N°124 - La Flamme de l'Attention

N°124 - Eté 2017 - La Flamme de l'Attention - Institut Gurdjieff, Dominique Casterman, Serge Carfanta, Malo Aguettant, Fabrice Midal, Eric Baret, Byron Katie, Edouard Salim Michael, Charles Coutarel, ShantiMayi, Didier Weiss, Patrick Vigneau, Ilie Cioara, Welleda Muller, Douglas Harding, Chantal Geffroy, Anna Guégan, N. Céliolisa

NUM124
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N° 124   -   Eté 2017

Thème :  La Flamme de l'Attention

Sommaire

 
Fil d'Ariane de 3e millénaire
Institut Gurdjieff : Entre deux vies
Dominique Casterman : L'attention..., tout simplement
3e millénaire : Les Mystères de l'Attention
Serge Carfantan : Conscience et attention (deuxième partie)
Malo Aguettant : La double attention
Fabrice Midal : La pratique n'est pas une gymnastique mentale
Eric Baret : Explorer, tactilement
Byron Katie    : Qui suis-je ? Qui est-ce que je ne suis pas ?
Edouard Salim Michael : Le précieux joyau de l'attention
Charles Coutarel : Replacer l'attention, revenir à la terre
ShantiMayi : L'appel du Dharma
Didier Weiss : Réintégration de la conscience
Patrick Vigneau : Préparer la descente de la Grâce
Rubriques
Témoin d'Eveil : La Flamme de la totale Attention par Ilie Cioara
Psychologie transpersonnelle dans l'Art par Welleda Muller :
Auguste Rodin. Conscience du corps et attention au geste
Documents :   
Douglas Harding : L'attention au lieu de l'intention    
La vigilance selon les Pères neptiques
« L'attention juste » dans le bouddhisme
Approche de la méditation :
L'attention silencieuse par Chantal Geffroy
BD :        
Anna Guégan : J'aime !
N. Céliolisa : Toilettage intérieur
Portfolio : Sculptures de l'abbé Fouré

Un fil d'Ariane avec la Flamme de l'Attention

L'inattention et l'endormissement des consciences

Alors qu'un savoir, ou un savoir-faire, semble toujours pouvoir s'acquérir par un entraînement particulier, il est étonnant de constater combien ce que nous avons en propre – l'attention – nous échappe systématiquement. Nous semblons ne pas nous posséder nous-même ! L'attention, ce lien magique qui relie le monde à la Conscience, semble se disloquer à l'instant de son réveil. L'inattention devient alors le lot de notre humanité… Cette évanescence du bien le plus précieux suscite, comme l'indique ShantiMayi, « une épidémie de déception, de dépression, de découragement, d'abattement, de tristesse, de colère, de mécontentement et d'écœurement. » Car l'humanité qui s'éveille doit passer par la vision de son sommeil, de son état de torpeur. En effet, nous vivons dans l'inattention d'un “sommeil hypnotique” – au sens d'une fascination. Cet état est « tout à fait comparable au fait d'être hypnotisé par un film, nous dit Didier Weiss : s'oublier dans le fauteuil de la salle de cinéma et s'identifier aux personnages et à l'histoire qui se déroule sur l'écran. Et quand le film se termine, cela fait tout drôle de “se retrouver” assis là. » Car, comme le précise Byron Katie, « être conscient de ce que je ne suis pas, c'est s'éveiller. C'est comme n'être pas né ».

Le réveil de l'attention

Constater notre inattention est donc beaucoup plus fondamental que pratiquer une quelconque technique de méditation. C'est apprendre à soigner un “organe spirituel”, qu'Édouard Salim Michaël considère comme « la troisième partie » de notre « trinité qui se situe entre l'aspect supérieur et céleste de notre nature, et l'aspect inférieur et ordinaire de nous-mêmes. »
La vision de notre inattention peut réveiller la Conscience de son “sommeil diurne”. Toutefois, elle ne fait pas partie des états qu'elle transcende – d'où son mystère et son pouvoir alchimique : celui de dissoudre, ou annihiler, les mécanismes psychologiques de l'inattention. Ce que constata Ilie Cioara lors de l'Éveil : « Lorsqu'une réaction du mental surgissait, elle disparaissait immédiatement en contact avec l'éclat de l'Attention impersonnelle » (Voir notre rubrique Témoin d'Éveil).
Savoir maintenant si le réveil de l'attention demande des efforts ou la découverte du non-effort, est un peu spécieux… Patrick Vigneau présente ainsi le passage de l'effort au naturel : « Progressivement s'installe dans la conscience une attention qui devient naturelle, sans aucun effort ni volonté à ces perceptions plus fines. Et le mental devient silencieux naturellement. Mais il a fallu faire bien des efforts pour que cette attention naturelle s'installe. Et cela a demandé de l'énergie pour sortir de la torpeur des habitudes ou des mécanismes mentaux de dispersion ! L'attention est une qualité de conscience »… qui « requiert une disponibilité globale », nous dit Dominique Casterman.
Naturellement, il s'agit ici de distinguer des niveaux, et donc des qualités d'attention. « L'attention profonde, ajoute D. Casterman, c'est “cela qui reste” au moment où l'attention commune est définitivement dégagée des distractions du mental qui, jusqu'alors, gouvernaient une part importante de notre vie ».

Qu'est-ce qu'être attentif ?

Être attentif serait déjà, et avant tout : ÊTRE. Mais alors : « En quoi consiste la vraie attention ? », interroge Didier Weiss, « cela n'est pas facile d'en parler … Par contre l'attention hallucinatoire est très facile à décrire : dans le mouvement de conscience, la réitération retourne de façon trompeuse à un sujet hallucinatoire (moi !) – qui n'est qu'un objet parmi tant d'autres (ce corps/esprit) – au lieu de revenir à Conscience elle-même ». Charles Coutarel souligne qu'il s'agit alors de « prendre conscience et reconnaître votre être ici avant toute définition. Libre de toute définition de ce que vous appelez “vous”, “moi”, “je”… »
Notre véritable nature, notre être originel, au cœur de l'évidence première, est alors « l'attention véritable ». Sa particularité, sa réalité, est d'être « sans objet, nous dit Serge Carfantan, au sens où elle n'est pas la visée du mental, pressée dans le panorama sensible d'apposer des étiquettes, de repérer les personnes, de dénommer les objets, de juger telle ou telle conduite, de poursuivre telle ou telle motivation, tel ou tel désir, ou de mobiliser telle ou telle volonté. Elle se tient en deçà du mouvement intentionnel et en-deçà du temps psychologique. »
C'est pourquoi Douglas Harding (voir notre Document) parle de « l'attention au lieu de l'intention. L'attention à ce qui est, et non la recherche de ce qui devrait être. Attention à ce que les choses sont déjà, en écartant toute tentative pour les transformer. En fait, l'attention totale est l'abandon, et l'abandon total est l'attention ».

Division de l'attention ou attention globale

Deux approches, ou deux visions, sont souvent mises en contradiction : la division de l'attention préconisée par certains enseignements spirituels et l'unification ou la globalisation de l'attention suggérée par d'autres.
• Pour les premiers, nous vivons identifiés aux “objets”, aux événements, à nos émotions,… et nous ne sommes pas Conscient de nous pensant, ressentant, observant… L'orientation nouvelle d'un faisceau d'attention vers nous, implique une « division de l'attention » (Gurdjieff [1]) afin d'être « conscient de soi » autant que de l'“extérieur”.
• Pour la seconde approche, nous ne sommes pas attentifs parce que notre attention est « fragmentée » (Krishnamurti [2]), divisée entre les sensations et les pensées que nous en avons. L'unité de l'attention implique alors la compréhension vécue de notre division entre observateur et observé.
Ces deux visions ne sont pourtant pas du tout contradictoires. Malo Aguettant qui, dans son ouvrage [3], aborde la « division de l'attention », nous propose l'approche suggérée autant par Gurdjieff que par Krishnamurti : « Chaque fois que vous vous surprenez à ne pas aimer une personne, une situation, ou seulement à être dérangé par quelque chose, revenez à vous, retournez votre regard sur votre réaction, examinez ce qui se passe, entrez complètement dans ce qui se réveille dans votre corps … Tout le secret de la pratique, précise-t-il, réside dans la qualité de l'attention jusque dans les moindres détails. Rien ne doit être laissé de côté. Le moindre malaise que vous ressentez tout à coup sans trop savoir pourquoi doit faire l'objet d'une investigation rigoureuse de la conscience en même temps que cela est vécu. Et cela doit être pratiqué 24 heures sur 24. » C'est ce que propose Charles Coutarel : « rediriger l'attention vers la conscience elle-même, ou vers ce qui en vous est la conscience de tout ce perçu qui se déploie ».
Le point important, c'est qu'il n'y a aucune contradiction parce que le “monde” auquel nous sommes identifiés (1ère vision), ou encore le “monde” dont nous séparons inconsciemment (2ème vision), n'est rien d'autre qu'une « représentation, nous fait remarquer Éric Baret. Une projection de votre imaginaire affectif. »
Le « Travail » de Byron Katie va évidemment dans le sens de cette découverte fondamentale à la vie individuelle et collective.

Nourrir l'âme, éveiller l'esprit


L'Attention ouverte, globale, sans jugement, libre de toute intention, permet aux impressions que nous offrent les sens de déployer en nous une énergie de plus en plus fine. L'averse qui dégringole, la colère du voisin qui éclate, les plaintes du monde, la joie innocente de l'enfant,… ne suscitent aucune mélancolie, aucune réaction, aucune déception, aucun attachement… car ce sont nos propres projections qui décolorent le monde des impressions qui se donne à nous en continu. En soi, les impressions sont silencieuses, jamais indigestes. Elles nous nourrissent de vie, cette vie qui transfigure la matière et que l'artiste, tel Rodin (voir notre rubrique Art), a su parfois toucher et faire paraître.
Lorsqu'« Il m'est fait Attention » (voir le texte de l'Institut Gurdjieff), l'Attention juste, que les Pères de la Philocalie ou les Bouddhistes (voir nos rubriques Document) ont découvert, implique une « pratique juste, qui est, comme le dit Fabrice Midal, un “abandonnement” dans cette présence qui porte et qui donne. Car cet abandonnement se fait dans une dimension qui, en même temps qu'elle nous réaccorde à l'entièreté de nous-même et au monde, est “donnante”. »
Ce « réaccord », par le retour aux sensations, tant prôné aujourd'hui par les spiritualités, donne du corps à la vie spirituelle qui, comme « le véritable amour, nous dit Éric Baret, naît du cœur de l'attention ».


Notes

[1] - Voir l'incontournable ouvrage d'Ouspensky : Fragments d'un enseignement inconnu, Stock.
[2] - Voir les ouvrages de Krishnamurti édités par les Presses du Châtelet ou Synchronique Éditions.
[3] - Malo Aguettant, Rien ne manque à cet instant tant que vous n'y ajoutez rien, Accarias L'Originel, 2015.

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