Maud Forget
Vedanta, un message venu de l'orient

Vers l’an 2500-2000 avant J.C. (ou 1800 selon les exégètes) une rédaction des Véda fut entreprise en langue sanscrite. D’après les textes qui nous sont parvenus, le premier Véda a été perdu. Ensuite, le plus ancien en date, fut le Rig Véda, il est essentiellement composé d’invocations et de prières. Le second : le Yajur Véda, contient les formules sacrificielles. Le troisième, le Sama Véda est un recueil des mélodies. Quant au quatrième: l’Atharva Véda, c’est plutôt un traité de magie blanche ou noire. Certains ne le comptent pas dans la Sruti.

(Revue Énergie Vitale. No 11. Mai-Juin 1982)

Les philosophies orientales ont été longtemps ignorées en Occident. C’est seulement à la fin du XIXe siècle qu’un messager venu de l’Inde vint parler du Vedanta aux Occidentaux. Vivekananda, disciple préféré de Ramakrishna, fut le premier à exposer cette philosophie de manière accessible à un public non averti. Trop nombreux sont encore ceux qui ignorent la signification du mot Védanta.

Toute la tradition aryenne dont l’origine est si lointaine qu’il est impossible de la dater, est contenue dans le Véda. Véda est un mot sanscrit dont la racine VID signifie connaître

Véda : la Connaissance transcendantale. Cette connaissance a été reçue par les Rishis[1] qui, à l’époque du Satya Yuga[2] avaient la faculté de communiquer avec les plans supérieurs de conscience sans utiliser leurs cinq sens, faculté qui était appelée à se perdre au cours des âges.

La Sruti[3] était sacrée, sa transmission fut orale pendant des millénaires. Les Brahmanes[4], les deux fois nés, lorsqu’ils avaient reçu l’initiation, avaient une autorité considérable, les rituels dont ils étaient les exécutants, concouraient à la protection des lois régissant le cosmos en accord avec les divinités.

Vers l’an 2500-2000 avant J.C.  (ou 1800 selon les exégètes) une rédaction des Véda fut entreprise en langue sanscrite. D’après les textes qui nous sont parvenus, le premier Véda a été perdu. Ensuite, le plus ancien en date, fut le Rig Véda, il est essentiellement composé d’invocations et de prières. Le second : le Yajur Véda, contient les formules sacrificielles. Le troisième, le Sama Véda est un recueil des mélodies. Quant au quatrième: l’Atharva Véda, c’est plutôt un traité de magie blanche ou noire. Certains ne le comptent pas dans la Sruti.

Chaque Véda comporte trois parties :

1. Les Samhitas ou recueil d’hymnes et de prières

2. Les Brahmanas, rédigés en prose mentionnent les rites à observer pendant les sacrifices ou les cérémonies.

3. Les Aranyakas[5] enseignements ésotériques dits de la forêt, dont certains se trouvent également dans les Brahmanas.

Ces enseignements sont appelés Upanishads.

Upanishads se décompose en : upa : près de ; ni : déférence, dévouement ; shad : assis.

On peut évoquer le mot upasana qui lui est proche et qui signifie : méditation.

Upanishad peut se traduire par une périphrase : être dans la forêt, assis avec déférence auprès d’un ascète qui est un Guru[6].

Primitivement, les Upanishads étaient appelées Védanta.

VEDANTA[7] :

Anta signifie : fin, dans le sens d’ultime, cela concernerait les révélations ésotériques tenues secrètes par le maître jusqu’à ce que le disciple, s’il s’en est montré digne, mérite de les connaître lorsque son initiation s’achève.

Le Védanta est l’œuvre des Kshatrias (guerriers) il a été rédigé tardivement, entre le 8ème et le 2ème siècle avant J.C. Bouddha était aussi un Kshatria.

Il y aurait 200 à 250 Upanishads, mais selon la Muktika Upanishad, 108 auraient été retenues d’après un recensement que l’on trouve classique. Ont été écartées celles dont le caractère est sectaire[8].

Dans les six Darçanas : « points de vue », qui font partie des enseignements traditionnels l’Uttara Mimamsa est appelé également Védanta. La philosophie des Upanishads constitue le Védanta.

Parmi les plus célèbres commentateurs du Védanta on peut citer Shankara (7 ou 8ème siècle après J.C.) l’advaïtiste (croyance non duelle) ; Ramanuja le dualiste ; Nagarjuna le Bouddhiste athée… la liste est longue jusqu’à Sri Aurobindo.

La pensée védantique marque une avance sur les doctrines ritualistes des Brahmanes. Les Bouddhistes acceptent l’enseignement ésotérique du Védanta en l’interprétant à leur manière, car ils ne reconnaissent pas l’origine divine de la Sruti, Bouddha ayant gardé le silence lorsque la question lui fut posée. Ils ne croient pas à l’existence de l’Atman.

LA PHILOSOPHIE DE VEDANTA

Le monde de la multiplicité cache une réalité ultime et primordiale qui ne peut être saisie par nos cinq sens.

C’est dans le Védanta que la notion de Brahman apparaît. Le verbe BRH signifie : croître, jaillir. La création serait spontanée et continuelle et non pas la répétition des choses.

Brihaspati serait la Réalité Suprême. L’esprit évolue vers une notion de SAT ou de vérité par excellence. Si nous vivons dans le cosmos et non dans le chaos, c’est parce que Brahman dirige et décide.

Brahman est avant tout la Conscience selon la doctrine non dualiste (Advaitique). Atman, émanation de Brahman est la goutte dans l’océan infini de Brahman.

Cette doctrine a pris deux formes dans le Védanta :

1. une doctrine cosmique : immanence et transcendance de Brahman.

2. Nous vivons dans une ignorance primordiale. A la lumière nous découvrirons qu’il n’y a qu’une seule réalité : Brahman.

Le reste est MAYA qui serait plutôt magie qu’illusion.

L’ATMAN :

C’est en sanscrit un pronom réfléchi qui a été traduit avec plus ou moins de bonheur par : le SOI.

Ce mot est composé de Aham : je, et An : respiration, (du verbe atmen : respirer). Les psychologues orientaux ont quelques millénaires d’avance sur nous. En examinant les divers niveaux de conscience : veille, rêve, sommeil profond, ils ont découvert un état qu’ils appellent Turiya : le quatrième, celui-ci permet de connaître l’Atman qui est en chacun de nous.

Le Jiva (Jiv : vivre) est l’être vivant. C’est la présence de l’Atman pur dans le Jiva qui donne à l’être vivant la conscience du Soi, car l’étincelle de Brahman se trouve dans l’Atman caché dans le cœur.

Tat Twam Asi : Tu est cela dit le Vedantin.

Tu : c’est l’Atman, Cela : est Brahman ; en méditant sur le cœur tu trouves le Soi. Tel est le but de la vie.

Alors se connaît l’état de Sat Cit Ananda. Sat l’Être réel, Cit la Conscience pure Ananda la Béatitude infinie.

Bibliographie

Swami Siddheswarânanda, Quelques aspects de la philosophie védântique et La Méditation selon le yoga-vedânta (ces deux titres publiés chez A. Maisonneuve, Paris).

René Guénon, L’Homme et son devenir selon le vêdânta (éd. traditionnelles, Paris).

Olivier Lacombe, L’Absolu selon le Vedânta (éd. Geuthner)


[1] RISHIS : les voyants. Ceux qui ont la connaissance intuitive.

[2] YUGA : Selon la tradition védique, il existe quatre âges 1. Satya yuga ; 2. Treta Yuga ; 3 Dwipara Yuga ; 4. Kali yuga, Kali signigie noir. Nous sommes actuellement dans l’âge où les portes de l’intuition se sont refermées.

[3] SRUTI : Révélation (du verbe Sravana : entendre)

[4] BRAHMANES : la société aryenne était divisée en castes :

1° la caste théocratique : les Brahmanes (ne pas confondre avec BRAHMAN : l’Absolu)

2° la caste guerrière : Les Kshatrias 3° la caste des artisans : les Vaishyas

4° la caste des travailleurs manuels : Les Shudras.

[5] ARANYAKA : ascète. Ceux qui, au troisième âge de la vie, 50 ans, se sont retirés dans la forêt pour méditer.

[6] GURU : le Maître qui vous éclaire.

[7] Le VÉDANTA : ne figure pas au programme des études secondaires. On peut être agrégé de philosophie sans même connaître la signification du mot Védanta.

[8] 108 est un nombre sacré. Il représente Brahman.