swami Sivananda Hridayananda (mataji)
Yamas et niyama(s)

Selon mon Maître, le meilleur silence, c’est de choisir un jour ou une heure et décider de ne dire pendant cette période que ce qui est nécessaire. Ainsi, avant de parler posez-vous la question de savoir si vous pouvez vous passer de ce que vous allez dire et vous constaterez que beaucoup de ces choses sont inutiles. Cela vous aidera à développer votre volonté et, de plus, parler est une perte d’énergie. Garder cette énergie vous aidera pour la méditation. Le mental est moins agité, il y a conservation de l’énergie et cela vous aide à méditer.

Le numéro 205 de la revue Panharmonie, où se trouve la première partie du texte,  est manquant. Cette 2e partie est tout à fait compréhensible par elle-même…

(Revue Panharmonie. No 206. Avril 1986)

Entretien donné les 6 et 7 Juin 1981 Ouzouer sur Loire

(Suite)

2. — NIYAMA(S)

Pour les niyama(s) il y a aussi cinq aspects :

— La Propreté, la Pureté : SAUÇA.

— Le Contentement : SAMA.

— L’Austérité : TAPAS.

— L’Étude, la Lecture des Ecritures qui se rapportent au Soi: SVADHYAYA.

— L’Abandon à Dieu, c’est-à-dire s’abandonner au Pouvoir Divin : ISVARAPRANIDHANA.

La Propreté, la Pureté : aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Le corps doit être gardé parfaitement propre, c’est-à-dire qu’il faut se laver tous les jours, prendre une douche, etc. En effet, dans notre corps il y a normalement un certain nombre de bactéries. Si vous faites un prélèvement de l’œil et que vous l’examiniez, vous y trouverez des bactéries. Si nous ne nous lavons pas, ces bactéries se multiplient et peuvent causer des maladies. Si vous laissez se multiplier ces bactéries et que, également pendant la journée, vous êtes en contact avec des gens qui peuvent vous transmettre des maladies, des infections, votre attention en sera détournée, car vous savez que quand on a mal, ne serait-ce qu’au petit orteil, cela dérange et empêche de rester assis pour méditer.

Lorsqu’on est plus avancé il est possible de supporter tout cela jusqu’à un certain point, mais vous constaterez que c’est très difficile pour les débutants. C’est la raison pour laquelle le corps doit être maintenu dans un état de propreté parfaite. Car, comme je vous l’ai déjà dit, le corps et le mental sont tout-à-fait identiques. C’est la même énergie dont l’aspect le plus grossier, le plus dense, forme le corps, et l’aspect le plus subtil forme le mental. Par conséquent si l’un n’est pas en bonne santé, l’autre n’est pas en bonne santé non plus.

Mais beaucoup plus important que la propreté extérieure est la propreté intérieure, la pureté intérieure. La pureté intérieure se présente à deux niveaux : D’abord tous les organes intérieurs doivent être propres, les intestins, les poumons… Il y a certains kryas qui ont pour but de nettoyer l’intérieur du corps. Cela peut être nécessaire pour certaines personnes, mais encore beaucoup plus importante est la propreté, la pureté mentale.

En fait, toute maladie quelle qu’elle soit, a son origine dans le mental. Si le mental est agité par manque de repos, par surmenage ou pour toute autre raison, la distribution du prana en sera troublée. Or, c’est le prana qui est responsable de la bonne santé de toutes les cellules du corps. Si vous n’avez pas assez de prana les cellules perdront leur résistance et deviendront des proies faciles pour l’infection. Parfois, aussi elles peuvent se développer anarchiquement car, chaque fois que le mental est agité, ceka agite le prana. Il faut faire très attention à cela, il faut se reposer suffisamment, avoir un régime alimentaire convenable, dormir suffisamment. Car ce n’est pas seulement des excitations que peut pâtir le prana, mais aussi si nous négligeons tout cela. Il existe l’expression « être très bas », quand on est malade, cela signifie par exemple que vous vous êtes surmenée et que la distribution de prana a été troublée.

Nous devons faire très attention au corps et au mental et vous savez certainement que depuis quelque temps on prend des photographies selon le procédé « Kirlian » et, que sur ces photographies, on peut voir les modifications de l’aura selon les agitations du mental. L’aura peut se rétrécir, peut devenir irrégulière dans sa forme ou sembler cassée en certains endroits. Si vous avez un sentiment de colère, un sentiment de jalousie, ou n’importe lequel, votre aura en sera modifiée. Il faut donc faire très attention et surveiller son mental. Un étudiant en yoga doit savoir ce qui se passe dans son mental. Si vous aspirez sincèrement à la paix, si vous aspirez à l’équilibre et que vous sachiez que ce genre de passion ou d’émotion, telles que la colère, etc. peuvent agiter votre mental et tout compromettre, le simple fait que vous le sachiez peut vous aider à surmonter ces sentiments ou ces passions. Par contre, si vous n’en êtes pas conscients, tout cela continuera jusqu’à un moment où votre équilibre sera sérieusement compromis.

Nous arrivons au Contentement : Dans quel état se trouve votre mental si vous êtes insatisfaits ? On peut dire que personne ne peut avoir tout ce que les autres ont. Il est impossible d’avoir les capacités, l’intelligence, la richesse matérielle, la beauté, la force physique… Tout cela varie avec les gens et il ne sert à rien de se comparer aux autres.

Il ne faut jamais faire des efforts désespérés pour devenir comme son voisin. Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’agir de notre mieux selon les moyens dont nous disposons et de ne pas essayer d’obtenir les biens matériels et les richesses matérielles que possèdent les autres. En effet, selon les gens la fortune varie et donc également leurs possibilités matérielles. Ce qu’un autre peut avoir, vous, vous ne devez pas l’avoir nécessairement. Si vous vous débattez pour obtenir ce que vous ne pouvez avoir, cela peut vous amener à agir de façon incorrecte et ainsi vous pouvez accumuler des richesses d’une manière déplaisante et cela créera une agitation de votre esprit et peut aussi créer un mauvais karma, par conséquent un obstacle au calme de votre esprit.

Ainsi chacun doit apprendre à vivre selon ses moyens. Mais naturellement cela ne vous empêche pas d’essayer d’améliorer votre condition de vie et de vous rendre satisfait de ce que vous avez.

Cela est très important dans la vie spirituelle. Beaucoup de gens se sont créé des ennuis parce qu’ils ont essayé d’avoir ce qu’ils ne pouvaient pas avoir. Très probablement, pour ce faire, ils se sont surmenés, ils ont essayé de gagner davantage en prenant un travail supplémentaire à côté de celui qu’ils avaient déjà ou en faisant des heures supplémentaires. Cela fatigue et empêche de dormir et par conséquent votre résistance s’amoindrit et vous vous agitez, vous êtes nerveux pour des choses sans importance. Faites donc très attention au calme de votre mental, afin de pouvoir entrer en méditation.

L’Austérité, l’Ascèse : « Austérité » ne veut pas dire que l’on doive tout abandonner. Souvent on croit qu’austérité signifie ne rien posséder. A ce moment là tous les mendiants seraient des êtres très avancés spirituellement, parce qu’ils ne possèdent rien ! Ce n’est pas cela que l’on veut dire par austérité ou renoncement spirituel. Ce qui est nécessaire à certaines personnes peut varier, ce qui dans un pays semble être un luxe est dans d’autres parfaitement naturel. Néanmoins essayez de ne pas accumuler trop de luxe, sinon votre mental ne sera pas en paix.

Il y a par exemple beaucoup de gens qui ne veulent pas s’absenter de chez eux de peur d’être volés„ car ils possèdent trop de choses précieuses. Et s’ils partent en vacances, ils se demandent tout le temps si leur maison n’est pas en train d’être cambriolée !

Et d’autre part, et plus que tout, ne jeunez pas trop et ne vous forcez pas trop à passer des nuits blanches. En effet, au nom de l’austérité il y a des gens qui jeûnent pendant des jours et des jours. Or selon les gens la capacité de jeûner varie. Si vous avez l’exemple de quelqu’un qui a jeuné pendant dix jours et que vous vouliez l’imiter, cela peut très bien ne pas vous convenir.

Jeûner modérément est bon pour plusieurs raisons : Premièrement cela repose le système digestif. On peut le faire une fois par semaine ou deux fois par mois ou une fois par mois, selon vos possibilités. Vous pouvez faire un jeûne strict sans rien prendre du tout, mais si cela vous paraît trop difficile, vous pouvez boire des jus de fruits et si cela paraît encore trop difficile, prenez des fruits, des noisettes, etc.

Tout cela doit être fait pour conserver l’équilibre psychologique. Mais si vous jeûnez et que pendant votre jeûne vous ne faites que penser à la nourriture que vous prendrez le lendemain ou deux jours plus tard, cela ne sera certainement pas très bon.

Observer le silence est également un acte d’austérité. Il y a des gens qui font le vœu de ne pas parler pendant des années. On peut, bien sûr, par un acte de la volonté, garder la bouche fermée, mais est-ce cela le véritable silence ? Pendant que vous ne parlez pas votre mental peut être sans cesse actif et très souvent ces gens qui ont fait vœu de silence, passent leur temps à écrire ou alors ils font avec leurs mains toutes sortes de signes ! Cela n’est pas du tout du silence ! Écrire prend du temps et davantage encore de s’exprimer par des gestes. Ainsi que mon Maître Sivananda avait l’habitude de raconter : Il y avait un homme qui avait décidé qu’il ne parlerait plus que par gestes. Il va dans un village en Inde, il a très soif et il voudrait avoir une tasse de lait. Il fait alors le geste de boire et la femme qui est là lui apporte un verre d’eau. Mais il fait le geste qui signifie « non », et il montre le mur blanc. La femme ne comprend pas et comme il a très soif, il commence à s’énerver. Puis il fait le geste de traire une vache et la femme apporte un verre de lait. Mais ce verre était petit et il voulait un grand verre. Il le fait encore comprendre par geste. Alors Swami Sivananda concluait : « C’était si simple de dire : je veux un grand verre de lait ! » Ce genre d’austérité est donc stupide !

Par contre, beaucoup de gens ont des « diarrhées verbales », ils ne peuvent s’arrêter de parler ! Pour ce genre de personnes il est bon d’observer le silence par exemple une heure par jour, ou quelques heures par semaine ou un jour par semaine. Mais il faut le faire de façon correcte, c’est-à-dire essayer de garder le silence et un mental silencieux en même temps. C’est très difficile au début de garder un mental silencieux !

Donc, pendant l’heure de silence, essayez d’occuper votre esprit en lisant quelque chose de sérieux ou en écoutant de la musique qui vous inspire et, autant que possible ne laissez pas votre mental vagabonder dans tous les sens. Et, même si vous observez ce genre de silence et que survient quelque chose d’urgent, par exemple s’il se produit un accident devant votre maison et que l’on ait besoin de votre aide, que l’accidenté perde son sang et que vous ayez ce qu’il faut pour intervenir ; si vous ne faites rien parce que vous observez le silence, vous pouvez vous imaginer quel karma vous vous fabriquez ! Il faut absolument aider cette personne.

Selon mon Maître, le meilleur silence, c’est de choisir un jour ou une heure et décider de ne dire pendant cette période que ce qui est nécessaire. Ainsi, avant de parler posez-vous la question de savoir si vous pouvez vous passer de ce que vous allez dire et vous constaterez que beaucoup de ces choses sont inutiles. Cela vous aidera à développer votre volonté et, de plus, parler est une perte d’énergie. Garder cette énergie vous aidera pour la méditation. Le mental est moins agité, il y a conservation de l’énergie et cela vous aide à méditer.

L’Étude des Écritures qui décrivent le Soi : Vous êtes, pendant la journée exposés à toutes sortes de vibrations négatives, dans le métro, dans l’autobus, au bureau et même parmi ceux que l’on appelle des amis. Ils parlent sans arrêt de choses inutiles et essayent de vous convaincre que la vie des sens est plus merveilleuse que la voie du yoga et ils vous font croire qu’on ne peut être plus heureux qu’ils ne le sont et cela peut vous décourager. Vous pouvez être envahis par des doutes et vous vous demandez si vous n’avez pas tort d’aller à vos leçons de yoga pendant que les autres vont s’amuser à danser, à écouter de la musique, etc. Et, peu à peu, vous pouvez vous détourner du yoga.

Or si vous lisez au moins une page d’un livre qui vous inspire, vos pensées négatives qui vous viennent à l’esprit pourront être neutralisées et cela vous rappellera sans cesse ce que vous êtes et pourquoi vous avez des problèmes, pourquoi vous êtes malheureux, pourquoi il y a toutes ces difficultés. Tous les problèmes, tous les conflits, tout cela se situe au niveau du mental. Au-delà du mental, dans ce merveilleux état de Conscience Absolue, tout est perfection. Or la plupart des gens ignorent qu’il existe un tel état de Conscience. Donc lisez des livres et plus particulièrement des livres qui ont été écrits par des saints, des êtres réalisés, car ceux-ci ont écrit ces livres d’après leur inspiration et leur expérience propre et non pas d’après d’autres livres. La force spirituelle, la force de leur âme pénètrera en vous et cela vous aidera à continuer la pratique du yoga dans un esprit juste. Bien sûr lire des livres, mais aussi se rendre à des satsangs, à des méditations collectives ou bien écouter, lorsqu’il y a un être évolué qui vous parle, tout cela en fait partie. Si vous écoutez des causeries sur des sujets élevés ou de la musique, ou des chants, votre esprit se calmera automatiquement. Pourquoi ?

Parce que dans de tels groupes il y a des vibrations satviques qui sont créées, c’est-à-dire que ce sont les énergies subtiles qui se manifestent à ce moment-là. Tandis que l’agitation est l’effet d’une énergie plus dense qui s’appelle Rajas. Or cette énergie subtile, satvique, a le pouvoir de transformer l’énergie rajasique en énergie plus subtile. C’est ainsi que vous pourrez obtenir la paix de l’esprit et que vous pourrez entrer en méditation.

L’Abandon au Pouvoir Cosmique : Cela est très important et la plupart des gens l’ont oublié ! On pense en général que plus quelqu’un est égoïste et pense à lui, plus il réussira et sera en vue. L’ego est le facteur de la division qui nous fait penser que nous sommes tous différents les uns des autres. En fait il n’existe qu’un seul état de Conscience Infinie et dans cet état de conscience chacun crée un tourbillon à cause de ses émotions, de ses désirs, de ses pensées et chaque tourbillon se met à croire qu’il est différent du tourbillon voisin.

Par exemple, prenez un endroit où il y a une eau calme. Vous ne pouvez voir qu’une seule eau. S’il y a au bord de l’eau plusieurs personnes qui, avec un bâton, agitent l’eau, vous pourrez compter dans cette eau unique, un certain nombre de tourbillons. Mais, en fait, les tourbillons sont-ils différents les uns des autres ? Est-ce que le tourbillon lui-même n’est pas composé de la même eau ? Seule une situation créée artificiellement a produit ce tourbillon et, à un niveau plus profond, il y a continuité de l’eau. Car ce n’est qu’à un niveau superficiel que l’on peut compter les tourbillons, à un niveau plus profond, il n’y a qu’une seule eau.

C’est exactement ce qu’est notre situation, il n’y a qu’une seule conscience, la Conscience Infinie. Et dans cette Conscience Infinie nous créons des tourbillons et chaque tourbillon c’est l’ego et chaque ego pense qu’il est différent de l’autre et oublie qu’au fond, essentiellement, il y a une continuité entre les uns et les autres. Cet ego par lui-même ne peut rien faire, car il est aussi un aspect de cette Conscience.

Le corps n’a pas de continuité propre : quand nous nous endormons en état de sommeil profond, nous ne sommes pas du tout conscients de notre corps. Le prana est retiré du corps et le corps ressemble tout-à-fait à un cadavre. Si vous soulevez une main, elle retombera inerte. De même le mental ne fonctionne pas, pas plus que les organes des sens. La conscience est donc retirée de tout cela, le mental par lui-même n’a pas de conscience, c’est pourquoi dans l’état de sommeil profond, vous constatez qu’il ne fonctionne pas. Il y a seulement infimes oscillations du mental. Tout tire sa force de la Conscience Infinie, par soi-même il n’y a pas de conscience, son pouvoir vient de l’Absolu.

Vous conduisez une voiture, vous êtes très bon chauffeur et vous vous dites : « Cela va me prendre une demi-heure pour arriver à tel endroit ». Puis tout à coup vous avez une attaque, vous n’avez plus conscience, la main se paralyse, la voiture s’échappe, il y a un accident et c’est terminé ! Très récemment nous avons eu autour de nous un incident de ce genre. Ainsi, premièrement, seuls nous ne pouvons rien faire. Je me demande combien de gens se rendent compte de cela ! Je ne dis pas que nous ne pouvons rien faire, je dis que tous seuls nous ne le pouvons pas.

Nous sommes comme des instruments entre les mains de ce Pouvoir qui nous fait agir et si nous sommes en harmonie avec ce Pouvoir, nous constatons que tout devient facile. Mais si nous nous mettons à agir en pensant que c’est nous qui agissons, à ce moment-là nous ne pouvons plus être en harmonie avec cette Force et c’est alors que commencent les problèmes et que nous créons des problèmes avec toutes les actions que nous entreprenons.

Je crois qu’il faut que j’insiste un peu là-dessus, la création elle-même est une action. Cette action est partie de la Source Ultime et, à ce niveau ultime, toute action est pour le bien de tous, c’est-à-dire que l’ultime ne fait pas de distinction entre les uns et les autres.

Donc, il faut accomplir un certain nombre d’actions, chacun selon son karma et même au début avant son karma. Tout cela dans l’intention du bien de tous. Mais l’homme s’est mis à penser qu’il devait agir seulement pour son bien propre, sans se soucier de ce qui arriverait aux autres. « Pour mon bénéfice propre, dit l’homme, je vais faire n’importe quoi, même si cela écrase les autres ! » L’action dénuée de tout égoïsme à un niveau ultime a été transformée en action égoïste et c’est cela que je veux dire quand je dis que l’on n’est plus en harmonie avec le Pouvoir Ultime quand on agit de cette façon-là.

Et puisque c’est ce Pouvoir qui nous fait accomplir cette action, il en connaît le résultat, car par vous-même vous ne pouvez pas obtenir le résultat que vous désirez obtenir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de faire le mieux possible ce que nous avons à faire, afin d’obtenir le résultat donné. Même si vous êtes l’être le plus intelligent qui soit ou que vous soyez le chirurgien le plus habile qui soit, le chirurgien peut se tromper et le patient peut mourir !

La chose la plus importante c’est d’être en unisson avec cette Force. C’est-à-dire avoir une attitude de soumission, mais celle-ci ne doit pas être seulement mentale. Si vous avez compris tout cela correctement, c’est-à-dire que, si vous n’êtes pas en harmonie avec cette Force, vos actions ne peuvent pas produire les résultats corrects. Ce n’est qu’en essayant de maintenir votre mental en état de silence au moment où vous agissez, c’est seulement dans le silence, que vous pouvez être en unisson avec cette Force.

Comment accomplissons-nous des actions ? Nous décidons que nous devons obtenir tel ou tel résultat. Nous sommes alors anxieux, nerveux, parce que nous avons peur de ne pas réussir, nous pensons à des échecs passés et notre mental va du passé vers l’avenir. Or, comme je vous l’ai dit, chaque pensée est une perte d’énergie et, pour que l’action que vous entreprenez ait un résultat correct, toute l’énergie dont vous disposez, doit être concentrée dans cette action. Là, au contraire, vous gaspillez votre énergie en pensant au passé, à l’avenir, si bien que vous ne disposez plus de la quantité d’énergie nécessaire pour l’accomplissement de votre action. Gardant votre mental dans un état d’agitation, vous vous coupez entièrement de la Conscience Ultime, vous n’êtes plus du tout en harmonie avec elle et vous constatez que non seulement vous ne pouvez pas obtenir le résultat souhaité, mais que vous commettez des erreurs et que vous êtes fatigué. Nous devons avoir bien conscience qu’il y a une Force qui contrôle nos mouvements et quelle que soit l’œuvre ou l’action que nous accomplissons, nous devons nous absorber complètement dans cette action. Car lorsque nous nous absorbons complètement en elle, toutes les énergies dispersées se focalisent et le mental devient silencieux.

A ce moment là vous êtes en harmonie avec cette Force Ultime et vous pouvez utiliser au maximum toutes vos capacités. Il faut que vous fassiez tout ce que vous pouvez et que vous laissiez le résultat s’accomplir. En plus, il faut comprendre que ce que vous croyez être bon pour vous, ne l’est peut-être pas. Avec un intellect limité il est impossible de savoir ce qui est vraiment bon pour nous. En général nous ne pensons qu’au gain immédiat et aux plaisirs immédiats. Mais cette Force Cosmique, elle, sait ce qui doit être fait. Cela peut ne pas être agréable pour le moment, mais cela sera pour votre bien.

Vous allez, par exemple dans un autre pays parce que vous avez une affaire à y traiter. Vous réservez votre place au plus tôt, vous prenez une voiture avec le meilleur chauffeur et vous partez de chez vous bien plus tôt que d’habitude pour aller à l’aéroport prendre votre avion. Mais pouvez-vous être absolument sûr d’arriver à temps à l’aéroport. Par la faute de quelqu’un qui ne fait pas attention, vous pouvez avoir un accident. Vous faites les formalités de police, le temps passe. Malgré les précautions que vous avez prises vous arrivez trop tard à l’aéroport et vous ratez l’avion ! A ce moment là vous êtes si furieux que vous dites : « Il n’y a pas de Dieu, ce n’est pas possible », tellement vous êtes déçu d’avoir manqué cette affaire. C’est dans cet état-là que vous rentrez vous coucher et dormir. Le lendemain matin vous mettez la radio pour écouter les nouvelles et vous entendez que l’avion que vous deviez prendre s’est écrasé et qu’il n’y a pas de rescapés. Alors vous vous dites que vous avez eu beaucoup de chance et que c’est par la grâce de Dieu que vous êtes encore en vie !

C’est comme cela que tout se fait dans la vie et c’est cela qui nous fait dire qu’il faut avoir une attitude de soumission vis-à-vis du Pouvoir Cosmique, qu’il faut faire tout au mieux de nos capacités, s’absorber complètement dans ce que nous entreprenons et accepter le résultat quel qu’il soit, avec la conviction que cette Force sait ce qui est bon pour nous. Voilà ce que l’on appelle l’abandon au Pouvoir Cosmique.

A ce moment là vous constaterez que votre mental est tout-à-fait calme. Ainsi si pendant que vous accomplissez une action votre mental est calme même si le résultat n’est pas celui que vous espériez, et que malgré cela vous restez calme ; un tel mental peut facilement entrer en méditation. En plus vous constaterez que vous réussissez dans tout ce que vous entreprenez.

Question : Est-ce que ce n’est pas être passif que d’accepter tout ce qui nous arrive ?

Réponse : Non ! Je n’ai jamais dit que vous restiez assis sans rien faire et acceptiez. Vous devez essayer d’améliorer votre situation d’une manière normale. Ce n’est pas en vous agitant, ni en vous débattant que vous arriverez à quelque chose. Vous n’obtiendrez quelque chose que si vous êtes calme et faites les efforts corrects.

Question : Vous expliquez les maladies par un défaut du mental, vous donnez le mental comme origine des maladies. Mais dans le cas d’un petit enfant, que se passe-t-il ?

Mataji : Un enfant ne vient pas au monde avec un mental innocent, pur, comme nous l’imaginons. Il vient au monde avec toutes les empreintes des vies passées. L’unique différence, c’est que chez un tout petit enfant, c’est que les impressions n’ont pas commencé à fonctionner. Dans ce cas là on peut dire que l’enfant est pur, mais d’un point de vue ultime l’enfant n’est pas pur, parce qu’il a toutes les empreintes des actions qu’il a accomplies dans ses vies précédentes.

Question : On dit que certaines maladies sont karmique et d’autres ne le sont pas. Qu’en pensez-vous ?

Mataji : Oui, si vous avez une maladie et que vous essayez de la guérir par des remèdes normaux et que vous n’arrivez pas à la guérir, vous devez alors comprendre que c’est une maladie karmique. Cela ne sert à rien de courir dans tous les sens pour essayer de guérir cette maladie-là. Vous pouvez être dans les mains des meilleurs chirurgiens, consulter d’autres médecins, et le malade ne guérit pas. Parce que c’est une maladie karmique. C’est pourquoi je dis : essayer les méthodes normales, consulter les meilleurs médecins, peut parfois faire empirer la condition du malade. Si vous continuez à consulter à tort et à travers et que vous utilisiez des remèdes différents qui se contredisent.

Question : Il me semble que le doute n’est pas nécessairement négatif qu’il peut être nécessaire au cheminement personnel ?

Mataji : Bien sûr ! Vous pouvez avoir des doutes, mais si vous ne faites que douter, vous ne faites à ce moment-là qu’une gymnastique intellectuelle et cela ne vous mènera nulle part.

Par exemple vous venez m’écouter pour la première fois et je vous dis qu’il y a un état de Conscience Ultime et que la nature de cette Conscience, c’est la paix. Vous ne la connaissez pas, donc vous doutez. Vous dites : « Je ne crois pas cela ».  Vous avez raison de douter ! Mais c’est de mon devoir de vous donner des faits pour vous convaincre dans la mesure où je pourrai le faire. Il y a certaines choses qui ne peuvent pas être mises dans les éprouvettes comme pour les expériences scientifiques et qui ne peuvent pas être montrées. Si je vous dis qu’il existe une telle Conscience, vous pouvez me répondre que vous ne connaissez pas cette Conscience, et que vous ne me croyez pas. A ce moment-là je vous dis « est-ce qu’il vous arrive de dormir, d’être dans l’état de sommeil profond, est-ce que pendant la journée il vous est arrivé toutes sortes d’ennuis, est-ce qu’il vous est arrivé d’aller vous coucher dans un état de désespoir, dans un état de très grande agitation mais, lorsque vous vous êtes trouvé dans l’état de sommeil profond, n’avez-vous pas été en paix ? » Vous me répondez alors : « Je ne sais pas, je ne sais pas ce qui m’est arrivé pendant que je dormais ». Puis je vous dis encore : « Le matin, quand vous vous réveillez, si quelqu’un vous demande si vous avez bien dormi et que vous avez en effet bien dormi, vous lui répondez : « merveilleusement bien ! » Qui alors a répondu à cette question ? Donc il y a le souvenir de l’expérience que vous avez eue, sinon vous n’auriez pas donné cette réponse positive. Vous auriez répondu : « Je ne sais pas ! » Mais vous donnez une réponse affirmative.

Pendant le sommeil votre corps physique, les organes des sens et votre mental ne fonctionnent pas et vous ne faites pas l’expérience d’un problème ou d’une peine quelle qu’elle soit. Vous n’étiez pas mort, pendant que vous dormiez vous étiez vivant. Donc, même pendant que votre corps, que votre intellect et vos sens ne fonctionnent pas, vous existez et dans cette existence vous êtes plein de paix. Et lorsque vous vous réveillez le matin, vous vous souvenez d’un état très agréable.

Cela montre qu’il y a un état de conscience au-delà du corps, des sens et du mental, et la nature de cette conscience, c’est la paix. Vous pouvez me dire que cela ne se produit que pendant que vous dormez et qu’au réveil cette conscience n’est plus là. Mais pour que vous ayez pu donner une réponse affirmative à la question qui vous était posée, il a bien fallu qu’il y ait une continuité de conscience. Vous savez que vous êtes réveillé et que la veille vous avez eu toutes sortes de soucis et de problèmes. Vous savez que vous avez dormi dans un état de très grande paix et vous savez que vous êtes à nouveau éveillé et que vos problèmes sont revenus. Il y a donc un état de conscience qui a été le témoin de ces différents états. C’est de cette façon que j’essaye d’éclaircir vos doutes ! Si vous continuez sans cesse à douter, il n’y aura jamais de fin. Je ne peux pas vous montrer cette conscience, mais vous devez, vous pouvez devenir conscient de cela en continuant le yoga et en en ayant l’expérience vous-même.