Robert Linssen : Le "Tout" et les parties

Il semble à priori contradictoire d’opposer le tout à ses parties. C’est pourtant à notre optique « partielle » du monde que sont dues toutes nos erreurs et nos souffrances. Krishnamurti et le Zen nous présentent fréquemment l’activité mentale de l’homme comme une fonction d’isolement. Nous nous proposons de montrer, au cours des lignes qui suivent, comment cette fonction d’isolement est génératrice de tous nos problèmes. Elle est l’expression de l’avidité fondamentale du « moi » qui cherche à s’éprouver en tant que réalité distincte de l’Univers.

Robert Linssen : La pratique Spirituelle

Les enseignements spirituels les plus dépouillés, tels ceux de Krishnamurti, du bouddhisme Ch’an ou du zen, nous demandent d’accorder une grande attention au cours de toutes les circonstances de la vie quotidienne. Il ne s’agit donc pas de fuites ou d’évasions mais d’affrontements lucides et vigilants. Ainsi que l’exprime le savant japonais D.T. Suzuki : « Le zen est notre état ordinaire d’esprit, c’est-à-dire qu’il n’y a rien dans le zen qui soit surnaturel ou inusité ou hautement spéculatif qui dépasserait notre vie quotidienne. Le facteur déterminant de notre éveil intérieur dépend de notre attitude mentale d’approche des circonstances. »

Robert Linssen : Vers le “Non-Faire” et l’Ouverture Totale (2000)

L’essor inouï des sciences et des recherches spirituelles en moins d’un siècle était en tous cas préparé par les travaux des physiciens Joliot-Curie vers 1898 et ceux d’Einstein en 1905. Le moment était exceptionnellement favorable aux multiples bouleversements et mutations qui ne tardèrent pas à se produire avec une étonnante rapidité dans tous les domaines. Nous nous sommes nourris d’une foule de concepts et d’idéaux succédant au matérialisme et au scientisme triomphants. Ils ont préparé de la vision exaltante d’un univers considéré comme le corps d’un seul et même vivant dont nous étions partenaires indissociables. Cette vision semblait être un écho tardif d’environ deux mille ans, de Socrate, Plotin, Anaxagore aussi bien que celle d’un Bouddha ou de Shankaracharya.

Robert Linssen : De l'amour humain à l'amour Divin

Tout amour véritable se manifeste par le don de soi. Dans le don de soi il y a renaissance, recréation. Il faut mourir pour renaître, nous disent les Evangiles. Il nous faut mourir à nous-mêmes pour naître à la Plénitude du Pur Amour. La mise en évidence d’un tel processus nous étonne de prime abord. L’instinct de conservation de notre « moi » se rebiffe et tente de nous suggérer qu’il y a là quelque chose qui pèche contre les lois de la nature. Bien au contraire. Toute l’histoire de la vie dans les règnes successifs n’est-elle pas celle d’une recréation perpétuelle, d’une destruction continuelle de formes, d’un dépassement incessant de niveaux acquis. Le « don de soi » inhérent à tout véritable amour, constitue le prolongement sur le plan humain, de processus naturels observables sur le plan biologique parmi des êtres primaires en organisation.

Robert Linssen : Le Nirvana

Le Nirvana est l’état d’émerveillement qui s’empare de ceux qui, ayant brisé leur « moi », parviennent au seuil d’une vie nouvelle s’écoulant au rythme d’un amour tellement émouvant que l’univers entier semble se réjouir dans le cœur de celui, qui étant devenu comme rien EST TOUTES CHOSES. Mais l’accès de ces cimes exige de notre part une transparence de cristal. Il s’agit pour nous d’atteindre l’état de la plus parfaite spontanéité. C’est ici que les mots nous trahissent. Car en fait, la spontanéité est peut-être tout, sauf un état.

Robert Linssen : Importance de vivre au présent

Certaines expressions, telles « vivre l’instant » ou « vivre intensément », sont devenues des slogans à la mode. Mais qu’en fait-on ! Nombreux sont ceux qui n’ont pas la moindre idée de l’inspiration profonde qui préside à des expressions telles que « être présent au présent » ou « vivre intensément », « vivre l’instant », etc. La « vie véritablement intense » n’est pas seulement extérieure. Certes, il n’est pas impossible d’exercer une qualité d’attention d’une certaine acuité dans une vie active. Mais il est très probable que celle-ci soit « périphérique » et s’éloigne de la sérénité des profondeurs. Vivre intensément l’instant demande aussi le silence et une vacuité conférant à l’intensité un caractère intérieur.

Robert Linssen : Quelques souvenirs: Wei Wu Wei (1896-1988)

Il est étrange d’évoquer cinquante ans plus tard, des contacts vécus avec des personnages exceptionnels. Commenter la vie et les œuvres de Wei Wu Wei, un ami, pseudonyme de Terence Gray, m’oblige à cette rétrospective. Je pense à Alexandra David-Neel, la célèbre exploratrice du Tibet, pour qui j’ai organisé une conférence remarquable à Bruxelles, à la salle Akarova en janvier 1949, et avec laquelle je rendis visite chez Wei Wu Wei à Monaco en 1968.

Robert Linssen : La voie négative

Etre pratique pour la plupart consiste à mettre sur un plateau d’argent une série de modèles à imiter, de paroles à réciter, de symboles à visualiser, de postures de méditation à copier. Tout cet ensemble apporte des « résultats ». Mais personne ne se rend compte qu’en dépit de ces résultats, le « moi » qui leur sert de support reste toujours prisonnier de ses conditionnements et du mirage de sa conscience limitée. C’est précisément de tout cela qu’il faut se débarrasser, non par un réflexe simpliste, enfantin de rejet volontaire mais à la suite d’une profonde et minutieuse prise de conscience.

Robert Linssen : Les « objets » et l’unique sujet

Il apparaît évident qu’au seuil du IIIe millénaire les évènements mondiaux se précipitent sous la forme de deux courants opposés. D’abord, un courant destructeur affectant matériellement et psychologiquement l’immense majorité des êtres humains par des crises se produisant à tous les niveaux: crises économiques, chômage, violence, dégradation des mœurs, drogue, pollution, augmentation des suicides, auto-destruction des processus naturels etc.