Frédéric Lionel
L'éternel féminin, intemporelle énigme

La femme symbolise et incarne l’univers mystérieux de la féminité, terme imprécis qui recouvre un secret, non sans rapport avec le monde souterrain et ses mystères. Il faut chercher en ce fait l’origine d’un symbole féminin, celui du serpent. L’Uraeus, signe de l’initiation suprême, orne le front des divinités égyptiennes et le Pschent, la coiffure des Pharaons. L’Uraeus représente, effet, le serpent femelle, le Naja, initiateur aux Mystères…

(Extrait de l’énigme que nous sommes, édition R. Laffont 1979)

— Je revis les affres de la guerre dans chacun de mes cauchemars. Ils ne sont pas fréquents, mais lorsque je me réveille baignée de sueur, je me sens vide de toute substance et comme anéantie.

Anne-Marie fit une pause.

Nous possédions une ferme en Poméranie. Mon père, après le départ de mon frère sur le front, demanda et obtint qu’un prisonnier vînt l’aider aux champs. Ma mère s’occupait de quelques vaches et moutons, moi qui avais quinze ans lorsque les Russes arrivèrent, je veillais sur la basse-cour, tout en poursuivant mes études dans la petite ville, à laquelle je me rendais à bicyclette.

« Ma famille était enracinée depuis des siècles sur cette terre pleine de mystères. Je revois le vieux sage du pays, mi-rebouteux, mi-sorcier, qui savait guérir les coliques en murmurant des mots inintelligibles, tout en accompagnant ses paroles de gestes apaisants. Ma mère le consultait souvent et je me souviens de son visage bouleversé, peu après le départ de mon frère, à peine plus âgé que moi.

« Elle revenait de chez lui et je sus plus tard que le « mage », c’est ainsi que nous l’appelions, lui avait annoncé que de noirs nuages s’amoncelaient sur nos têtes. Elle interpréta cette prédiction en pensant aux dangers qu’affrontait son fils sur le front de l’Est. Elle eut raison, car il ne revint pas des steppes glacées. Les noirs nuages enveloppèrent, en fait, toute la famille, et nous nous en aperçûmes bientôt.

« La soldatesque tua et ma mère, et mon père, car nous étions restés sur place lorsque les hordes asiatiques envahirent le pays. Je dus mon salut à notre prisonnier, Jean-Pierre. En instance de rapatriement, il sut convaincre le commandant des forces d’occupation de me laisser partir avec lui, prétendant que j’étais sa femme.

« Nous rentrâmes en France, non sans quelques péripéties. Jean-Pierre m’installa dans sa famille, facilita mes études — je suis infirmière diplômée — et m’épousa.

« Je lui dois la vie, je ne l’oublie pas. J’acceptais tout naturellement d’être sa chose et de n’agir qu’avec son consentement, même de ne pas penser par moi-même. Cela, cependant, n’est pas le fond du problème. Il y a pire.

« J’aspire à une vie intérieure. Je voudrais faire de la musique, ne serait-ce que lors des vacances ou le dimanche, mais mon mari me l’interdit, prétextant qu’une épouse ne doit s’occuper que de sa maison et de ses enfants. Nous avons une fille qui est en âge de se marier, elle juge son père avec sévérité. Je suis fière d’elle et sa présence m’aide à supporter mon calvaire.

« C’en est un, car mon mari s’est mis à boire plus que de raison ; des scènes épouvantables me minent ; l’existence est pour moi un enfer ; tout mon corps est noué. Je sais que mes sérieux ennuis de santé sont d’origine psychique. Cependant, le savoir n’est pas les dominer.

Calmer Anne-Marie, secouée de sanglots, ne fut pas facile, mais lui redonner goût à l’existence en lui faisant comprendre le rôle de la femme l’était encore moins.

— La vie d’un couple, insistai-je, ne peut être harmonieuse que par une compréhension mutuelle. Cela est une vérité de La Palice, mais l’abdication pure et simple est une erreur, tant pour vous que pour votre mari.

« Vous avez raison de vouloir faire de la musique. Grâce à elle vous gagnerez un équilibre intérieur et vous serez bien moins vulnérable. Admettez, néanmoins, que vos aspirations spirituelles sont étrangères à votre mari. Il souffre de ne pas les partager et voit dans votre désir de vous exprimer par la musique une façon d’échapper à son emprise. Se sentant inférieur sur un point capital, il se réfugie dans la boisson. Certes, ce n’est pas l’unique raison, mais en assumant votre rôle de femme, rôle éternel et particulièrement important, vous découvrirez la meilleure façon de l’aider. Des relations différentes s’établiront ainsi entre vous et à partir d’elles, vous saurez modérer son désir de chercher dans la dive bouteille oubli et abrutissement.

« Dernièrement, une charmante amie genevoise me parlait précisément du rôle de la femme et voici ce qu’elle m’écrivit par la suite :

« Si la vie moderne a simplifié les devoirs ménagers, il n’en reste pas moins que la femme est toujours la « maîtresse de maison » sur laquelle repose la direction du « foyer ». Elle est, en outre, surtout et toujours la gardienne de la flamme dudit « foyer », flamme qui lui vient de la plus haute Antiquité et qu’elle transmet de génération en génération, sans même s’en rendre compte.

« Le fait de s’habiller à la dernière mode ne change rien à l’affaire et sous ses airs de révolutionnaire, elle continue à vouloir conserver jalousement sa place centrale, qui s’ouvre sur toutes les directions. Évidemment, elle fait de nos jours plus de choses au grand jour, en assumant des responsabilités, ce qui prouve sa maturité. Elle n’est plus simplement la mère poule attendant le retour du mari et des enfants. Elle le sait et elle le prouve.

« Cette maturité fut acquise par la force des choses, deux guerres rapprochées ont facilité son évolution, malgré les barrières dressées par les « bonnes manières » imposées aux « petites filles modèles ». C’est une promotion qui s’ajoute à tout ce qu’elle détient en elle-même, sans s’en vanter. La conscience d’être la gardienne du foyer, « centre animé » qui réchauffe l’âme.

« De toute Antiquité c’est la femme qui inspirait le mari, c’est son soutien moral qui fut et qui est un bien précieux. Sa consécration suprême est son pouvoir de donner la vie, soit d’accomplir ce que nul ne pourrait faire à sa place.

« Gardien de la flamme confiée à l’humanité pour éclairer son itinéraire, l’amour maternel est proche de l’amour parfait, puisque entièrement désintéressé.

« J’ajouterai que ses qualités d’endurance morale sont bien plus fortes que son endurance physique et qu’une femme peut cacher admirablement ses tourments ainsi que ses soucis, mais difficilement son amour, puisqu’elle donne de tout son Être, en espérant toujours, même si la cause qu’elle défend semble définitivement perdue. Tel est le miracle de sa foi.

« Si elle prenait conscience de ce qu’elle représente depuis le début de la ronde humaine, elle pourrait trouver, dans les nombreux domaines auxquels elle accède par la vie moderne, des occasions extraordinaires pour transmettre sa foi et pour préparer cet âge nouveau dont on parle sans trop se l’imaginer. »

Anne-Marie, tout ouïe, avait toujours les larmes aux yeux.

— Ce que je viens de vous dire, une femme me l’a écrit textuellement, mais je ne pense pas que les hommes méconnaissent le problème fondamental de la féminité.

« Les temps modernes et leurs sollicitations vigoureuses impliquent une mutation de la condition humaine. Dans le tourbillon des courants de pensée, la femme se cherche. Il importe que le sens de la mutation ne soit pas faussé par la seule volonté de s’opposer au passé mais, au contraire, authentifié par la nécessité d’une évolution s’inscrivant dans le schéma directeur du Grand Plan de l’Univers.

« La « libération » de la femme s’inscrit dans le cadre d’un bouleversement qui devrait se faire, non contre un état de fait, mais en vue de l’éclosion d’une civilisation en laquelle les relations humaines seraient modelées par la sensibilité particulière dont elle a le secret. C’est dans des relations nouvelles avec son homologue masculin, que se formera l’équilibre harmonieux, base d’une société attentive aux possibilités qu’offrent les facultés intuitives et inspirées éminemment féminines. Cette attention s’orientera vers un avenir plus serein et plus lumineux, à condition que la femme ne cède pas à l’attraction qu’exercent les qualités masculines, pour mieux développer ce qui est spécifiquement féminin.

« La femme, de tout temps, a été la détentrice des mystères de la Vie et, dès lors, détentrice du mystère qui entoure la mort. C’est ce fait qui fait d’elle un objet convoité de conquête, puisque associé à une maîtrise des forces occultes recherchées consciemment ou non.

« L’homme s’imagine, à juste titre, que l’univers féminin s’ouvre sur des dimensions qui se situent au-delà des frontières par lui connues, ce qui prédestine la femme à tracer le sillon qui labourera sa raison raisonnante.

« La révolution psychologique qui se prépare renversera le socle sur lequel le monde rationnel a placé la réussite et l’efficacité, pour ne reconnaître, pour autorité, que la Loi de la Vie régissant tout ce qui existe. Cette Loi se manifeste par le Souffle vital qui unit ce qui semble séparé et, dès lors, l’homme à la femme et la femme à l’homme.

« Cette union préfigure la perfection du couple dans l’harmonie de sa complémentarité. La vocation de la femme est d’assurer, par cette union, l’équilibre des forces contraires, grâce à la plasticité réceptive qui est le propre de son caractère profond.

« Néanmoins, détentrice du pouvoir créateur, elle stimule malgré elle l’ambition conquérante de l’homme. Il s’agit d’en prendre conscience, car c’est cette ambition qui provoque une rupture dont elle est la victime. Elle concrétise par un ensemble de dogmes, de lois et de croyances, d’autant plus facilement acceptées que se dégradaient les cultes voués à la fécondité, l’aspect féminin de la Nature, et que les rites initiatiques devinrent les mécaniques vestiges de superstitions surannées.

« Il y eut, certes, à toutes les époques, des femmes remarquables qui marquèrent de leur empreinte les actes qu’elles inspirèrent. Il y eut, certes, des orientations initiatiques ou religieuses ayant l’ « Archétype féminin » pour symbole, mais par un curieux paradoxe, ces orientations firent de la « Reine » idéalisée en effigie une esclave en pratique.

« Convoitée pour des raisons mystiques. Convoitée pour les sensations physiques qu’elle procure, idéalisée et assimilée à un inaccessible rêve, l’homme oublia de recevoir consciemment son message.

« Consciemment ! Car de tout temps, au-delà de la femme objet, l’homme aspira à découvrir, non une idole souriante, mais une « Divine Maîtresse » initiatrice aux Choses de la Vie, incarnation d’un pur idéal.

« Abordons donc cet aspect, à moins que vous préfériez en rester là.

Anne-Marie, vivement, protesta.

— Au contraire. Continuez. Ce problème, bien au-delà de mes préoccupations, me passionne.

— La femme symbolise et incarne l’univers mystérieux de la féminité, terme imprécis qui recouvre un secret, non sans rapport avec le monde souterrain et ses mystères. Il faut chercher en ce fait l’origine d’un symbole féminin, celui du serpent. L’Uraeus, signe de l’initiation suprême, orne le front des divinités égyptiennes et le Pschent, la coiffure des Pharaons. L’Uraeus représente, effet, le serpent femelle, le Naja, initiateur aux Mystères.

« Figurant le secret, l’occulte et l’inconscient, la féminité fut bannie d’un monde cherchant la rigueur mécanique, la logique observante et l’austérité stérilisante. Poussé par une volonté accusatrice, fondée sur l’interprétation erronée de la Genèse, l’homme attribue à la femme le rôle de bouc émissaire, puisqu’elle initia « la Grande Aventure » terrestre émaillée de tant de souffrances.

« Étouffée par des superstitions, privée de son rôle essentiel, enfermée dans une cage —parfois dorée —, idolâtrée, caricaturée, admirée, divinisée et dominée, la femme lentement se réveille et découvre sa mission.

« Elle découle du symbolisme de l’Eternel féminin, puissance créative essentielle. Pour saisir le rôle de l’Eternel féminin, il faut comprendre que le destin de la femme l’engage, certes, à le manifester, mais que l’Eternel féminin est un terme qui recouvre des facultés essentielles dont l’éveil est nécessaire chez l’homme sui generis, tant du sexe masculin que du sexe féminin.

« La « Divine Maîtresse » est donc un symbole. Il représente, non seulement ces facultés, mais aussi les forces transcendantales, et c’est à ce titre que les alchimistes lui assignèrent la place qui est sienne, sur le sentier qui débouche sur une vision inspirée des Choses de la Vie.

« Cette définition du symbole présente à l’esprit, il est possible d’affirmer que la « Divine Maîtresse » se doit de tendre une main secourable à l’homme empêtré dans ses contradictions. Elle se doit de le guider dans les méandres de la Vie secrète qu’il a refoulée. Elle se doit de lui ouvrir par le silence, la compréhension et l’amour, le monde de l’inspiration, du rêve et du mythe, indispensable étape du voyage au bout de la nuit.

« La femme qui prend conscience de ce symbole se doit d’éveiller, par et au-delà de sa propre expérience intérieure, la puissance révélatrice d’une compréhension qui débouche sur la générosité et la fraternité.

« La « Divine Maîtresse » est la Connaissance qui féconde les stériles étendues du savoir. Elle est harmonie, sérénité et calme bienfaisant.

« En l’étreignant l’homme oublie ses angoisses, ses craintes, ses anxiétés, pour s’ouvrir à l’espoir de la Vie, pour s’associer à son œuvre, pour créer dans le Beau qui est la splendeur du Vrai.

« La « Divine Maîtresse », symbole d’harmonie, extirpe de son cœur toute pensée accusatrice. Elle lui fait comprendre qu’Ève, autre aspect de lui-même, incita l’homme et la femme à entreprendre l’exploration des ténèbres, afin d’y découvrir la Lumière, afin d’être le témoin du déroulement auquel il participe comme acteur sur la scène du monde.

« Par l’intellect, l’homme s’est créé un univers dont la complexité l’effraye. Par l’intellect, l’homme cherche à le dominer. Par l’intellect, l’homme veut prouver sa supériorité.

« Pour prouver sa supériorité, l’homme tue ses semblables que la femme a conçus. La femme peut cultiver l’intellect en évitant ces pièges. Elle peut éviter ces pièges, car elle dispose, pour effectuer ses investigations, d’une faculté intuitive qui ne demande qu’à être développée.

« L’homme n’en est pas dépourvu. Habitué, néanmoins, à tabler sur son intellect, il s’enferme dans les limites de sa raison raisonnante, s’évertuant à minimiser l’importance de ce qui se situe au-delà.

« Approcher la Connaissance par l’intérieur est le propre d’une démarche féminine. Elle prend toute sa signification à une époque frôlant l’absurde, par le développement démesuré de l’organisation stérilisante.

« Loin de rejeter l’intellect, la « Divine Maîtresse » en fera le prolongement de sa compréhension intuitive et, à l’instar de l’Initiatrice, elle permettra à l’homme de réaliser l’union des deux natures, celle de l’Esprit et celle de la Raison.

« Ces considérations débouchent tout naturellement sur un aspect que toutes les traditions évoquent en assimilant l’Eternel féminin à une Grande Déesse, personnification des forces créatives.

Anne-Marie, attentive, intervint.

— Je crois saisir où vous voulez en venir. Vous brossez un tableau symbolique des forces cosmiques, auquel l’archétype féminin donne forme. Est-ce cela ?

— C’est cela, mais c’est aussi autre chose. La puissance créative du dieu, pour être perçue, doit se mirer dans son passif complémentaire, que les Indous baptisèrent « Shakti ». Dans leur sagesse ils élevèrent la Shakti au rang divin.

« Ce mirage, aspect féminin de la divinité, est l’indispensable support de l’Intelligence causale qui par lui se révèle. L’aspect féminin du dieu, support de toute manifestation, se mue donc tout naturellement en « Grande Déesse » de toutes les traditions. On la retrouve « Heva », femme éternelle, accolée au « Yod » hébreux, dans le nom ineffable de « Jehovah ».

« La « Grande Déesse », à l’instar de la « Divine maîtresse », a quatre principaux pouvoirs : le calme de la sérénité, la Sagesse de la Compréhension, la compassion inépuisable et la Majesté Souveraine.

« En étudiant ces quatre pouvoirs, on pourrait ajouter que du premier découle la « force de Persuasion », du deuxième, l’« harmonie de la Perfection », du troisième, la « grâce Captivante », et du quatrième, « la capacité de pénétrer les Mystères ».

« Ainsi, ce qu’il est loisible de désigner comme l’archétype féminin reflète dans sa réalisation ultime les quatre attributs qui forment son essence.

« La « Grande Déesse » recouvre de son manteau noir le mystère de toutes les déesses de la génération : d’Ishtar la Chaldéenne, d’Hathor l’Égyptienne, d’Aphrodite la Grecque, de Cybèle la Phrygienne, sans oublier les déesses crétoises aux seins nus.

« Isis, la dame des mots de puissance, la déesse des Mystères de la Nature, dont elle eut la révélation par le serpent, fut représentée sous un voile noir, debout sur un socle sur lequel étaient gravés ces mots : « Je suis ce qui a été, ce qui est, et ce qui sera, et nul mortel ne soulèvera mon voile. »

« Kâli, la mère noire, épouse de Shiva, par la danse cosmique exprime le rythme de l’âme humaine. Le dynamisme de Kâlî la noire est celui du Dieu et les initiés savent que les têtes coupées de son collier sont les fausses personnalités que nous assumons, pour jouir de nos sens et pour mieux nous abandonner à nos péchés.

« La « Grande Déesse » révèle l’Eternel féminin par la joie dynamique et triomphante de toute créativité, mais aussi le pouvoir destructeur nécessaire pour faire disparaître les formes éphémères, lorsqu’elles ne correspondent plus aux archétypes.

« Puissance de manifestation du créateur, elle comporte toutes les facettes de l’amour maternel, de l’amour de l’érudition, de l’amour des arts, de l’amour de la science ; bref, de l’amour générateur de tout ce qui existe pour évoluer.

« Anne, mère de Marie, est figurée noire. Noire est la pierre qui figurait Cybèle, parèdre de Rhéa, mère de Zeus. Noires sont certaines Vierges de nos églises, car noire est la couleur, non seulement du mystère, mais aussi du potentiel incréé.

« Soulignons pourtant, et cela a de l’importance, que la Grande Déesse reste toujours subordonnée au dieu. Non son esclave, non son objet, mais la révélatrice lucide de son génie créateur.

« La « Grande Déesse » manifeste donc le dynamisme vivant, qu’il est possible d’assimiler au feu central de la Terre, à son noyau incandescent qui, à écouter la Tradition, fait « tourner la roue ». Son rayonnement est certainement intense et ses effets peu connus.

« Mais revenons à « l’Eternel féminin », intemporelle énigme, abstraction extrême qui situe la femme inconnue au niveau d’un rêve en lequel l’imagination auréole et magnifie le symbole en ce qu’il a de plus élevé.

« A l’autre extrémité, il ne faut pas l’oublier, existe un aspect également éternel de la femme. L’aspect « Lilith », l’aspect femme avide, l’aspect terrien.

« Purifié, il se transforme néanmoins en racine ignée, c’est-à-dire en racine tirant sa sève du noyau incandescent de la Terre, noyau générateur de forces créatives. Il constitue donc un pôle complémentaire conduisant à une synthèse essentielle.

« La femme a tort de croire qu’elle peut être égale, inférieure ou supérieure à l’homme. Elle est appelée à être l’Initiatrice et l’Inspiratrice du couple en forgeant les liens d’amitié et d’amour, plate-forme d’un commun épanouissement.

Anne-Marie avec un grand soupir se leva pour prendre congé.

— Permettez-moi, me dit-elle, de ne rien ajouter au tableau que vous venez de brosser. Je tiens à le conserver intact dans ma mémoire afin de l’évoquer une fois rentrée chez moi, pour y assumer courageusement, je vous le promets, ma lourde tâche.