(Revue Etre Libre. Numéro 265, Octobre-Décembre 1975)
La nuit tombe sur la forêt et tout en cheminant entre les arbres, les traces du sentier s’estompent dans l’obscurité. Telle est la situation du chercheur de vérité.
A la surface, la vérité semble être structurée suivant certaines lois mais en profondeur elle est insaisissable.
Tel est le champ d’action de celui qui sérieusement envisage de saisir le sens de sa recherche de la vérité. Est-il le meilleur ?
Il l’ignore. En ce domaine, il n’y a pas de comparaison possible.
Tout y est inconnaissable. Seul, il est face à face avec lui-même. Sa mémoire est incapable de discerner les problèmes qui le troublent. Est-il amené à réfléchir, il se perd en conjectures.
Est-il tendu en vue d’atteindre un objectif, il s’égare dans les méandres de ses pensées.
Ses efforts pour s’orienter d’après les informations du passé sont vains.
L’homme est-il assez puissant pour rompre avec son passé ? L’aventure n’est-elle pas qu’une poursuite de chimères ?
Tout est là devant lui, enveloppé de silence.
L’esprit est-il capable d’escalader ses barrières ?
Ce n’est guère possible pour une conscience enfermée dans ses frontières. Serrées de prés, par le sérieux de la situation, les barrières de cette conscience éclatent.
Rien ne s’est produit alors par la volonté de notre conscience. Tout s’est passé en un instant.
Le voile sur lequel se projetaient toutes nos images est tombé. Seul existe un état de perception directe.
Pleins d’embûches sont les coins et les recoins de la conscience.
Plein d’astuce est notre esprit émettant des projections de vérité aux apparences mensongères.
Fatiguée de tant d’erreurs, la conscience s’en éloigne et est en état de perception (directe et globale).
Tout se crée et se vit dans le silence.
Rien ne se passe ou ne se produit en dehors de cette unité qui est Amour.
Reynold WELVAERT.