comment purifier les systèmes variés dans votre corps. C’est la science de la purification de la structure biologique, de la structure verbale, de la structure mentale. Donc vous faites yama niyama, pranayama, asana, pratyahara etc. Il y des voies et des voies pour s’équiper de sensibilité, d’intensité, de pureté. Il y a aussi la voie du mantra-yoga, qui utilise l’énergie du son et des mantras. On utilise les sons existants à travers les mantras. Et cela, pour stimuler vos pouvoirs latents. Cela aussi est utilisé habituellement comme base de la purification. C’est donc à vous d’utiliser une certaine méthode pour votre éducation personnelle. Vous pouvez étudier le yoga, le hatha-yoga, vous pouvez utiliser des mantras pour la concentration et renforcer votre esprit. Vous pouvez utiliser le tantra-yoga et sublimer l’énergie sexuelle, par ce moyen éliminer toutes les toxines de la luxure et purifier l’être tout entier.

Ce n’est pas le moment d’entrer dans tous ces détails. Il y a des processus éducatifs, mais les techniques, les méthodes, la répétition des techniques ou des méthodes n’ont rien à voir avec le silence ou la méditation.

La méditation, c’est la fin de tout mouvement volontaire, de toutes les activités psycho-physiques.

Quelqu’un d’autre m’a demandé: « Peut-il y avoir quelque activité psycho-physique pour aider le silence ou la méditation ? »

Les activités psycho-physiques peuvent aider une personne à se bâtir un corps en bonne santé. Vous prenez soin de votre régime alimentaire, et votre corps est souple et en bonne santé, plein d’énergie….

Vous lui procurez l’exercice physique nécessaire et tous les systèmes (musculaire, glandulaire, neurologique) sont toujours frais et pleins d’énergie. Il n’y a pas de léthargie, pas de mollesse, pas d’inertie. Mais la méditation n’a pas de méthode et pas de technique.

« Est-ce que la question « qui suis-je, » a quelque pertinence pour le silence ?

Pourquoi mettre en question seulement « Qui suis-je ? ». Mettez tout en question, doutez de toute chose. Mettez tout en question, n’acceptez jamais quoi que ce soit par croyance ou par autorité, et cela d’aucune personne quelle qu’elle soit. Pourquoi ne mettons-nous pas toute chose en question ?

Evidemment, vous pouvez vous demander « Qui suis-je ? » Ramana, ce garçon précoce, à l’âge de douze ans quitta son domicile, alla à Arunachala, s’assit dans une grotte. C’était là sa voie pour explorer son psychisme. Donc il avait commencé à demander: « Qui suis-je ? » Mais si vous supposez que la question « Qui suis-je, » conduira au silence, peut-être que vous présumez trop, parce qu’il se peut qu’il n’y ait aucun « qui » en vue. Nous avons un corps, il a un nom; aussi pouvez-vous demander: « Qui a ouvert la porte ? » X,Y,Z a ouvert la porte. Le corps a un nom.

Mais il n’y a pas de raison de supposer qu’à l’intérieur du corps il y a une identité appelée « moi », comme s’il y avait un corps subtil et une identité. On n’a pas besoin de supposer qu’il y a un esprit individuel. Cette présomption qu’il y a un ego individuel, un esprit individuel, semble avoir pris fondamentalement un mauvais tournant dans l’investigation de ce qu’est la religion.

Le corps a un nom, une forme, une couleur, des qualités; le cerveau a certaines qualités et vous vous identifiez pour les besoins de la vie sociale; vous vous identifiez avec le nom, vous vous identifiez même avec les attributs, l’excellence, les faiblesses du corps et du cerveau. Vous vous identifiez avec ce qui a été introduit dans le cerveau et dans le corps par la société, par les parents etc. Donc, il y a un mouvement incessant de ce qui a été introduit en nous. Il y a un play-back incessant de ce qui a été introduit en nous.

Ainsi, il y a un mouvement hérité de connaissance, d’expérience, de tendances et de penchants. Pourquoi devrions-nous supposer qu’il y a un « connaisseur » parce que la connaissance apparaît en nous ? Parce que les expériences se produisent, où est le besoin de supposer qu’il y a un expérimentateur ? Comme les événements se produisent dans le cosmos, ils se produisent aussi ici.

Donc il peut ne pas y avoir du tout de « qui ». Il peut y avoir, purement et simplement « Rien » et « personne ».

Mais, revenant à la question, j’aimerais soumettre au questionneur le fait que ce n’est pas seulement en posant la question « qui suis je ? », mais en mettant en question tout ce que vous voyez et entendez que vous êtes sur le chemin pour croître dans un contact personnel et intime avec la vie.

Mettez en question, explorez, expérimentez; et quand vous vous trouvez dans la lumière de la Clarté, dans la lumière de la Compréhension, vous la vivez. Tandis que vous la vivez, il se peut que vous échouiez, il peut y avoir des faux-pas et des échecs; alors, que ces incorrections soient nos enseignants, nous persuadant de changer nos manières de faire, et de grandir dans un équilibre intérieur.

Vous savez que l’apprentissage requiert un questionnement, et que l’apprentissage requiert l’humilité de ne jamais convertir une expérience qui se produit en soi en une autorité, même pour soi-même. Sans quoi, vous serez esclave de l’expérience et vous commencerez à mesurer les événements nouveaux, à les évaluer d’après l’autorité des expériences précédentes, et vous aspirerez à la répétition de cette expérience. Vous vous fabriquerez l’hallucination ou l’illusion que cette expérience doit être répétée.

Donc l’apprentissage requiert l’humilité de ne convertir aucune chose en autorité. Le fait de mettre en question affûte le cerveau et intensifie la sensibilité.

Continuons par une autre question: Question: « Il semble y avoir un paradoxe ou une contradiction quand, d’une part, on dit qu’aucun effort n’est nécessaire pour que la transformation ou la mutation se produise, et d’autre part, on parle d’être alerte, sensible et attentif. »

L’éducation requiert un effort. Si nous sommes intoxiqués par les habitudes, par les modèles et si notre soi-disant vie quotidienne est formée seulement de la répétition de modèles jour après jour, année après année, et que l’activité répétitive des schémas d’habitudes engourdisse la sensibilité, on vit dans un état d’absence d’attention. Quand vous allez répétant certaines choses, vous n’avez pas à être alertes ou attentifs: vous faites les choses mécaniquement, automatiquement. Vous pouvez préparer les repas mécaniquement, vous pouvez parler mécaniquement, vous pouvez réagir aux situations et aux personnes mécaniquement. Si cela est votre manière de vivre et si quelqu’un vient vous dire: « Par Jupiter! Votre vie n’est qu’un mouvement mécanique répétitif; il n’y a pas cette qualité d’attention, il n’y a pas de vitalité, de vivacité; vous agissez seulement d’une manière passive et mécanique, vous vous êtes réduit à l’état de robot. » Alors vous dites: « Que dois-je faire ? » Et la personne dit: « Dorénavant, à partir de ce moment-même, soyez conscient de ce que vous êtes en train de faire, et pourquoi vous le faites. Prenez garde à bien savoir ce qui est habitudes en vous, qu’il n’y ait pas de modèles, de réseaux de modèles s’intensifiant autour de vous. Rencontrez la vie comme elle vient, voyez-la et, en vous basant sur votre perception et votre compréhension, réagissez-y. »

On doit donc travailler dur sur soi-même. Ne doit-on pas travailler ? On doit observer alors qu’on bouge, alors qu’on vit, alors qu’on parle. Ceci, c’est le temps de l’éducation. Pour éliminer les déséquilibres qui se sont accumulés dans le système, l’effort éducatif de purification semble être nécessaire. Il équipe les structures biologique et psychologique. C’est tout ce que l’effort peut faire.

Vous enquêtez en utilisant les mots, vous lisez des livres, vous écoutez des causeries, vous participez à des discussions. Tout cela, c’est un bien bel effort cérébral, un travail intellectuel prodigieux pour mener une idée ou une causerie à sa conclusion logique. S’asseoir ici et écouter pendant une heure et demie les bla-bla-bla de cette dame, vous voyez, cela prend de l’énergie. Elle va, parlant, pendant une heure et demie. Vous devez travailler dur, focaliser votre énergie, rassembler votre énergie, et entrer dans un acte total d’écoute. L’être tout entier écoute. Si on a écouté ainsi, si on a lu des livres, si on a travaillé sur soi-même et éliminé l’impureté des déséquilibres, alors on arrive à un point où aucun effort supplémentaire n’est nécessaire, n’est justifié, ou n’est possible. La recherche intellectuelle ne peut pas être un cheminement tout au long de la vie. Ce ne peut pas être la profession de toute une vie. Elle doit s’arrêter quelque part.

Donc, quand l’effort a atteint son but, quand la connaissance a atteint son but qui consiste à éliminer l’ignorance et la confusion et à apporter la clarté, même au niveau verbal de la compréhension, alors vous êtes en un point merveilleux, au point où vous vous mettez dans un état de non-effort. Vous vivez tout ce que vous avez compris, sans anxiété, que la transformation ou la mutation se soit ou non produite en vous. Si les graines sont semées et si le champ était prêt, bien labouré, alors la germination se produit.

Quand on dit que l’attention ou que la vivacité est nécessaire, la vivacité, c’est l’état du système neurologique; l’attention, c’est la fermeté de la perception quand vous n’êtes pas absent, distrait ou troublé, que vous êtes semblable à une flamme droite. Quand il y a fermeté dans la perception, vous l’appelez attention. Quand il y a de la sensibilité, de la vitalité, qu’il n’y a pas d’attachement à une idéologie ou à une personnalité, vous l’appelez vivacité. C’est un état, et non un effort (allons, je vais être vif, je vais être attentif). Ce n’est pas un effort de volonté. L’effort est nécessaire pour s’éduquer et s’équiper. C’est le premier et le dernier pas.

Question : « Après avoir écouté les causeries, l’exploration de la nature du temps et de l’ego s’est faite, mais la transformation ne s’est pas produite. Il doit manquer quelque chose de fondamental. »

Est-ce que l’écoute des causeries de A, B, C ou D avait de l’importance ? Est-ce que l’écoute des causeries était un moyen en vue d’une fin ? Est-ce que la fin était la partie finale des moyens ? S’il vous plaît, voyez cela avec moi.

Si je vous écoute avec la profonde motivation clandestine que cette écoute va me donner la transformation, va me donner la mutation, qu’est-ce que je fais ? Je suis au comptoir du marchandage, utilisant l’action d’écouter pour acquérir quelque chose. La transformation peut-elle être acquise ? L’amour peut-il être acquis ? Peut-il être obtenu ? Peut-il être acheté ? (l’amour, la beauté, la compassion, la vérité)… Donc, quand j’écoutais les causeries, que se passait-il en moi ? Je suis allé dans la pièce, ou sous la tente, ou ce que vous voulez, et j’ai écouté parce que je voulais la transformation; je voulais la mutation, la libération, l’illumination, appelez cela de n’importe quel nom. Ou je voulais Dieu, la réalisation de Dieu.

Quand je dis que la transformation n’a pas eu lieu, ou quand je dis que je voulais la transformation ou la mutation par l’écoute des causeries ou la lecture de livres, qu’est-ce que j’implique ? Est-ce que je n’implique pas que j’ai une idée de ce qu’est la transformation ? Une idée finement sculptée, une idée bien définie: ceci, c’est la transformation. Où l’ai-je eue, cette idée ? Ou bien j’ai une idée de Dieu (ou de la Déesse) Qui il est, ou qui elle est, à quoi ils ressemblent. Que feront-ils avec moi quand je les rencontrerai, les dieux ou les déesses de l’Est – ou la libération ou l’illumination de l’Ouest ?

Alors, la deuxième chose dont je m’occupe quand j’écoute les causeries, c’est de réduire les communications à ce que je m’étais exposé à moi-même, alors qu’elles sont le souffle vivant de la vie d’une personne; elles contiennent la vie. Et la communication, la communion entre l’orateur et les auditeurs était quelque chose de vivant. Mais j’ai écouté des mots (j’en ai déjà tant entendu!). J’ai évalué les mots et j’ai dit: « Ah! j’aime ceci. Ceci me semble juste. » D’une façon académique, théoriquement, je pesais les communications; et puis j’ai conclu quand je suis sorti de la pièce, j’ai émis la conclusion : »Ceci est la transformation ». Quelque chose de vivant a été réduit à une idée. Je vais courir après cela comme les gens vont dans les temples, dans les mosquées, dans les synagogues. J’ai une synagogue ou un temple intérieur: cette idée. Et chaque jour, je suis occupé à comparer mon comportement à cette idée de transmutation et de transformation. Qu’ai-je fait de moi-même, messieurs ? Une bataille moderne complexe, une division entre ce qui doit être et ce qui est.

Donc après avoir écouté les causeries pendant… vingt ou vingt cinq ans, puis-je être avec ce que je suis et ne jamais sortir de ce qui est là pour aller vers ce qui doit être, au nom de la transformation ou de la mutation. Puis-je être avec le fait tel qu’il est ? Ne pas fuir. Comprendre ce qu’il est, avec l’angoisse et la douleur qu’il comporte, avec le terrible et profond chagrin qu’il porte avec lui. Je vis avec ce chagrin. Je ne cours pas après l’idée de mutation. Est-ce que cela peut m’arriver ?

Mes amis, il faut être avec les faits tels qu’ils sont, être avec la vie telle qu’elle est, être avec ce que vous êtes, sans condamnation, sans critiques, sans acceptation, sans rejet, sans frustration. L’austérité d’être ce que vous êtes libère.

Donc la chose fondamentale qui manque, ce peut être dû à mon attitude en face de l’écoute, à ce que j’ai fait avec moi-même tandis que j’écoutais quelqu’un ou que je lisais les livres de quelqu’un. Donc, sortir de la pièce les mains vides, avec pas du tout d’idées.

Nous avons écouté, nous avons parlé, nous avons été ensemble. Si la communication a eu lieu, s’il y a eu émission et réception, la rencontre – car l’écoute est aussi importante que le discours, si cela s’est produit, alors la rencontre – a atteint son but. C’est une communion sacrée qui se produit. Et elle a été vécue par la totalité de mon être. Je ne pouvais faire plus. J’étais complètement là, j’écoutais, ne comparant ni n’évaluant, ne disant pas: « Je dois avoir ceci; ce qui est arrivé dans sa vie doit arriver dans ma vie ». L’ego alors n’était pas là-bas, cherchant fouillant, impatient d’obtenir, d’acquérir, de devenir. Mais il y avait la tranquillité, la sérénité de la réceptivité.

Quand vous prenez un repas, vous êtes pleins de confiance. Vous faites confiance au corps: « J’ai pris un repas; il va me nourrir; et ce que j’ai absorbé, de quelque nature que ce soit, sera analysé à l’intérieur, sera converti en divers plasmas chimiques et alimentera les tissus, les tendons, les muscles etc. D’elle-même, l’énergie créative analysera les produits chimiques, les convertira, et cela deviendra une partie de ma vie; il deviendra la substance de ma vie, le repas que j’ai pris.

Avons-nous confiance dans la rencontre, la réception, la communion, de la même manière que nous avons confiance dans le repas ? Après avoir pris un repas, nous ne nous asseyons pas à table ou détendu dans un fauteuil, disant: « Oh! C’était un bon repas. Je dois digérer ce que j’ai mangé. Ah! Quelle épreuve! »

Oui, monsieur, c’est bien cela: l’intelligence créative contenue en nous fera le reste. Mais nous voulons la manipuler, nous voulons augmenter la vitesse, nous voulons lui donner forme, la réglementer, la contrôler. C’est un des aspects de la question, et l’autre aspect semble être celui-ci: pourquoi écouter des causeries ou participer à des camps ? Supposons qu’on ait rencontré un joyau: la vérité de la vie. On l’a comprise, et on a vu, à la lumière de cette vérité, l’erreur qui était dans sa vie. Alors, que faire ? Tout au moins, on devrait laisser tomber l’erreur. En écoutant des causeries, on comprend la vérité. Mais quand on vit à la maison, en famille, avec des amis, dans la société, faisant ses affaires, son travail, ou n’importe quoi, l’erreur, le mensonge, les hypocrisies, les dogmes rigides selon lesquels nous avons vécu, est-ce que nous leur permettons de continuer dans notre vie ? Pouvons-nous être nationalistes après avoir compris que nous sommes une famille humaine globale ? Pouvons-nous avoir un loyalisme exclusif envers des théories et des dogmes et des évaluations au nom des religions établies, après avoir vu la divinité de la vie totale ?

Mais nous nous accrochons à l’erreur. Nous disons: cela c’était la religion. Nous avons écouté des causeries, nous sommes allés à un camp pendant trois jours; c’est assez. Maintenant nous revenons et nous devons être pragmatiques, suivre la ligne de la société. Peut-être la société est-elle névrotique, peut-être est-elle basée sur la violence et l’exploitation Mais quoi ? Je dois vivre avec elle. Donc je ne peux pas laisser tomber de ma vie les mensonges, les faussetés, les loyalismes exclusifs, les fragmentations. Au nom de la vie pratique, je continue avec l’erreur. Et c’est la continuation de cette erreur qui recouvre la compréhension qui s’était produite pendant les causeries les camps et les rencontres. Chaque erreur la recouvre de poussière. Et puis, nous sommes surpris: ayant écouté les causeries pendant vingt ou vingt-cinq ans, comment se fait-il que la transformation ne se soit pas produite ?

Question: « Comment puis-je stimuler l’amour de soi chez les autres sans les rendre dépendants de moi ? »

Pourquoi devrais-je stimuler l’amour de soi chez les autres Est-ce que je m’aime moi-même ? (non pas le self, l’ego, mais le corps, la vie que je mène. Est-ce que je l’aime ou est-ce que j’ai de la rancune contre moi-même ? Est-ce que je me hais ? Et est-ce que je dis: « Cette partie de moi est ignoble, détestable ? Je souhaite ne pas avoir cela; ou je souhaite avoir cela ?

C’est très difficile de rencontrer des êtres humains qui s’aiment eux-mêmes, qui ont du respect pour eux-mêmes, qui prennent soin de leur être. Et pourquoi est-ce si difficile ? Parce que nous sommes constamment en train de nous comparer aux autres. Si nous nous aimions nous-mêmes, nous comparerions-nous avec les autres ? Nous nous donnerions la possibilité de fleurir, de nous épanouir, de nous manifester. Mais, vivant dans une société compétitive, nous nous comparons, non seulement économiquement et financièrement, mais psychologiquement. Economiquement, vous pouvez entrer en compétition; psychologiquement, vous ne le pouvez pas. Donc vous vous infligez de la souffrance par cette comparaison.

Voyons d’abord si nous avons compris: j’ai observé et j’ai compris ce que je suis, le mécanisme du corps, ses faiblesses, ses distorsions, ses qualités, son héritage, son aspect lamentable, ses singularités, les structures psychologiques, le fait d’être né dans une famille hindoue, dans une famille indienne, dans une famille catholique, comme Hollandais, comme Anglais. Toute la structure, et la chimie de cette structure.

On fait donc connaissance avec soi-même, on apprend à respecter ce qui est là; on élimine les impuretés, de sorte qu’il n’y ait de déséquilibre à aucun niveau. Alors, une telle personne, qui est détendue dans l’amour et le respect d’elle-même a la vitalité de vivre avec les autres dans l’amour et la compassion.

Regardez, mes amis, si nous vivons ensemble et si vous n’attendez rien de moi, vous faites ce qu’il faut, vous ignorez mes absurdités ou mes stupidités, et vous réagissez à la situation. Quand je me tourne vers vous pour avoir un avis, vous partagez avec moi votre compréhension. Alors, par exemple, si vous me faites ceci à moi, ma rudesse, ma dureté, ma grossièreté commencent à diminuer sans que je m’en rende compte, parce que vous êtes devenu une cellule vivante d’amour et de compassion. Vous ne condamnez pas, vous remarquez les erreurs et les fautes, mais vous ne condamnez pas, et nous avons ce sentiment d’appartenance que donne l’amour. Si vous me faites ceci, naturellement cela stimulera la même sorte d’attente en moi sans que vous m’ayez demandé de le faire. C’est l’attachement qui fait que l’autre personne est dépendante de vous. L’amour libère, jamais il ne lie, parce qu’il respecte la liberté.

Donc si l’amour fait son apparition dans mon cœur et s’il s’épand dans les relations, alors il touche le cœur des autres. Je n’ai à faire aucun effort conscient pour stimuler le respect de soi et l’amour de soi chez les autres.

Malheureusement, la manière de vivre que nous avons en cette fin du vingtième siècle n’est pas du tout un soutien pour une manière de vivre authentique et religieuse. C’est une société si brutale et névrosée que celle dans laquelle nous vivons! Alors, les gens ont une peur sans nom, une rancune sans nom, non pas dirigée contre quelqu’un individuellement, mais une rancune contre la vie, une amertume. Les contraintes et les tensions de la vie en ville vous maintiennent dans un état de mécontentement constant, non pas dirigé vers des individus, mais dirigé vers la vie, et peut-être dirigé vers vous-même. (Il se peut qu’il se dirige vers vous-même).

Donc, il me semble que, si on ne se compare jamais aux autres, si on ne veut pas devenir semblable à qui que ce soit, mais si on permet au potentiel qui est en soi de se manifester et de fleurir, on n’est pas un mendiant au comptoir des relations, quémandant l’acceptation ou la reconnaissance; mais on se sent dans sa vocation en exprimant ce qu’on est, en découvrant le contenu de son être propre.

Alors, l’acte de vivre devient son propre accomplissement, il devient sa propre récompense et vous vivez dans la détente de l’amour et de la compassion.

Comme ceux qui vont au bord de la mer sentent la brise fraîche, comme ceux qui grimpent tout en haut de la montagne contemplent la vaste étendue des cieux et de l’espace, de la même manière, ceux qui vivent à côté ou qui s’approchent de personnes vivant dans un état de conscience non comparatif, non compétitif, libres de toute attente et pour qui l’acte de vivre est un culte rendu au divin, ceux-là sentiront l’amour, et il se pourrait que cela stimulât, il se pourrait que le contact de l’amour en vous stimulât aussi, sans que vous bougiez un doigt, l’amour et le respect en eux.

Je pense que nous ferions bien d’arrêter maintenant.

Extrait de Camp de silence – Bovendonk août 1989, Traduit de l’Anglais par Madeleine et Pascal Hanriot. Emprunté au site Français consacré à Vimala et son œuvre