N°128 - Du « bazar spirituel » à la connaissance de soi
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N°128 - Eté 2018 - Du « bazar spirituel » à la connaissance de soi - Lionel Cruzille, Dominique Schmidt, Malo Aguettant et Isabelle Trizac, Jacques Vigne, Serge Durand, Frédéric Burri, Prabhã Calderón et Bruno Maillard, J. Krishnamurti, La connaissance de soi, Bernard Boisson, Osho, Welleda Muller, Anna Guégan, N.Céliolisa, Julie De Waroquier
Thème : Du « bazar spirituel » à la connaissance de soi
Sommaire
3e millénaire : Fil d'Ariane Lionel Cruzille : La méditation : engouement et dérives Dominique Schmidt : La Vie est le gourou Malo Aguettant et Isabelle Trizac : Le bazar est à l'intérieur de nous Jacques Vigne : Comment changer de croyance de façon juste Psychologie de la « déconversion » Serge Durand : L'authenticité de notre quête en danger Frédéric Burri : La Voie de la Non-dualité, et ses pièges Prabhã Calderón et Bruno Maillard : Se réveiller de transes hypnotiques identitaires ou se réveiller du « sens du moi » adopté dans l'enfance 3e millénaire : Connaissance de soi par l'observation de soi Rubriques : Approche de la méditation : J. Krishnamurti - La connaissance de soi Ecopsychologie & Spiritualité : Bernard Boisson - S'accorder, non point s'adapter Document : Osho - Sur la pensée positive Psychologie transpersonnelle dans l'Art : Welleda Muller - Voir le monde en impressionniste BD : Anna Guégan : "Les ailes du désir" et N.Céliolisa : "Om sweet home" Portfolio : Photographies de Julie De Waroquier
Un Fil d'Ariane vers Du « bazar spirituel » à la connaissance de soi
Connaître les écueils
La marchandisation des techniques de méditation anti-stress, de lâcher-prise, d'accès à des états modifiés de conscience et de développement personnel a pris une grande ampleur, et répond à un besoin grandissant de libre recherche spirituelle. Mais à quelle démarche essentielle faut-il se vouer ? C'est la question que nous portons dans ce numéro. Lionel Cruzille nous apprend qu'une préoccupation majeure s'élève aujourd'hui devant « le risque de dénaturation et/ou de dérive de la pratique de méditation ». La commercialisation mondialiste de “la méditation” amène à des pratiques bien éloignées du sens premier qu'est la connaissance de soi. Le bien-être avant tout conduit à plus d'illusions qu'à une authentique réalisation libératrice. Tel est « le premier danger », présenté par Serge Durand, « danger qui menace d'inauthenticité l'aspiration spirituelle ». A l'instar de la « pensée positive », dénoncée en son temps par Osho (voir notre document), une pratique dénaturée de la méditation « se limite à réprimer les aspects négatifs de votre personnalité », souligne-t-il, car « conditionner l'esprit conscient avec des pensées positives va à l'encontre de la sensibilisation »… et, donc, de la méditation… Frédéric Burri nous montre « le paradoxe de la démarche », en effet, « en se tournant vers la spiritualité en quête d'éveil, beaucoup s'enferment dans un système de croyances qui dessert l'épanouissement de l'âme ». C'est là qu'une psychologie de la « déconversion » prendrait tout son sens ; ce que nous expose Jacques Vigne qui, lui-même, déclare se situer « fondamentalement au-delà des religions ». La découverte du réel est en effet au-delà des systèmes, religieux ou non. Ce que confirme Dominique Schmidt, qui indique que si « au début de notre recherche intérieure, nous nous attachons à un maître spirituel, un yoga, un système de techniques, de méthodes de bien-être … après un certain temps, il est essentiel d'abandonner toutes ces images afin d'entrer en contact direct avec le Réel sans l'intermédiaire de la pensée, car l'image est une idée fixe, un voile du mental, le plus grand obstacle à la perception directe de la vie en perpétuelle transformation ». Pour Serge Durand, « le tourisme, le zapping le manque de fidélité et de persévérance dans une pratique » est un autre « danger », celui d'échouer dans sa quête. Toutefois les techniques “commerciales”, “grand public”, ne sont pas nécessairement dépourvues d'intérêt. Malo Aguettant et Isabelle Trizac nous font remarquer que : « Quelqu'un qui est décidé à aller jusqu'au bout du travail de transformation, qui est prêt à perdre tout ce qu'il connaissait de sa vie passée, peut trouver dans une psychothérapie un outil précieux lui permettant de libérer son être profond, après avoir nettoyé les filtres émotionnels et mentaux qui l'empêchaient de grandir ».
Une voie sûre au-delà des leurres
Avec Frédéric Burri, soulignons l'importance d'une préparation élémentaire à toute démarche intérieure (voir l'article de 3e millénaire). « Le cheminement spirituel, dit-il, comporte des étapes à respecter, et si l'une d'entre elles est sautée pour passer directement à la suivante, l'égarement sera inévitablement au rendez-vous, avec en prime un approfondissement de la dualité (ce qui est un comble si l'on considère le but de la démarche, qui est la réalisation de la Non-dualité). » De plus en plus de personnes “éveillées” sans l'être tout en l'étant (suivant une formule on ne peut plus vague) affirment que l'“éveil” de la conscience n'existe pas plus que le “sommeil” (l'inconscience diurne). Entretenir la confusion des niveaux d'être participe d'une incompréhension généralisée sur le sens profond de l'existence. Prabhã Calderón et Bruno Maillard, démontrant que la connaissance de soi n'est pas limitée à la personnalité, décrivent « l'auto-enfermement » en termes d'« hypnose identitaire » – qualifié le plus souvent d'“état de sommeil”. Cet état, disent-ils, « a son origine dans l'enfance, car c'est à cette époque-là qu'apparaît la sensation de séparation d'avec Être » qui « ne dépend d'aucun concept ni définition » car « “Je Suis”, n'est pas conceptualisable ». Évidemment, cette compréhension vécue implique, comme le précise Dominique Schmidt : « La prise de conscience que tous les mouvements de notre être, de l'ego, sont fondamentalement faux », ce qui est, ajoute-t-il, « le premier pas crucial vers la transformation de la conscience ». S'il n'est pas inutile, sur le chemin, de « faire baisser la pression intérieure », comme le signale Lionel Cruzille, il est vital de s'interroger sur le sens de notre pratique méditative. Car « nombreux sont les gens, nous dit-il, qui veulent méditer pour fuir leur problème, ne plus jamais souffrir ou encore devenir enfin “quelqu'un” dans le monde spirituel, comme une sorte de revanche sur les autres ». « Cette remise en question, nous disent Malo Aguettant et Isabelle Trizac, ne doit pas avoir lieu de temps en temps, à l'occasion d'une situation particulièrement difficile, mais plusieurs fois par jour avec détermination et persévérance ». Ils soulignent ici que : « les rares personnes qui emploient leur temps et leur énergie à démonter les fonctionnements pathologiques de leur esprit arrachent les racines de la souffrance et contribuent ainsi à leur santé et à celle de leur entourage ». Toutefois, ajoutent-ils, il y a « une période difficile au cours du travail où les choses semblent s'aggraver. Les conflits soigneusement enfouis, refoulés, remontent à la surface, et certains symptômes semblent augmenter ». Apprendre à observer l'observateur, n'est pas ici un simple jeu de langage, c'est alors une étape décisive qui conduit à une compréhension majeure : « l'observateur est l'observé », révélant la possibilité d'une « observation sans observateur » (voir l'article de 3e millénaire). Ce que constate Dominique Schmidt : « l'authentique connaissance de soi n'est plus ancrée dans un moi qui observe mais s'effectue dans une pure attention où le mental devenu silencieux est enfin libéré de tout le contenu psychologique qui l'enchaînait sans fin dans le Samsara du faux devenir ».
Comment changer le monde ?
Si « la vie spirituelle connaît un grand essor de nos jours, nous dit Lionel Cruzille, il est désormais nécessaire d'aller plus avant, plus en profondeur et surtout de faire preuve de plus de lucidité, sans quoi ce grand arbre nouveau qu'est l'élan spirituel moderne, élan bien plus riche qu'on ne le croit mais dont se refuse à voir toutes les ramifications, sera soufflé aux premières épreuves et déraciné, car il ne sera pas ancré ». En effet, une voie spirituelle authentique ne peut en aucun cas s'imposer ni à un individu en particulier ni plus généralement à une population. Car cette Voie ne peut reposer sur aucune institution religieuse ou sur aucun mouvement philosophique ou spirituel – n'en déplaise aux intégristes de tout bord qui s'ignorent ! Elle repose – si l'on peut encore employer ce terme – sur une « déconversion » totale, comme le nomme Jacques Vigne, sur un « réveil » de nos « transes hypnotiques identitaires », comme l'expliquent aussi Prabhã Calderón et Bruno Maillard. Quoique changer le monde soit devenu nécessaire et indispensable, cela commence par soi-même – car le « bazar est à l'intérieur de nous ! » nous font remarquer nos auteurs ; et la connaissance de soi en est l'unique chemin. Un chemin de paix et de bienveillance initié par un nouveau regard, ouvert et sans jugement. « Voir le monde en impressionniste » (lire notre rubrique Art) concourt à ce chemin qui, au cœur de l'humanité actuellement en errance, et par étapes d'éveil successives, nous conduit spontanément à un nouvel accord avec la Terre. C'est ainsi, nous dit Bernard Boisson, que « l'être humain devient pleinement Humain, non pas quand il s'adapte à un progrès, aux lois du marché ou à d'autres êtres humains, mais quand il s'accorde à l'Humain profond enfoui en nous tous, quand il s'accorde au Soi universel de l'humanité, quand il s'accorde à la Terre et au Cosmos, à l'Infiniment grand comme à l'Infiniment petit ».
NUM128
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