N°119 - Les corps subtils

N°119 - Printemps 2016 - Les corps subtils - Lionel Cruzille, Dominique Vincent, Alain Boudet, Man-Yan-Hor, Richard Boyer, Ke-Wen & Dominique Casaÿs, Association A. K., Dominique Schmidt, Dr. Wertenbaker, Welleda Muller, Ekkachai Khemkum, Anna Guégan, N. Céliolisa

NUM119
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N° 119   -   Printemps 2016

Thème :  Les corps subtils

 

Sommaire

 

3e millénaire : Le fil d'Ariane vers les corps subtils
3e millénaire : Les corps subtils : mythe ou réalité ?
Lionel Cruzille : Transformation de soi, l'énergie du chemin spirituel
Dominique Vincent : Le corps humain, microcosme et macrocosme - la vision du tantra
Alain Boudet : Chakras et corps subtils
Man-Yan-Hor : La kundalini - le petit circuit céleste
Richard Boyer : Le Serpent des Profondeurs
Ke-Wen & Dominique Casaÿs : La Floraison de la joie
Association A. K. : Gavr'inis, la géométrie sacrée des menhirs
Dominique Schmidt : Le Mystère de l'Être
Dr. Wertenbaker    : La matérialité de l'âme
Rubriques :
Méditation: Eléments de méditation - les corps subtils dans l'organisme physique
Psychologie transpersonnelle dans l'Art par Welleda Muller :
De l'âme/esprit antique au vécu du corps énergétique contemporain
Les quatre corps : une œuvre de Léonard de Vinci
Portfolio :
Photographies de Ekkachai Khemkum
Bd :
Anna Guégan : Encre invisible
N. Céliolisa : Des accords de corps

Fil d'ariane : Les corps subtils


Au prime abord, il nous paraît indispensable de faire une vraie mise au point sur l'existence des « corps subtils ». Depuis Platon, l'immortalité se présente avant tout comme une possibilité et non comme un fait existentiel. Dans le Timée, Platon souligne qu'en s'identifiant constamment aux mouvements émotionnels et instinctifs, nos pensées, elles-mêmes, « deviennent nécessairement mortelles » pour qu'enfin, « rien ne demeure en nous que de mortel » [1]. L'immortalité consiste alors à développer « principalement la capacité de penser aux choses immortelles et divines » ainsi qu'à « entretenir toujours en bon état le Dieu qui habite en nous » affirme le philosophe. Cette conception fondamentale de la spiritualité du troisième millénaire – qui deviendra toujours plus une alternative au matérialisme aveugle et à la spiritualité naïve – a autant été reprise par Rudolf Steiner que par G.I. Gurdjieff.
Steiner constate que « la pensée moderne si extraordinairement développée aujourd'hui n'est effectivement qu'une pensée cérébrale, comme le déclare le matérialisme », il précise que « de ce fait, cette humanité risque beaucoup, non seulement de ne plus rien comprendre à l'immortalité, mais encore de la perdre » [2]. Il va sans dire ici, que les corps supérieurs sont totalement inconscients, tant que nous n'avons pas l'expérience en nous, d'« un deuxième homme », soit la conscience d'« un corps éthérique » porteur de pensées vivantes.
Pour Gurdjieff, l'immortalité n'est qu'une possibilité dans la mesure où un premier corps subtil n'a pas été créé par l'alchimie intérieure d'un « travail » sur « la réception des impressions » et l'observation des « émotions négatives ». Toutefois, à la question de savoir si « l'homme est immortel ou non », Gurdjieff répond « à la fois oui et non » car « cela ne peut être fait de manière pleinement satisfaisante avec les éléments que la science et la langue ordinaire mettent à notre disposition » [3].
Au cours du XXe siècle, la physique quantique a tant bouleversé nos conceptions de la matière, que la réalité ou la création d'un corps subtil pourrait très bien être conçue “matériellement”. C'est ainsi que le Dr Christian Wertenbaker envisage la « matérialité de l'âme » ou du « corps astral » en termes de plasma. Dominique Casaÿs nous rappelle d'ailleurs que « dans la pensée chinoise, il n'y a pas de séparation entre le matériel et l'immatériel. La même énergie va du plus dense qui est le corps physique, au plus subtil qui est fait du psychisme, de l'âme, de l'esprit, de la spiritualité ».

Multiplicité des corps subtils

L'organisme physique, sous ses multiples manifestations solides, liquides, gazeuses et caloriques, est porteur de plusieurs corps subtils hiérarchiquement emboîtés tournés autant vers le corps physique que vers les dimensions de l'Esprit. Alain Boudet nous présente l'historique de la notion de corps subtils ainsi que les différents systèmes issus de traditions et de témoignages d'hier et d'aujourd'hui ; il en montre les convergences, justifiant leur réalité.
Welleda Muller, à la croisée de l'histoire de l'art et de la psychologie transpersonnelle, montre combien, depuis l'antiquité, les représentations de l'âme et de l'esprit indiquent l'existence d'une perception suprasensible de corps subtils.

Éveil et kundalini

Parmi les “organes” subtils, la kundalini permet à une énergie insoupçonnée de se manifester. « Elle est totalement liée à l'énergie de l'éveil » nous dit Man-Yan Hor, sans nécessairement participer à l'Éveil de la conscience. En effet, si les écoles tantriques visent à faire monter la kundalini « de centre en centre, Sri Aurobindo recommande à ses disciples de ne pas provoquer cet éveil mais de laisser la Force divine agir d'elle-même au moment opportun », fait remarquer Dominique Schmidt qui précise que c'est dans la « phase de descente que les chakras s'ouvrent d'eux-mêmes, sans danger, en l'individu ». Suite à son témoignage, Richard Boyer propose un exercice sur cette phase de descente.
Rudolf Steiner préconise également une descente progressive de la conscience à travers les « roues subtiles » – présentées ici par Dominique Vincent. Si les expériences sont variées, en dehors de tout jugement de valeur, la connaissance de soi, par une observation directe est requise dans toute démarche spirituelle. Dans cette perspective, souligne Ke Wen, « s'il y a un grand message à donner, c'est de ramener la conscience dans le corps ».

Un « travail » indispensable

Le terme de « travail » est peut-être mal choisi dans la mesure où, contrairement à la mécanique, il ne s'agit pas ici de consommer de l'énergie mais bien plutôt de ne plus (ou de moins) en dissiper. Au tout début de son célèbre traité sur le Yoga, c'est ce qu'indique Patanjali en disant que « le Yoga [l'Union ultime] est la cessation des modifications du mental » que notre ami Jean Bouchart d'Orval traduit par « cessation de la fragmentation mentale » [4]. Cette idée implique évidemment ce que J. Krishnamurti et David Bohm appelaient « l'abolition du temps » [5].
Le « travail de purification » alors, s'il en est, « est toujours la Vigilance ». Ce que développe Lionel Cruzille qui souligne judicieusement qu'« avant la “non-dualité”, il nous faut travailler avec la vraie dualité ». Dans un « travail », Dominique Vincent nous précise que « l'observation choisie et consciente que vous faites de vos sensations, de vos émotions et de vos pensées les transforme profondément ».
Alain Boudet préconise aussi de « s'entraîner à porter une attention de plus en plus fine à ses sensations corporelles : la respiration ; les petits mouvements du corps… Tout simplement. Mais qui prend vraiment le temps de le faire ? » ajoute-t-il…
La « pratique », déclare Dominique Casaÿs, c'est aussi celle de la « joie » qui « vient du raffinement de nos énergies » car « plus on va vers des énergies raffinées et plus grande est la stabilité ».
Une création comme celle de Gavrinis a incontestablement participé aux déploiements d'énergies nécessaires à l'élaboration de corps subtils. Nicole et François Cerf, Yannick Guimond et Alain Kremski témoignent de « la nourriture d'impression », qu'en état d'attention libératrice il est possible de recevoir d'un tel édifice, consacré à l'« initiation individuelle ». D'ailleurs, « dans Gavrinis, on sent que le travail qui s'est effectué là est resté marqué, comme si une énergie y était accumulée ».

Notes

[1] - Platon, Timée, 90 b-c, Les Belles Lettres, 1985, p. 89.
[2] - Voir, par exemple, Rudolf Steiner, Les forces formatrices et leur métamorphose. Harmonies et antagonismes (1921), E.A.R., 1989, pp. 62-65.
[3] - G.I. Gurdjieff, extrait d'un entretien de 1916, Ouspensky, Fragment d'un enseignement inconnu, Stock, pp. 139-140.
[4] - Jean Bouchart d'Orval, Patanjali. La maturité de la joie, Éd. du Relié, 1999, p. 34.
[5] - J. Krishnamurti & David Bohm, Le temps aboli, du Rocher 1989, Alphée 2006.

 

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